x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 4 janvier 2010 | Nuit & Jour

Interview - Sam Etiassé (préfet d’Abidjan) rompt le silence : "Il n’y aura plus de coups d’Etat…"

Ancien porte-parole des préfets déplacés de guerre, Jean-Baptiste Sam Etiassé est depuis le 17 juin 2007, le nouveau préfet de la ville d’Abidjan. A la faveur de la nouvelle année 2010, le gouverneur s’est ouvert à « Nuit & Jour » pour se prononcer sur les dossiers brûlants qui minent son département, notamment, la stabilisation de la chefferie traditionnelle et les sempiternels conflits fonciers dans la région des Lagunes. Il parle aussi de ses rapports avec le Président Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.

Monsieur le préfet de la ville d’Abidjan, cela fait maintenant plus de deux années que vous avez été nommé à la tête de la préfecture d’Abidjan. Quel bilan pouvez-vous donc dresser aux Ivoiriens ?

Je voudrais tout d’abord adresser mes meilleurs vœux de l’année 2010 à votre quotidien « Nuit & Jour » qui a pu se frayer un passage dans un environnement assez difficile de la presse que nous connaissons tous, et également formuler les mêmes vœux aux populations ivoiriennes de même qu’au personnel de la préfecture d’Abidjan. Je souhaite ardemment que l’année 2010 apporte définitivement la paix et la stabilité à notre cher pays, la Côte d’Ivoire. Pour revenir à votre question, je dirai tout simplement qu’il faut laisser les Abidjanais et les Ivoiriens juger eux-mêmes l’action de la préfecture mais pas celle du préfet. Parce que nous travaillons de façon collégiale avec nos conseillers, nos secrétaires généraux et tous les agents de la préfecture. Toutes les décisions de la préfecture sont donc prises de façon collégiale car le préfet a son idée, les autres collaborateurs ont les leurs et c’est la somme de tout cela qui fait prendre la décision au préfet. Ceci étant, je voudrais préciser que depuis notre nomination à Abidjan, nous nous sommes attelés à effectuer quelques missions dont la principale était la stabilité de la chefferie traditionnelle. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, nous avons pu asseoir cette stabilité au point où il n’est donc plus question, au sein de cette chefferie, de coups d’Etats pour des intérêts égoïstes et pécuniers. Par le passé, les gens se réunissaient pour destituer un chef de village sans aucun motif valable et cela était entériné par le préfet, non ! Cela est terminé. Ce temps est désormais révolu ! Nous n’entérinerons plus de coups d’Etat ! Désormais, lorsqu’on a des griefs contre le chef, on écrit au préfet pour lui expliquer ce qu’on reproche à ce chef. Le préfet à son tour prend ce document et le remet à l’ancienne chefferie pour lui faire part de ces griefs tout en lui demandant de répondre point par point à ces reproches. Après donc sa réponse, on fait le croisement et s’il avère que ces griefs sont fondés, on le destitue, dans le cas contraire, on le maintient à sa place. Nous avons opté pour cela parce que nous pensons que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce qu’on prouve sa culpabilité et cette présomption d’innocence pour nous est importante. Et c’est pour cela que nous disons qu’il faut stabiliser la chefferie traditionnelle et une fois que cela est fait, les autres problèmes sont résolus.

A part cela, quelles autres grandes actions, avez-vous menées ?

Nous avons aussi réussi à faire comprendre aux villageois que le développement de nos villages incombe au premier chef, aux villageois eux-mêmes. Et que l’argent qu’ils obtiennent et qui se chiffre très souvent à des millions de nos francs ne doit plus être partagé. Il doit servir à développer le village. Dieu merci, ils nous ont compris et ont décidé d’agir désormais comme nous le souhaitons. En plus, nous avons attaqué le problème du foncier qui, pour nous, est un problème extrêmement sérieux. Et nous pensons que pour le régler, il faut être soi-même au-dessus de tout soupçons. Donc l’administration s’est mise au-dessus des problèmes et des querelles fonciers. Il n’est pas question pour nous, agents de la préfecture, de prendre de l’argent ou des terrains aux populations. Parce qu’en le faisant, nous avons les mains liées et nous ne pouvons plus, dans la justice, la transparence et l’équité, gérer ce problème d’extrême importance. Nous sommes aussi en train de régler d’autres problèmes tels que le foncier rural, c`est-à-dire, des parcelles, des terres qui appartiennent à des communautés villageoises qui sont occupés par des gens qui ont certes de titres fonciers mais qui, malheureusement, n’ont pu faire la purge des droits coutumiers. A telle enseigne qu’aujourd’hui, il y a un risque de soulèvement au niveau des populations, parce que mécontentes, elles veulent absolument se faire dédommager. Nous sommes donc en train de négocier avec les propriétaires de ces parcelles pour voir dans quelle mesure on peut les aider à rentrer dans leurs droits. Il y a donc un certain nombre de problèmes que nous réglons depuis que nous sommes à ce poste et nous pensons que ceux-ci ne peuvent être réglés si que dans la crainte de Dieu, nous nous appuyons sur la loi, rien que la loi. Il ne s’agit donc pas de suivre les hommes, mais surtout les textes et la loi.

Vous étiez préfet en service à Katiola avant la crise du 19 septembre 2002 et aujourd’hui, vous vous retrouvez à Abidjan en tant que préfet de la région des Lagunes. Selon vous, qu’est-ce qui a milité en faveur de votre choix par le chef de l’Etat ?

D’Abord, je voudrais indiquer que c’est une grâce de Dieu de me retrouver ici à Abidjan comme préfet de la région des Lagunes. En suite, la question qu’il faut se poser est de savoir si le préfet de Katiola avait le grade requis pour être nommé préfet de la région des Lagunes. Je pense donc que de Katiola à Abidjan, c’est la rigueur, la compétence et le dévouement qui ont prévalu dans cette nomination.

Pourtant, on dit de vous que vous êtes l’homme du Président Laurent Gbagbo et que c’est d’ailleurs pour cela que vous avez hérité de ce poste « prestigieux » ?

En ce moment-là, il fallait aussi m’accuser de 1986 à 1993 d’être l’homme Président Houphouët, de 1993 à 1999 d’être celui du Président Bédié, de 99 à 2000 d’être l’homme du général Robert Guéi puisque j’ai servi toutes ces hautes personnalités avec le même engagement et la même volonté. Ce que vous devrez savoir, c’est qu’un préfet qui n’a pas la confiance du chef de l’Etat ou du gouvernement ne peut pas travailler. Dans notre déontologie, un préfet doit être loyal et fidèle au chef de l’Etat et au gouvernement. Puisqu’on ne peut représenter quelqu’un et en même temps aller contre ses idées ou sa politique. Ça, c’est le principe dans notre métier. Ou bien nous le sommes et l’administration préfectorale existe, ou alors il n’y a pas parce que celui qui est le préfet s’érige contre la politique du gouvernement. Car le préfet représente le chef de l’Etat mais le décret n° 74265 fait aussi de celui-ci, le représentant de chacun des ministres et il faut que la population ivoirienne comprenne la chose de cette façon. Elle doit surtout comprendre qu’un préfet qui n’est pas loyal au chef de l’Etat et qui n’a pas sa confiance doit démissionner.

On vous accuse aussi de tenir un discours anti-Dioula et anti-nordiste. Qu’en dites-vous ?

Ceux qui tiennent un tel discours ne me connaissent pas réellement. En ce qui concerne, sachez simplement que je ne me reconnais pas dans de telles allégations et je laisse les auteurs libres de leurs opinions. Cependant, je puis vous dire que tous les discours que j’ai tenus depuis ma nomination sont enregistrés et les cassettes sont là, disponibles au sein de ma cellule de communication. Nous avons pensé à un moment donné qu’être préfet à Abidjan était de la représentation compte tenu du fait que tout le gouvernement, le chef de l’Etat et toutes les institutions étaient présentes. Mais nous nous rendons compte aujourd’hui que les problèmes sont très nombreux. Peut-être que cela est dû au fait que la préfecture a été fermée pendant six (6) années et que beaucoup de dossiers sont restés en suspens, même si d’autres ont été traités par la direction générale de l’administration du territoire. Aujourd’hui, nous avons un objectif qui est de stabiliser la chefferie traditionnelle et par la grâce de Dieu, nous sommes en train de réussir ce pari ; parce qu’il n’est plus question à Abidjan de se réunir en famille pour destituer un chef de village. Et c’est cela le plus important. Si non, ceux qui m’accusent de tenir un discours anti-dioula ne savent pas de quoi ils parlent réellement.

Réalisée par Michel Ziki
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ