A la guerre comme à la guerre électorale ! Le président de la République, M. Laurent Gbagbo, candidat à sa propre succession à l’élection présidentielle à venir, donne de sérieux coups à ses adversaires politiques. Ceux-ci découvrent, au fur et à mesure que la date du scrutin approche, la force de frappe du chef de l’Etat. Et il ne se passe pas de jour sans que l’on assiste à une cérémonie de ralliement à la cause du candidat de la Côte d’Ivoire. La preuve palpable et irréfutable, c’est le ralliement par grappe des cadres du Nord au combat de Laurent Gbagbo. Ainsi en va-t-il des noms jamais soupçonnés tels Koné Dossongui, Ouattara Zanga, Soro Seydou, Coulibaly Doulaye, Samba Coulibaly, Traoré Dohia, Dr. Issa Malick. etc. Le RDR et Ouattara, qui pensaient avoir apprivoisé tous les cadres et mis le Nord à leurs pieds, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Et ils le font bien à travers leur presse. On n’a pas à douter de la force du choc des coups qui pleuvent sur eux. La virulence avec laquelle le quotidien Le Patriote, dans sa parution d’hier mardi, s’est attaqué à Koné Dossongui, illustre bien que Laurent Gbagbo est en train de porter des coups durs à Alassane Dramane Ouattara et consorts. Il est donc sur la bonne voie et ses conseillers devraient l’inciter à maintenir la pression. Si l’auteur du papier consacré à Dossongui l’a produit dans ses moments de lucidité, alors il y a de quoi crier victoire du côté de la majorité présidentielle. Parce que tout le venin craché sur Koné Dossongui est un véritable cri de douleur du RDR et Ouattara qui pleurent à chaudes larmes le départ de Dossongui. Sinon qu’est-ce qui peut bien expliquer ces injures d’un autre âge ? : “Koné Dossongui peut s’allier au diable qui le chante, il peut hurler avec tous les loups avec qui il se sent semblable, il peut patauger dans la fange de l’indignité, de la forfaiture, de l’ingratitude…”. Entre nous, ce journalisme de poubelle, qui réduit le débat aux injures, aux coups bas et aux coups de dessous de ceinture, n’est-il pas l’expression la plus achevée du manque d’idées au RDR pour faire le débat ? N’est-il pas l’annonce du début et en même temps la fin de la compétition électorale ? Ne sachant quoi faire pour arrêter l’hémorragie qui risque d’emporter ce parti régionaliste, la presse de Ouattara s’adonne aux injures gratuites. Et pourtant, elle aurait pu emprunter la voie de la sagesse en cherchant à ramener à la maison ceux qui partent plutôt que de les couvrir d’injures gratuites. Car, ce que nos confrères oublient, et c’est tant mieux, c’est que ces injures inutiles ne pourront qu’énerver ceux qui sont avec eux et qui hésitaient encore à choisir le chemin du départ. Mais on comprend le RDR. La sagesse le visite assez rarement quand il est dans le désarroi. Le mur de la honte qu’il a bâti entre les peuples du Nord et ceux du Sud pour qu’il n’y ait pas de communication utile s’est fissuré et s’est effondré comme celui qui a divisé l’Allemagne pendant de longues années. Comme en novembre 1989 où l’on a vu des hommes et des femmes partir d’Est en Ouest de l’Allemagne, les populations du Nord quittent la barque RDR et ses mensonges pour la barque de la vérité et du développement. On le voit, le RDR, atteint à la moelle épinière par les piques de Laurent Gbagbo, n’a plus aucune ressource physique et morale pour se défendre. Alors, comme à son habitude lorsqu’il est dans les cordes, il choisit de ventiler des rumeurs et des mensonges comme la mort annoncée de Mamadou Ben Soumahoro (qui est pourtant bien vivant) et les supposées courtes échelles que Ouattara aurait faites à Dossongui. Avec Zanga, Dossongui, Samba, Doulaye, Dohia et autres, les Ivoiriens peuvent dire enfin que la prise d’otages de Ouattara est en train de prendre fin. D’ailleurs pourquoi un tel acharnement sur Dossongui sous prétexte qu’il est en mission commandée de Gbagbo pour vider le RDR ? Ah ! Le RDR se vide alors ? Gbagbo est dans la dynamique de l’adversité qui caractérise un homme politique à la veille d’une échéance électorale. Pourquoi ne devrait-il pas le faire? Pour les beaux yeux de Ouattara ? Alors, le confrère n’a rien compris, à moins qu’il ne continue de penser que les cadres du Nord ne doivent militer qu’au RDR. Quand le RDR recrute, au PDCI, M. Coulibaly Pana, resté longtemps directeur de cabinet du ministre Guikahué de la Santé, pourquoi le confrère n’a pas écrit que l’actuel adjoint au maire de Korhogo a vendu son âme ? Quand, à Odienné, l’ancien cadre du PDCI Touré Gaoussou, propriétaire de Multi-Produits, va au RDR, c’est normal pour le confrère. Quand l’adjoint au maire de Korhogo, Soro Yacouba N’Dossolou, patron des cars UTNA, quitte le PDCI pour suivre Ouattara, son âme n’est-elle pas vendue ? Quand, à Yamoussoukro, Léon Aka Bony quitte le PDCI pour le RDR, le confrère pense que certainement que c’est un changement normal. En revanche, quand Koné Dossongui, actuel député PDCI de Kouto, rejoint Laurent Gbagbo pour des raisons qui lui sont propres, c’est alors un acte criminel aux yeux du RDR au motif qu’il va chez Ouattara la nuit. Mais le confrère devrait garder son sang-froid devant le ralliement de Dossongui. Parce que, s’il est prouvé que Dossongui fréquente Ouattara la nuit, c’est qu’il sait, lui aussi, des choses et même beaucoup de choses compromettantes pour le “Djinanmory”. Le Patriote, qui révèle tardivement que Koné Dossongui a financé la rébellion, en attendant de nous livrer d’autres noms prestigieux, devrait plutôt se demander pourquoi toutes ces personnes, qui ont côtoyé Ouattara et l’ont aidé à déchirer la Côte d’Ivoire, décident du coup de le quitter. En cherchant à le savoir, la presse du RDR rendra service à Ouattara et à son parti qui pourront aisément rectifier le tir, au lieu de se précipiter dans des révélations qui discréditent même le RDR et son président. Parce que, sur ce chapitre des révélations concernant la rébellion, la bataille est perdue d’avance pour Dramane Ouattara et sa presse. Car des sachants comme ceux qu’ils vouent aux gémonies peuvent faire aussi, à leur tour, des témoignages troublants sur le RDR. Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr
Politique Publié le mercredi 11 novembre 2009 | Notre Voie