Les bastions ont la peau dure

A coup sûr, les élections à venir apparaissent comme les plus ouvertes et les plus incertaines que la Côte d'Ivoire ait jamais connues. Conscients de cet enjeu, les différents candidats ont donc décidé de ratisser plus large en allant au-delà de leurs fiefs. Mais, s'ils ont tous décidé d'aller à la conquête de nouveaux électeurs hors de leur zone de prédilection, c'est parce qu'ils sont sûr que leur bastion ne devrait pas leur échapper. Convaincu que le pays Bété lui est, à priori, favorable Laurent Gbagbo a décidé d'aller chercher là où il faut, les voix dont il a besoin pour sa réélection. C'est invariablement la même logique qui a poussé les autres « dinosaures » du marigot politique ivoiriens à aller chasser sur des terres adverses. Ainsi, on voit le leader du Rassemblement des républicains (Rdr) parcourir les différentes régions du pays, se permettant de visiter des zones qui lui sont apparemment hostiles avant le Nord qu'on dit lui être favorable.

Le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) qui ne veut pas demeurer en reste a décidé lui aussi d'attaquer le Grand Nord. Au cours de son séjour qui a débuté le 2 novembre dernier, le sphinx de Daoukro s'emploi à défendre son bilan à la tête de l'Etat de 1993 à 1999. « En dehors de Félix Houphouët-Boigny, quel homme politique peut prétendre avoir fait mieux que moi, dans la promotion des hommes dans cette région ? Je n'ai jamais pris en compte le facteur ethnique dans le choix de mes collaborateurs », a tenté de convaincre M. Bédié lors de son meeting animé le mardi 3 novembre 2009 à Ferkessédougou. Il en est de même pour l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (Udpci) qui n'entend pas jouer les seconds rôles.

Convaincu que le parti fondé par le Général Robert Guéï est indéboulonnable dans la région des 18 Montagnes, ses dirigeants ont commencé à lorgner vers de d’autres pâturages. Et ce qui rend ce chassé croisé particulièrement intéressant, c'est qu'en allant conquérir des électeurs en zones étrangères, chaque état-major prend soin de bétonner son fief, de peur que l'adversaire n'y pénètre comme dans du beurre.

Marc Dossa