Blé Goudé se moque vraiment des Ivoiriens. Son appel à l'endroit de la Cei lancé le 29 novembre dernier au Palais de la culture et rapporté par le journal gouvernemental Fraternité Matin d'hier (N°13517) sonne comme une volonté de distraire les Ivoiriens. C'est étrange que ce soit Blé Goudé qui exige " que la Cei décide très rapidement d'une nouvelle date de la présidentielle. ", rejetant ainsi la responsabilité des reports successifs de la présidentielle sur la structure dirigée par Robert Mambé. Avec la place que Blé Goudé occupe aujourd'hui, il ne peut pas se permettre de faire l'injure aux Ivoiriens en leur disant que c'est la Cei qui a le dernier mot quant à la fixation de la date de l'élection présidentielle. Blé Goudé sait que c'est le président de la République qui, par décret, appelle les Ivoiriens au vote. Le 29 novembre a été fixé par décret présidentiel. Si ce n'est par mauvaise foi, le ministre de la rue se tournerait vers son mentor pour lui demander de fixer " une nouvelle date qui ne doit excéder trois mois ". Aujourd'hui, les Ivoiriens exigent que Blé Goudé aille dire à Laurent Gbagbo qu'ils ne veulent plus que leur " souffrance se prolonge ". En réalité, Blé Goudé voulait noyer la révolte des Ivoiriens, fatigués des reports à n'en point finir, dans des déclarations à l'absurde qui atténueraient l'effet de toute autre déclaration de l'opposition. Le fait de mettre à la Une de Frat-Mat Blé Goudé du camp présidentiel et Djédjé Mady du Pdci participe de la banalisation de l'exigence du Pdci quant à la fixation de la nouvelle date de l'élection présidentielle. Le comble, c'est que Blé Goudé a eu le courage de dire : " Nous sommes fatigués des multiples reports de l'élection présidentielle. ". Faut-il en rire ou en pleurer ? Qui fait souffrir les Ivoiriens ? Qui a mis à mal le processus ? Les Ivoiriens ne le savent que trop. Depuis 2005, Laurent Gbagbo multiplie les subterfuges pour ne pas aller aux élections. Alors, quand Blé Goudé, sans cligner des yeux, avance que " Laurent Gbagbo veut aller vite aux élections. C'est pourquoi, (…), il avait fait confectionner des panneaux publicitaires dans toute la ville d'Abidjan pour exprimer toute sa bonne foi. "; il n'y a pas de doute qu'il se paie la tête des Ivoiriens. A dire vrai, la prochaine date présidentielle ne sera connue que quand Gbagbo Laurent Gbagbo sera contraint de la fixer.
François Konan
François Konan