x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 30 novembre 2009 | Le Patriote

Pour empêcher la tenue de la présidentielle : Gbagbo prépare un mauvais coup

L’œil éperdument rivé sur l’évanescente date de l’élection présidentielle, beaucoup d’Ivoiriens sont loin de se douter qu’ils sont à quelques doigts de basculer dans l’incertitude. A cause d’un régime et pour la gloire d’un homme ! Mais surtout, par la faute d’un sentiment qui, en Afrique, passe pour être le plus partagé en politique : la peur. Celle notamment de la perte du pouvoir. Surtout quand vient le moment pour ceux qui le détiennent de le mettre en jeu, selon les règles démocratiques.

Eh bien, c’est ce sentiment de peur qui habiterait aujourd’hui Laurent Gbagbo et qui, à quelques semaines de la présidentielle, réveille brusquement l’homme qui sommeillait en lui et qu’il avait naguère lui-même résumé par cette désormais célèbre formule : « mille morts à gauche, mille morts à droite, moi, j’avance ».

Depuis quelques semaines en effet, selon des informations très fiables en notre possession, il s’en passerait des choses dans les méandres de la République, qui seraient fortement porteuses des germes d’une déflagration sociopolitique ! Ces choses-là, ont une si forte odeur de cordite qu’elles laissent croire que, très bientôt, des crépitements d’armes, parfois lourdes, devraient se faire entendre. Alors qu’on le croit donc résolument sur le point d’en sortir, notre pays pourrait à nouveau basculer dans l’incertitude.

Nos sources sont on ne peut plus claires à ce niveau : depuis que les étapes du processus électoral s’égrènent l’une après l’autre et que l’échéance électorale en devient inéluctable, une conviction assez ferme ne quitte plus Laurent Gbagbo : s’il veut sauvegarder son pouvoir, il est impérieux que soit sabotée avant-terme l’organisation effective de la présidentielle. Parce que l’autre conviction, étroitement liée à la première et qu’il ne partagerait qu’avec le tout dernier cercle de ses proches, c’est celle de son impossibilité, dans tous les cas de figure et malgré les sondages faramineux de la Sofres – auxquels on dit qu’il ne croirait plus du tout, à cause de l’invraisemblance de plus en plus criante de leurs chiffres – de passer ne serait-ce que le premier tour du scrutin.

Comment donc parvenir à briser l’inexorable élan de la machine électorale ? Tel est, à en croire nos sources, la question de fond à laquelle Laurent Gbagbo est parvenu à trouver, avec l’aide de ses « sécurocrates », une réponse, il est vrai, périlleuse, mais au moins claire et qui, au fond, n’a jamais été que sa botte sécrète depuis le début de la crise : la force des armes. Mais une force des armes qui prend encrage dans une géostratégie savamment élaborée et qui a pour cibles deux régions du pays : le Grand Ouest et le Nord. En clair, les fameuses zones CNO, donc théoriquement sous contrôle des Forces Nouvelles de Guillaume Soro.

Pour ceux qui auraient du mal à saisir le fond de cette manœuvre, Laurent Gbagbo, nos sources sont formelles, entend lancer des offensives contre les positions des Forces armées des Forces Nouvelles. Une sorte de désarmement par les armes, telle qu’il en avait lancé l’idée lors du dépôt de sa candidature, le 16 novembre dernier. Sauf que, visiblement, il s’agissait-là d’une fausse piste à l’effet d’endormir les FN, puisqu’il situait cette opération après les élections.

La question des régions évacuée, il faut à Gbagbo des hommes originaires de celles-ci, qui symbolisent dans le métier des armes, une certaine aura. Le chef de l’Etat pense alors à deux personnalités très influentes dans ce domaine : le Général Mathias Doué pour le Grand Ouest et pour le Nord un haut dignitaire des Forces armées des Forces Nouvelles notoirement connu pour en contrôler une bonne partie.

Courant novembre donc, Gbagbo prend prétexte d’une visite officielle au Ghana voisin pour tenter un rapprochement avec l’ancien chef d’Etat-major des Fanci, dont il apprend qu’il a posé ses valises depuis quelques mois, dans la capitale de l’ancienne Gold Coast. Le rapprochement avec le « Chinois », qui se fait par le truchement du Président Atta-Mills, est un succès. Le Général trois étoiles qui vit dans un luxueux manoir en bordure de mer, accepte alors de superviser la formation de quelques centaines de miliciens qui s’entraînent, sous l’égide de formateurs russes et ukrainiens, dans les forêts de Danané.

Quant au bras séculier du Nord, qui a été facilement retourné par Gbagbo, il n’a aucune difficulté, grâce aux fortes sommes mises à sa disposition par son nouveau mentor, à jouer sa partition dans ce plan d’attaque. Objectif : créer un mouvement interne au sein des FN capable de prendre au dépourvu toute velléité de résistance des FAFN en cas d’attaque des hommes de Gbagbo. Ce dernier, dans cette entreprise, est guidé par un raisonnement qui lui est simple : les Forces Nouvelles, au stade actuel du processus de sortie de crise, ne seraient plus vraiment une force militaire redoutable. Ses chefs de guerre, plus préoccupés à fructifier leurs fortunes, ne seraient plus respectées par les soldats de rang comme par le passé. Mais surtout, aurait fini par se convaincre Gbagbo, le Secrétaire général, par ailleurs Premier ministre du gouvernement central, n’aurait plus la maîtrise d’un terrain. Résultat : Gbagbo qui se voit presque en territoire conquis, veut se donner les coudées franches pour en prendre définitivement le contrôle. C’est tout le sens des nombreux « dépôts d’armes » qu’il effectuerait, selon des indiscrétions, dans les régions où il se rend lors de ses fameuses visites d’Etat, auxquelles il n’entendrait d’ailleurs mettre fin que lorsqu’il aura achevé cette mission stratégique. Des « incursions » dont certaines auraient toutefois été éventées par des responsables militaires des FN, notamment à Bouaké et à Nénékri, non loin de Korhogo. C’est aussi ce qui expliquerait, selon les mêmes sources, les recrutements, tous azimuts, à coup de billets de banque, de « dozo » dans la même région.

Il faut dire que des soutiens, notamment logistiques, dans cette aventure ne manquent pas. Parmi eux, l’Angola et Israël dont des émissaires sont plus ou moins secrètement et régulièrement reçus par Gbagbo.

Mambé, un os

Pour le chef de l’Etat, tout est donc simple. Avant que la date définitive de l’élection présidentielle ne soit proclamée – ou même avant que cette date annoncée n’arrive à terme – il faudra déclencher l’opération. Question de court-circuiter l’organisation de ce rendez-vous crucial qui devrait aboutir à l’élection du nouveau Président de la République. Si la chienlit s’installe, le locataire actuel du Palais du Plateau compte atteindre l’un de ses objectifs majeurs : parvenir à l’organisation des élections en octobre 2010, c’est-à-dire boucler deux mandats en un, mais surtout se donner de réelles chances, en gagnant ainsi un temps considérable, synonyme à ses yeux de l’essoufflement financier de ses adversaires, de s’octroyer deux mandats supplémentaires. Ce qui lui donnerait au bas mot, vingt ans de pouvoir !
Mais Laurent Gbagbo a deux problèmes assez sérieux qui risqueraient de contrarier ses plans, s’il n’y trouve pas une solution idoine.

Le premier, c’est l’équation Mambé. Comment parvenir à vaincre l’apparente neutralité du président de la CEI dans l’organisation, mais surtout, la proclamation des résultats ? Même si Gbagbo a récemment tenté de minimiser son rôle dans ce domaine, le confinant à « celui qui ramasse les résultats » par opposition à Yao N’Dré du Conseil constitutionnel qui « proclame » ces mêmes résultats, le candidat du FPI sait très bien que son ami Pablo n’a pas la possibilité matérielle de proclamer des résultats qui prennent le contrepied de l’organisateur en chef du scrutin qu’est Robert Mambé. Il faut donc à tout prix « sortir » ce pion dangereux du processus. C’est pourquoi un plan est en cours de concoction pour obtenir, par des manifestations de rue notamment, la démission du patron de cette institution.

L’autre os, et non des moindres, dans la gorge de Gbagbo, c’est la présence dans ce jeu de domino politique d’un certain Ibrahim Coulibaly, dit IB. Ce dernier, dans sa guerre sans merci contre son ennemi juré Guillaume Soro, serait très avancé dans son schéma d’attaque des bases des Forces Nouvelles. Annoncé lui aussi au Ghana, ses hommes, fortement armés grâce à des soutiens de poids dans la sous-région, seraient quasiment aux portes du pays. L’équation IB est d’autant plus coriace que plusieurs tentatives de rapprochement entrepris par Gbagbo, sous l’égide du même Atta-Mills, auraient lamentablement échoué.

KORE EMMANUEL
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ