Fraude sur la nationalité/ Nana Koffi Adingra (chef du village de Kokomian, Koun-Fao) :“ Nous allons les bannir du village”

Pourquoi soutenez-vous qu`ils sont Burkinabè ?

Vous qui êtes journaliste, et qui avez fait de grandes études, connaissez-vous des Dogôssè, dans les 62 ethnies de Côte d`Ivoire ? Je suis indigné de constater que les mêmes Dogôssè qui ont été accueillis à Tienkoikro, Bossogniamiankro, Dressa, Dogossèkro, etc, qui sont des villages du département, se reconnaissent tous Burkinabè. Et curieusement, ce sont ceux de Kokomian, qui veulent absolument être de Kong. Je suis désolé, mais l`ethnie Dogôssè n`existe pas en Côte d`Ivoire. Et leur propre consul est venu ici à Kokomian le 18 novembre dernier, dans le cadre de cette affaire, pour le leur rappeler. Je ne sais pas où ils ont trouvé des extraits d`acte de naissance, mais bien que dix d`entre eux soient sur la liste de 2000, tous sont des fraudeurs. Et dire, que j`ai accueilli, hébergé et mis des terres à la disposition de mes frères burkinabé Dogôssè.

Pourquoi vous n`avez pas présenté votre argumentaire dans ce sens au juge ?

Vous faites exprès ou quoi ! Vous n`étiez pas au tribunal ou bien ! J`ai expliqué. Le juge dit que c`est à moi le chef de village, qu`il revient de présenter la carte consulaire des Dogôssè que j`ai reçus sur mes propres terres. Je vais trouver ça où ? Mais comme c`est lui le juge, je ne peux rien dire. Sinon, pourquoi a-t-on consulté les chefs de villages que nous sommes, lorsque des difficultés se sont posées lors de l`audience foraine, si c`est pour nous humilier après ?

Mais le juge ne fait que dire le droit !

Quel droit ? Donc, si quelqu`un vole mon anacarde, et que mes manœuvres et moi l`avons surpris, le juge va me dire d`apporter la photo sur laquelle on voit le voleur en train de soulever le sac d`anacarde ? Le président du tribunal lui-même sait que ce que je dis est la vérité. Mais bon, comme c`est le juge … Sinon, nous nous sommes rendus à plusieurs reprises dans leur village à Banfora, pour saluer ceux d`entre eux qui sont rentrés au Burkina, après avoir séjourné à Kokomian. Si vous ne me croyez pas, laissez-moi ici, et allez faire votre enquête au village. Faites comme si vous êtes naïfs, vous entendrez des choses.

Le juge a décidé, et c`est sans appel. Vous avez dit devant lui que vous allez vous arranger avec eux au village. Que voulez-vous dire ?

Mais on va s`arranger ! Comme ils ne me respectent pas, et me traitent de menteur, le village a rédigé une pétition que nous allons adresser officiellement aux différentes autorités du Zanzan.

Puis, nous allons récupérer nos terres et les bannir du village, parce que nous ne pouvons plus vivre avec des gens que nous avons accueillis, et qui nous menacent au prétexte que nous dénonçons leur nationalité burkinabé.

Pourquoi ce brusque accès de colère ?

C`est la société qui change l`homme. Nous sommes tous pour l`Accord de Ouaga que mon " petit-fils " Guillaume Soro a signé avec le Président Gbagbo. Mais Soro n`a pas dit aux Burkinabè Dogôssè de frauder sur la nationalité. Alors, soit, ils reconnaissent leur place et leur nationalité et nous continuons à vivre dans les règles du village. Soit, ils persistent à mentir, auquel cas, je leur demanderai gentiment de partir " chez eux " à Kong. Mais je doute fort que les gens de Kong les reconnaissent comme les leurs, parce qu`on fait nos palabres, mais entre nous Ivoiriens, on se connaît.

Pascal Assibondry
Correspondant régional