Ce n’est pas encore la nuit du cristal contre les militants de l’opposition, mais ça y ressemble fort. Le pouvoir Fpi a lancé une chasse aux sorcières destinée à intimider les militants du Rhdp, singulièrement ceux du Rdr qui font des réclamations dans le contentieux électoral. Les forces de l’ordre, le centre de commandement des opérations de sécurité(CeCos), se sont investies de cette nouvelle mission pour traquer tous les « fraudeurs » qui veulent apporter des corrections sur leur fiche électorale et participer au vote. Au-delà de cette unité, plusieurs commissariats et brigades sont mis à contribution pour empêcher le déroulement du contentieux de la liste provisoire électorale. Quinze personnes ont été arrêtées dans la nuit de vendredi à samedi à Toupah, dans la région de Dabou. Ces individus accusés de fraude sur la nationalité sont gardés au secret au quartier général du CeCos à Cocody. Ils ont été interpellés sur dénonciation calomnieuse. Des cas d’arrestations sont signalés un peu partout sur l’ensemble du territoire, qui montre les dangers d’une opération d’envergure pilotée par le Front populaire ivoirien. Avec pour relais des indics et pour exécutants les forces de l’ordre. Celles-ci organisent avec les medias publics, notamment la télévision nationale, des opérations de dissuasion, en présentant face aux caméras des personnes supposées avoir fait du faux. La télé filme et humilie de pauvres gens dont le tort est d’avoir été victime de la négligence d’un agent de la Cei : un « e » à la place d’un « a » dans le nom Bamba ; ou un « K » au début de Camara. Bref pour un processus de réclamations tout à fait ordinaire, la Côte d’Ivoire se retrouve plongée dans ses démons. Le nouveau chronogramme issu du dernier Cpc se trouve menacé et par la grève des greffiers et par ces violations du processus de paix au nez et à la barbe des garants de l’accord. Il est difficile dans ce climat de terreur rouge, institué à dessein par le pouvoir et des forces de l’ordre aux ordres, de participer au contentieux électoral. La présidentielle est déjà compromise par ces actes d’intimidation. Il faut craindre que cette situation entraine une nouvelle escalade de la violence si l’opposition se résout à employer les grands moyens pour rétablir « l’équilibre de la terreur ». Lors des audiences foraines, les entraves des jeunes patriotes avaient contraint la jeunesse du Rhdp à engager le combat frontal. Les violents affrontements entre les jeunes patriotes hostiles aux «audiences foraines» et les militants de l`opposition à Bassam, ont tué une personne et blessé six autres, dont deux par balle et quatre à l’arme blanche. L’étincelle avait été provoquée par l’arrivée de « jeunes patriotes » partis de la capitale économique, pour perturber le processus d`identification de la population. Si les foyers de tension se multiplient, la Côte d’Ivoire risque de glisser dans une zone de turbulences.
Assoumane Bamba
Assoumane Bamba