«Je suis à 100% candidat et à 100% président de la République». Lorsqu’il faisait cette précision de taille le vendredi 16 novembre dernier, juste après le dépôt de son dossier de candidature à la Commission électorale indépendante (CEI), Gbagbo savait bien de quoi il parlait. Il voulait sans doute dire qu’il serait difficile dans ses agissements de faire la différence entre le Laurent Gbagbo candidat à la présidentielle, au même titre que les 19 autres personnalités et le Laurent Gbagbo, encore chef de l’Etat. Et il n’a pas hésité à franchir le pas. Avant-hier, il a procédé à des nominations à des postes non moins importants. Selon un communiqué lu par le Félix Tyoulou, secrétaire général du gouvernement, sur les écrans de la télévision, Gbagbo a pris un décret, notamment le décret N° 2009/ 321/ du 1er octobre 2009 portant création des Hautes autorités de développement. Et il a nommé Mme Christine Konan, (FPI) secrétaire générale adjointe du gouvernement, Traoré Dohia, Karamoko Abdoul Karim, et Palé Dimaté. Auparavant, soit le 15 novembre, c’est Blon Blaise qui avait été nommé comme Haute autorité nationale pour le développement de la région de l’Ouest. Tout comme Yao-N’Dré qu’il a nommé au poste de président du Conseil constitutionnel le 8 août dernier. Si dans la forme, ces nominations peuvent paraître compréhensives, dans le fond, l’on s’interroge sur leur opportunité. D’autant que celui qui nomme est candidat à sa propre succession à la magistrature suprême du pays. Mais ce que l’on comprend difficilement, c’est le silence dans lequel s’est murée la grande famille de l’opposition ivoirienne qui, par son attitude, donne la nette impression de cautionner ces nominations qui émanent du candidat de la Refondation. C’est peut-être ce silence de l’opposition après la nomination de Yao-N’Dré au Conseil constitutionnel qui a poussé ce dernier à changer les règles du jeu en exigeant des candidats de produire une attestation de régularité fiscale. Yao-N’Dré se dit certainement que si l’opposition n’a rien dit à sa nomination, il peut se retourner contre elle sans que les responsables et les militants ne lèvent le petit doigt. Et c’est sans aucun doute la même lecture que fait son ‘’ami’’ Laurent Gbagbo qui nomme à tout vent ses amis et les responsables de son parti à des postes non moins importants alors que depuis le 16 octobre dernier, il est candidat, il bat campagne comme les candidats Ouattara, Bédié, Anaky, Toikeusse, Wodié…
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET