Pour la victoire, tout devient normal. Il y a eu le recours à la religion. Et là, la première dame est aux avant-postes. Ici, avec les pasteurs, là décrétant « un jeûne de quarante jours pour ma Nation ». La nation ? Mais laquelle ? La Côte d’Ivoire de catholiques, de célestes, de musulmans, et de libres penseurs ? Que non ! L’initiative du couple installé au palais vise une nation autre. Celle qui lui voue dévotion et soutien et qui est sollicitée à se mettre en branle pour maintenir le fauteuil là où il faut. C’est-à-dire à ne pas partir de là où il se trouve. Cette nation-là est en opposition avec celle qui, dans le même pays, œuvre pour arracher le fauteuil. Autrement dit, des religieux sont appelés à s’impliquer dans la compétition politique partisane en prenant parti pour un camp. Ça se passe au grand jour. Au vu et au su de tous. Dans cette république très laïque ou les domaines sont bien séparés. « A Dieu ce qui est à Dieu, à César ce qui est à césar » ? N’est- ce pas ce que disait la sainte parole ? Et voilà que l’on veuille mettre Dieu au service de César. Certains n’hésiteront pas à parler d’abomination. Mais en politique sous les tropiques, rien n’est interdit. Surtout quand ça doit servir la cause d’un prince. Et quand Dieu lui-même subit la tentative d’instrumentalisation, qu’est-ce qui peut encore échapper à la voracité des puissants? Ainsi, c’est dans l’ordre normal des choses que le président de l’Union fraternelle des Akans de l’Ouest se balade dans les campements à Sassandra et appelle ses frères akans, et baoulés en particulier, à voter Gbagbo. Une simple mission de salut publique. Qui ne saurait être assimilée à une implication ethnique dangereuse dans le champ politique. N’est-ce pas que là aussi, c’est au profit du prince ? Et pour lui, tout est bon !
D. Al Seni
D. Al Seni
