Tout se passe sous leurs yeux. Ils feignent de ne rien voir. Le décor qui avait prévalu avant la conflagration de septembre 2002 est en train d’être planté à nouveau et ceux qui devaient y mettre le holà, restent muets. Pourtant, la CEI, structure responsable de la tenue des élections dans le pays, avait bien élaboré un mode opératoire pour le règlement des contentieux relatifs à la liste électorale. Les plaintes devaient être remises entre ses mains, déposées sur les bureaux de ses différents démembrements à travers le pays et acheminées, si besoin en est, vers les tribunaux pour que les juges compétents en ces matières puissent trancher. Or, avec les arrestations auxquelles nous assistons et les dénonciations plus que calomnieuses dont sont victimes d’honnêtes citoyens, le chemin indiqué par la CEI n’est pas emprunté. Mais, pour des raisons que l’on ignore, le président Mambé et son équipe font les morts. Et ce qui ne devait pas se produire, devient une pratique qui, dangereusement, se généralise. Le CeCOS traite les prétendus fraudeurs, dénoncés par des militants du parti au pouvoir, encore eux, comme des bandits de grand chemin. C’est à des heures tardives ou au petit matin qu’ils sont arrêtés et conduits sans ménagement, à des postes de police ou dans des lieux de détention de grands criminels. Pendant combien de temps cette situation va-t-elle durer ? Et surtout pourquoi la CEI ne rappelle-telle pas le mode opératoire sorti de son laboratoire et admis par tous, pour mettre fin à ces traitements ? Pourquoi le Premier ministre, premier responsable du processus de sortie de crise, se fait-il discret sur ces agissements ? En réalité, personne ne comprend que Guillaume Soro, secrétaire général des FN, soit le maître d’œuvre de ce processus selon les accords de Ouaga et qu’il ne se fasse pas entendre sur ces agissements qui menacent, à nouveau, la cohésion sociale ? S’il y a des fraudeurs sur la nationalité ivoirienne, s’il y a des étrangers qui se sont inscrits sur la liste électorale, l’on ne peut reprocher à quiconque de les dénoncer. Mais, pour cela, il y a bien une voie à suivre. Pourquoi ne pas l’emprunter pour éviter tous ces abus ? Surtout que jusque-là, tous ceux qui ont été dénoncés comme fraudeurs sur la nationalité ivoirienne ont été reconnus dans leur droit, faussement accusés et donc relâchés mais, après avoir été inutilement humiliés. Il est donc temps de mettre fin à des pratiques qui ont déjà fait du tort à la Côte d’Ivoire.
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