Depuis le déclenchement de la crise en Côte d’Ivoire en 2002, tout le monde s’est mis à rêver d’une élection juste, transparente et équitable. Pour ce faire, une structure neutre, indépendante pour organiser ces élections est envisagée. En Côte d’Ivoire elle se fait désigner la Commission Electorale Indépendante (Cei). Cette structure ne doit être de mèche avec aucun leader, ni avec une quelconque chapelle politique. Ce, aux fins de garantir son caractère impartial et renforcer la confiance avec tous les acteurs politiques. Ça, c’est l’idéal. Mais, après avoir idéalisé, il faut composer avec une certaine réalité du terrain. Dans un premier temps, l’idéal pour chaque leader politique, candidat à une élection en Côte d’Ivoire, serait de contrôler cette structure. D’où la passion et les différentes tractations qui entourent le choix du président de la Cei. Résultat, c’est un homme politiquement marqué aux empreintes Pdci qui est assis sur le trône. Du coup, les autres perdent leur confiance dans une telle structure, qu’ils suspectent de rouler pour le camp de son président. En même temps, tous les actes posés par cette structure, même quand ils sont objectifs, sont suspectés d’être posés en faveur d’un clan. Est-ce que le président de la Cei peut cautionner l’échec de son parti au nom de l’impartialité, alors même que celui-ci attend de lui un coup de pousse ? A un autre niveau, les autres mettent en place des stratégies susceptibles de rapprocher la Cei de leur leader, en sourdine, et à coup d’espèces sonnantes. Bref, celui qui dirige la Cei est en permanence courtisé pour entrer dans les bonnes grâces du leader. Dans ce cas, deux grandes interrogations se dégagent. Premièrement, peut-on trouver en Côte d’ivoire un président de la Cei qui soit vraiment neutre ? Deuxièmement, comment trouver cette personne dans un environnement ou le marchandage de la conscience est érigé en principe de vie ? Etre neutre, c’est faire preuve d’une certaine probité morale. C’est aussi être à l’abri de soucis financiers et surtout ne pas avoir de préférence dans le choix des candidats. Bien malin qui pourra donner une réponse claire à ces préoccupations. Car dans l’environnement sociopolitique actuel, un homme répondant à un tel profil ne court pas les rues. De facto, cette vérité pose le problème de l’indépendance de la Cei et de la transparence des élections. Deux éléments qui focalisent les attentions et favorisent tous les conflits électoraux. En politique, nul n’est digne de confiance. Même le choix de Dieu comme président de la Cei n’aurait rien réglé. Alors, que faire ? Nous pensons qu’à défaut d’avoir une institution réellement indépendante, on peut tout au moins avoir des élections crédibles. Mais, à la seule condition que tout le monde accepte de travailler en synergie dans l’intérêt supérieur de la nation.
Rodolphe Flaha
Rodolphe Flaha