« Je suis fatigué, je n'en peux plus ». Ce bout de phrase de Mamadou Koulibaly, lancé à Koumassi en octobre dernier, a alimenté la chronique. Normal, puisqu'il est de la seconde personnalité du pays, le président de l'Assemblée nationale, par ailleurs député du Front populaire ivoirien (Fpi). Ce soupir, combien d'Ivoiriens l'ont poussé depuis que la crise a commencé. Le nouveau report de l'élection présidentielle devrait accroître le sentiment de lassitude qui s'est installé au sein de la population.
Certes, le processus de paix enregistre des avancées notables qui rapprochent inexorablement le pays des élections. Mais, tant que les cartes d'identité nationales et les cartes d'électeur ne seront pas distribuées, les sceptiques resteront nombreux. D'autant qu'aucune action politique d'envergure n'est venue balayer les petits signes qui montrent que les origines de la guerre, les manifestations publiques de la question identitaire, n'ont pas été totalement bannies du quotidien. Il en va ainsi des discriminations entre Ivoiriens dans la délivrance du passeport biométrique. Pour le moment, le pouvoir n'a pas véhiculé de message clair appelant les Ivoiriens à cultiver la coexistence pacifique, à respecter la citoyenneté des uns et des autres. Au-delà de cette question de fond, la lassitude ambiante est entretenue par des conditions de vie de plus en plus difficiles. Car, faut-il le rappeler, un habitant sur deux vit désormais sous le seuil de pauvreté. Et, la tenue des élections est perçue par la majorité de la population, à tort ou à raison, comme la voie rêvée vers une amélioration de la situation. Il est vrai aussi que, très souvent, le poste emplois est le premier touché lorsque les entreprises traversent des difficultés. De là à établir un lien entre la situation des employeurs du privé et la misère de la population, il n'y a qu'un petit pas vite franchi par certains analystes. Le climat est davantage alourdi par les nombreuses revendications des fonctionnaires (éducation nationale, santé,…).
Le risque majeur auquel expose toute cette déception de la population, ce n'est pas tant une déferlante de violence. Même si le terreau peut être favorable à quelques aventuriers. Mais, c'est bien une perte de confiance dans la classe politique et les institutions. Ce qui pourrait à terme influencer négativement le taux de participation aux élections à venir.
Kesy B. Jacob
Certes, le processus de paix enregistre des avancées notables qui rapprochent inexorablement le pays des élections. Mais, tant que les cartes d'identité nationales et les cartes d'électeur ne seront pas distribuées, les sceptiques resteront nombreux. D'autant qu'aucune action politique d'envergure n'est venue balayer les petits signes qui montrent que les origines de la guerre, les manifestations publiques de la question identitaire, n'ont pas été totalement bannies du quotidien. Il en va ainsi des discriminations entre Ivoiriens dans la délivrance du passeport biométrique. Pour le moment, le pouvoir n'a pas véhiculé de message clair appelant les Ivoiriens à cultiver la coexistence pacifique, à respecter la citoyenneté des uns et des autres. Au-delà de cette question de fond, la lassitude ambiante est entretenue par des conditions de vie de plus en plus difficiles. Car, faut-il le rappeler, un habitant sur deux vit désormais sous le seuil de pauvreté. Et, la tenue des élections est perçue par la majorité de la population, à tort ou à raison, comme la voie rêvée vers une amélioration de la situation. Il est vrai aussi que, très souvent, le poste emplois est le premier touché lorsque les entreprises traversent des difficultés. De là à établir un lien entre la situation des employeurs du privé et la misère de la population, il n'y a qu'un petit pas vite franchi par certains analystes. Le climat est davantage alourdi par les nombreuses revendications des fonctionnaires (éducation nationale, santé,…).
Le risque majeur auquel expose toute cette déception de la population, ce n'est pas tant une déferlante de violence. Même si le terreau peut être favorable à quelques aventuriers. Mais, c'est bien une perte de confiance dans la classe politique et les institutions. Ce qui pourrait à terme influencer négativement le taux de participation aux élections à venir.
Kesy B. Jacob