Lequel des trois ténors de la scène politique ivoirienne, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, réussira t-il à rallier à lui la bienveillance des religieux ?
Les rapports avec les politiques
Henri Konan Bédié
On ne connaît pas de relations particulières entre le “sphinx de Daoukro” et la sphère religieuse. Chrétien d'obédience catholique, Henri Konan Bédié semble pourtant entretenir avec la hiérarchie de son église, des rapports empreints d'une tiédeur inexplicable. Même du temps de sa présidence, ses actions d'envergures se comptaient. En dehors de la mosquée du Plateau, le nom d'Henri Konan Bédié reste aujourd'hui étranger au milieu religieux. Le régime Bédié s’est surtout fait remarquer par ses rapports tendus avec le monde musulman jugé trop proche de l'ennemi juré de l'époque, Alassane Ouattara. Il s’appuyait beaucoup sur des leaders par représentatifs tels que feu Diaby Kowéit (Conseil supérieur des Imams). Ces derniers temps, certains analystes ont tenté de voir une connexion entre le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) et l'abbé James Wadja. Les attaques virulentes du curée de la paroisse Sainte Anne de Bingerville bien souvent reprises par un quotidien proche du parti doyen ont servi d'argumentaires aux tenants de cette analyse. Surtout que les prêches du prélat ressemblaient par endroit aux discours d'Henri Konan Bédié.
Alassane D. Ouattara
Pourtant considéré dès son entrée en politique comme étant le candidat de la communauté musulmane, ADO est loin d'avoir conquis le cœur de ses coreligionnaires. En dehors de quelques actions sporadiques posées en son nom par certains de ses collaborateurs, notamment durant la période du jeûne, Alassane Ouattara paraît avoir pris de la distance d'avec les dignitaires musulmans. Ses derniers égards vis-à-vis de ses coreligionnaires remontent à la période au cours de laquelle il était chef du gouvernement. Certains observateurs vont jusqu'à penser que cela est fait à dessein. Ils y voient en effet une stratégie visant à lui faire décoller de la peau l'étiquette d' « homme des musulmans », analysant que cette image le dessert plus qu'elle ne lui rend service. Une analyse qui ne manque pas de pertinence si on en juge par le fait que le président du Rassemblement des républicains (Rdr) n'a de contact avec les dignitaires musulmans que les jours de fête. A la faveur du jeûne du Ramadan, c'est souvent les mêmes collaborateurs qu'Alassane Ouattara dépêche pour aller faire des dons à la communauté musulmane et ce, avec le même discours : « ADO vous prie d'accepter ce don et de lui faire des bénédictions. Dieu n'a pas voulu qu'il soit parmi nous », ont encore répété le 25 août 2009, Moukoudou Thiam et Lanciné Camara. Par ailleurs, les rapports autrefois chaleureux qu'on lui prêtait avec le cheick Boikary Fofana et qui seraient à la base de l'exil de celui-ci aux Etat-Unies ressemblent aujourd'hui à une histoire d'amour qui aurait mal tourné. Depuis son retour au pays, l'heure est plutôt au rapprochement entre le guide religieux musulman et l'adversaire d'ADO, Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le chef de l'Etat sortant est très à l'aise dans les dossiers religieux. Tel un fonceur, il ne s'interdit aucun espace de ce « marigot ». D'abord chrétien catholique, Laurent Gbagbo s'est par la suite converti au protestantisme en 1998, soit deux ans avant son accession à la magistrature suprême du pays. Il connait donc assez bien le milieu chrétien que Simone Ehivet, son épouse, l'aide précieusement à gérer. C'est d'ailleurs ensemble que le couple présidentiel s'est rendu le dimanche 8 novembre pour prendre part à la cérémonie de lancement de 40 jours de prière initiée par le haut conseil protestant et évangélique de Côte d'Ivoire. « Dieu n'a jamais fait quelque chose sans éprouver. Même le Seigneur Jésus-Christ a été éprouvé. C'est après l'épreuve qu'il accomplit sa mission. Sachez que la guerre est faite pour que les brebis de Dieu soient affolées et que les lions les dévorent. Quand il y a eu la guerre, j'ai fait front parce que Dieu m'a assisté. Aucune intelligence n'égale l'intelligence divine. Le “Dialogue direct” dont on parle tant pour sa pertinence et son opportunité m'a été inspiré par Dieu. Que chacun, avant de dormir dise un petit mot à Dieu. Ne serait-ce qu'un tout petit mot. Soyons plus chrétiens que jamais. Plus croyant que jamais. Il ne faut plus qu'un dirigeant ait honte de croire en Jésus-Christ. La Côte d'Ivoire est reconnue comme une terre d'espérance, une terre sur laquelle Dieu a déversé toutes sortes de richesses », n'a pas manqué de révéler Laurent Gbagbo sur un air de prêche. Mais au-delà de ces genres de sorties devenues habituelles, l'action majeure à mettre à l'actif de M. Gbagbo est incontestablement la réconciliation entre le cheick Boikary Fofana et l’imam Idriss Koudouss Koné. Pendant près de trois ans, ces deux guides religieux musulmans se sont livrés une guerre larvée. Grace à une médiation initiée et réussie par le chef de l'Etat sortant, les deux religieux en palabre ont scellé la paix le 17 mai 2009. Cette action d'éclat est sous-tendue par la question du hadj. Sollicité par le cheick Fofana, le chef de l’Etat a sorti les gros moyens pour faire revenir au pays des milliers de pèlerins bloqués à laMecque en 2007. Outre les musulmans, le chef de l'Etat sortant a également tenté, avec des fortunes diverses, de réconcilier chrétiens célestes et méthodistes.
Marc Dossa
Les rapports avec les politiques
Henri Konan Bédié
On ne connaît pas de relations particulières entre le “sphinx de Daoukro” et la sphère religieuse. Chrétien d'obédience catholique, Henri Konan Bédié semble pourtant entretenir avec la hiérarchie de son église, des rapports empreints d'une tiédeur inexplicable. Même du temps de sa présidence, ses actions d'envergures se comptaient. En dehors de la mosquée du Plateau, le nom d'Henri Konan Bédié reste aujourd'hui étranger au milieu religieux. Le régime Bédié s’est surtout fait remarquer par ses rapports tendus avec le monde musulman jugé trop proche de l'ennemi juré de l'époque, Alassane Ouattara. Il s’appuyait beaucoup sur des leaders par représentatifs tels que feu Diaby Kowéit (Conseil supérieur des Imams). Ces derniers temps, certains analystes ont tenté de voir une connexion entre le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) et l'abbé James Wadja. Les attaques virulentes du curée de la paroisse Sainte Anne de Bingerville bien souvent reprises par un quotidien proche du parti doyen ont servi d'argumentaires aux tenants de cette analyse. Surtout que les prêches du prélat ressemblaient par endroit aux discours d'Henri Konan Bédié.
Alassane D. Ouattara
Pourtant considéré dès son entrée en politique comme étant le candidat de la communauté musulmane, ADO est loin d'avoir conquis le cœur de ses coreligionnaires. En dehors de quelques actions sporadiques posées en son nom par certains de ses collaborateurs, notamment durant la période du jeûne, Alassane Ouattara paraît avoir pris de la distance d'avec les dignitaires musulmans. Ses derniers égards vis-à-vis de ses coreligionnaires remontent à la période au cours de laquelle il était chef du gouvernement. Certains observateurs vont jusqu'à penser que cela est fait à dessein. Ils y voient en effet une stratégie visant à lui faire décoller de la peau l'étiquette d' « homme des musulmans », analysant que cette image le dessert plus qu'elle ne lui rend service. Une analyse qui ne manque pas de pertinence si on en juge par le fait que le président du Rassemblement des républicains (Rdr) n'a de contact avec les dignitaires musulmans que les jours de fête. A la faveur du jeûne du Ramadan, c'est souvent les mêmes collaborateurs qu'Alassane Ouattara dépêche pour aller faire des dons à la communauté musulmane et ce, avec le même discours : « ADO vous prie d'accepter ce don et de lui faire des bénédictions. Dieu n'a pas voulu qu'il soit parmi nous », ont encore répété le 25 août 2009, Moukoudou Thiam et Lanciné Camara. Par ailleurs, les rapports autrefois chaleureux qu'on lui prêtait avec le cheick Boikary Fofana et qui seraient à la base de l'exil de celui-ci aux Etat-Unies ressemblent aujourd'hui à une histoire d'amour qui aurait mal tourné. Depuis son retour au pays, l'heure est plutôt au rapprochement entre le guide religieux musulman et l'adversaire d'ADO, Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le chef de l'Etat sortant est très à l'aise dans les dossiers religieux. Tel un fonceur, il ne s'interdit aucun espace de ce « marigot ». D'abord chrétien catholique, Laurent Gbagbo s'est par la suite converti au protestantisme en 1998, soit deux ans avant son accession à la magistrature suprême du pays. Il connait donc assez bien le milieu chrétien que Simone Ehivet, son épouse, l'aide précieusement à gérer. C'est d'ailleurs ensemble que le couple présidentiel s'est rendu le dimanche 8 novembre pour prendre part à la cérémonie de lancement de 40 jours de prière initiée par le haut conseil protestant et évangélique de Côte d'Ivoire. « Dieu n'a jamais fait quelque chose sans éprouver. Même le Seigneur Jésus-Christ a été éprouvé. C'est après l'épreuve qu'il accomplit sa mission. Sachez que la guerre est faite pour que les brebis de Dieu soient affolées et que les lions les dévorent. Quand il y a eu la guerre, j'ai fait front parce que Dieu m'a assisté. Aucune intelligence n'égale l'intelligence divine. Le “Dialogue direct” dont on parle tant pour sa pertinence et son opportunité m'a été inspiré par Dieu. Que chacun, avant de dormir dise un petit mot à Dieu. Ne serait-ce qu'un tout petit mot. Soyons plus chrétiens que jamais. Plus croyant que jamais. Il ne faut plus qu'un dirigeant ait honte de croire en Jésus-Christ. La Côte d'Ivoire est reconnue comme une terre d'espérance, une terre sur laquelle Dieu a déversé toutes sortes de richesses », n'a pas manqué de révéler Laurent Gbagbo sur un air de prêche. Mais au-delà de ces genres de sorties devenues habituelles, l'action majeure à mettre à l'actif de M. Gbagbo est incontestablement la réconciliation entre le cheick Boikary Fofana et l’imam Idriss Koudouss Koné. Pendant près de trois ans, ces deux guides religieux musulmans se sont livrés une guerre larvée. Grace à une médiation initiée et réussie par le chef de l'Etat sortant, les deux religieux en palabre ont scellé la paix le 17 mai 2009. Cette action d'éclat est sous-tendue par la question du hadj. Sollicité par le cheick Fofana, le chef de l’Etat a sorti les gros moyens pour faire revenir au pays des milliers de pèlerins bloqués à laMecque en 2007. Outre les musulmans, le chef de l'Etat sortant a également tenté, avec des fortunes diverses, de réconcilier chrétiens célestes et méthodistes.
Marc Dossa