L’élection présidentielle ivoirienne est partie pour connaître un nouvel ajournement. Mais au moment où ce 6ème report attend seulement d’être rendu officiel, il y a désormais lieu de s’interroger sur la volonté réelle des acteurs ivoiriens à organiser ce scrutin. Tant il apparaît que l’argumentaire des problèmes techniques avancé chaque fois pour justifier cette situation, semble ne plus relever que du pur prétexte.
L’élection présidentielle ivoirienne n’aura pas lieu le 29 novembre. Mercredi 28 octobre 2009, ce qui apparaissait comme une rumeur plus ou moins fantaisiste, s’est revêtu d’un manteau institutionnel en s’imposant à l’ordre du jour du conseil des ministres présidé par lez chef de l’Etat dans la capitale politique à Yamoussoukro. Faisant l’analyse de ce sujet, Laurent Gbagbo a ainsi relevé combien les opérations techniques préparatoires de ce scrutin, au regard des délais impartis, rendent impossible la tenue de l’élection présidentielle le 29 novembre 2009. Une analyse que le conseil des ministres a du reste approuvé. Faut-il plus pour comprendre que le scrutin présidentiel, et portant toutes les autres élections, vont connaître un autre report ? En tout cas, il ne manque plus que le cachet officiel pour faire de cet énième ajournement un acte irréversible.
La France dont on connaît l’attachement ferme à la date du 29 novembre 2009 et qui l’a bien compris, n’a pas du tout mis du temps pour réagir. D’abord, c’est Alain Jouyandet, le ministre de la Coopération qui a aussitôt saisi la balle au rebond pour dénoncer ce report. Puis, ce fut au tour du minsitre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, d’appuyer cette position en indiquant jeudi 29 octobre 2009 que « la France souhaite le maintient de la date du 29 novembre pour la tenue de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ». Comme pour dire qu’aux yeux de l’administration de Nicolas Sarkozy, le report de l’élection présidentielle ivoirienne est déjà de l’ordre des certitudes.
Les problèmes techniques
Et pour ce 3ème report depuis la signature de l’accord de Ouaga, soit la 6ème depuis octobre 2005, c’est une fois de plus des problèmes techniques qui sont évoqués. Puisque selon les signataires de cette convention, depuis son adoption, plus aucun problème politique ne subsiste sur le chemin de l’organisation des élections générales.
Et toute objectivité, à seulement un mois du 29 novembre 2009, il faut reconnaître que les conditions pour organiser des élections qui, de par leur qualité, vont mettre fin à la crise politique qui déchire la Côte d’Ivoire depuis 10 ans, ne sont guère réunies. Et le problème de la liste électorale est à lui seul emblématique de l’enlisement du processus électoral ivoirien. Comment croire que 1,9, million d’individus, qui ne sont pas des primovotants, apparaissent ex nihilosur le fichier électoral ? S’il est concevable que ces personnes ne soient pas a priori des fraudeurs, puisque les 49 mille étrangers qui s’étaient invités dans l’enrôlement, ont été exclus de la liste, il ne reste pas moins que le mystère de ces 1,9 million d’individus doit être impérativement élucidé afin de garantir la liste électorale. Et cette opération qui requiert un examen minutieux cas par cas, n’est pas la moindre. Encore faut-il l’achever pour pouvoir établir la liste électorale provisoire que la CEI doit rendre publique aux fins de la contestation par les Ivoiriens qui y trouveront à redire. Pour mener à bien et jusqu’à leur terme ces deux étapes, objectivement le seul mois qui reste à courir jusqu’au 29 novembre est insuffisant. A ce propos, le Président de la République rappelait bien au conseil des ministres que la liste électorale doit être affichée un mois avant l’élection. Or celle-ci est encore très loin d’être prête. De plus, il y a les cartes d’électeurs à distribuer. Sans oublier que tout cet édifice d’impréparations est chapeauté par l’épineux problème du financement des élections. Sur ce sujet, la communauté internationale qui estime avoir beaucoup fait en Côte d’Ivoire depuis 5 ans sans le moindre résultat, rappelait il y a peu que ce pays devrait désormais faire sans elle. Une posture bien délicate pour les autorités ivoiriennes quand on se souvient qu’en août dernier, le président de la CEI, Robert Beugré Mambé avait du ruer dans les brancards pour que le gouvernement débloque une infirme partie de la somme promise pour le financement des opérations préparatoires des élections.
… sont-ils suffisants ?
Comme on peut le voir, au risque de vouloir aller à des élections bâclées, qui, au lieu de résorber la crise politique, la raviveraient et la compliqueraient, il faut reconnaître qu’un report des élections générales, dont la présidentielle, s’impose.
Mais alors, saurait-on parler des retards dans l’exécution du chronogramme du processus électoral sans prendre en compte les sources-mêmes de ces retards ? Car si aujourd’hui l’on tire argument de ces retards pour recommander et exiger le report des élections générales, ce que font moins ou pas du tout les acteurs ivoiriens, c’est de mettre en lumière les causes qui génèrent ces situations. Or depuis 2005, trois constantes se sont offertes aux observateurs les plus attentifs. La première se manifeste à l’entame de chaque nouveau cycle de repart. Ainsi, chaque fois qu’une nouvelle période électorale est fixée, plutôt que l’on continue de travailler sur les acquis de la période précédente pour que l’on puisse avancer, bien au contraire, elle s’inaugure toujours par un temps de stagnation. Ainsi, pour ces périodes électorales qui sont généralement de 6 voire 8 mois, pendant 3 ou 4 mois voire 5, rien et absolument rien n’est accompli ; toutes les activités de la CEI censée préparer les élections et celles du gouvernement relatives à ce sujet, sont mises en berne. Toutes les autres parties prenantes aux élections s’enferment unanimement dans ce mutisme. La seconde constante, c’est Que lorsque les acteurs du processus électoral se décident enfin à agir, ce sont des retards qu’ils provoquent eux-mêmes dans l’exécution des étapes de ce processus. Ainsi, tout en clamant en chœur et la main sur le cœur qu’ils veulent tous aller aux élections, en ce qui le concerne va créer sa part d’obstacle dans l’exécution du chronogramme retenu. De ce fait, tous les délais impartis sont décalés et l’on arrive au seuil de la date de l’élection sans que l’on ait achevé les tâches définies. La troisième constante, c’est que l’on attend toujours les trois derniers mois de chaque période électorale pour engager véritablement la mise en œuvre de ces tâches. Mais alors, comment peut-on exécuter en trois mois ce que l’on n’a pu en six, huit ou dix mois ? En cela, les deux derniers reports et le troisième qui est sur le point d’être confirmés, surprennent. En effet, à la signature de l’accord de Ouaga en mars 2007, une période électorale. Mais en attendant que cela soit fait, de décembre 2007 à mars 2008, soit quatre mois durant, le processus électoral a été mis en veilleuse. Les différentes parties se contentent de disserter à loisir. En avril 2008, sur décision du Cadre permanent de concertation qui regroupe autour du facilitateur les signataires de l’accord de Ouaga et le RHDP, une nouvelle période électorale est arrêtée et son terme est fixé au 11 octobre 2008. Mais il aura fallu attendre pratiquement la fin de ce délai pour voir les frémissements des opérations techniques. Bien entendu, les élections ne pouvant se tenir dans une telle impréparation, une nouvelle période électorale est ouverte. Mais que de retard avant le démarrage et dans l’exécution des audiences foraines, de l’enrôlement pour d’identification, le redéploiement de l’administration dans les zones Centre-Nord-Ouest, du Centre de commandement intégré (CCI) ! Le tâtonnement qu’on a donné de voir ceux qui avaient la charge de ces tâches auraient franchement prêté à rire si ce n’était pas la vie et l’avenir du peuple ivoirien qui se jouaient de la sorte. Ainsi, d’octobre 2008 à mars 2009 où la nouvelle période électorale a été définie, soit six mois durant, le processus électoral a sombré dans un cycle de désintérêt durant lequel la CEI n’a réalisé que des résultats forts dérisoires en termes d’avancées.
La mauvaise volonté et ses dessous
Au total, ce sont ces multiples périodes creuses et de flou et ces retards injustifiés et délibérés qui ont conduit au sixième report des élections générales que l’on constate aujourd’hui. De fait, c’est faire preuve de mauvaise foi que de présenter l’insuffisance du mois qui reste à courir pour couvrir le processus électoral comme la cause de cet énième report.
A la vérité, ce sont les retards délibérés provoqués dans ce processus qui sont la cause de ce sixième report, mais aussi de tous les autres. L’insuffisance du délai imparti d’ici le 29 novembre 2009, n’est donc qu’un effet une conséquence et non la cause.
Parce que la cause de ce report, c’est bien cette manipulation machiavélique et diabolique des délais d’exécution du processus électoral à laquelle s’adonnent la classe politique ivoirienne et la CEI depuis 2005. A preuve, comment expliquer qu’un processus qui devait être exécution en dix mois à compter de l’accord de Ouaga signé en mars 2007, ne l’aie toujours pas été 2 ans et 9 mois ( !) plus tard ? La réponse coule de source ; parce que les parties prenantes ont décidé et manœuvrement pour qu’il en soit ainsi. Pourquoi ? Parce qu’elles ont fait du processus électoral le plus vaste fonds de commerce de toute la République. Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat, est maintenu à son poste à la haute main sur le pays et ses ressources ; Guillaume Soro, le Premier ministre, a tout le gouvernement sous son autorité et des privilèges proches de ceux du chef de l’Exécutif. De plus, avec son mouvement les Forces Nouvelles, il continue, dans la pratique, d’administrer les zones CNO. Quant aux partis de l’opposition politique regroupés au sein du RHDP, ils détiennent chaque un beau quota inamovible de ministères fort juteux au gouvernement depuis six ans. Et bien entendu la CEI n’est pas en reste : tant que prévaut le feu des élections, elle est arrosée d’immenses ressources financières ; une situation qui s’éteindrait une fois les élections réalisées et ses activités mises en berne pour au moins cinq ans. Si ce n’est pas un partage de la Côte d’Ivoire, ça y ressemble terriblement. De là à manœuvrer pour que les élections soient sans cesse repoussées… Alors, pourquoi préféreraient-ils des élections où ils risqueraient de tout perdre à cette situation d’exception dont ils profitent tant ? En tout cas, Henri Konan Bédié, qui dirige le principal parti d’opposition, le PDCI-RDA, a déjà presque donné son accord à un sixième report du scrutin, lui qui était censé réclamer avec force la tenue obligatoire de ce scrutin. Récemment, il a fait savoir sa condition : que ce report soit décidé par le CPC. Tout simplement.
Michel Dia
L’élection présidentielle ivoirienne n’aura pas lieu le 29 novembre. Mercredi 28 octobre 2009, ce qui apparaissait comme une rumeur plus ou moins fantaisiste, s’est revêtu d’un manteau institutionnel en s’imposant à l’ordre du jour du conseil des ministres présidé par lez chef de l’Etat dans la capitale politique à Yamoussoukro. Faisant l’analyse de ce sujet, Laurent Gbagbo a ainsi relevé combien les opérations techniques préparatoires de ce scrutin, au regard des délais impartis, rendent impossible la tenue de l’élection présidentielle le 29 novembre 2009. Une analyse que le conseil des ministres a du reste approuvé. Faut-il plus pour comprendre que le scrutin présidentiel, et portant toutes les autres élections, vont connaître un autre report ? En tout cas, il ne manque plus que le cachet officiel pour faire de cet énième ajournement un acte irréversible.
La France dont on connaît l’attachement ferme à la date du 29 novembre 2009 et qui l’a bien compris, n’a pas du tout mis du temps pour réagir. D’abord, c’est Alain Jouyandet, le ministre de la Coopération qui a aussitôt saisi la balle au rebond pour dénoncer ce report. Puis, ce fut au tour du minsitre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, d’appuyer cette position en indiquant jeudi 29 octobre 2009 que « la France souhaite le maintient de la date du 29 novembre pour la tenue de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ». Comme pour dire qu’aux yeux de l’administration de Nicolas Sarkozy, le report de l’élection présidentielle ivoirienne est déjà de l’ordre des certitudes.
Les problèmes techniques
Et pour ce 3ème report depuis la signature de l’accord de Ouaga, soit la 6ème depuis octobre 2005, c’est une fois de plus des problèmes techniques qui sont évoqués. Puisque selon les signataires de cette convention, depuis son adoption, plus aucun problème politique ne subsiste sur le chemin de l’organisation des élections générales.
Et toute objectivité, à seulement un mois du 29 novembre 2009, il faut reconnaître que les conditions pour organiser des élections qui, de par leur qualité, vont mettre fin à la crise politique qui déchire la Côte d’Ivoire depuis 10 ans, ne sont guère réunies. Et le problème de la liste électorale est à lui seul emblématique de l’enlisement du processus électoral ivoirien. Comment croire que 1,9, million d’individus, qui ne sont pas des primovotants, apparaissent ex nihilosur le fichier électoral ? S’il est concevable que ces personnes ne soient pas a priori des fraudeurs, puisque les 49 mille étrangers qui s’étaient invités dans l’enrôlement, ont été exclus de la liste, il ne reste pas moins que le mystère de ces 1,9 million d’individus doit être impérativement élucidé afin de garantir la liste électorale. Et cette opération qui requiert un examen minutieux cas par cas, n’est pas la moindre. Encore faut-il l’achever pour pouvoir établir la liste électorale provisoire que la CEI doit rendre publique aux fins de la contestation par les Ivoiriens qui y trouveront à redire. Pour mener à bien et jusqu’à leur terme ces deux étapes, objectivement le seul mois qui reste à courir jusqu’au 29 novembre est insuffisant. A ce propos, le Président de la République rappelait bien au conseil des ministres que la liste électorale doit être affichée un mois avant l’élection. Or celle-ci est encore très loin d’être prête. De plus, il y a les cartes d’électeurs à distribuer. Sans oublier que tout cet édifice d’impréparations est chapeauté par l’épineux problème du financement des élections. Sur ce sujet, la communauté internationale qui estime avoir beaucoup fait en Côte d’Ivoire depuis 5 ans sans le moindre résultat, rappelait il y a peu que ce pays devrait désormais faire sans elle. Une posture bien délicate pour les autorités ivoiriennes quand on se souvient qu’en août dernier, le président de la CEI, Robert Beugré Mambé avait du ruer dans les brancards pour que le gouvernement débloque une infirme partie de la somme promise pour le financement des opérations préparatoires des élections.
… sont-ils suffisants ?
Comme on peut le voir, au risque de vouloir aller à des élections bâclées, qui, au lieu de résorber la crise politique, la raviveraient et la compliqueraient, il faut reconnaître qu’un report des élections générales, dont la présidentielle, s’impose.
Mais alors, saurait-on parler des retards dans l’exécution du chronogramme du processus électoral sans prendre en compte les sources-mêmes de ces retards ? Car si aujourd’hui l’on tire argument de ces retards pour recommander et exiger le report des élections générales, ce que font moins ou pas du tout les acteurs ivoiriens, c’est de mettre en lumière les causes qui génèrent ces situations. Or depuis 2005, trois constantes se sont offertes aux observateurs les plus attentifs. La première se manifeste à l’entame de chaque nouveau cycle de repart. Ainsi, chaque fois qu’une nouvelle période électorale est fixée, plutôt que l’on continue de travailler sur les acquis de la période précédente pour que l’on puisse avancer, bien au contraire, elle s’inaugure toujours par un temps de stagnation. Ainsi, pour ces périodes électorales qui sont généralement de 6 voire 8 mois, pendant 3 ou 4 mois voire 5, rien et absolument rien n’est accompli ; toutes les activités de la CEI censée préparer les élections et celles du gouvernement relatives à ce sujet, sont mises en berne. Toutes les autres parties prenantes aux élections s’enferment unanimement dans ce mutisme. La seconde constante, c’est Que lorsque les acteurs du processus électoral se décident enfin à agir, ce sont des retards qu’ils provoquent eux-mêmes dans l’exécution des étapes de ce processus. Ainsi, tout en clamant en chœur et la main sur le cœur qu’ils veulent tous aller aux élections, en ce qui le concerne va créer sa part d’obstacle dans l’exécution du chronogramme retenu. De ce fait, tous les délais impartis sont décalés et l’on arrive au seuil de la date de l’élection sans que l’on ait achevé les tâches définies. La troisième constante, c’est que l’on attend toujours les trois derniers mois de chaque période électorale pour engager véritablement la mise en œuvre de ces tâches. Mais alors, comment peut-on exécuter en trois mois ce que l’on n’a pu en six, huit ou dix mois ? En cela, les deux derniers reports et le troisième qui est sur le point d’être confirmés, surprennent. En effet, à la signature de l’accord de Ouaga en mars 2007, une période électorale. Mais en attendant que cela soit fait, de décembre 2007 à mars 2008, soit quatre mois durant, le processus électoral a été mis en veilleuse. Les différentes parties se contentent de disserter à loisir. En avril 2008, sur décision du Cadre permanent de concertation qui regroupe autour du facilitateur les signataires de l’accord de Ouaga et le RHDP, une nouvelle période électorale est arrêtée et son terme est fixé au 11 octobre 2008. Mais il aura fallu attendre pratiquement la fin de ce délai pour voir les frémissements des opérations techniques. Bien entendu, les élections ne pouvant se tenir dans une telle impréparation, une nouvelle période électorale est ouverte. Mais que de retard avant le démarrage et dans l’exécution des audiences foraines, de l’enrôlement pour d’identification, le redéploiement de l’administration dans les zones Centre-Nord-Ouest, du Centre de commandement intégré (CCI) ! Le tâtonnement qu’on a donné de voir ceux qui avaient la charge de ces tâches auraient franchement prêté à rire si ce n’était pas la vie et l’avenir du peuple ivoirien qui se jouaient de la sorte. Ainsi, d’octobre 2008 à mars 2009 où la nouvelle période électorale a été définie, soit six mois durant, le processus électoral a sombré dans un cycle de désintérêt durant lequel la CEI n’a réalisé que des résultats forts dérisoires en termes d’avancées.
La mauvaise volonté et ses dessous
Au total, ce sont ces multiples périodes creuses et de flou et ces retards injustifiés et délibérés qui ont conduit au sixième report des élections générales que l’on constate aujourd’hui. De fait, c’est faire preuve de mauvaise foi que de présenter l’insuffisance du mois qui reste à courir pour couvrir le processus électoral comme la cause de cet énième report.
A la vérité, ce sont les retards délibérés provoqués dans ce processus qui sont la cause de ce sixième report, mais aussi de tous les autres. L’insuffisance du délai imparti d’ici le 29 novembre 2009, n’est donc qu’un effet une conséquence et non la cause.
Parce que la cause de ce report, c’est bien cette manipulation machiavélique et diabolique des délais d’exécution du processus électoral à laquelle s’adonnent la classe politique ivoirienne et la CEI depuis 2005. A preuve, comment expliquer qu’un processus qui devait être exécution en dix mois à compter de l’accord de Ouaga signé en mars 2007, ne l’aie toujours pas été 2 ans et 9 mois ( !) plus tard ? La réponse coule de source ; parce que les parties prenantes ont décidé et manœuvrement pour qu’il en soit ainsi. Pourquoi ? Parce qu’elles ont fait du processus électoral le plus vaste fonds de commerce de toute la République. Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat, est maintenu à son poste à la haute main sur le pays et ses ressources ; Guillaume Soro, le Premier ministre, a tout le gouvernement sous son autorité et des privilèges proches de ceux du chef de l’Exécutif. De plus, avec son mouvement les Forces Nouvelles, il continue, dans la pratique, d’administrer les zones CNO. Quant aux partis de l’opposition politique regroupés au sein du RHDP, ils détiennent chaque un beau quota inamovible de ministères fort juteux au gouvernement depuis six ans. Et bien entendu la CEI n’est pas en reste : tant que prévaut le feu des élections, elle est arrosée d’immenses ressources financières ; une situation qui s’éteindrait une fois les élections réalisées et ses activités mises en berne pour au moins cinq ans. Si ce n’est pas un partage de la Côte d’Ivoire, ça y ressemble terriblement. De là à manœuvrer pour que les élections soient sans cesse repoussées… Alors, pourquoi préféreraient-ils des élections où ils risqueraient de tout perdre à cette situation d’exception dont ils profitent tant ? En tout cas, Henri Konan Bédié, qui dirige le principal parti d’opposition, le PDCI-RDA, a déjà presque donné son accord à un sixième report du scrutin, lui qui était censé réclamer avec force la tenue obligatoire de ce scrutin. Récemment, il a fait savoir sa condition : que ce report soit décidé par le CPC. Tout simplement.
Michel Dia