A jour J-3 de la fin de l'année 2009, des événements reviennent à la mémoire. Ce sont notamment ceux qui ont le plus marqué la vie politique nationale. Par leur caractère positif ou négatif.
Les bons points de 2009
La carte d’identité à portée de main
Sans que l’on n’y prête véritablement attention, le processus de paix a fait enregistrer des bonds qualitatifs à la Côte d’Ivoire au cours de cette annnée. Ainsi, la première vraie opération d’identification et d’enrôlement électoral a été conduite à son terme. Le pays dispose ainsi d’un fichier non contestable d’environ 5 millions de personnes reconnues comme Ivoiriennes. Pour la première fois, depuis l’échec des précédentes tentatives, chaque personne présente sur la liste électorale est assurée de se voir délivrer prochainement sa carte d’identité. Or, la discrimination dans la délivrance de ce document avait contribué à accentuer la crise socio-politique depuis 1994. Inutile d’insister sur l’importance de cette base de données biométriques pour le pays. Il faut aussi noter que tout le matériel qui a servi à l’identification reste la propriété de la Côte d’Ivoire.
Liste des candidats à la présidentielle
La publication le 20 septembre de la liste des candidats au scrutin présidentiel constitue à coup sûr l'un des événements marquants de l'année qui s'achève. Même si le Conseil constitutionnel a quelque peu entretenu le suspens à ce sujet, après la nomination de Paul Yao N'Dré, la validation de la candidature des présidents du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda), Henri Konan Bédié et du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Ouattara, aura marqué une rupture avec les élections qui se sont succédées depuis 1993.
M. Ouattara peut enfin solliciter les suffrages des Ivoiriens après 14 longues années de bataille politique. Et, son parti n’a pas caché sa joie pour cette avancée. Lui et M. Bédié, ancien chef de l’Etat, avaient été privés d’élections en 2.000, année de l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo.
Finalement, ce sont 14 dossiers de candidature qui ont été validés. Au nombre desquels on compte celui de Mme Jacqueline Oble, première femme à briguer le fauteuil présidentiel. Autre fait marquant de cette liste , la candidature de l’humoriste Dolo Adama (Dahico), fraîchement naturalisé par décret.
La pré campagne
L’actualité politique a véritablement pris de la vitesse depuis le Cpc de mai qui a annoncé la présidentielle pour le 29 novembre. Le candidat du Pdci qui sillonnait le pays depuis des mois, est vite rejoint par celui du Rdr dès le second semestre. Alassane Ouattara qui tient à refaire son retard en la matière ne s’est pas ménagé. Par moments, la pré campagne prend même des allures de campagne avant l’heure. Le président de la République , candidat à sa propre succession, profite lui de ses visites d’Etat pour vendre son image.
Il faut noter que tous les candidats de poids ont déjà constitué leur équipe de campagne. Sur ce point, l’on retiendra que le chef de l’Etat s’est offert comme directeur de camapgne Dr Issa Malick Coulibaly, memebre de l’influente famille Gon de Korhogo. Un recrutement qui a accru les rivalités politiques dans la cité du Poro, jusque-là considérée, à tort ou à raison, comme le bastion du Rdr.
La liste électorale provisoire
Avec le début de l'affichage de la liste électorale provisoire le 22 novembre et l'ouverture des réclamations dans la même semaine, la Côte d'Ivoire a amorcé un tournant important sur la voie des élections.
Le contentieux electoral
Le contentieux a démarré le 24 novembre, soit 48 heures après l'affichage de la liste électorale provisoire à Abidjan et banlieue. A l'intérieur du pays, le contentieux a débuté soit le 25 soit le 26, selon l'éloignement et l'accessibilité des régions. Des erreurs dans la distribution de la liste électorale expliquent aussi ce retard. Le contentieux qui a pris fin le week-end a été ralenti par la série de grèves du personnel soignant, des agents de préfectures, des greffiers…
La signature des décrets militaries
En visite d'Etat dans le département de Mankono, le 17 novembre, le président de la République a signé sept décrets relatifs au volet militaire de l'Accord politique de Ouagadougou. Ces décrets portent sur l'harmonisation des grades des éléments des FN et l'installation des brigades de gendarmerie et de commissariats mixtes. Ce même jour, ce sont 2 arrêtés et 2 décisions qui ont sanctionné le huis clos du président avec les chefs militaires des ex-belligérants. 400 éléments de l'ex-rébellion sont concernés par ces décrets. Ils confirment dans le grade de Général de brigade Soumaïla Bakayoko et Gueu Michel, respectivement chef d'état-major des FaFn et chef du cabinet militaire du Premier ministre.
Passation de charges Com'zones-Préfets
Le retrait officiel des commandants de zones (com'zones) des FN a été consacré par une cérémonie unique de passation de charges. Ce rituel administratif s'est déroulé le 26 mai, dans la cour de la préfecture, à Bouaké. Le Cdt Fofié Kouakou de Korhogo et le directeur général de l'Administration du territoire, Séhi Gaspard, ont signé un parapheur, remis au Gal Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major des FaFn. Celui-ci l'a à son tour signé avant de le porter au secrétaire général des Forces nouvelles, le Premier ministre Guillaume Soro. Lui, a donné le document au ministre de l'Intérieur Désiré Tagro. Lequel à son tour l'a confié à Séhi Gaspard. Ce dernier a remis le même parapheur au préfet de Bouaké, Konin Aka.
Le défilé de rupture
Pour la deuxième fois depuis 2008, un ''défilé de rupture'' a réuni les forces ex-belligérantes au sein du Centre de commandement intégré (Cci). A Abidjan, au palais présidentiel, c'est le Colonel-major Detho Letho Firmin, commandant des forces terrestres qui a conduit les troupes.
Le facilitateur à Abidjan
Du 15 au 18 septembre, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, facilitateur dans le dialogue direct inter-ivoirien, a effectué une visite de travail en Côte d'Ivoire. Il a été accueilli par Laurent Gbagbo à Yamoussoukro où s'est tenu un conseil des ministres conjoint entre les gouvernements des deux pays. Ensuite, M. Compaoré s'est rendu à Mama (Gagnoa), le village natal du chef de l'Etat ivoirien où il a été fait chef traditionnel bété. Après quoi, l'hôte a posé ses valises à Abidjan. Il a eu des audiences séparées avec les différents acteurs du processus de sortie de crise. A l'aéroport Félix Houphouët-Boigny, le jour de son départ, Blaise Compaoré a souhaité que l'élection présidentielle, prévue le 29 novembre, ne soit pas organisée dans la précipitation.
L'ouverture des tribunaux
Même s'ils ne tournent pas à plein régime, force est de constater que les tribunaux ont repris du service dans les zones Centre Nord et Ouest. C'est d'ailleurs grâce à la présence des magistrats dans ces parties du territoire national que le processus d'identification a été conduit à son terme.
…Et les moins bons
Report de la présidentielle
Le Conseil des ministres du 14 mai a fixé au dimanche 29 novembre l'élection présidentielle, qui venait d'être ainsi reportée pour la cinquième fois. Cette date dite « réaliste » sera également « décalée », le jeudi 3 décembre par le Cadre permanent de concertation (Cpc). Qui a décidé que le scrutin se tienne dans la période de fin février - début mars. C'est le 6ème report, motivé par l'existence de problèmes techniques dans la réalisation du processus d'identification. L'enrôlement ayant pris fin, le contentieux est miné par des irrégularités. Dont la correction impose une rallonge de temps. La question de l'harmonisation des grades militaires peut-être aussi citée comme un motif du report.
Les relations franco-ivoiriennes
C'est en dents de scie que les relations entre Abidjan et Paris ont évolué. Au mois de juin, aux obsèques de l'ancien président gabonais, Omar Bongo Ondimba, le chef de l'Etat français a brocardé son homologue ivoirien. Si on en croit la presse française, qui s'est faite l'écho des propos désobligeants de Nicolas Sarkozy, il aurait aussi traité Laurent Gbagbo de « pas digne de confiance », un mois plus tard, lors d'un tête-à-tête à New York avec le Secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-Moon. Jetant ainsi un coup de froid sur les rapports entre la Côte d’Ivoire et son ancienne métropole. Quelques mois après cette passe d'armes, c'est le ministre français de la Coopération qui remet le couvert. « Les listes électorales, elles ne seront jamais parfaites. Elles ne sont nulle part jamais parfaites », avait fustigé Alain Joyandet. Lequel avait aussi enjoint les autorités ivoiriennes d'organiser le scrutin présidentiel. Face à cette sortie qui a agacé plus d'un, le ministre Konaté Sidiki, memebre des Fn, est monté au créneau. « Certains disent qu'on peut faire les élections avec une liste imparfaite. Mais ce n'est pas un petit Blanc assis quelque part qui va nous dicter les leçons », a-t-il répondu.
Les malaises de Bédié et Ado
Une année mouvementée pour les deux poids lourds de l'opposition ivoirienne. L'ancien président Henri Konan Bédié qui court après un pouvoir perdu dix ans plus tôt, a multiplié les déplacements à travers le pays, alignant meetings sur meetings. Une débauche d'énergie préjudiciable au ''sphinx'' de Daoukro, victime d'un malaise en plein meeting à Tiapoum en janvier. Six mois après Henri Konan Bédié, c'est Alassane Ouattara, leader du Rassemblement des républicains (Rdr) qui est victime d'un accès palustre, M. Ouattara n'a pas voulu annuler le meeting qu'il devait animer le 3 août au stade Biaka Boda de Gagnoa.
Le chef de l’Etat lui s’est rendu au Maroc pour un bilan de santé. Sans doute par mesure de prudence.
L'unicité de caisse
Elément tangible du retour à la normalité, l'unicité de caisse, lancée en janvier 2009, n'est jamais entrée en vigueur. La contrepartie financière de l'Etat attendue par les Forces nouvelles en serait la cause. Méité Sindou, porte-parole du Premier ministre explique: « Il y a bel et bien des difficultés qui mettent à mal le bon déroulement des opérations d'unicité des caisses de l'Etat en zone Centre, Nord et Ouest (CNO). Des difficultés liées notamment au processus d'intégration du personnel de la Centrale, la régie financière des Forces nouvelles », avait-il relevé.
Le code de bonne conduite violé
Le code de bonne conduite signé par les partis politiques ivoiriens aux fins d'avoir une campagne électorale civilisée est loin d'être respecté. De nombreux articles du code signé en avril 2008 sous l'autorité du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, sont ainsi foulés au pied aussi bien par les partisans du chef de l'Etat que par ceux de ses adversaires comme en témoigne le rapport du National democratic Institut (Ndi) en date du 6 juin 2009 : « Les manquements constatés portent sur l'utilisation des moyens de l'Etat par certains partis politiques à des fins électoralistes, la violation des articles 4 et 8 relatifs à la violence verbale et physique, de l'article 17 sur l'esprit de fraternité et de maintien de la cohésion sociale et de l'unité nationale ». La bagarre fratricide entre Amadou Gon Coulibaly et Issa Malick Coulibaly à Korhogo le 27 novembre dernier, la rixe entre Forces nouvelles et une délégation du clan présidentiel en partance pour le Nord du pays, les propos peu amènes du président du Front populaire ivoirien (Fpi) contre le Rassemblement des républicains (Rdr) ou encore la bastonnade de l'ancien ministre Gnamien Yao par le président de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (JPdci-Rda), KKB, en sont la parfaite illustration.
Anaky Kobena à la DST
Le président du Mouvement des forces d'avenir (Mfa), Innocent Anaky Kobena, a séjourné à la Direction de la surveillance du territoire (DST) du 20 au 21 mars. Au motif qu'il a appelé à l'insurrection, en demandant aux Ivoiriens de se « réveiller » et de suivre l'exemple de l'opposition malgache. Le Rassemblement des houphouétistes pour la paix (Rhdp), opposition, a demandé la libération de M. Anaky. Lequel a reçu également le soutien du président du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), Francis Wodié et de son épouse, présidente de la Commission nationale des droits de l'homme (Cndhci).
Rhdp, Lmp, que des couacs
La majorité présidentielle (Lmp), regroupement du Front populaire ivoirien (Fpi) et des partis qui soutiennent le candidat Laurent Gbagbo, a connu des remous. C'était au lendemain de la nomination par le candidat de son directeur national de campagne le Dr. Coulibaly Issa Malick, le vendredi 16 octobre. La désignation par ce dernier de nouveaux directeurs départementaux, régionaux ou locaux de campagne a irrité des cadres du Fpi. Dans l'opposition, le Rhdp a vécu une situation génante entre le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) et le Rassemblement des républicains (Rdr). Le n°1 de ce parti a vertement fustigé le Pdci qui lui a ravi la mairie de Daloa, suite à des élections fin novembre. En visite le 27 novembre à Kong, le Pdci a accusé le Rdr local d'avoir boycotté son meeting. Ouattara Bakary, responsable du Rdr sur place, a expliqué que les émissaires du Pdci n'avaient pas de programme de tournée à Kong.
Bidi Ignace et Marc Dossa
Les bons points de 2009
La carte d’identité à portée de main
Sans que l’on n’y prête véritablement attention, le processus de paix a fait enregistrer des bonds qualitatifs à la Côte d’Ivoire au cours de cette annnée. Ainsi, la première vraie opération d’identification et d’enrôlement électoral a été conduite à son terme. Le pays dispose ainsi d’un fichier non contestable d’environ 5 millions de personnes reconnues comme Ivoiriennes. Pour la première fois, depuis l’échec des précédentes tentatives, chaque personne présente sur la liste électorale est assurée de se voir délivrer prochainement sa carte d’identité. Or, la discrimination dans la délivrance de ce document avait contribué à accentuer la crise socio-politique depuis 1994. Inutile d’insister sur l’importance de cette base de données biométriques pour le pays. Il faut aussi noter que tout le matériel qui a servi à l’identification reste la propriété de la Côte d’Ivoire.
Liste des candidats à la présidentielle
La publication le 20 septembre de la liste des candidats au scrutin présidentiel constitue à coup sûr l'un des événements marquants de l'année qui s'achève. Même si le Conseil constitutionnel a quelque peu entretenu le suspens à ce sujet, après la nomination de Paul Yao N'Dré, la validation de la candidature des présidents du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda), Henri Konan Bédié et du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Ouattara, aura marqué une rupture avec les élections qui se sont succédées depuis 1993.
M. Ouattara peut enfin solliciter les suffrages des Ivoiriens après 14 longues années de bataille politique. Et, son parti n’a pas caché sa joie pour cette avancée. Lui et M. Bédié, ancien chef de l’Etat, avaient été privés d’élections en 2.000, année de l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo.
Finalement, ce sont 14 dossiers de candidature qui ont été validés. Au nombre desquels on compte celui de Mme Jacqueline Oble, première femme à briguer le fauteuil présidentiel. Autre fait marquant de cette liste , la candidature de l’humoriste Dolo Adama (Dahico), fraîchement naturalisé par décret.
La pré campagne
L’actualité politique a véritablement pris de la vitesse depuis le Cpc de mai qui a annoncé la présidentielle pour le 29 novembre. Le candidat du Pdci qui sillonnait le pays depuis des mois, est vite rejoint par celui du Rdr dès le second semestre. Alassane Ouattara qui tient à refaire son retard en la matière ne s’est pas ménagé. Par moments, la pré campagne prend même des allures de campagne avant l’heure. Le président de la République , candidat à sa propre succession, profite lui de ses visites d’Etat pour vendre son image.
Il faut noter que tous les candidats de poids ont déjà constitué leur équipe de campagne. Sur ce point, l’on retiendra que le chef de l’Etat s’est offert comme directeur de camapgne Dr Issa Malick Coulibaly, memebre de l’influente famille Gon de Korhogo. Un recrutement qui a accru les rivalités politiques dans la cité du Poro, jusque-là considérée, à tort ou à raison, comme le bastion du Rdr.
La liste électorale provisoire
Avec le début de l'affichage de la liste électorale provisoire le 22 novembre et l'ouverture des réclamations dans la même semaine, la Côte d'Ivoire a amorcé un tournant important sur la voie des élections.
Le contentieux electoral
Le contentieux a démarré le 24 novembre, soit 48 heures après l'affichage de la liste électorale provisoire à Abidjan et banlieue. A l'intérieur du pays, le contentieux a débuté soit le 25 soit le 26, selon l'éloignement et l'accessibilité des régions. Des erreurs dans la distribution de la liste électorale expliquent aussi ce retard. Le contentieux qui a pris fin le week-end a été ralenti par la série de grèves du personnel soignant, des agents de préfectures, des greffiers…
La signature des décrets militaries
En visite d'Etat dans le département de Mankono, le 17 novembre, le président de la République a signé sept décrets relatifs au volet militaire de l'Accord politique de Ouagadougou. Ces décrets portent sur l'harmonisation des grades des éléments des FN et l'installation des brigades de gendarmerie et de commissariats mixtes. Ce même jour, ce sont 2 arrêtés et 2 décisions qui ont sanctionné le huis clos du président avec les chefs militaires des ex-belligérants. 400 éléments de l'ex-rébellion sont concernés par ces décrets. Ils confirment dans le grade de Général de brigade Soumaïla Bakayoko et Gueu Michel, respectivement chef d'état-major des FaFn et chef du cabinet militaire du Premier ministre.
Passation de charges Com'zones-Préfets
Le retrait officiel des commandants de zones (com'zones) des FN a été consacré par une cérémonie unique de passation de charges. Ce rituel administratif s'est déroulé le 26 mai, dans la cour de la préfecture, à Bouaké. Le Cdt Fofié Kouakou de Korhogo et le directeur général de l'Administration du territoire, Séhi Gaspard, ont signé un parapheur, remis au Gal Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major des FaFn. Celui-ci l'a à son tour signé avant de le porter au secrétaire général des Forces nouvelles, le Premier ministre Guillaume Soro. Lui, a donné le document au ministre de l'Intérieur Désiré Tagro. Lequel à son tour l'a confié à Séhi Gaspard. Ce dernier a remis le même parapheur au préfet de Bouaké, Konin Aka.
Le défilé de rupture
Pour la deuxième fois depuis 2008, un ''défilé de rupture'' a réuni les forces ex-belligérantes au sein du Centre de commandement intégré (Cci). A Abidjan, au palais présidentiel, c'est le Colonel-major Detho Letho Firmin, commandant des forces terrestres qui a conduit les troupes.
Le facilitateur à Abidjan
Du 15 au 18 septembre, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, facilitateur dans le dialogue direct inter-ivoirien, a effectué une visite de travail en Côte d'Ivoire. Il a été accueilli par Laurent Gbagbo à Yamoussoukro où s'est tenu un conseil des ministres conjoint entre les gouvernements des deux pays. Ensuite, M. Compaoré s'est rendu à Mama (Gagnoa), le village natal du chef de l'Etat ivoirien où il a été fait chef traditionnel bété. Après quoi, l'hôte a posé ses valises à Abidjan. Il a eu des audiences séparées avec les différents acteurs du processus de sortie de crise. A l'aéroport Félix Houphouët-Boigny, le jour de son départ, Blaise Compaoré a souhaité que l'élection présidentielle, prévue le 29 novembre, ne soit pas organisée dans la précipitation.
L'ouverture des tribunaux
Même s'ils ne tournent pas à plein régime, force est de constater que les tribunaux ont repris du service dans les zones Centre Nord et Ouest. C'est d'ailleurs grâce à la présence des magistrats dans ces parties du territoire national que le processus d'identification a été conduit à son terme.
…Et les moins bons
Report de la présidentielle
Le Conseil des ministres du 14 mai a fixé au dimanche 29 novembre l'élection présidentielle, qui venait d'être ainsi reportée pour la cinquième fois. Cette date dite « réaliste » sera également « décalée », le jeudi 3 décembre par le Cadre permanent de concertation (Cpc). Qui a décidé que le scrutin se tienne dans la période de fin février - début mars. C'est le 6ème report, motivé par l'existence de problèmes techniques dans la réalisation du processus d'identification. L'enrôlement ayant pris fin, le contentieux est miné par des irrégularités. Dont la correction impose une rallonge de temps. La question de l'harmonisation des grades militaires peut-être aussi citée comme un motif du report.
Les relations franco-ivoiriennes
C'est en dents de scie que les relations entre Abidjan et Paris ont évolué. Au mois de juin, aux obsèques de l'ancien président gabonais, Omar Bongo Ondimba, le chef de l'Etat français a brocardé son homologue ivoirien. Si on en croit la presse française, qui s'est faite l'écho des propos désobligeants de Nicolas Sarkozy, il aurait aussi traité Laurent Gbagbo de « pas digne de confiance », un mois plus tard, lors d'un tête-à-tête à New York avec le Secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-Moon. Jetant ainsi un coup de froid sur les rapports entre la Côte d’Ivoire et son ancienne métropole. Quelques mois après cette passe d'armes, c'est le ministre français de la Coopération qui remet le couvert. « Les listes électorales, elles ne seront jamais parfaites. Elles ne sont nulle part jamais parfaites », avait fustigé Alain Joyandet. Lequel avait aussi enjoint les autorités ivoiriennes d'organiser le scrutin présidentiel. Face à cette sortie qui a agacé plus d'un, le ministre Konaté Sidiki, memebre des Fn, est monté au créneau. « Certains disent qu'on peut faire les élections avec une liste imparfaite. Mais ce n'est pas un petit Blanc assis quelque part qui va nous dicter les leçons », a-t-il répondu.
Les malaises de Bédié et Ado
Une année mouvementée pour les deux poids lourds de l'opposition ivoirienne. L'ancien président Henri Konan Bédié qui court après un pouvoir perdu dix ans plus tôt, a multiplié les déplacements à travers le pays, alignant meetings sur meetings. Une débauche d'énergie préjudiciable au ''sphinx'' de Daoukro, victime d'un malaise en plein meeting à Tiapoum en janvier. Six mois après Henri Konan Bédié, c'est Alassane Ouattara, leader du Rassemblement des républicains (Rdr) qui est victime d'un accès palustre, M. Ouattara n'a pas voulu annuler le meeting qu'il devait animer le 3 août au stade Biaka Boda de Gagnoa.
Le chef de l’Etat lui s’est rendu au Maroc pour un bilan de santé. Sans doute par mesure de prudence.
L'unicité de caisse
Elément tangible du retour à la normalité, l'unicité de caisse, lancée en janvier 2009, n'est jamais entrée en vigueur. La contrepartie financière de l'Etat attendue par les Forces nouvelles en serait la cause. Méité Sindou, porte-parole du Premier ministre explique: « Il y a bel et bien des difficultés qui mettent à mal le bon déroulement des opérations d'unicité des caisses de l'Etat en zone Centre, Nord et Ouest (CNO). Des difficultés liées notamment au processus d'intégration du personnel de la Centrale, la régie financière des Forces nouvelles », avait-il relevé.
Le code de bonne conduite violé
Le code de bonne conduite signé par les partis politiques ivoiriens aux fins d'avoir une campagne électorale civilisée est loin d'être respecté. De nombreux articles du code signé en avril 2008 sous l'autorité du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, sont ainsi foulés au pied aussi bien par les partisans du chef de l'Etat que par ceux de ses adversaires comme en témoigne le rapport du National democratic Institut (Ndi) en date du 6 juin 2009 : « Les manquements constatés portent sur l'utilisation des moyens de l'Etat par certains partis politiques à des fins électoralistes, la violation des articles 4 et 8 relatifs à la violence verbale et physique, de l'article 17 sur l'esprit de fraternité et de maintien de la cohésion sociale et de l'unité nationale ». La bagarre fratricide entre Amadou Gon Coulibaly et Issa Malick Coulibaly à Korhogo le 27 novembre dernier, la rixe entre Forces nouvelles et une délégation du clan présidentiel en partance pour le Nord du pays, les propos peu amènes du président du Front populaire ivoirien (Fpi) contre le Rassemblement des républicains (Rdr) ou encore la bastonnade de l'ancien ministre Gnamien Yao par le président de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (JPdci-Rda), KKB, en sont la parfaite illustration.
Anaky Kobena à la DST
Le président du Mouvement des forces d'avenir (Mfa), Innocent Anaky Kobena, a séjourné à la Direction de la surveillance du territoire (DST) du 20 au 21 mars. Au motif qu'il a appelé à l'insurrection, en demandant aux Ivoiriens de se « réveiller » et de suivre l'exemple de l'opposition malgache. Le Rassemblement des houphouétistes pour la paix (Rhdp), opposition, a demandé la libération de M. Anaky. Lequel a reçu également le soutien du président du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), Francis Wodié et de son épouse, présidente de la Commission nationale des droits de l'homme (Cndhci).
Rhdp, Lmp, que des couacs
La majorité présidentielle (Lmp), regroupement du Front populaire ivoirien (Fpi) et des partis qui soutiennent le candidat Laurent Gbagbo, a connu des remous. C'était au lendemain de la nomination par le candidat de son directeur national de campagne le Dr. Coulibaly Issa Malick, le vendredi 16 octobre. La désignation par ce dernier de nouveaux directeurs départementaux, régionaux ou locaux de campagne a irrité des cadres du Fpi. Dans l'opposition, le Rhdp a vécu une situation génante entre le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) et le Rassemblement des républicains (Rdr). Le n°1 de ce parti a vertement fustigé le Pdci qui lui a ravi la mairie de Daloa, suite à des élections fin novembre. En visite le 27 novembre à Kong, le Pdci a accusé le Rdr local d'avoir boycotté son meeting. Ouattara Bakary, responsable du Rdr sur place, a expliqué que les émissaires du Pdci n'avaient pas de programme de tournée à Kong.
Bidi Ignace et Marc Dossa