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Politique Publié le mercredi 9 décembre 2009 | Le Temps

Adama Dahico hante Bédié et Alassane

Le Président de la cour constitutionnelle, l'éminent juriste Yao Paul N’Dré, fait-il autant peur aux opposants ivoiriens, Ouattara et Bédié ? On pourrait répondre par l'affirmative. L'opposition avait poussé des crises d'urticaire suite à sa nomination par le Président de la République : " Gbagbo nomme son ami… " Par-ci, " Gbagbo aurait dû nous consulter avant de nommer Yao N’Dré " par-là. Le chef de l'Etat, en historien et homme politique averti, avait rappelé à ses adversaires politiques que ce n'était point un épiphénomène que de nommer " son ami " à la tête de cette importante institution. Cela s'opère ainsi, dans le monde. Tout près de nous, en France, Mazeaud est bien l'ami de Chirac. En Côte d'Ivoire même, Napoto Lanzéni Coulibaly, et Noël Némin, nommés à la tête de juridictions similaires, étaient et sont des amis du Président Bédié. Le tout est que ces hommes remplissent leur mission correctement. Qu'ils soient donc compétents. Là-dessus, dans la communauté des juristes ivoiriens, il est difficile de ne pas reconnaître à Yao N’Dré, son expertise en droit. Passé l'émotion chez les opposants, le nouveau président a rendu visite aux leaders politiques pour faire baisser la tension inutilement montée et leur proposer un canevas de travail, de partenariat gagnant-gagnant. Les réactions de l'opposition au sortir des différentes audiences accordées aux délégations de la cour constitutionnelle, laissaient croire que la voie du dialogue était tout tracée. Mais voici qu'au sortir du dernier Cpc (Ouaga), on apprend que Alassane et Bédié se sont focalisés sur le fait qu'un citoyen ivoirien, Adama Dahico,fait partie des candidats en lice pour la présidentielle. On a du mal à comprendre que cela vienne du mentor du Rdr qui se fait pourtant le chantre de la non exclusion des candidats à la présidentielle. La position de Bédié, le " père de l'ivoirité ", ne surprend guère. Question fondamentale : Pourquoi la polémique autour d'une candidature quand on est soi-même candidat ? Autre préoccupation : La polémique autour du cas Adama Dahico est-elle décente, quand on sait que rien n'empêchait les leaders du rhdp de s'ouvrir à Yao Paul N’Dré et ses collaborateurs de la Cour constitutionnelle pour davantage d'informations sur la question ? Pourquoi avoir contourné le juriste Yao Paul N’Dré, pour poser un " faux " problème au facilitateur, Blaise Compaoré ? Revenons au fond de cette "affaire". Il est dit que, au Cpc, " l'opposition a trouvé que la candidature de Adama Dahico est absolument infondée. Car, elle n'est soutenue par aucune loi. Cela est même contraire à la Constitution. Le décret signé par Gbagbo libère Adama Dahico de toutes les incapacités, y compris celles prévues par la Constitution. "Le Cpc se serait inquiété de "ce précédent juridique grave". Les décisions de la Cour constitutionnelle sont-elles maintenant susceptibles de recours ? Sinon, étant donné que cette institution a amorcé avec la classe politique ivoirienne, un dialogue, pourquoi ne pas emboucher cette trompette au lieu de se braquer et d'ouvrir sur un territoire étranger, un débat interne qui aurait pu se poser en Côte d'Ivoire, avec Yao N’Dré himself ? On parle de "précédent juridique grave". Mais enfin ! Marcoussis en faisant de tous les signataires de cet accord en terre française, candidat d'office à l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, ne créait-il pas déjà un " précédent juridique grave " ? Avoir comme cela est aujourd'hui le cas, deux catégories de candidats à l'élection présidentielle de mars 2009, n'est -ce pas une donne nouvelle depuis les élections au temps du parti unique jusqu'au multipartisme ivoirien ? La Côte d'Ivoire, c'est la Côte d'Ivoire. Et ce "précédent" de l'accord de Pretoria avec l'admission de la candidature de l'enfant de Nabitou ouattara/Cissé, à l'élection présidentielle, est géré paisiblement. Sans état d'âme. Tout comme, admettre dans le starting-block, des vieux chevaux de retour alors qu'ils sont frappés par le critère de la limite d'âge, est aussi le signe de l'exception ivoirienne.
Ceux qui hier, criaient sur tous les toits avoir été écartés de la présidentielle de 2000 par feu, le Général Robert Guéi, applaudissent la Cour constitutionnelle pour avoir retenu 14 candidats et recalé bien d'autres. Toute honte bue, ils demandent l'exclusion de l'ivoirien Adama Dahico ,de cette short liste. La politique au Rhdp, c'est vraiment du n'importe quoi !Pour sortir de ce débat ennuyeux, le Premier ministre a trouvé un échappatoire : " Une fois à Abidjan, il mettrait en place un comité paritaire de juristes qui examinerait cette question de façon technique et non politique". Je vois déjà les juristes de la Cour constitutionnelle sourire : "Mais qui a dit que cette question était politique ? Pas nous". Alors ? Dahico est candidat pian ! Comme le sont Dramane Ouattara et Bédié.

Douh-L.Patrice
pdouh@yahoo.fr
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