Le lion est sorti de sa tanière et a rugi. C’est ainsi qu’on peut caricaturer l’intervention d’Amadou Gon, directeur national de campagne d’Alassane Ouattara, samedi, devant les directeurs locaux de campagne, venus sur convocation du directeur de campagne chargé des questions électorales, lui faire le point du contentieux sur la liste électorale. Celui qu’on appelle affectueusement « le lion » au RDR, n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer les entraves et autres « immixtions intempestives » de Laurent Gbagbo, candidat comme les autres, dans le processus électoral. « C’en est assez ! Tout a une limite » a-t-il martelé. Visiblement heureux d’entendre ce discours de fermeté de leur supérieur hiérarchique, les DRC, DDC, DLC ont acquiescé par des applaudissements nourris. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, est la réception du président de la Commission électorale indépendante, Mambé et des membres de son bureau, par le candidat Laurent Gbagbo, vendredi dernier, en fin de soirée. Au cours de cette rencontre, Laurent Gbagbo aurait demandé à Mambé et ses collaborateurs une prorogation du délai du contentieux sur la liste électorale. Toute chose qui aura une incidence majeure sur la date de l’élection présidentielle prévue fin février ou début mars 2010. « On ne peut pas accepter qu’il décide de façon permanente et continue de retarder le processus en bloquant telle chose ici et là », a fustigé le directeur national de campagne d’Alassane Ouattara. Convoquer la CEI, et discuter avec elle sur des arrangements, alors qu’on est candidat déclaré comme les autres, est, à en croire Amadou Gon Coulibaly, d’autant plus inacceptable, qu’aucune « disposition constitutionnelle ou réglementaire, aucun accord politique ne permet cela ». Par contre, a-t-il ajouté, « le seul qui a le droit au niveau des accords politiques d’aller les différentes structures et coordonner leurs activités, est le premier ministre Guillaume Kigbafori Soro ». Selon le secrétaire général délégué du RDR, ces immixtions du candidat Gbagbo dans le processus électoral, sont totalement scandaleuses et démontrent, si besoin en est, que nonobstant les sondages, il n’est pas sûr que Gbagbo soit au second tour. L’enjeu du processus d’identification est très capital. Il s’agit, a-t-il dit, de « donner des cartes d’identités aux citoyens et permettre à la Côte d’Ivoire d’aller à des élections crédibles ». Toute action tendant à contrarier cet objectif, doit être dénoncée et même combattue avec la dernière énergie. C’est pourquoi, Amadou Gon a appelé à la mobilisation des Ivoiriens pour faire barrage cette injustice. « Il faut que toutes les forces vives de ce pays, politiques ou civiles, commencent à s’organiser pour qu’on mette fin à cette imposture », a-t-il recommandé. D’ores et déjà, le directeur national de campagne d’ADO met en alerte maximale, les responsables sur le terrain. En clair, il leur demande de se mettre dans les dispositions pour exécuter, au cas échéant, des mots d’ordre précis. « Il faut que vous sachiez que sur le terrain, en tant que membres de la direction nationale de campagne, que des actions extrêmement importantes vous attendent et que nous ne pouvons continuer d’accepter que le président de Gbagbo et son clan tiennent indéfiniment la Côte d’Ivoire en otage, comme c’est le cas aujourd’hui», a-t-il fait remarquer. Le DNC d’ADO a en outre dénoncé la caporalisation des médias d’Etat par le régime Fpi et surtout le fait qu’on permette à des arsouilles d’ergoter sur le programme d’Alassane Dramane Ouattara. « Ce sont des voyous qui ne comprennent rien au langage intellectuel dans lequel est écrit ce programme », a-t-il martelé. Enfin, Amadou Gon Coulibaly a félicité les DDC et les DLC pour leur travail remarquable sur le terrain. Selon ses dires, chaque étape du processus électorale est considérée comme une victoire et la suivante comme la consolidation des acquis précédents. Après cette mise en garde, la réunion a continué avec un important exposé technique de Mamadou Sanogo, directeur central de campagne chargé des questions électorales. Au terme de cette rencontre fort importante, des consignes ont été données pour la suite du processus électoral.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté