L’ex-ministre Kabran Appia, député, membre de La majorité présidentielle (LMP) a rencontré, du 17 au 20 décembre, les délégations de la CEI du Sud Comoé. Dans l’entretien qui suit, il fait le point de sa tournée et interpelle le président de la CEI, M.Beugré Mambé, et sa structure afin qu’ils garantissent des élections paisibles aux Ivoiriens.
Notre Voie : Monsieur le ministre, vous venez de boucler une mission dans les délégations de la CEI du Sud Comoé. Que peut-on retenir des séances de travail que vous avez eues avec les commissaires ?
Kabran Appia : Ce que l’on peut retenir, c’est qu’il existe encore des problèmes sérieux à résoudre avant que nous ayons une liste propre et définitive. Ce que j’ai vu, c’est la façon dont la CEI s’est organisée pour résoudre ces questions. Elle s’est très mal organisée. D’abord, il y a le problème de l’accessibilité aux services de la CEI. Par exemple, ici dans le Sud Comoé, il y a dans le département d’Aboisso plus d’une centaine de centres d’enrôlement. On n’a ouvert que cinq centres pour les réclamations. Imaginez-vous l’investissement personnel que doit faire chaque impétrant pour venir vérifier ou rectifier son nom ou pour dénoncer une personne indûment inscrite. Ensuite, il lui sera demandé d’aller chercher des papiers. Cela décourage des gens et c’est ce qui explique le faible taux de 27% à 30% de réalisation. Il y a aussi qu’on a rencontré des commissaires dépourvus de moyens et qui ne sont pas payés depuis deux mois. Je lance un appel solennel à la raison pour que Mambé et son équipe se mobilisent sans tarder pour résoudre ces questions matérielles simples avant même les questions de fond. La façon dont la CEI traite les validations et les réclamations est sujette à caution. Sans mettre de procédures, ni d’organisation en place, la CEI demande aux citoyens d’aller chercher des pièces pour lesquelles ils paient souvent de six mille à trente mille francs ( 6000 à 30 000 F). Des voyous se sont organisés pour tirer profit de la rareté créée par l’affluence. La CEI a, elle-même, organisé les difficultés. Lorsque quelqu’un vient contester une inscription et demande une radiation, figurez vous qu’on demande à cet individu de fournir toutes les preuves. Il s’agit même de faire le travail de la CEI à sa place. Ce que la CEI demande aux citoyens est juridiquement impossible. Les gens ont du mal à trouver les pièces pour s’inscrire eux-mêmes. Ils ne vont pas aller faire des efforts supplémentaires pour aller chercher des gens qu’ils dénoncent. A ce jour, il y a zéro demande de radiation pris en compte à la CEI locale d’Aboisso. Ce n’est pas parce que les demandes n’ont pas été faites, mais tout simplement elles n’ont pas été jugées recevables par la CEI. C’est scandaleux. Je demande à Mambé et à son équipe de se ressaisir. Par leur faute, leurs errements et leur incompétence, des autochtones ou des Ivoiriens ne seront pas inscrits et devant eux, ils verront défiler des gens qui n’ont pas le droit d’être inscrits et qui vont voter. Pensez vous que cela puisse se passer- tranquillement ?
N. V. : Vous imaginez-vous une élection à laquelle participeront des non- Ivoiriens à la place des Ivoiriens ?
K.A. : Si des non-Ivoiriens votent à la place des Ivoiriens, ce sera la bagarre généralisée. Je vous le dis clairement parce que je ne le souhaite pas. Le rôle des hommes politiques, c’est d’anticiper. C’est pour cela que je lance cet appel solennel, pour dire que, moi, je suis d’accord avec l’approche que Gbagbo a de la sortie de crise. C’est un homme de paix. C’est pour cela qu’il a choisi une sortie de crise négociée. Qu’on applique le contenu de toutes les négociations que nous avons faites. La date des élections n’est pas mon souci. C’est à la CEI de faire tout le travail dans le délai qu’elle s’est fixé. Il ne peut y avoir d’élections sans qu’on ait validé tous les cas qui ont fait l’objet de contestation. Ici à Aboisso, il faudrait un million deux cent mille francs (1 200 000 F) pour que la CEI devienne mobile. Les gens doivent se déplacer dans les villages pour aller recueillir les réclamations. Pourquoi ne peut-on pas donner quelques millions à un département entier ? Que Mambé explique ce qu’il fait avec tout l’argent que le trésor public lui attribue. Je considère qu’il n’y a pas 70 % de traitement dans le Sud Comoé. C’est des histoires.
N. V. : : Que faut-il faire pour efficacement mener les réclamations de radiation de personnes frauduleusement inscrites sur la liste ?
K.A. : Il faut faire en sorte que les réclamations soient portées devant la CEI. Elle ne doit faire aucune entrave aux réclamations et aux dénonciations à des fins de radiation. Or, c’est ce qui se passe. Au contraire, elle doit les faciliter, les recevoir et les juger. Nous avons conseillé à nos militants de continuer le travail sereinement, sans émotion et de s’organiser pour recueillir l’ensemble des réclamations, qu’ils doivent déposer régulièrement à la CEI. Nous sommes des démocrates. Nous croyons que les élections vont être la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Qu’on ne crée pas des entraves inutiles à la production des copies intégrales, ni des certificats de nationalité. C’est ce travail que nous demandons à la CEI. La liste ne doit pas être contestée. Si, après avoir ignoré une bonne partie des Ivoiriens à l’enrôlement, on doit ignorer à nouveau d’autres Ivoiriens, c’est qu’il y a, peut-être, des intentions cachées.
N. V. : : Quelles solutions pour une meilleure organisation de ces élections ?
K.A. : On n’est plus à l’organisation, mais à l’exécution de ce qui a été planifié. Les élections sont structurées. La CEI a ses moyens et son calendrier. Qu’elle mette les moyens là où il faut et qu’elle donne de bonnes instructions. Il faut qu’elle fasse un dernier affichage pour que les contestations puissent être gérées et qu’on aille aux Elections”.
Entretien réalisé à Aboisso par Sam K.D
Notre Voie : Monsieur le ministre, vous venez de boucler une mission dans les délégations de la CEI du Sud Comoé. Que peut-on retenir des séances de travail que vous avez eues avec les commissaires ?
Kabran Appia : Ce que l’on peut retenir, c’est qu’il existe encore des problèmes sérieux à résoudre avant que nous ayons une liste propre et définitive. Ce que j’ai vu, c’est la façon dont la CEI s’est organisée pour résoudre ces questions. Elle s’est très mal organisée. D’abord, il y a le problème de l’accessibilité aux services de la CEI. Par exemple, ici dans le Sud Comoé, il y a dans le département d’Aboisso plus d’une centaine de centres d’enrôlement. On n’a ouvert que cinq centres pour les réclamations. Imaginez-vous l’investissement personnel que doit faire chaque impétrant pour venir vérifier ou rectifier son nom ou pour dénoncer une personne indûment inscrite. Ensuite, il lui sera demandé d’aller chercher des papiers. Cela décourage des gens et c’est ce qui explique le faible taux de 27% à 30% de réalisation. Il y a aussi qu’on a rencontré des commissaires dépourvus de moyens et qui ne sont pas payés depuis deux mois. Je lance un appel solennel à la raison pour que Mambé et son équipe se mobilisent sans tarder pour résoudre ces questions matérielles simples avant même les questions de fond. La façon dont la CEI traite les validations et les réclamations est sujette à caution. Sans mettre de procédures, ni d’organisation en place, la CEI demande aux citoyens d’aller chercher des pièces pour lesquelles ils paient souvent de six mille à trente mille francs ( 6000 à 30 000 F). Des voyous se sont organisés pour tirer profit de la rareté créée par l’affluence. La CEI a, elle-même, organisé les difficultés. Lorsque quelqu’un vient contester une inscription et demande une radiation, figurez vous qu’on demande à cet individu de fournir toutes les preuves. Il s’agit même de faire le travail de la CEI à sa place. Ce que la CEI demande aux citoyens est juridiquement impossible. Les gens ont du mal à trouver les pièces pour s’inscrire eux-mêmes. Ils ne vont pas aller faire des efforts supplémentaires pour aller chercher des gens qu’ils dénoncent. A ce jour, il y a zéro demande de radiation pris en compte à la CEI locale d’Aboisso. Ce n’est pas parce que les demandes n’ont pas été faites, mais tout simplement elles n’ont pas été jugées recevables par la CEI. C’est scandaleux. Je demande à Mambé et à son équipe de se ressaisir. Par leur faute, leurs errements et leur incompétence, des autochtones ou des Ivoiriens ne seront pas inscrits et devant eux, ils verront défiler des gens qui n’ont pas le droit d’être inscrits et qui vont voter. Pensez vous que cela puisse se passer- tranquillement ?
N. V. : Vous imaginez-vous une élection à laquelle participeront des non- Ivoiriens à la place des Ivoiriens ?
K.A. : Si des non-Ivoiriens votent à la place des Ivoiriens, ce sera la bagarre généralisée. Je vous le dis clairement parce que je ne le souhaite pas. Le rôle des hommes politiques, c’est d’anticiper. C’est pour cela que je lance cet appel solennel, pour dire que, moi, je suis d’accord avec l’approche que Gbagbo a de la sortie de crise. C’est un homme de paix. C’est pour cela qu’il a choisi une sortie de crise négociée. Qu’on applique le contenu de toutes les négociations que nous avons faites. La date des élections n’est pas mon souci. C’est à la CEI de faire tout le travail dans le délai qu’elle s’est fixé. Il ne peut y avoir d’élections sans qu’on ait validé tous les cas qui ont fait l’objet de contestation. Ici à Aboisso, il faudrait un million deux cent mille francs (1 200 000 F) pour que la CEI devienne mobile. Les gens doivent se déplacer dans les villages pour aller recueillir les réclamations. Pourquoi ne peut-on pas donner quelques millions à un département entier ? Que Mambé explique ce qu’il fait avec tout l’argent que le trésor public lui attribue. Je considère qu’il n’y a pas 70 % de traitement dans le Sud Comoé. C’est des histoires.
N. V. : : Que faut-il faire pour efficacement mener les réclamations de radiation de personnes frauduleusement inscrites sur la liste ?
K.A. : Il faut faire en sorte que les réclamations soient portées devant la CEI. Elle ne doit faire aucune entrave aux réclamations et aux dénonciations à des fins de radiation. Or, c’est ce qui se passe. Au contraire, elle doit les faciliter, les recevoir et les juger. Nous avons conseillé à nos militants de continuer le travail sereinement, sans émotion et de s’organiser pour recueillir l’ensemble des réclamations, qu’ils doivent déposer régulièrement à la CEI. Nous sommes des démocrates. Nous croyons que les élections vont être la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Qu’on ne crée pas des entraves inutiles à la production des copies intégrales, ni des certificats de nationalité. C’est ce travail que nous demandons à la CEI. La liste ne doit pas être contestée. Si, après avoir ignoré une bonne partie des Ivoiriens à l’enrôlement, on doit ignorer à nouveau d’autres Ivoiriens, c’est qu’il y a, peut-être, des intentions cachées.
N. V. : : Quelles solutions pour une meilleure organisation de ces élections ?
K.A. : On n’est plus à l’organisation, mais à l’exécution de ce qui a été planifié. Les élections sont structurées. La CEI a ses moyens et son calendrier. Qu’elle mette les moyens là où il faut et qu’elle donne de bonnes instructions. Il faut qu’elle fasse un dernier affichage pour que les contestations puissent être gérées et qu’on aille aux Elections”.
Entretien réalisé à Aboisso par Sam K.D