Désigné Conseiller technique du Président Laurent Gbagbo pour coordonner les projets du chef de l`Etat au profit des populations du Grand Centre de la Côte d`Ivoire, Kouamé Raymond a obtenu de très bons résultats. M. Kouassi Laurent, parle dans cette interview, du travail de terrain abattu par le conseiller technique du Président Gbagbo.
Vous êtes présenté comme un des lieutenants de M. Kouamé Raymond. Pouvez-vous nous dire qui il est et comment son aventure avec le chef de l`Etat a commencé?
Merci! M. Kouamé Raymond est un citoyen ordinaire du Département de Tiébissou. En son temps, il avait créé une Mutuelle pour la Tribu Yakpabo. Il en était le Président. Au cours d`une Assemblée générale de ladite Mutuelle, on a décidé que les fêtes de Pâques se déroulent de façon tournante. La première fête a eu lieu dans un village qu`on appelle Kanango. Cette première édition s`est déroulée dans la salle de mariage de la mairie de Yopougon et en présence du Préfet d`alors, M. Koffi Bi. Elle a été parrainée par M. Zady Kessy. A la fin, il fallait choisir le lieu de la prochaine fête et trouver un parrain. Nous étions en 1999. Monsieur Kouamé Raymond, à la surprise générale a dit qu`on va inviter le chef de l`Etat, Laurent Gbagbo. Tout le monde se regardait. Les gens n`en croyaient pas. D`abord, parce qu`inviter le Président de la République chez nous, était un rêve irréalisable chez certaines personnes. Ensuite, parce que le Président est issu du Fpi. Alors que le Département de Tiébissou est un bastion du Pdci-Rda. Mais en tant que Mutuelle de développement, on s`est dit que le chef de l`Etat est pour tout le monde. On a donc enfin lancé les invitations. Y compris celle du chef de l`Etat.
Et qu`est-ce qui s`est passé par la suite ?
C`est seulement à une semaine de la fête de Pâques de 2002, que le Président de la République a été saisi de notre invitation. Je signale que c`est dans la même année que nous lui avons adressé cette invitation. Je vous assure. J`étais à Bouaké, quand Raymond m`a informé que le Président de la République l`a appelé, pendant qu`il était au volant de sa voiture, pour se présenter à lui au téléphone et lui dire ceci : " C`est vous qui m`avez invité à Tiébissou?". Il a répondu : " Oui, Monsieur le Président ". Et le Président d`ajouter " Mais chez moi à Gagnoa, quand la fête de Pâques arrive, les Baoulé tombent en transe. Aujourd`hui, j`ai eu l`occasion d`aller à Pâquinou, je viens donc chez vous". Raymond m`a révélé que dès qu`il a entendu ces paroles, il a failli même faire une sortie de route, tant l`émotion était grande. Figurez -vous qu`à une semaine de la fête, le Président de la République arrive chez nous. Politiquement, on n`était rien dans le Département. Que faire ? Parce que nous ne sommes que des mutualistes, sans moyens.
Vous auriez pu vous adresser à vos autorités politiques !
Nos autorités politiques ne voulaient pas du Président Gbagbo à Tiébissou. Pour la simple raison qu`elles ne sont pas du même bord que lui. Malgré cela le Président dit qu`il arrive. Comment faire pour gérer cette situation ? Parce qu`il faut bien qu`il y ait une bonne organisation pour l`accueillir.
C`est ainsi que Kouamé Raymond est rentré en brousse, comme on le dit communément. Puisqu`il fallait être prêt sur le plan logistique et financier et régler les détails relatifs à l`hébergement, la restauration, etc. On n`avait vraiment pas prévu tout cela pour recevoir le chef de l`Etat. Nous l`avons invité sans vraiment y croire. Mais il dit qu`il vient. On fait quoi ? Le vin était déjà tiré, il fallait le boire. A la date indiquée, le Président arrive effectivement à Tiébissou. Puisque c`est notre chef-lieu de Département. Il passe par là, et trouve nos responsables politiques dans la cour de la mairie. Il dit au Préfet : " Monsieur le Préfet, vous connaissez la route de Yakpabo-Sakassou ? Allons-y ". Sans plus tarder, il a pris place à bord de son véhicule de commandement. Il a lui-même pris le devant. Il partait. Imaginez-vous un peu. C`était émouvant.
Entre-temps, nos autorités politiques disaient aux populations de chacun des douze (12) villages du Yakpabo que le Président devait traverser et qu`il ne fallait pas aller à son accueil. Mais tel qu`on connaît, le Président, il s`est arrêté à N`Goimbo, où les populations manifestaient leur joie, parce qu`il y avait une cérémonie. Il a été invité à poser la première pierre de leur foyer. Il s`est arrêté pour le faire et il a repris la route. Cela a tellement émerveillé les habitants que tous se sont déportés au chef- lieu d`accueil, à la grande surprise de ceux qui les empêchaient d`aller accueillir Gbagbo. Quand il est arrivé à Yakpabo-Sakassou et qu`il est descendu du véhicule, il a demandé : " Qui est-ce qui m`a invité ici ? ". On lui a donc présenté M. Kouamé Raymond. Et il a dit ceci : " Mais c`est la catastrophe ici. Je vais vous aider ". C`est dans ces conditions-là qu`on l`a accueilli.
Pendant ce temps, où étaient vos autorités politiques ?
Elles sont arrivées par la suite. Le chef de l`Etat a répondu favorablement à toutes les doléances qui ont été formulées. Le dispensaire du village qui l`accueillait, était fermé. Il n`y avait ni infirmier, ni sage-femme. L`école était en état de délabrement, les routes étaient impraticables, il n`y a pas d`électricité. Il a promis l`électrification au village qui l`a accueilli. " Je vais électrifier Yakpabo-Sakassou et puis Adikro”. Adikro est le village d`un de ses amis, qui n`est pas dans la tribu de Yakpabo. Ce qu`on a gagné, c`était l`électrification de Yakpabo-Sakassou. " Je vous donne une ambulance. Les mois qui vont suivre, je vous envoie une sage-femme et un infirmier. Je vais envoyer des chaises, une sono, un Dvd etc. " Tout s`est bien passé par la suite. Et le Président est rentré à Yamoussoukro.
Ensuite ?
A peine est-il arrivé à Abidjan que la guerre a éclaté. On n`avait plus de contact. Il fallait gérer la guerre. Entre-temps, il nous a promis des choses que les gens attendent chez nous. On est coincé. Comment faire ? Nos adversaires nous attaquent en disant : " Voilà, Gbagbo est venu nous tromper. Il est parti et rien n`est pas fait ". Il y en a qui se réjouissaient de la survenue de la guerre. Pensant qu`elle allait emporter Gbagbo. Heureusement, le 26 décembre 2002, le chef de l`Etat a convoqué tous les cadres du Grand Centre. Pour leur expliquer comment la guerre est arrivée. Parce que les gens racontaient partout que c`est lui qui est à la base de cette guerre. A cette rencontre, quelques membres de notre mutuelle dont Raymond et moi, étaient présents. A la fin de la rencontre avec les populations, quand le chef de l`Etat s`est levé, il a aperçu Kouamé Raymond au fond de la Salle des Pas perdus. Pendant que les autorités étaient assises au premier rang, il a dit : "Monsieur Kouamé Raymond, venez ici". A sa garde rapprochée qui s`était adressée, en disant : "Laissez-le, c`est mon ami personnel". Il a dit cela devant les élus et Cadres du Département. Les deux se sont retrouvés à la fin de la cérémonie. Il a pris Raymond par la main et tout le monde les suivait. Il parlait à Raymond. On ne pouvait pas s`approcher. Parce qu`il y avait la garde rapprochée. Et c`est quand Raymond est ressorti, qu`il m`a dit ce que le Président lui disait. Le Président lui a demandé "Est-ce que les travaux de Yakpabo avancent ?" "Non, Président, depuis que vous êtes revenu, la guerre est arrivée. Et les gens m`insultent tous les jours. Parce qu`ils ne voient rien", lui a répondu Raymond. Et il a dit "bon d`accord. Ça va aller" Il a instruit l`Ambassadeur Allou Eugène de permettre à Raymond de le voir, quand il le veut. Tout est donc parti de là.
Et qu`avez-vous fait après cette rencontre ?
Nous, en tant que mutuelle avec l`apport de la Fédération Fpi de Tiébissou, nous avons décidé d`aller dire "Yako" au Président qui subit la guerre. Tiébissou était le premier Département à prendre cette initiative. La plupart de nos cadres ne sont pas Fpi, donc aller voir Gbagbo, n`est pas leur affaire. Mais, moi je pense que le Président de la République est celui-là qui incarne la République. On doit le protéger à tout moment, lorsqu`il est en danger. Nous avons donc organisé cette rencontre. Le Président nous a reçus. Il nous a parlés. Et c`est à cette occasion, qu`il nous a sorti une clef de voiture et a dit : "voilà la clef de l`ambulance que j`ai promise à Yakpabo". Entre-temps, puisqu`on ne voyait pas cette ambulance, le nom du Président et celui de Raymond étaient salis dans le Département. Gbagbo lui a donné le véhicule devant tout le monde. C`est lui et moi qui avons pris l`ambulance pour la sortir de la Présidence et aller à Yopougon. Nous l`avons convoyée jusqu`au village, pour la remettre au chef du village de Yakpabo. Quand le Président a promis l`électrification à Akpabo-Sakassou, les gens ont demandé qu`il prenne la moyenne tension qui est dans le Département de Dimbokro. Or, nous avons lutté pour le canton Yakpabo. Mais si on prend le courant dans le dernier village, avant Dimbokro pour arriver à Sakassou, c`est Sakassou seul qui va en bénéficier. On a donc souhaité prendre la moyenne tension sur la voie de Didiévi. De cette façon, cela va traverser tous les douze (12) villages de la tribu Yakpabo. Le Président a accepté d`investir près d`un (1) milliard 300 millions de Fcfa. C`est ainsi que le chef de l`Etat a autorisé que Raymond voit dans quelle possibilité, tel ou tel village peut être électrifié, en fonction des critères qui s`imposent.
Quels sont donc ces critères ?
Il faut, par exemple, que le village soit loti. Sinon, ce n`est pas possible. Il faut qu`il y ait des bâtiments sur les lots des villages. J`ai effectué toutes les missions pour l`électrification dans la zone de Tiébissou, avec lui. C`est lui qui avait la directive ordonnée par la Sopie. Il fallait faire l`électrification.
Quel a été le premier village à être électrifié ?
Le premier village de Yakpabo-Sakassou dont le Président a autorisé l`électrification, était à 3Km du village de M. Kouamé Raymond. Mais le transformateur que les gens ont envoyé, correspondait aux normes du village de M. Raymond. Du coup, son village devait recevoir le courant en premier. C`est ainsi qu`ils sont allés y mettre les poteaux. Mais les gens ont pris cela en mal. On l`a traité de voleur de transfo, etc. Il y a eu même un des fils du village qui travaille à la Cie, qui est allé vérifier et confirmer que le transfo correspondait plutôt aux normes du village de Raymond. Mais les gens ne pouvaient pas comprendre cela.
C`est une équation à résoudre?
Oui, parce que quand on arrive dans certains villages pour les travaux d`électrification, des cadres disent à leurs parents de ne pas accepter ce courant car Il vient de Gbagbo. Quelle indécence ! Certains ont donc refusé. D`autres ont accepté.
Quel a été alors le secret de Raymond pour réussir son passage dans les villages ?
Il a réussi le pari de ce projet présidentiel grâce à sa très grande discrétion. Parce que pendant les travaux, il a été attaqué. Les gens ne comprenaient pas comment les choses se passaient. Qui devait en avoir droit ? Les gens manquaient d`information. Il pouvait donner des informations, mais les gens refusaient de l`écouter. Parce qu`ils disent que c`est le courant de Gbagbo. Dans le Département de Didiévi, ce problème s`est posé.
Quelle est la tendance, aujourd`hui ?
Les gens ont fini par comprendre. Parce qu`enfin de compte, ils ont accepté. Le programme du Président de la République vise tous les villages.
On a une chance exceptionnelle : un Président qui arrive dans un Département et qui dit qu`il va faire de votre Département, ce que la Côte d`Ivoire va devenir.
Il est allé chez nous à Yakpabo. Et la tendance est inversée.
Aussi facilement ?
Les quelques poches de résistance sont nos cadres du Pdci-Rda que tout le monde connait là-bas.
Dans ces conditions, pensez-vous que les gens auront véritablement de l`estime pour le chef de l`Etat ?
Je vous apprends déjà qu`au plan politique, la percée du Fpi a été possible dans le Grand Centre, à partir de Tiébissou. Le chef de l`Etat lui-même l`a reconnu comme tel. Mais c`est grâce à l`invitation qui lui a été lancée en Pâques 2002. Il refusait de partir qu`on ne serait pas arrivé à là.
Quel est l`état des lieux aujourd`hui à Tiébissou ?
Aujourd`hui, plus de 90% des villages du Département de Tiébissou sont électrifiés. Il y a 6 ou 8 villages, sur les 110 du Département qui restent à électrifier. Je pense qu`il faut tirer le chapeau à ce Grand Homme d`Etat qu`est Sem Laurent Gbagbo. Parce qu`il a eu la volonté et les moyens pour qu`on arrive à ce stade. C`est un acquis énorme. Ce qui n`était pas le cas, il y a cinq (5). Après l`électrification, le chef de l`Etat a commencé à construire les châteaux d`eau.
On peut donc dire que le chef de l`Etat a fait le bonheur des populations, malgré elles ?
Oui et c`est dans l`ordre des choses. La route qui mène à la vérité est toujours parsemée d`embûches. Certaines personnes nous ont dit pourquoi c`est Gbagbo qui vient faire cela ? Mais, moi je leur réponds que c`est Gbagbo qui peut le faire. A preuve, personne d`autre ne l`a fait. Et la vérité a été établie auprès des populations qui ne sont pas dupes. C`est celui qui vient vous donner la lumière que vous devez suivre.
Qui est-ce qu`ils veulent, selon vous ?
Je ne sais pas. Je vous ai dit que le Département est le bastion du Pdci. Mais aujourd`hui, avec les actions du Président de la République, la tendance a été inversée.
Dans mon village (Mine-Kouadiokro de la tribu Aïtou), les gens ne sont pas forcément Fpi. Mais nous pensons tous Gbagbo. Parce que c`est lui qui peut nous écouter.
Cela ne pose-t-il pas de problème politique chez vous ?
Ecoutez, aujourd`hui, la population veut le bonheur. Celui qui pense que ce que le Président Gbagbo fait pour nous n`est pas bon, nous les attendons. Qu`il propose autre chose. Gbagbo lui est en train d`électrifier nos villages, il fait les routes, il construit les écoles et châteaux d`eau etc. Et vous, vous faites quoi ?
Alors, vous qui êtes du staff de M.Kouamé Raymond, que répondez-vous quand on vous attaque sur le plan politique ?
Face aux attaques des hommes politiques, nous répondons par les actions positives sur le terrain. C`est cela le plus important. C`est ce qui est bénéfique pour tous, grâce au chef de l`Etat.
Nous ne discutons pas avec les gens parce qu`ils sont de l`autre bord. Non ! Mais beaucoup de gens nous suivent à cause des actes que nous posons. Ce n`est pas de notre faute si ceux qui ne posent pas d`actions n`ont plus de monde derrière eux.
Selon vous, quelles sont les ambitions politiques de M. Raymond ?
Ecoutez, dès l`instant où vous êtes nommé responsable de la cellule de l`électrification au niveau de la présidence, même si vous ne voulez pas faire de la politique, vous devenez homme politique. Parce que ce sont les actions du Président de la République que vous devez mener.
Mais sur le plan local, je ne pense pas que Raymond ait des ambitions politiques. Pour lui, le plus important, c`est comment faire pour que son Département se développe. C`est de cela qu`il parle le plus souvent. Sa seule satisfaction, c`est le bonheur des populations. C`est pour cela qu`il est toujours parti et il met un point d`honneur à l`inauguration de ces travaux.
Quelles sont les perspectives aujourd`hui ?
Je vais le confirmer ici. Nous, notre candidat c`est Laurent Gbagbo ; nous nous impliquerons dans sa campagne pour qu`il soit réélu. Parce qu`il est prêt à travailler. Et nous sommes engagés à mobiliser les populations à son profit pour un plébiscite dans notre Département. Nous, enfants de Tiébissou, Fpi ou pas, nous sommes prêts à aller battre sa campagne.
On n`a même pas besoin d`être dans une cellule de campagne. Cela se passe dans le village de chacun de nous. Ceux qui s`agitent quelle emprise ont-ils sur les populations ? Nos équipes sont déjà prêtes. C`est le seul moyen pour nous de lui manifester toute notre reconnaissance. C`est africain et c`est humain.
Par Frimo Koukou Djipro
koukoudf@yahoo.fr
Vous êtes présenté comme un des lieutenants de M. Kouamé Raymond. Pouvez-vous nous dire qui il est et comment son aventure avec le chef de l`Etat a commencé?
Merci! M. Kouamé Raymond est un citoyen ordinaire du Département de Tiébissou. En son temps, il avait créé une Mutuelle pour la Tribu Yakpabo. Il en était le Président. Au cours d`une Assemblée générale de ladite Mutuelle, on a décidé que les fêtes de Pâques se déroulent de façon tournante. La première fête a eu lieu dans un village qu`on appelle Kanango. Cette première édition s`est déroulée dans la salle de mariage de la mairie de Yopougon et en présence du Préfet d`alors, M. Koffi Bi. Elle a été parrainée par M. Zady Kessy. A la fin, il fallait choisir le lieu de la prochaine fête et trouver un parrain. Nous étions en 1999. Monsieur Kouamé Raymond, à la surprise générale a dit qu`on va inviter le chef de l`Etat, Laurent Gbagbo. Tout le monde se regardait. Les gens n`en croyaient pas. D`abord, parce qu`inviter le Président de la République chez nous, était un rêve irréalisable chez certaines personnes. Ensuite, parce que le Président est issu du Fpi. Alors que le Département de Tiébissou est un bastion du Pdci-Rda. Mais en tant que Mutuelle de développement, on s`est dit que le chef de l`Etat est pour tout le monde. On a donc enfin lancé les invitations. Y compris celle du chef de l`Etat.
Et qu`est-ce qui s`est passé par la suite ?
C`est seulement à une semaine de la fête de Pâques de 2002, que le Président de la République a été saisi de notre invitation. Je signale que c`est dans la même année que nous lui avons adressé cette invitation. Je vous assure. J`étais à Bouaké, quand Raymond m`a informé que le Président de la République l`a appelé, pendant qu`il était au volant de sa voiture, pour se présenter à lui au téléphone et lui dire ceci : " C`est vous qui m`avez invité à Tiébissou?". Il a répondu : " Oui, Monsieur le Président ". Et le Président d`ajouter " Mais chez moi à Gagnoa, quand la fête de Pâques arrive, les Baoulé tombent en transe. Aujourd`hui, j`ai eu l`occasion d`aller à Pâquinou, je viens donc chez vous". Raymond m`a révélé que dès qu`il a entendu ces paroles, il a failli même faire une sortie de route, tant l`émotion était grande. Figurez -vous qu`à une semaine de la fête, le Président de la République arrive chez nous. Politiquement, on n`était rien dans le Département. Que faire ? Parce que nous ne sommes que des mutualistes, sans moyens.
Vous auriez pu vous adresser à vos autorités politiques !
Nos autorités politiques ne voulaient pas du Président Gbagbo à Tiébissou. Pour la simple raison qu`elles ne sont pas du même bord que lui. Malgré cela le Président dit qu`il arrive. Comment faire pour gérer cette situation ? Parce qu`il faut bien qu`il y ait une bonne organisation pour l`accueillir.
C`est ainsi que Kouamé Raymond est rentré en brousse, comme on le dit communément. Puisqu`il fallait être prêt sur le plan logistique et financier et régler les détails relatifs à l`hébergement, la restauration, etc. On n`avait vraiment pas prévu tout cela pour recevoir le chef de l`Etat. Nous l`avons invité sans vraiment y croire. Mais il dit qu`il vient. On fait quoi ? Le vin était déjà tiré, il fallait le boire. A la date indiquée, le Président arrive effectivement à Tiébissou. Puisque c`est notre chef-lieu de Département. Il passe par là, et trouve nos responsables politiques dans la cour de la mairie. Il dit au Préfet : " Monsieur le Préfet, vous connaissez la route de Yakpabo-Sakassou ? Allons-y ". Sans plus tarder, il a pris place à bord de son véhicule de commandement. Il a lui-même pris le devant. Il partait. Imaginez-vous un peu. C`était émouvant.
Entre-temps, nos autorités politiques disaient aux populations de chacun des douze (12) villages du Yakpabo que le Président devait traverser et qu`il ne fallait pas aller à son accueil. Mais tel qu`on connaît, le Président, il s`est arrêté à N`Goimbo, où les populations manifestaient leur joie, parce qu`il y avait une cérémonie. Il a été invité à poser la première pierre de leur foyer. Il s`est arrêté pour le faire et il a repris la route. Cela a tellement émerveillé les habitants que tous se sont déportés au chef- lieu d`accueil, à la grande surprise de ceux qui les empêchaient d`aller accueillir Gbagbo. Quand il est arrivé à Yakpabo-Sakassou et qu`il est descendu du véhicule, il a demandé : " Qui est-ce qui m`a invité ici ? ". On lui a donc présenté M. Kouamé Raymond. Et il a dit ceci : " Mais c`est la catastrophe ici. Je vais vous aider ". C`est dans ces conditions-là qu`on l`a accueilli.
Pendant ce temps, où étaient vos autorités politiques ?
Elles sont arrivées par la suite. Le chef de l`Etat a répondu favorablement à toutes les doléances qui ont été formulées. Le dispensaire du village qui l`accueillait, était fermé. Il n`y avait ni infirmier, ni sage-femme. L`école était en état de délabrement, les routes étaient impraticables, il n`y a pas d`électricité. Il a promis l`électrification au village qui l`a accueilli. " Je vais électrifier Yakpabo-Sakassou et puis Adikro”. Adikro est le village d`un de ses amis, qui n`est pas dans la tribu de Yakpabo. Ce qu`on a gagné, c`était l`électrification de Yakpabo-Sakassou. " Je vous donne une ambulance. Les mois qui vont suivre, je vous envoie une sage-femme et un infirmier. Je vais envoyer des chaises, une sono, un Dvd etc. " Tout s`est bien passé par la suite. Et le Président est rentré à Yamoussoukro.
Ensuite ?
A peine est-il arrivé à Abidjan que la guerre a éclaté. On n`avait plus de contact. Il fallait gérer la guerre. Entre-temps, il nous a promis des choses que les gens attendent chez nous. On est coincé. Comment faire ? Nos adversaires nous attaquent en disant : " Voilà, Gbagbo est venu nous tromper. Il est parti et rien n`est pas fait ". Il y en a qui se réjouissaient de la survenue de la guerre. Pensant qu`elle allait emporter Gbagbo. Heureusement, le 26 décembre 2002, le chef de l`Etat a convoqué tous les cadres du Grand Centre. Pour leur expliquer comment la guerre est arrivée. Parce que les gens racontaient partout que c`est lui qui est à la base de cette guerre. A cette rencontre, quelques membres de notre mutuelle dont Raymond et moi, étaient présents. A la fin de la rencontre avec les populations, quand le chef de l`Etat s`est levé, il a aperçu Kouamé Raymond au fond de la Salle des Pas perdus. Pendant que les autorités étaient assises au premier rang, il a dit : "Monsieur Kouamé Raymond, venez ici". A sa garde rapprochée qui s`était adressée, en disant : "Laissez-le, c`est mon ami personnel". Il a dit cela devant les élus et Cadres du Département. Les deux se sont retrouvés à la fin de la cérémonie. Il a pris Raymond par la main et tout le monde les suivait. Il parlait à Raymond. On ne pouvait pas s`approcher. Parce qu`il y avait la garde rapprochée. Et c`est quand Raymond est ressorti, qu`il m`a dit ce que le Président lui disait. Le Président lui a demandé "Est-ce que les travaux de Yakpabo avancent ?" "Non, Président, depuis que vous êtes revenu, la guerre est arrivée. Et les gens m`insultent tous les jours. Parce qu`ils ne voient rien", lui a répondu Raymond. Et il a dit "bon d`accord. Ça va aller" Il a instruit l`Ambassadeur Allou Eugène de permettre à Raymond de le voir, quand il le veut. Tout est donc parti de là.
Et qu`avez-vous fait après cette rencontre ?
Nous, en tant que mutuelle avec l`apport de la Fédération Fpi de Tiébissou, nous avons décidé d`aller dire "Yako" au Président qui subit la guerre. Tiébissou était le premier Département à prendre cette initiative. La plupart de nos cadres ne sont pas Fpi, donc aller voir Gbagbo, n`est pas leur affaire. Mais, moi je pense que le Président de la République est celui-là qui incarne la République. On doit le protéger à tout moment, lorsqu`il est en danger. Nous avons donc organisé cette rencontre. Le Président nous a reçus. Il nous a parlés. Et c`est à cette occasion, qu`il nous a sorti une clef de voiture et a dit : "voilà la clef de l`ambulance que j`ai promise à Yakpabo". Entre-temps, puisqu`on ne voyait pas cette ambulance, le nom du Président et celui de Raymond étaient salis dans le Département. Gbagbo lui a donné le véhicule devant tout le monde. C`est lui et moi qui avons pris l`ambulance pour la sortir de la Présidence et aller à Yopougon. Nous l`avons convoyée jusqu`au village, pour la remettre au chef du village de Yakpabo. Quand le Président a promis l`électrification à Akpabo-Sakassou, les gens ont demandé qu`il prenne la moyenne tension qui est dans le Département de Dimbokro. Or, nous avons lutté pour le canton Yakpabo. Mais si on prend le courant dans le dernier village, avant Dimbokro pour arriver à Sakassou, c`est Sakassou seul qui va en bénéficier. On a donc souhaité prendre la moyenne tension sur la voie de Didiévi. De cette façon, cela va traverser tous les douze (12) villages de la tribu Yakpabo. Le Président a accepté d`investir près d`un (1) milliard 300 millions de Fcfa. C`est ainsi que le chef de l`Etat a autorisé que Raymond voit dans quelle possibilité, tel ou tel village peut être électrifié, en fonction des critères qui s`imposent.
Quels sont donc ces critères ?
Il faut, par exemple, que le village soit loti. Sinon, ce n`est pas possible. Il faut qu`il y ait des bâtiments sur les lots des villages. J`ai effectué toutes les missions pour l`électrification dans la zone de Tiébissou, avec lui. C`est lui qui avait la directive ordonnée par la Sopie. Il fallait faire l`électrification.
Quel a été le premier village à être électrifié ?
Le premier village de Yakpabo-Sakassou dont le Président a autorisé l`électrification, était à 3Km du village de M. Kouamé Raymond. Mais le transformateur que les gens ont envoyé, correspondait aux normes du village de M. Raymond. Du coup, son village devait recevoir le courant en premier. C`est ainsi qu`ils sont allés y mettre les poteaux. Mais les gens ont pris cela en mal. On l`a traité de voleur de transfo, etc. Il y a eu même un des fils du village qui travaille à la Cie, qui est allé vérifier et confirmer que le transfo correspondait plutôt aux normes du village de Raymond. Mais les gens ne pouvaient pas comprendre cela.
C`est une équation à résoudre?
Oui, parce que quand on arrive dans certains villages pour les travaux d`électrification, des cadres disent à leurs parents de ne pas accepter ce courant car Il vient de Gbagbo. Quelle indécence ! Certains ont donc refusé. D`autres ont accepté.
Quel a été alors le secret de Raymond pour réussir son passage dans les villages ?
Il a réussi le pari de ce projet présidentiel grâce à sa très grande discrétion. Parce que pendant les travaux, il a été attaqué. Les gens ne comprenaient pas comment les choses se passaient. Qui devait en avoir droit ? Les gens manquaient d`information. Il pouvait donner des informations, mais les gens refusaient de l`écouter. Parce qu`ils disent que c`est le courant de Gbagbo. Dans le Département de Didiévi, ce problème s`est posé.
Quelle est la tendance, aujourd`hui ?
Les gens ont fini par comprendre. Parce qu`enfin de compte, ils ont accepté. Le programme du Président de la République vise tous les villages.
On a une chance exceptionnelle : un Président qui arrive dans un Département et qui dit qu`il va faire de votre Département, ce que la Côte d`Ivoire va devenir.
Il est allé chez nous à Yakpabo. Et la tendance est inversée.
Aussi facilement ?
Les quelques poches de résistance sont nos cadres du Pdci-Rda que tout le monde connait là-bas.
Dans ces conditions, pensez-vous que les gens auront véritablement de l`estime pour le chef de l`Etat ?
Je vous apprends déjà qu`au plan politique, la percée du Fpi a été possible dans le Grand Centre, à partir de Tiébissou. Le chef de l`Etat lui-même l`a reconnu comme tel. Mais c`est grâce à l`invitation qui lui a été lancée en Pâques 2002. Il refusait de partir qu`on ne serait pas arrivé à là.
Quel est l`état des lieux aujourd`hui à Tiébissou ?
Aujourd`hui, plus de 90% des villages du Département de Tiébissou sont électrifiés. Il y a 6 ou 8 villages, sur les 110 du Département qui restent à électrifier. Je pense qu`il faut tirer le chapeau à ce Grand Homme d`Etat qu`est Sem Laurent Gbagbo. Parce qu`il a eu la volonté et les moyens pour qu`on arrive à ce stade. C`est un acquis énorme. Ce qui n`était pas le cas, il y a cinq (5). Après l`électrification, le chef de l`Etat a commencé à construire les châteaux d`eau.
On peut donc dire que le chef de l`Etat a fait le bonheur des populations, malgré elles ?
Oui et c`est dans l`ordre des choses. La route qui mène à la vérité est toujours parsemée d`embûches. Certaines personnes nous ont dit pourquoi c`est Gbagbo qui vient faire cela ? Mais, moi je leur réponds que c`est Gbagbo qui peut le faire. A preuve, personne d`autre ne l`a fait. Et la vérité a été établie auprès des populations qui ne sont pas dupes. C`est celui qui vient vous donner la lumière que vous devez suivre.
Qui est-ce qu`ils veulent, selon vous ?
Je ne sais pas. Je vous ai dit que le Département est le bastion du Pdci. Mais aujourd`hui, avec les actions du Président de la République, la tendance a été inversée.
Dans mon village (Mine-Kouadiokro de la tribu Aïtou), les gens ne sont pas forcément Fpi. Mais nous pensons tous Gbagbo. Parce que c`est lui qui peut nous écouter.
Cela ne pose-t-il pas de problème politique chez vous ?
Ecoutez, aujourd`hui, la population veut le bonheur. Celui qui pense que ce que le Président Gbagbo fait pour nous n`est pas bon, nous les attendons. Qu`il propose autre chose. Gbagbo lui est en train d`électrifier nos villages, il fait les routes, il construit les écoles et châteaux d`eau etc. Et vous, vous faites quoi ?
Alors, vous qui êtes du staff de M.Kouamé Raymond, que répondez-vous quand on vous attaque sur le plan politique ?
Face aux attaques des hommes politiques, nous répondons par les actions positives sur le terrain. C`est cela le plus important. C`est ce qui est bénéfique pour tous, grâce au chef de l`Etat.
Nous ne discutons pas avec les gens parce qu`ils sont de l`autre bord. Non ! Mais beaucoup de gens nous suivent à cause des actes que nous posons. Ce n`est pas de notre faute si ceux qui ne posent pas d`actions n`ont plus de monde derrière eux.
Selon vous, quelles sont les ambitions politiques de M. Raymond ?
Ecoutez, dès l`instant où vous êtes nommé responsable de la cellule de l`électrification au niveau de la présidence, même si vous ne voulez pas faire de la politique, vous devenez homme politique. Parce que ce sont les actions du Président de la République que vous devez mener.
Mais sur le plan local, je ne pense pas que Raymond ait des ambitions politiques. Pour lui, le plus important, c`est comment faire pour que son Département se développe. C`est de cela qu`il parle le plus souvent. Sa seule satisfaction, c`est le bonheur des populations. C`est pour cela qu`il est toujours parti et il met un point d`honneur à l`inauguration de ces travaux.
Quelles sont les perspectives aujourd`hui ?
Je vais le confirmer ici. Nous, notre candidat c`est Laurent Gbagbo ; nous nous impliquerons dans sa campagne pour qu`il soit réélu. Parce qu`il est prêt à travailler. Et nous sommes engagés à mobiliser les populations à son profit pour un plébiscite dans notre Département. Nous, enfants de Tiébissou, Fpi ou pas, nous sommes prêts à aller battre sa campagne.
On n`a même pas besoin d`être dans une cellule de campagne. Cela se passe dans le village de chacun de nous. Ceux qui s`agitent quelle emprise ont-ils sur les populations ? Nos équipes sont déjà prêtes. C`est le seul moyen pour nous de lui manifester toute notre reconnaissance. C`est africain et c`est humain.
Par Frimo Koukou Djipro
koukoudf@yahoo.fr