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Politique Publié le mardi 22 décembre 2009 | L’expression

Réélection de Gbagbo : Le combat de titan de Simone et de Nady Bamba

Avant la tenue de la présidentielle fixée entre fin février et début mars, la précampagne fait rage dans les chapelles politiques. Dans le camp présidentiel, à côté de la Direction nationale de campagne pilotée par le Dr Coulibaly Issa Malick, les deux épouses du chef de l’Etat, au-delà de la rivalité naturelle, mènent un combat au sommet pour la victoire de l’époux commun.

Ce n’est pas encore une scène de ménage, mais c’en a tout l’air. C’est l’histoire de deux co-épouses (sic) qui, au-delà de tout ce qui les oppose, ont un idéal commun: la réélection de celui qui est leur centre d’intérêt commun. C’est désormais un secret de polichinelle. Le chef de l’Etat a plus que des atomes crochus avec Nadiana Bamba, ancienne correspondante de la radio Africa N°1 à Abidjan. Dans la campagne du candidat de La majorité présidentielle (Lmp), le duo entre épouses fera tâche d’huile dans le dispositif du Dr Issa Malick Coulibaly. Avec son statut de Première dame et fort de son influence au sein de la machine Fpi, Simone Ehivet Gbagbo tentera vaille que vaille de prendre le dessus dans cette bataille poltico-conjugale. Nady Bamba, en vraie missi dominici de Laurent Gbagbo, et s’appuyant sur sa boîte de communication Cyclone n’acceptera pas non plus de se laisser mettre en minorité. La bataille est donc engagée et le duo Simone-Nady qui risque de se transformer en duel peut coûter cher à l’époux. Dans un passé récent, ces scènes de ménage ont fait trembler la République et ont fait de grosses victimes dans l’entourage du premier des Ivoiriens. Le colonel Logbo Raphaël et l’ambassadeur Allou Eugène, respectivement aide de camp et directeur du protocole d’Etat ont été emportés par cette bourrasque sentimentale au sommet de l’Etat. A la veille des campagnes électorales, l’épouse du Nord et celle du Sud vont abandonner la sphère conjugale pour s’affronter sur le terrain très glissant de la campagne électorale. L’enjeu politique aura-t-il raison des sentiments ? Analyse des forces et faiblesses de deux amazones aux dents longues qui, dans l’adversité, poursuivent cependant le même objectif.

Simone pourra-t-elle prendre le dessus ?

Dans le duel des deux épouses du palais, la Première dame Simone Ehivet Gbagbo part avec des avantages importants. Tête de file de l’aile dure du Front populaire ivoirien dont elle est présidente du groupe parlementaire, la dame de fer de Moossou n’acceptera pas que l’on marche sur ses plates-bandes. Ayant rencontré le prince charmant dans le sillage de la lutte syndicale, Simone a un passé politique qui plaide en sa faveur. Un pedigree qui pourrait, si les choses évoluent en sa faveur, lui tracer un destin comparable à celui de Christina Kirchner en Argentine. Mais, cela doit nécessairement passer par la réélection de son époux qui, au terme de son second mandat officiel, pourra éventuellement lui passer le témoin. Dotée d’une forte personnalité et jouissant d’une grande influence au sein de son parti dont elle est d’ailleurs vice-présidente, Simone n’hésite pas à balayer tous ceux qui jouent contre elle. Dans l’entourage de son époux, tous ceux qui s’amusent à louvoyer avec sa rivale Nady en ont déjà fait les frais. Le chef de cabinet Kuyo Téa Narcisse, l’ancien directeur du protocole Allou Wanyou Eugène et le colonel Raphaël Logbo, ancien aide de camp du grand manitou savent de quel bois elle se chauffe. Dans les jours qui ont précédé le dépôt de la candidature du président Gbagbo, la Première dame avait déjà donné les couleurs en annonçant, à Abobo, la candidature de son époux à la présidentielle, initialement fixée au 29 novembre. Dans la fronde sociale qui est en train de secouer la République, c’est l’épouse du Sud qui a pris le devant de la médiation. Sachant manier à volonté diplomatie et fermeté, Simone Gbagbo a pu ramener à la raison les greffiers et les médecins en réussissant à leur arracher la suspension de leurs grèves là où son mari, désabusé, avait déjà brandi le bâton.

Dans la fièvre de la campagne où elle siège parmi les éminences grises du système Gbagbo, Simone a décidé de s’investir totalement dans la pré-campagne en parrainant à tour de bras des manifestations de soutien à Gbagbo tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Ne reculant devant rien, Simone a même décidé de jouer sur le terrain de sa rivale. Des femmes de Touba, ville natale de Nady Bamba, ont porté sous les fonts baptismaux le mouvement ‘’Simone Ngandignon’’ qui signifie les ‘‘amies de Simone’’, comme pour dire que dans la région de sa rivale, elle a des personnes qui la portent dans leur cœur. Malgré cette forte personnalité et cette stature de politicienne accomplie, la Première dame traine certaines casseroles comme son implication supposée ou réelle dans certaines affaires que les adversaires de son époux pourront exploiter.

Il s’agit notamment de l’affaire Kieffer et des escadrons de la mort où le nom de Simone Gbagbo est beaucoup cité. Certains la trouvent aussi trop radicale, cassante et extrémistes sur les bords. Ce qui n’est pas de nature à aider son époux dans la campagne.

Nady, le « second bureau » qui marche au super

L’épouse du Nord est très entreprenante pour consolider le pouvoir de celui qui l’a épousée selon la coutume en 2001. Nady Bamba, la fille choc de Fenterella n’attend pas de prendre ses quartiers à la résidence officielle ou au palais présidentiel pour jouer les premiers rôles. Elle ne lésine pas sur les moyens pour soigner l’image de son mari, surtout dans l’esprit de ses parents du Nord. Moins âgée que Simone, l’épouse du Nord est entreprenante. Très introduite dans les cercles d’influence, l’ancienne correspondante d’Africa N°1 à Abidjan ne se fait aucun complexe dans son statut de deuxième épouse. Certaines indiscrétions affirment qu’elle ne manque aucune occasion pour asséner ses vérités à ses détracteurs en ces termes : « Si elle est la Première dame, moi, je suis la Grande dame». Elle s’est investie à fond dans la campagne pour la réélection de son époux malgré la machine infernale de sa rivale Simone. Elle a à cet effet organisé des meetings de soutien à son époux en vendant la candidature de « son mari » à ses parents du Nord. Même si elle ne figure nulle part dans l’organigramme de la Direction nationale de campagne du candidat de la Lmp, Nady Bamba joue discrètement sa partition dans la campagne de Laurent Gbagbo. L’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, dans sa livraison du 30 octobre 2009, a même précisé que Nady coordonne une partie de la communication du candidat Gbagbo avec Stéphane Fouks, le ‘‘sorcier blanc’’ de la Com de campagne de Gbagbo. Cyclone pilote l’image du candidat Gbagbo à travers des insertions à la télé, la radio et dans la presse écrite. A défaut de jouer officiellement les premiers rôles, Nady Bamba mène le combat de l’époux commun au sein de son entreprise de communication et de relations publiques, Cyclone. Les employés de cette société éditrice du quotidien Le Temps, des hebdomadaires Le Temps Hebdo et Prestige magazine auraient reçu des instructions formelles de Nady de faire black-out total sur les activités de sa rivale. Certaines langues ont même affirmé que Nady Bamba a indiqué que « Le jour qu’elle sera dans mon canard, ce sera à titre nécrologique ». Vrai ou faux ? Commérage de mégères prêtes à tout pour opposer les deux dames ? En tout cas, à la guerre comme à la guerre. Sur le terrain politique, Nady pistonne certains mouvements et clubs de soutien dont le plus en vue reste le «Mouvement j’aime Gbagbo (Mjg) de son très truculent frère Touré Al Moustapha. A défaut de fonctionner avec les moyens de l’Etat, « la petite maman » du palais, comme on l’appelle dans le sérail du chef, continue d’avoir le blanc-seing de son époux pour mener ses activités en tant qu’épouse. Si elle a des inconditionnels admirateurs parmi les proches de son époux, Nady Bamba pourrait être fragilisée par son statut de Seconde dame. La polygamie n’étant pas légalisée, surtout quand il s’agit du premier des Ivoiriens, les sorties de Nady Bamba pourraient être mal vues. Si elle dispose de grands moyens, il lui faudra une équipe politique structurée et futée pour accompagner sa communication.

Kra Bernard
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