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Politique Publié le samedi 12 décembre 2009 | Notre Voie

Georges Coffie aux candidats de l’opposition - “Les candidats de l’étranger, nous n’en voulons pas”

Militant du FPI dès la proclamation du multipartisme, le journaliste Georges Coffie a fait un passage remarqué au RDR. Dans cette interview, comme un révolté, il répond aux attaques de Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié contre le président Gbagbo et la Refondation. N.V. : Vous étiez dans l’opposition, précisément au RDR avant de rejoindre le FPI. Avec un peu de recul, comment jugez-vous l’opposition ivoirienne, notamment Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ? G.C. : Mais entre nous, qui est opposant ? Alassane est opposant ? Bédié est opposant ? Je pense qu’il faut dire aux Ivoiriens qu’il n’y a pas d’opposition en Côte d’Ivoire. Pour le journaliste que je suis, pour le politique que je suis, il n’y a pas d’opposition parce que nous sommes tous comptables de la gestion de l’actuel gouvernement. Qui a le ministère des Infrastructures ? Qui a le ministère de l’Agriculture ? Nous sommes tous dans la gestion de ce pays. Donc des gens qui se font passer pour des opposants sont de mauvaise foi. Je récuse ce terme d’opposant. Il n’y a pas d’opposants en Côte d’Ivoire, ou alors c’est à cause du seul fauteuil présidentiel on parle d’opposants. Mais ils sont au gouvernement. Et puis, ces soi-disant opposants qui disent que la Refondation a sacrifié les jeunes, parlent aujourd’hui. Mais rappelez-vous, est-ce que, hier, Alassane Ouattara pouvait mettre les pieds à Dabou pour faire un meeting? Aujourd’hui, il sillonne le pays, il va partout, il fait des promesses. Aujourd’hui ils sont au beurre et ils disent qu’ils sont dans l’opposition. Ils sont dans le gouvernement et ils se disent opposants. Tant qu’ils sont dans le gouvernement ils seront comptables de tout. Qu’ils sortent donc du gouvernement pour faire leur opposition. N.V. : Et pourtant cette opposition soutient que c’est sous Laurent Gbagbo et la Refondation que la moralité a foutu le camp. Comment vous trouvez cette accusation ? G.C. : Mais qui finance ses activités ? Qui finance les activités de ceux qui se disent opposants ? C’est bien l’Etat de Côte d’Ivoire qu’incarne le président Gbagbo. Il finance leurs activités pour qu’en retour ceux-ci l’insultent. Mais comme Gbagbo est un fin démocrate, il le fait. Quand on a commencé à financer les partis politiques, Alassane n’a informé personne. Et comme ça murmurait autour de lui, il a fallu qu’on le bouscule pour qu’enfin il l’avoue. Moi, je savais que l’Etat de Côte d’Ivoire finançait les partis politiques. Mais diantre, eux étaient-ils capables de donner un franc à l’opposition de 1990 à 2000 ? Ce sont eux qui font les pires bêtises qu’on met sur le compte de la Refondation. Moi, je vais vous faire une révélation. Il y a des gens dans leurs rangs qui vont soi-disant au travail avec des pistolets au poing. Et pour un oui ou un non, ils prennent les cadres de leur propre parti et leurs enfants en otage, ils les enferment et menacent de les flinguer. La moralité est où ? Cette moralité en question est où ? Aller au travail avec des flingues pour menacer de hauts cadres de ce pays, la moralité est dans quel camp ? Comme ils veulent qu’on parle, nous parlerons. Quand certains vont dans les boîtes de nuit avec… je n’ose pas dire certaines choses, on se connaît dans ce pays. Il faut arrêter d’amuser la galerie pour faire plaisir à ses militants. Les problèmes de moralité, c’est du côté du RDR qu’il faut regarder. Les détourneurs de fonds, on les connaît. Les Hammer qu’ils achètent, ce n’est pas la Refondation. La campagne va venir, ils ne verront que du feu. Alors qu’ils arrêtent d’amuser le peuple. Que Ouattara et Bédié arrêtent de mentir. Au lieu de mentir et attaquer la Refondation, je les invite à dire ce qu’ils feront pour les Ivoiriens une fois au pouvoir. N.V. : Alassane Ouattara et Bédié reprochent à l’actuel pouvoir d’avoir sacrifié la jeunesse ivoirienne. Qu’avez-vous à dire sur ce sujet ? G.C. : Là encore je veux exprimer ma tristesse et ma désolation. Quand on dit qu’une guerre est indispensable quand on crie sur tous les toits que cette guerre est indispensable, a-t-on pensé aux jeunes ? A-t-on pensé un seul instant que cette guerre indispensable allait plonger la Côte d’Ivoire et surtout la jeunesse dans le désarroi ? Alassane a-t-il pensé aux orphelins, aux veuves, aux meurtris à vie ? C’est vrai dans la campagne tout le monde peut dire n’importe quoi, mais il ya dans ce pays des gens qui savent. Et Alassane Ouattara doit se dire qu’il y a quelque part moi Georges Coffie qui sais. Dans ce pays, on sait qui est qui et qui fait quoi le jour comme la nuit. Moi, je voudrais dire aux jeunes et aux vrais militants du RDR que Alassane Ouattara ne tiendra aucune promesse. C’est pour ses ambitions personnelles, c’est pour le seul fauteuil présidentiel que cette guerre est indispensable pour lui. Sinon ces orphelins, ces veuves et ces femmes qui ont été violées ne sont rien à ses yeux. N.V. : Vous semblez dire que Alassane Ouattara veut le pouvoir pour ses propres ambitions et pourtant dans les tournées qu’il effectue à travers la Côte d’Ivoire il fait des promesses aux Ivoiriens partout où il passe. G.C. : Mais Alassane et son complice Bédié ne font aucune proposition concrète. Or quand Gbagbo s’adresse aux jeunes, il est concret. Quand il annonce la création de 900 mille emplois pour les jeunes c’est à partir d’une étude faite. Quand il décide de la suppression de l’entrée en 6ème c’est une proposition concrète. Reprenez les discours de Ouattara et vous n’y verrez pas un seul élément concret. Alors ces gens, ces candidats de l’étranger qui veulent prendre la Côte d’Ivoire pour envoyer tout à l’étranger, nous n’en voulons pas. N.V. : L’opposition estime que le président Gbagbo et la Refondation ont échoué et pour se couvrir, ils mettent tout sur le compte de la guerre. Qu’en dites-vous ? G.C. : La guerre comme dirait l’autre, n’est pas un dîner-gala. Quand il y a la guerre, c’est le désastre. Et je les entends dire qu’il n ‘y a pas eu la guerre à Abidjan. Mais ce n’est pas à Kong que tous les déplacés de guerre sont partis. Ce n’est pas à Odienné que tous les déplacés de guerre sont partis. C’est sur Abidjan qu’ils sont descendus par milliers, et par dizaines de milliers. La gestion de la guerre, ça coûte ce que ça coûte. N.V. : Voilà que prévue pour le 29 novembre, l’élection présidentielle va de report en report. On parle encore de fin février ou début mars 2010. Et l’opposition accuse Gbagbo de vouloir faire traîner cette élection. Quel est, à propos, votre sentiment ? G.C. : A propos des élections, je voudrais dire à ces soi-disant opposants que si ces élections traînent c’est du fait de leur mauvaise foi. Si nous étions allés avec l’INS seul, les élections seraient terminées. C’est l’INS qui a organisé des élections pendant des décennies. Mais du coup ceux qui ont utilisé l’INS découvrent qu’il n’est plus fiable. Ils exigent donc qu’on confie l’organisation des élections à une structure soi disant neutre. Entre nous, cela a coûté ce que ça coûté. Et on reprend le travail à zéro pour voir qui est qui. Eux-mêmes qui, hier, parlaient d’exclusion, veulent aujourd’hui qu’on exclut des Ivoiriens. Non, un homme, un vote. Donc si Alassane peut voter, pourquoi le charbonnier qui n’est pas sur la liste, ne se battrait pas lui aussi pour aller voter ? Pourquoi nourrir cette injustice ? Concernant la tenue des élections, à la dernière réunion du CPC, on a encore parlé de la tenue des élections pour fin février ou début mars. Mais je ne comprends pas pourquoi on se met la pression pour fixer les dates ? Les greffiers sont en grève. On dira encore que Gbagbo a poussé les greffiers à la grève. Quand un camion tombe ou un cocotier ou un arbre tombe sur la maison de la CEI, on accuse Gbagbo. C’est vraiment n’importe quoi. Que la CEI dise : laissez-nous travailler, quand on va finir, on vous dit et on peut aller à Ouaga pour fixer une date. On se met inutilement la pression sans tenir compte des aléas et des réalités quotidiennes. Allons tard aux élections s’il le faut pour que tout le monde soit sur la liste. On ne peut pas aller aux élections dans la précipitation. Je suis personnellement contre. Si on est prêt on ira aux élections. Si on n’est pas prêt le ciel ne nous tombera pas sur la tête. N.V. : Vous menacez de tout dire pendant la campagne. Mais est-ce que vous n’avez pas peur des représailles de vos anciens camarades du RDR ? G.C. : Quand je parle, des gens me prennent à partie sur internet. Mais ces gens ne comprennent pas qu’ils représentent un bétail électoral. Mais je vais dire à ceux qui me menacent que je m’appelle Georges Coffie. J’ai un petit parcours. Ceux qui ont introduit la violence et les armes dans le débat politique, doivent assumer parce que je n’ai pas peur. Je vais toujours dire ce que je pense comme je le faisais quand j’étais au RDR. Je suis contre l’injustice, je suis contre la mauvaise foi. N.V. : Vous étiez très proche de Laurent Gbagbo avant dans les années 90. Aujourd’hui est-ce que vous vous voyez et quelle est l’ambiance quand vous voyez le président de la République ? G.C. : Oui, il nous arrive de nous voir. Et l’ambiance est comme avant, mais ne l’oublions jamais, il est maintenant président de la République. Donc nous ne nous voyons plus comme si nous étions dans l’opposition. Interview réalisée par Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr
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