Présentée comme la famille dirigeante à Korhogo, les héritiers du patriarche Péléforo Gon-Coulibaly n'hésitent plus à s'affronter au clair et à étaler au grand jour les déchirures politiques et ancestrales qui minent leur famille.
A Korhogo, une famille est sous les feux de la rampe depuis plusieurs semaines. Il s'agit de la famille du patriarche Péléforo Gon Coulibaly. Cette famille-là, est détentrice du pouvoir traditionnel à Korhogo, selon des accords immémoriaux signés entre les fondateurs de la ville. C'est elle qui fournit toujours le chef de canton. Ce qui lui donne un poids politique considérable quand on connaît le respect que les peuples sénoufos ont pour leurs autorités traditionnelles. Le patriarche Péléforo a eu plusieurs fils dont Béma Coulibaly, père du député Kassoum Coulibaly, et Amadou Gon-Coulibaly. Amadou Gon-Coulibaly est le père du député Gbonblé (géniteur de l'actuel ministre Amadou Gon-Coulibaly, qui porte donc le nom de son grand-père), du député Ousmane Coulibaly et du Dr Issa Malick Coulibaly. Il faut préciser que le père du ministre Amadou Gon Coulibaly n'est pas né de la même mère que Ousmane Coulibaly et Issa Malick Coulibaly.
Pour des raisons connues de tous, le patriarche Gon Coulibaly et le député Houphouët-Boigny qui luttaient pour la décolonisation de la Côte d'Ivoire, vont s'allier. Cette alliance, politique d'abord, s'est transformée par la suite en un pacte entre le président Houphouët-Boigny et la famille Gon-Coulibaly. Du vivant du «Vieux», c'est dans la famille du patriarche Péléforo Gon qu'étaient toujours choisis les représentants du peuple et les principaux acteurs politiques de Korhogo. La compétition intra-familiale pour les postes politiques à pourvoir s'est installée entre les Gon-Coulibaly. Et n'a pas cessé au fil des ans.
La bataille entre Kassoum Coulibaly et Me Lanciné Gon-Coulibaly
Ces tensions familiales à relents politiques ont atteints leur paroxysme sous l'ère de feu le député Coulibaly Dramane qui conduisait alors avec feu Tidjane Dem et autres, le camp dit des progressistes, dans les années 1960 voire jusqu'en 1970. En face, il y avait Béma Gon-Coulibaly, le père de feu Kassoum Coulibaly, ancien député PDCI. Béma, au nom du pacte entre son père et Félix Houphouët-Boigny n'entendait pas dévier de cette ligne Rda.
Les rivalités, les querelles en tout genres, les coups bas vont se multiplier jusqu'à ce que excédé selon les uns, conseillé selon les autres, Béma Coulibaly, alors héritier putatif du patriarche Gon va se retirer à Bémavogo, village situé à 50 km de Korhogo sur l'axe Korhogo-Niakaramadougou. Dès lors les clivages familiaux et politiques s'accentuent, chacun se rangeant derrière son champion. Félix Houphouët-Boigny va tenter, en fils spirituel du patriarche Péléforo, d'enterrer les brouilles, de colmater les brèches et de ramener l'union au sein de la grande famille Gon-Coulibaly. Sans grand succès. Puis nous arrivons aux années 80. Deux hommes politiques, en l'occurrence, maitre Lanciné Gon-Coulibaly et Gon-Coulibaly dit Gbonplé, le père d'Amadou Gon-Coulibaly actuel directeur national de campagne du candidat ADO, émergent et s'affrontent sur l'échiquier politique local. Les deux hommes sont frères, descendants directs du patriarche Péléforo-Gon. Gbonplé, présenté comme un proche de Philippe Grégoire Yacé, président de l'assemblée nationale, n'est pas vu d'un bon œil par Félix Houphouët-Boigny. Yacé a, en effet, toujours été le rival politique de l'ancien président. Son adversaire politique, Me Lanciné Gon-Coulibaly va exploiter abondamment cette faille de son rival. Là encore la division familiale va s'accentuer. Ainsi, Kassoum Coulibaly, qui avait bénéficié de l'aval de Gbonplé pour s'offrir son premier véhicule de transport en son nom va, à la surprise de ce dernier, s'engager aux côtés de maître Lanciné Gon-Coulibaly. Il va entraîner avec lui des hommes supposés proches de Gbonplé, voire des membres de la famille directe de ce dernier notamment feu le député Ousmane Coulibaly, frère aîné de l'actuel directeur national de campagne du candidat du FPI, docteur Issa Malick Coulibaly. Le frère de Malick Coulibaly était donc l'adversaire politique du père d'Amadou Gon-Coulibaly, son propre frère de même père, mais pas de même mère.
Une situation d'autant plus choquante pour Gbonplé et ses partisans qu'ils se souviennent que lors de la lutte fratricide entre le député Dramane Coulibaly du camp des progressistes et Béma Gon-Coulibaly, du camp du Rda de Félix Houphouët-Boigny, Gbonplé avait pris fait et cause pour Béma, le père de Kassoum Coulibaly. Il attendait en retour un soutien du fils de ce dernier.
Les années 90 sonnent le glas du parti unique. Le vent de la démocratie va souffler également dans le nord. Maitre Lanciné Gon-Coulibaly, dernier fils du patriarche Péléforo Gon-Coulibaly rompt les amarres avec le vieux parti et affiche son appartenance au FPI. Il est désormais le porte-étendard du parti du camarade Laurent Gbagbo dans le grand nord. Ce ralliement d'un membre de la puissante famille Gon-Coulibaly va permettre à ce dernier de sillonner toute la région des savanes afin de prêcher la parole socialiste. L'ex-parti unique, sous la férule de Félix Houphouët-Boigny tente de maintenir son emprise sur le nord et, pour cela, met en action un membre de la famille Gon-Coulibaly pour freiner cet autre Gon-Coulibaly qui ouvre les portes du nord à Gbagbo.
Les fils se battent à la place des pères
C'est Kassoum Coulibaly. Tous les ivoiriens se souviennent encore qu'il est allé empêcher la tenue du meeting de clôture du FPI à la place de l'Indépendance à Korhogo, arme au poing, précédé des gros bras de son syndicat de transport. Cela lui avait valu le sobriquet de pistolero du nord dans la presse de l'opposition. L'avènement du multipartisme entraîne une nouvelle recomposition du paysage politique local. Et cette recomposition entraîne de nouvelles dissensions et de nouveaux clivages qui creusent davantage le fossé entre les membres de la famille du patriarche Péléforo Gon. Les élections de 2000, vont confirmer l'apparition sur l'échiquier politique korhogolais d'Amadou Gon-Coulibaly sur la liste du Rassemblement des Républicains (Rdr). En face de lui, il y a la liste conduite par Kassoum Coulibaly, qui a pour colistier Ousmane Coulibaly, frère rival faut-il le rappeler de Gbonplé, le géniteur d'Amadou Gon-Coulibaly. Le fils et ses oncles se trouvent engagés dans un face-à-face terrible. Kassoum Coulibaly s'offusque de ce que son «fils» Amadou Gon-Coulibaly, accepte d'engager une bataille féroce contre lui aux municipales. C'est une défiance inacceptable. Les partisans d'Amadou Gon-Coulibaly, pour leur part qualifient Ousmane Coulibaly de traître et l'accusent de souper avec le diable. Ousmane Coulibaly, faut le préciser, et le père d'Amadou Gon-Coulibaly sont des frères consanguins. Ils sont de même père, mais pas de même mère. Ils s'attendaient à ce que l'oncle fasse alliance avec son neveu, même s'il est d'un parti opposé. Alors que l'oncle en question a plutôt choisi de s'allier avec son cousin qui est du même parti que lui, contre son neveu. La liste de Kassoum Coulibaly est battue. Et Amadou Gon-Coulibaly prend la succession d'Adama Coulibaly Nibi Zana à la mairie de Korhogo. Adama Coulibaly Nibi Zana, pour mémoire, est le seul homme, non membre de la famille Gon-Coulibaly qui a pu glaner un poste électif à Korhogo. Depuis lors, les uns et les autres se sont attelés à refermer cette parenthèse. Le Rdr a pris la mairie et le Pdci a récupéré les postes de député. Avant sa mort, Kassoum Coulibaly préparait dans l'antichambre, le docteur Issa Malick Coulibaly pour succéder à son frère, le député Ousmane Coulibaly. Samedi dernier, au stade municipal de Korhogo, la présence et le soutien affichés de maître Lanciné Gon-Coulibaly, au docteur Issa Malick Coulibaly, pour certains est le signe d'un retour vers la cristallisation de la vie politique locale. La violente altercation déclenchée à la grande mosquée de Korhogo le jour de l'aïd el kébir contre Malick Coulibaly par Amadou Gon-Coulibaly n'est rien d'autre que le prolongement, avec d'autres acteurs, de la lutte fratricide menée au cours des années 80 par les membres de la famille Gon-Coulibaly. Les périodes de pré campagnes et de campagnes seront des périodes de lutte fratricide entre la famille régnante à Korhogo qui risque d'y perdre le crédit et l'influence qui lui restent encore.
Cheick Timité, correspondant régional
A Korhogo, une famille est sous les feux de la rampe depuis plusieurs semaines. Il s'agit de la famille du patriarche Péléforo Gon Coulibaly. Cette famille-là, est détentrice du pouvoir traditionnel à Korhogo, selon des accords immémoriaux signés entre les fondateurs de la ville. C'est elle qui fournit toujours le chef de canton. Ce qui lui donne un poids politique considérable quand on connaît le respect que les peuples sénoufos ont pour leurs autorités traditionnelles. Le patriarche Péléforo a eu plusieurs fils dont Béma Coulibaly, père du député Kassoum Coulibaly, et Amadou Gon-Coulibaly. Amadou Gon-Coulibaly est le père du député Gbonblé (géniteur de l'actuel ministre Amadou Gon-Coulibaly, qui porte donc le nom de son grand-père), du député Ousmane Coulibaly et du Dr Issa Malick Coulibaly. Il faut préciser que le père du ministre Amadou Gon Coulibaly n'est pas né de la même mère que Ousmane Coulibaly et Issa Malick Coulibaly.
Pour des raisons connues de tous, le patriarche Gon Coulibaly et le député Houphouët-Boigny qui luttaient pour la décolonisation de la Côte d'Ivoire, vont s'allier. Cette alliance, politique d'abord, s'est transformée par la suite en un pacte entre le président Houphouët-Boigny et la famille Gon-Coulibaly. Du vivant du «Vieux», c'est dans la famille du patriarche Péléforo Gon qu'étaient toujours choisis les représentants du peuple et les principaux acteurs politiques de Korhogo. La compétition intra-familiale pour les postes politiques à pourvoir s'est installée entre les Gon-Coulibaly. Et n'a pas cessé au fil des ans.
La bataille entre Kassoum Coulibaly et Me Lanciné Gon-Coulibaly
Ces tensions familiales à relents politiques ont atteints leur paroxysme sous l'ère de feu le député Coulibaly Dramane qui conduisait alors avec feu Tidjane Dem et autres, le camp dit des progressistes, dans les années 1960 voire jusqu'en 1970. En face, il y avait Béma Gon-Coulibaly, le père de feu Kassoum Coulibaly, ancien député PDCI. Béma, au nom du pacte entre son père et Félix Houphouët-Boigny n'entendait pas dévier de cette ligne Rda.
Les rivalités, les querelles en tout genres, les coups bas vont se multiplier jusqu'à ce que excédé selon les uns, conseillé selon les autres, Béma Coulibaly, alors héritier putatif du patriarche Gon va se retirer à Bémavogo, village situé à 50 km de Korhogo sur l'axe Korhogo-Niakaramadougou. Dès lors les clivages familiaux et politiques s'accentuent, chacun se rangeant derrière son champion. Félix Houphouët-Boigny va tenter, en fils spirituel du patriarche Péléforo, d'enterrer les brouilles, de colmater les brèches et de ramener l'union au sein de la grande famille Gon-Coulibaly. Sans grand succès. Puis nous arrivons aux années 80. Deux hommes politiques, en l'occurrence, maitre Lanciné Gon-Coulibaly et Gon-Coulibaly dit Gbonplé, le père d'Amadou Gon-Coulibaly actuel directeur national de campagne du candidat ADO, émergent et s'affrontent sur l'échiquier politique local. Les deux hommes sont frères, descendants directs du patriarche Péléforo-Gon. Gbonplé, présenté comme un proche de Philippe Grégoire Yacé, président de l'assemblée nationale, n'est pas vu d'un bon œil par Félix Houphouët-Boigny. Yacé a, en effet, toujours été le rival politique de l'ancien président. Son adversaire politique, Me Lanciné Gon-Coulibaly va exploiter abondamment cette faille de son rival. Là encore la division familiale va s'accentuer. Ainsi, Kassoum Coulibaly, qui avait bénéficié de l'aval de Gbonplé pour s'offrir son premier véhicule de transport en son nom va, à la surprise de ce dernier, s'engager aux côtés de maître Lanciné Gon-Coulibaly. Il va entraîner avec lui des hommes supposés proches de Gbonplé, voire des membres de la famille directe de ce dernier notamment feu le député Ousmane Coulibaly, frère aîné de l'actuel directeur national de campagne du candidat du FPI, docteur Issa Malick Coulibaly. Le frère de Malick Coulibaly était donc l'adversaire politique du père d'Amadou Gon-Coulibaly, son propre frère de même père, mais pas de même mère.
Une situation d'autant plus choquante pour Gbonplé et ses partisans qu'ils se souviennent que lors de la lutte fratricide entre le député Dramane Coulibaly du camp des progressistes et Béma Gon-Coulibaly, du camp du Rda de Félix Houphouët-Boigny, Gbonplé avait pris fait et cause pour Béma, le père de Kassoum Coulibaly. Il attendait en retour un soutien du fils de ce dernier.
Les années 90 sonnent le glas du parti unique. Le vent de la démocratie va souffler également dans le nord. Maitre Lanciné Gon-Coulibaly, dernier fils du patriarche Péléforo Gon-Coulibaly rompt les amarres avec le vieux parti et affiche son appartenance au FPI. Il est désormais le porte-étendard du parti du camarade Laurent Gbagbo dans le grand nord. Ce ralliement d'un membre de la puissante famille Gon-Coulibaly va permettre à ce dernier de sillonner toute la région des savanes afin de prêcher la parole socialiste. L'ex-parti unique, sous la férule de Félix Houphouët-Boigny tente de maintenir son emprise sur le nord et, pour cela, met en action un membre de la famille Gon-Coulibaly pour freiner cet autre Gon-Coulibaly qui ouvre les portes du nord à Gbagbo.
Les fils se battent à la place des pères
C'est Kassoum Coulibaly. Tous les ivoiriens se souviennent encore qu'il est allé empêcher la tenue du meeting de clôture du FPI à la place de l'Indépendance à Korhogo, arme au poing, précédé des gros bras de son syndicat de transport. Cela lui avait valu le sobriquet de pistolero du nord dans la presse de l'opposition. L'avènement du multipartisme entraîne une nouvelle recomposition du paysage politique local. Et cette recomposition entraîne de nouvelles dissensions et de nouveaux clivages qui creusent davantage le fossé entre les membres de la famille du patriarche Péléforo Gon. Les élections de 2000, vont confirmer l'apparition sur l'échiquier politique korhogolais d'Amadou Gon-Coulibaly sur la liste du Rassemblement des Républicains (Rdr). En face de lui, il y a la liste conduite par Kassoum Coulibaly, qui a pour colistier Ousmane Coulibaly, frère rival faut-il le rappeler de Gbonplé, le géniteur d'Amadou Gon-Coulibaly. Le fils et ses oncles se trouvent engagés dans un face-à-face terrible. Kassoum Coulibaly s'offusque de ce que son «fils» Amadou Gon-Coulibaly, accepte d'engager une bataille féroce contre lui aux municipales. C'est une défiance inacceptable. Les partisans d'Amadou Gon-Coulibaly, pour leur part qualifient Ousmane Coulibaly de traître et l'accusent de souper avec le diable. Ousmane Coulibaly, faut le préciser, et le père d'Amadou Gon-Coulibaly sont des frères consanguins. Ils sont de même père, mais pas de même mère. Ils s'attendaient à ce que l'oncle fasse alliance avec son neveu, même s'il est d'un parti opposé. Alors que l'oncle en question a plutôt choisi de s'allier avec son cousin qui est du même parti que lui, contre son neveu. La liste de Kassoum Coulibaly est battue. Et Amadou Gon-Coulibaly prend la succession d'Adama Coulibaly Nibi Zana à la mairie de Korhogo. Adama Coulibaly Nibi Zana, pour mémoire, est le seul homme, non membre de la famille Gon-Coulibaly qui a pu glaner un poste électif à Korhogo. Depuis lors, les uns et les autres se sont attelés à refermer cette parenthèse. Le Rdr a pris la mairie et le Pdci a récupéré les postes de député. Avant sa mort, Kassoum Coulibaly préparait dans l'antichambre, le docteur Issa Malick Coulibaly pour succéder à son frère, le député Ousmane Coulibaly. Samedi dernier, au stade municipal de Korhogo, la présence et le soutien affichés de maître Lanciné Gon-Coulibaly, au docteur Issa Malick Coulibaly, pour certains est le signe d'un retour vers la cristallisation de la vie politique locale. La violente altercation déclenchée à la grande mosquée de Korhogo le jour de l'aïd el kébir contre Malick Coulibaly par Amadou Gon-Coulibaly n'est rien d'autre que le prolongement, avec d'autres acteurs, de la lutte fratricide menée au cours des années 80 par les membres de la famille Gon-Coulibaly. Les périodes de pré campagnes et de campagnes seront des périodes de lutte fratricide entre la famille régnante à Korhogo qui risque d'y perdre le crédit et l'influence qui lui restent encore.
Cheick Timité, correspondant régional