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Politique Publié le vendredi 6 novembre 2009 | Le Repère

Pr Alphonse Djédjé Mady (Directeur de campagne du président Bédié) sur Africa 24 : “Ce qui se passera s`il y a report...”

Invité de la chaîne de télévision d`information panafricaine, Africa 24, le mardi 3 novembre dernier, le Pr Alphonse Djédjé Mady, secrétaire Général du Pdci-Rda et directeur national de la campagne du président Henri Konan Bédié, fait d`importantes révélations sur le processus électoral. Ci-dessous, l`intégralité de l`interview accordée à la chaîne panafricaine.

Le 29 novembre devrait être la date de la tenue des élections présidentielles dans votre pays, peut-on encore espérer que l`élection se tienne à cette date ?
Nous devrons toujours continuer d`espérer que le premier tour de l`élection présidentielle se tienne le 29 novembre 2009. C`est une question du respect de la parole donnée. Il y a eu déjà beaucoup de dates qui ont été fixées souverainement qui n`ont pas été respectées. Ça ne devrait pas être de coutume. Pour une fois, nous devons tenir notre engagement du 29 novembre. Si on y met les bouchées doubles. Tous les éléments sont réunis pour qu`on y arrive. Il faut le vouloir.

Vous avez parlé des clignotants qui sont au rouge, de quels clignotants parlez-vous ?
Nous n`avons pas encore l`affichage de la liste provisoire qui devrait faire l`objet d`un certain nombre de contentieux pour qu`en définitive, on sorte la liste qui doit servir aux élections. Cela traîne, c`est dommage Mais, nous pensons que nous pouvons y arriver, si nous le voulons. Malgré effectivement ces difficultés inhérentes à l`évolution du processus.

Mais est-ce que vous pensez que toutes les conditions sont réunies pour que nous ayons des élections propres et crédibles cette année ?
Nous avons procédé aux audiences foraines, nous avons procédé à l`identification de la population, au bout de laquelle devrait être dégagée la liste des ivoiriens qui doivent aller aux élections. Mais aujourd`hui, cette liste nous a été communiquée sans qu`elle soit affichée par la commission électorale indépendante. Déjà, on dénombre qu`il y a 3, 5 millions d`Ivoiriens qui ne posent aucun problème quant à leur appartenance à la nationalité ivoirienne. On nous a également fait cas de 2, 7 millions de cas litigieux, mais depuis, un million a pu être rattaché à ceux qui sont sur la liste et qui ne posent pas de problème. On devrait être aujourd`hui à 4,500 millions d’Ivoiriens qui ne posent pas de problème. Il devrait rester à traiter le cas d`environ 1,900 million pour afficher la liste électorale. Mais nous pensons qu`il faille afficher cette liste provisoire pour que les cas litigieux soient connus et qu`on puisse apporter les preuves nécessaires pour les rattacher à la nationalité ivoirienne ou à d`autres nationalités vivant en Côte d`Ivoire.

C`est à cela que s`attelle la commission électorale indépendante, mais on a constaté que le Pdci est très attaché à la date du 29 novembre, alors que d`autres conditions sont à régler. Et si on n`arrive pas à les régler ?
Si l`on veut aller aux élections, on peut y aller. C`est une question de volonté politique.

Vous pensez qu`il n`y en a pas ?
Elle n`est pas toujours affirmée. Il y a des avancées, il y a des reculs, il y a des stationnements non autorisés. On n`avance pas au rythme qu`on devrait avancer.

Que se passera-t-il, si éventuellement, on reporte les élections, surtout au niveau du Pdci ?
La Côte d`Ivoire a intérêt pour sa crédibilité à aller aux élections. Les Ivoiriens ont intérêt à aller aux élections parce que la situation est intenable. Bien sûr, le déroulement du scrutin n`est pas une panacée, mais c`est un passage obligé pour espérer voir l`amélioration de cette situation intenable.

Mais dans le même temps, certaines personnes estiment que le report devrait réjouir le Pdci-Rda. Est-ce que les sondages qu`on a vus dans la presse ne donnent pas le candidat du Pdci gagnant ?
Le Pdci fait le jugement qu`il faut de ces sondages-là. Ça reflète ce qu`on veut que ça reflète. Mais nous pensons que c`est mieux comme ça parce qu`on connaît des candidats s`ils ne sont pas sûrs de gagner, nous pouvons attendre un demi-siècle. Allons aux élections et la vérité surgira des urnes à travers des élections crédibles et transparentes. De toutes les façons, tous les candidats ne gagneront pas, il y a un seul qui gagnera. Alors allons aux élections, laissons de côté les sondages dont on connaît les origines et la fiabilité.

Voulez-vous dire que ces sondages ne sont pas crédibles ?
Ecoutez, ça n`engage la responsabilité que de ceux qui les cautionnent, mais la vérité du peuple ivoirien sortira des urnes. Allons aux élections.

Encore qu`on sache la date réelle de la tenue de ces élections ?
C`est le 29 novembre, c`est connu ; c`est décidé par décret présidentiel, signé en conseil des ministres, sur proposition de la commission électorale indépendante comme le veut la loi. Seulement, il faut y tenir, c`est tout. Donc la date du 29 novembre n`est pas inventée par un parti politique. C`est le président Gbagbo qui a signé ce décret en sa qualité de chef de l`Etat sur proposition de la commission électorale indépendante comme le veut la loi. Mais il y a des aléas qu`on ne maîtrise pas toujours. On nous dit qu`il y a des aléas mais pour le moment, nous ne connaissons pas ces aléas qui puissent nous empêcher d`aller aux élections.

Les responsables du Pdci ont fait plusieurs sorties médiatiques ces derniers temps contre le Premier ministre, Guillaume Soro. Que vous lui reprochez-vous ?
Il ne faut pas qu`on confonde les choses entre un titre malheureux d`un journal même s`il est proche du Pdci. "Le Nouveau Réveil" est un journal proche du Pdci-Rda mais, ce n`est pas un journal qui est sous la dictée du Pdci-Rda. Qu`on me dise le nom du responsable du Pdci qui aurait fait une déclaration contre le Premier ministre Soro Guillaume. Si c`est l`article qui est passé dans "Le nouveau Réveil", Soro Guillaume est le premier à savoir que "Le Nouveau Réveil" est un journal proche du Pdci-Rda, mais ce n`est pas un journal du Pdci.

Le président Gbagbo a dit qu`il y a des hommes et des femmes dont l`existence politique dépend de l`étranger, est-ce que vous vous sentez concernés par ces déclarations ?
Ça n`engage que lui, je ne sais pas à qui il pense. Le Pdci n`est pas concerné. C`est le Pdci qui a acquis l`indépendance de la Côte d`Ivoire des mains de la colonisation avec la lutte qu`on a menée. Mais Gbagbo est historien. Il doit le savoir. Il ne s`agit pas du Pdci. Ne se mouche que celui qui se sent morveux.

Mais on constate beaucoup d`attaques vis-à-vis du président Gbagbo ?
Le Pdci est un parti d`opposition. Le rôle de l`opposition, même en période de paix, c`est de critiquer ce qui ne va pas. C`est le rôle dévolu à toute opposition. Bien sûr, nous ne faisons pas de la critique pour de la critique. Si ce que nous disons est faux, qu`on nous dise que c`est faux, mais notre rôle d`opposition, c`est de dire ce qui ne va pas.

Mais qu`est ce que vous proposez en retour ?
Je pense que le programme de société du Pdci est connu.

Mais beaucoup de téléspectateurs ne savent pas ?
C`est ce que je suis en train de dire. Pour tous ceux qui connaissent la Côte d`Ivoire, qui ont connu la Côte d`Ivoire avant qu`on ne rentre dans cette décennie de perturbation, c`est bien du Pdci-rda. Depuis l`indépendance, pour que la Côte d`Ivoire soit citée comme pays phare qui vient après l`Afrique du Sud au sud du Sahara, c`est l`œuvre du Pdci Rda. Depuis le coup d`Etat du 24 décembre, ce qui vient avec la crise armée de la rébellion, avant cela, tout ce qui a précédé, c`est la Côte d`Ivoire bâtie avec Félix Houphouet Boigny et Henri Konan Bédié.

Pensez-vous que c`est un argument, le fait que c`est le Pdci qui a bâti la Côte d`Ivoire ?
Je crois qu`il y a un argument qu`il faut privilégier ici. Quand le Pdci-Rda faisait l`investiture de son candidat, le 11 mars 2005, croyant que les élections allaient avoir lieu, le Fpi a été representé. Miaka Oreto qui est le secrétaire général du Fpi a dit une chose que je trouve splendide. Il dit "quand il y aura la campagne, ça ne sera pas difficile. Ce sera le bilan du Pdci contre le bilan du Fpi". Et nous sommes à l`aise. Je pense qu`effectivement, ça sera bilan contre bilan.

Certaines informations font état de l`accès difficile du Pdci aux médias de service public ?
Vous ne trouverez pas un seul accord depuis l`accord de Linas Marcoussis jusqu`à l`accord politique de Ouagadougou, jusqu`aux différents Cpc qui ne tienne pas compte de la conduite des médias d`Etat. Ce sont des médias embrigadés. Même dans le parti unique, on ne l`a pas vu. Même dans la pure des dictatures, on ne ferait pas mieux. Ce sont des médias d`Etat à la solde de M. Gbagbo et de son camp.

Ce qui n`est pas normal bien entendu ?
Mais faut-il en rajouter aux malheurs déjà existants de la Côte d`Ivoire ? C`est la question qui reste à être résolue. Ce sont des médias d`Etat qui fonctionnent avec la contribution de tous les citoyens ivoiriens et qui sont aujourd`hui prisonniers du camp de M. Gbagbo. C`est connu, c`est su, c`est de notoriété et il n`y a pas une rencontre internationale qui n`en parle.

Et pourtant, certains estiment que ce que vous exprimez n`est pas vrai. Quand très récemment les locaux du siège de votre campagne ont été incendiés, très rapidement, il y a eu une horde de médias notamment la chaîne de télévision (la Rti) qui se sont présentés et bien sûr vous ne les avez pas reçus. Vous les avez chassés apparemment.
Je n`étais pas présent, j`étais à Paris. Mais pourquoi ils ne se précipitent pas quand nous faisons les meetings et pourquoi comme des charognards c`est sur les malheurs qu`ils accourent ?

Peut-être parce que la campagne électorale n`a pas encore débuté ?
Et parce que la campagne n`a pas débuté, c`est le Fpi seul qui a droit aux médias d`Etat ? Non, ça ne tient pas debout, ça ne tient pas la route. Nous avons déjà rencontré le conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca) qui devrait régenter ces choses. Pendant la période préélectorale, on parle d`équité. Mais, cette équité n`est pas en route. La caporalisation des médias d`Etat est un fait avéré et peut-être ce qui reste à dire, c`est qu`est-ce que vous faites devant cette caporalisation et en dehors de cette question, quand on fait l`état des lieux, c`est évident comme un nez sur un visage.

Monsieur le directeur de campagne, on a noté une certaine défection dans les rangs du Pdci depuis que ce parti est dans l`opposition, qu`est ce qui reste de ce parti ?
Il reste beaucoup de choses, peu de choses semblent certes être mises à l`écart, ils ont leurs raisons. Je ne voudrais pas en appeler à leur conscience mais dans tous les partis politiques, comme dans tous les mouvements sociaux, il y a des va-et-vient, mais nous constatons qu`il y a quelques éléments qui vont émarger au niveau du camp présidentiel.

Vous faites-là une révélation !
Ils y sont, ce n`est pas caché, c`est de notoriété.

Pourquoi vous parlez d`émarger ?
Mais émarger parce que l`activité qu`ils mènent sur le plan politique, c`est bien aux frais de l`équipe de campagne du candidat Gbagbo, ne serait-ce que ça parce que je ne voudrais pas descendre dans certaines considérations. La Côte d`Ivoire sait quels sont ceux qui font la politique du ventre. On le sait, c`est une réalité.

Et pourtant, on estime que ceux qui sont partis, ce sont les meilleurs.
Qui sont ceux qui disent que ce sont les meilleurs qui sont partis ?

Beaucoup ?
Si ce sont les meilleurs, ils ne seraient pas partis. Le meilleur ne part pas quand la maison brûle. Le meilleur ne part pas quand la maison est en difficulté. Quand on y a vécu toute sa vie, quand on y a fait toute sa carrière, et que cette maison est éventuellement en difficulté, quand on est le meilleur, on ne part pas. On a de la dignité, on a de l`honorabilité, on a le sens de la responsabilité, on assume. Quand on dit qu`on est le meilleur et qu`un parti dit que le Pdci a mal travaillé, ça veut dire que vous le meilleur, c`est vous qui avez fait ce travail. Restez-là pour le défendre. Vous partez, qui restera là pour le défendre ? Ce ne sont certainement pas les meilleurs. Comme on le croit.

Est-ce que vous êtes optimiste ?
Il faut être optimiste ou du moins il faut travailler dans le sens de l`optimisme pour que la Côte d`Ivoire sorte de la crise. Il ne faut pas se disposer à travailler en sorte qu`on ajoute de l`huile au feu. L`Ivoirien est souverain, il est mature. Il sait qui peut l`aider à atténuer ses souffrances.

Nous avons démarré cette émission avec une question, à propos des présidentielles, de toutes façons, Africa 24 sera là pour suivre de très près le processus qui est en cours dans votre pays. M. le directeur de campagne, merci d`avoir été là pour répondre à nos questions.
C`est moi qui vous remercie et on vous attend à Abidjan pour que vous voyiez avec nous l`évolution du processus.

Interview réalisée par
Babylas Boton (Africa 24)
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