Les élections à venir réservent des surprises. Le caractère exceptionnel de scrutin présage la mort du vote ethnique qu'on a connu par le passé.
Le vote ethnique est une élection d'un candidat par un ensemble d'individus ayant en commun une langue - surtout -, des structures sociales et économiques. Cette forme d'expression du suffrage s'apparente au vote régional. Qui, lui, est l'élection d'un individu par ses ''parents'', issus de différentes ethnies d'une région donnée. Le vote ethnique ou régional prospère en Côte d'Ivoire. Et cela, surtout après l'avènement du multipartisme. En effet, la floraison de partis politiques s'est faite sur fond de considérations sociologiques. Au point où chaque formation politique a, même jusqu'aujourd'hui, une identité ethnique. Les responsables politiques ralliant leurs ''parents'' à leur cause ou à leur idéal, ont construit des blocs avec des majorités ethniques.
Ainsi, des partis politiques sont identifiés - à tort ou à raison - par la majorité ethnique qui les composent. A cet effet d'aucuns voient le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) comme le creuset du peuple Baoulé. Le Front populaire ivoirien (Fpi) comme l'antre des Bété. L'Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci) comme l'alliance des Wé et Dan, etc. Une chose est cependant justifiée, s'ils réfutent l'étiquette ethnique, les responsables de partis en question tiennent compte de leurs bases sociologiques respectives dans leurs calculs. D'où l'existence des bastions revendiqués et protégés en permanence. La carte géopolitique de la Côte d'Ivoire s'est ainsi dessinée du fait de la propension des uns et des autres à identifier les partis à des groupes ethniques, à des régions. On dira par exemple le PDCI est pour les gens du Centre, le Fpi celui de ceux de l'Ouest, l'Udpci appartient à l'Ouest montagneux et le Rdr au Nord.
Très tôt les leaders ont tenté d'effacer les critiques nuisibles à l'image de leurs partis politiques.
Ce n'est donc pour la forme que Henri Konan Bédié a nommé Alphonse Djédjé Mady, (de l'Ouest) à la tête du secrétariat général du Pdci. Au Rdr, le Dr. Alassane Dramane Ouattara a choisi Henriette Dagri Diabaté (du Sud) comme secrétaire général. Et le Fpi de Laurent Gbagbo a désigné le Pr. Mamadou Koulibaly (fils du Nord) à la tête de l'Assemblée nationale. L'intention affichée des leaders est de démontrer qu'ils ne font pas de discrimination. Les considérations ethniques sont de plus en plus combattues. Tant les Ivoiriens, notamment les candidats à la magistrature suprême ont pris conscience que le vote d'un groupe ethnique n'est pas acquis d'office. D'où l'origine des campagnes de sensibilisation et de ''désintoxication'' de l'électorat par les prétendants. Les récentes déclarations du président du Pdci en campagne au Nord l'attentent. « On a tenté de faire croire que nous, au PDCI (…) sommes contre certains groupes ethniques et certaines confessions religieuses », a démenti hier Henri Konan Bédié, s'adressant au peuple Sénoufo. Quant au président de la République, candidat à succession, il a toujours décrié qu'on dise « Si laurent Gbagbo prend le pouvoir, il va chasser les Baoulé ou bien il va tuer les Dioula». Il est est question aussi de fragiliser l'adversaire sur ses bases en disant à ses partisans que le vote à venir doit être raisonnable. Les candidats s'évertuent à ancrer dans la conscience collective que le « vote responsable » doit être l'acceptation du projet de société d'un candidat. Tous disent qu'il ne faut « plus suivre aveuglement un candidat pour ses origines ».
Mieux vaut, disent les rivaux politiques, choisir celui qui garantira le développement du pays. C'est en foi de ces arguments de campagne que des candidats se dédouanent en se présentant comme les candidats du peuple. Ainsi, tous sont devenus du coup des « candidats de la Côte d'Ivoire ». Rien que pour se débarrasser de l'étiquette de tribaliste. L'autre forme de combat du vote ethnique est la nomination de cadres au sein des équipes de campagne ou dans les sphères de décision. C'est ainsi qu'on assiste à la responsabilisation, suite à des débauchages, de dignitaires. L'idée qui sous-tend ces recrutements est qu'un individu, issu d'une ethnique (et d'une région) autre celle de celui qui l'a promu ratisse au profit de ce dernier. En un mot, les candidats font les yeux doux à des régions entières à travers leur fils. Bien plus, ils ont tendance à cibler les régions dites à conquérir au détriment de leurs bastions traditionnels. Les barrières ethniques cèdent progressivement aussi sous le poids des transhumances observées sur l'échiquier politique ces dernières années. De plus en plus l'on semble ne plus se fier aux affinités ethniques. Des groupes de personnes issues d'une région lambda ruent, de façon croisée, vers les partis politiques. Le réalisme prend donc le dessus, contrairement aux années lointaines où l'on pensait qu'il fallait soutenir un tel parce qu'il est un ''frère''. Pour sûr l'élection présidentielle à venir sera l'occasion de témoigner le changement intervenant dans les mentalités des nationaux.
Bidi Ignace
Le vote ethnique est une élection d'un candidat par un ensemble d'individus ayant en commun une langue - surtout -, des structures sociales et économiques. Cette forme d'expression du suffrage s'apparente au vote régional. Qui, lui, est l'élection d'un individu par ses ''parents'', issus de différentes ethnies d'une région donnée. Le vote ethnique ou régional prospère en Côte d'Ivoire. Et cela, surtout après l'avènement du multipartisme. En effet, la floraison de partis politiques s'est faite sur fond de considérations sociologiques. Au point où chaque formation politique a, même jusqu'aujourd'hui, une identité ethnique. Les responsables politiques ralliant leurs ''parents'' à leur cause ou à leur idéal, ont construit des blocs avec des majorités ethniques.
Ainsi, des partis politiques sont identifiés - à tort ou à raison - par la majorité ethnique qui les composent. A cet effet d'aucuns voient le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) comme le creuset du peuple Baoulé. Le Front populaire ivoirien (Fpi) comme l'antre des Bété. L'Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci) comme l'alliance des Wé et Dan, etc. Une chose est cependant justifiée, s'ils réfutent l'étiquette ethnique, les responsables de partis en question tiennent compte de leurs bases sociologiques respectives dans leurs calculs. D'où l'existence des bastions revendiqués et protégés en permanence. La carte géopolitique de la Côte d'Ivoire s'est ainsi dessinée du fait de la propension des uns et des autres à identifier les partis à des groupes ethniques, à des régions. On dira par exemple le PDCI est pour les gens du Centre, le Fpi celui de ceux de l'Ouest, l'Udpci appartient à l'Ouest montagneux et le Rdr au Nord.
Très tôt les leaders ont tenté d'effacer les critiques nuisibles à l'image de leurs partis politiques.
Ce n'est donc pour la forme que Henri Konan Bédié a nommé Alphonse Djédjé Mady, (de l'Ouest) à la tête du secrétariat général du Pdci. Au Rdr, le Dr. Alassane Dramane Ouattara a choisi Henriette Dagri Diabaté (du Sud) comme secrétaire général. Et le Fpi de Laurent Gbagbo a désigné le Pr. Mamadou Koulibaly (fils du Nord) à la tête de l'Assemblée nationale. L'intention affichée des leaders est de démontrer qu'ils ne font pas de discrimination. Les considérations ethniques sont de plus en plus combattues. Tant les Ivoiriens, notamment les candidats à la magistrature suprême ont pris conscience que le vote d'un groupe ethnique n'est pas acquis d'office. D'où l'origine des campagnes de sensibilisation et de ''désintoxication'' de l'électorat par les prétendants. Les récentes déclarations du président du Pdci en campagne au Nord l'attentent. « On a tenté de faire croire que nous, au PDCI (…) sommes contre certains groupes ethniques et certaines confessions religieuses », a démenti hier Henri Konan Bédié, s'adressant au peuple Sénoufo. Quant au président de la République, candidat à succession, il a toujours décrié qu'on dise « Si laurent Gbagbo prend le pouvoir, il va chasser les Baoulé ou bien il va tuer les Dioula». Il est est question aussi de fragiliser l'adversaire sur ses bases en disant à ses partisans que le vote à venir doit être raisonnable. Les candidats s'évertuent à ancrer dans la conscience collective que le « vote responsable » doit être l'acceptation du projet de société d'un candidat. Tous disent qu'il ne faut « plus suivre aveuglement un candidat pour ses origines ».
Mieux vaut, disent les rivaux politiques, choisir celui qui garantira le développement du pays. C'est en foi de ces arguments de campagne que des candidats se dédouanent en se présentant comme les candidats du peuple. Ainsi, tous sont devenus du coup des « candidats de la Côte d'Ivoire ». Rien que pour se débarrasser de l'étiquette de tribaliste. L'autre forme de combat du vote ethnique est la nomination de cadres au sein des équipes de campagne ou dans les sphères de décision. C'est ainsi qu'on assiste à la responsabilisation, suite à des débauchages, de dignitaires. L'idée qui sous-tend ces recrutements est qu'un individu, issu d'une ethnique (et d'une région) autre celle de celui qui l'a promu ratisse au profit de ce dernier. En un mot, les candidats font les yeux doux à des régions entières à travers leur fils. Bien plus, ils ont tendance à cibler les régions dites à conquérir au détriment de leurs bastions traditionnels. Les barrières ethniques cèdent progressivement aussi sous le poids des transhumances observées sur l'échiquier politique ces dernières années. De plus en plus l'on semble ne plus se fier aux affinités ethniques. Des groupes de personnes issues d'une région lambda ruent, de façon croisée, vers les partis politiques. Le réalisme prend donc le dessus, contrairement aux années lointaines où l'on pensait qu'il fallait soutenir un tel parce qu'il est un ''frère''. Pour sûr l'élection présidentielle à venir sera l'occasion de témoigner le changement intervenant dans les mentalités des nationaux.
Bidi Ignace