L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire vient d’être fixée entre fin février et début mars. Avant cette échéance, les candidats ne cessent de multiplier les actions de terrain pour séduire l’électorat, surtout les jeunes qui en constituent 60%.
L’hypothétique élection présidentielle ivoirienne fixée entre fin février et début mars est assurément le rendez-vous le plus attendu, aussi bien par les populations locales que par la communauté internationale. Si le processus évolue à son rythme, une lancinante question, qui à coup sûr constituera le point d’ancrage des consultations, demeure. Pour qui voteront les jeunes qui représentent plus de 60% de l’électorat ? On peaufine les stratégies pour ‘‘draguer’’ cette frange de la population qui fera la différence. Les prétendants au fauteuil présidentiel ne cessent de multiplier les actions d’éclat pour s’arracher surtout les nouveaux majeurs.
Le ‘‘vieux père’’ qu’on ne reconnaît plus
Entre Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, c’est le temps de la séduction. Ils rivalisent de stratégies captivantes. Qui du candidat du parti doyen baptisé «Vieux père choco », du mentor des républicains avec ses « ADO Boys et Girls » et du candidat de la Mouvance présidentielle et ses jeunes patriotes aura la faveur des ados?
S’il y a un homme politique qui a marqué la jeunesse ivoirienne, c’est bien le président Laurent Gbagbo. Figure emblématique de l’opposition au début du multipartisme, Gbagbo s’est projeté au devant de la scène comme le défenseur de sa cause. L’on a en mémoire cette marche que l’opposant historique à Houphouët Boigny a organisée, le 18 février 1992, pour exiger que la lumière soit faite sur l’expédition punitive de la Firpac, l’unité d’élite de l’armée ivoirienne dirigée alors par Guéi Robert sur la cité universitaire de Yopougon. Parrain de la Fesci, à l’ombre de qui beaucoup de jeunes se sont forgé une âme de combattant, Gbagbo avait réussi à fédérer le milieu scolaire et universitaire autour de son action. Il était aux yeux de bon nombre de jeunes, l’homme par qui le changera devait arriver. Depuis 2000, il est au pouvoir. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont installé entre l’ancien et une bonne partie de la jeunesse ivoirienne qui ne reconnaît plus son idole. La fracture atteindra son comble avec l’éclatement de la crise en septembre 2002. Guillaume Soro, ancien secrétaire général de la Fesci, se rebelle contre son « maître » qu’il accuse d’avoir tourné le dos aux valeurs socialistes. A preuve, sous la refondation, l’achat des concours administratifs est devenu un fait banal. Il suffit d’approcher les nombreux diplômés sans emploi pour comprendre leur état d’esprit. Ils attendent l’occasion des élections pour « sanctionner » Gbagbo et son régime pour « incompétence ». La grogne contre un nouveau type de jeunes qui roulent carrosse (génération Blé Goudé) sans avoir travaillé une seule fois dans leur vie est palpable. Le leader de la galaxie patriotique a été nommé directeur national de la campagne de Gbagbo, chargé de la jeunesse. Le président du Cojep, qui jouit encore d’une popularité au sein de sa génération, pourra mettre sa capacité de mobilisation au service de son champion. La démonstration a été faite, le 30 octobre, au complexe sportif de Yopougon. Un grand rassemblement pour, dit-il, signer « un contrat avec la jeunesse ivoirienne ». Ce contrat arrivera-t-il à convaincre les déçus du Fpi ?
ADO : trop bourgeois pour les Ivoiriens ?
Le président du Rassemblement des républicains, après la validation de sa candidature, sait qu’il doit batailler dur pour faire oublier à la génération Fesci son passage à la primature sous le président Houphouët Boigny. Dans son rôle très ingrat de « pompier », l’ancien Dga du Fmi a eu à prendre, face à la conjoncture, des décisions drastiques et surtout impopulaires qui ont marqué les esprits de bien des élèves et étudiants à l’époque. Des mesures amères, entre autres le raccrochage des enseignants, que ses adversaires politiques ne manqueront pas de réveiller dans le cadre des élections. Mais tout n’a pas été négatif sous la primature de l’unique Premier ministre d’Houphouët. En bons points, des jeunes notent la rigueur dans la conduite des affaires de l’Etat, sa connaissance des dossiers, la promotion de l’excellence dans tous les domaines mais aussi et surtout son combat contre l’exclusion et les discriminations. Autant de qualités qui ont gagné le cœur d’une partie de la jeunesse : les « ADO Boys et ADO Girls » prêts à appuyer sa politique pour le faire triompher.
Le ‘‘nouchi’’ peut-il sauver N’Zuéba ?
Henri Konan Bédié est engagé à fond dans son « dernier combat ». A 76 ans bien sonnés, le président du Pdci-Rda tient la route. Ejecté du pouvoir, le 24 décembre 1999 par un coup d’Etat qu’il qualifie de « stupide », Bédié sait qu’il peut compter sur les jeunes pour son retour aux affaires. Conscient du poids de cette population dans l’électorat, N’Zuéba a décidé de se faire une seconde jeunesse. La stratégie de reconquête est trouvée: le ‘‘nouchi’’, vocabulaire de la rue. Et depuis, entre le candidat du parti doyen et les “bramôgô”, le courant passe. Ses discours sont truffés d’expressions nouchi à la grande satisfaction de ses jeunes partisans. « Chers “bramôgô”, nous n’avons rien à faire avec les “flôkô” et les “V.I.” C’est “kouman” et c’est “dabâ”. Ils vont “béhou”. Je vous souhaite un bon “enjaillement”. “Ya fohi” », lance-t-il, à chacune de ses sorties, en direction des jeunes ivoiriens. Comme pour dire que malgré le temps, il reste jeune le candidat du parti doyen a foi en cette jeunesse qui a bravé le régime militaire du général Guéi pour préparer son retour d’exil. La jeunesse qui a placé ses espoirs en la refondation a été déçue. Toute chose qui conforte N’Zuéba sur ses chances au palais du Plateau. Le nouchi pourra -t-il relancer Bédié ? Rien n’est sûr. Il faudra beaucoup plus pour faire bouger les lignes dans le camp des jeunes qui aspirent à davantage d’action
Par Kra Bernard
L’hypothétique élection présidentielle ivoirienne fixée entre fin février et début mars est assurément le rendez-vous le plus attendu, aussi bien par les populations locales que par la communauté internationale. Si le processus évolue à son rythme, une lancinante question, qui à coup sûr constituera le point d’ancrage des consultations, demeure. Pour qui voteront les jeunes qui représentent plus de 60% de l’électorat ? On peaufine les stratégies pour ‘‘draguer’’ cette frange de la population qui fera la différence. Les prétendants au fauteuil présidentiel ne cessent de multiplier les actions d’éclat pour s’arracher surtout les nouveaux majeurs.
Le ‘‘vieux père’’ qu’on ne reconnaît plus
Entre Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, c’est le temps de la séduction. Ils rivalisent de stratégies captivantes. Qui du candidat du parti doyen baptisé «Vieux père choco », du mentor des républicains avec ses « ADO Boys et Girls » et du candidat de la Mouvance présidentielle et ses jeunes patriotes aura la faveur des ados?
S’il y a un homme politique qui a marqué la jeunesse ivoirienne, c’est bien le président Laurent Gbagbo. Figure emblématique de l’opposition au début du multipartisme, Gbagbo s’est projeté au devant de la scène comme le défenseur de sa cause. L’on a en mémoire cette marche que l’opposant historique à Houphouët Boigny a organisée, le 18 février 1992, pour exiger que la lumière soit faite sur l’expédition punitive de la Firpac, l’unité d’élite de l’armée ivoirienne dirigée alors par Guéi Robert sur la cité universitaire de Yopougon. Parrain de la Fesci, à l’ombre de qui beaucoup de jeunes se sont forgé une âme de combattant, Gbagbo avait réussi à fédérer le milieu scolaire et universitaire autour de son action. Il était aux yeux de bon nombre de jeunes, l’homme par qui le changera devait arriver. Depuis 2000, il est au pouvoir. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont installé entre l’ancien et une bonne partie de la jeunesse ivoirienne qui ne reconnaît plus son idole. La fracture atteindra son comble avec l’éclatement de la crise en septembre 2002. Guillaume Soro, ancien secrétaire général de la Fesci, se rebelle contre son « maître » qu’il accuse d’avoir tourné le dos aux valeurs socialistes. A preuve, sous la refondation, l’achat des concours administratifs est devenu un fait banal. Il suffit d’approcher les nombreux diplômés sans emploi pour comprendre leur état d’esprit. Ils attendent l’occasion des élections pour « sanctionner » Gbagbo et son régime pour « incompétence ». La grogne contre un nouveau type de jeunes qui roulent carrosse (génération Blé Goudé) sans avoir travaillé une seule fois dans leur vie est palpable. Le leader de la galaxie patriotique a été nommé directeur national de la campagne de Gbagbo, chargé de la jeunesse. Le président du Cojep, qui jouit encore d’une popularité au sein de sa génération, pourra mettre sa capacité de mobilisation au service de son champion. La démonstration a été faite, le 30 octobre, au complexe sportif de Yopougon. Un grand rassemblement pour, dit-il, signer « un contrat avec la jeunesse ivoirienne ». Ce contrat arrivera-t-il à convaincre les déçus du Fpi ?
ADO : trop bourgeois pour les Ivoiriens ?
Le président du Rassemblement des républicains, après la validation de sa candidature, sait qu’il doit batailler dur pour faire oublier à la génération Fesci son passage à la primature sous le président Houphouët Boigny. Dans son rôle très ingrat de « pompier », l’ancien Dga du Fmi a eu à prendre, face à la conjoncture, des décisions drastiques et surtout impopulaires qui ont marqué les esprits de bien des élèves et étudiants à l’époque. Des mesures amères, entre autres le raccrochage des enseignants, que ses adversaires politiques ne manqueront pas de réveiller dans le cadre des élections. Mais tout n’a pas été négatif sous la primature de l’unique Premier ministre d’Houphouët. En bons points, des jeunes notent la rigueur dans la conduite des affaires de l’Etat, sa connaissance des dossiers, la promotion de l’excellence dans tous les domaines mais aussi et surtout son combat contre l’exclusion et les discriminations. Autant de qualités qui ont gagné le cœur d’une partie de la jeunesse : les « ADO Boys et ADO Girls » prêts à appuyer sa politique pour le faire triompher.
Le ‘‘nouchi’’ peut-il sauver N’Zuéba ?
Henri Konan Bédié est engagé à fond dans son « dernier combat ». A 76 ans bien sonnés, le président du Pdci-Rda tient la route. Ejecté du pouvoir, le 24 décembre 1999 par un coup d’Etat qu’il qualifie de « stupide », Bédié sait qu’il peut compter sur les jeunes pour son retour aux affaires. Conscient du poids de cette population dans l’électorat, N’Zuéba a décidé de se faire une seconde jeunesse. La stratégie de reconquête est trouvée: le ‘‘nouchi’’, vocabulaire de la rue. Et depuis, entre le candidat du parti doyen et les “bramôgô”, le courant passe. Ses discours sont truffés d’expressions nouchi à la grande satisfaction de ses jeunes partisans. « Chers “bramôgô”, nous n’avons rien à faire avec les “flôkô” et les “V.I.” C’est “kouman” et c’est “dabâ”. Ils vont “béhou”. Je vous souhaite un bon “enjaillement”. “Ya fohi” », lance-t-il, à chacune de ses sorties, en direction des jeunes ivoiriens. Comme pour dire que malgré le temps, il reste jeune le candidat du parti doyen a foi en cette jeunesse qui a bravé le régime militaire du général Guéi pour préparer son retour d’exil. La jeunesse qui a placé ses espoirs en la refondation a été déçue. Toute chose qui conforte N’Zuéba sur ses chances au palais du Plateau. Le nouchi pourra -t-il relancer Bédié ? Rien n’est sûr. Il faudra beaucoup plus pour faire bouger les lignes dans le camp des jeunes qui aspirent à davantage d’action
Par Kra Bernard