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Politique Publié le mardi 5 janvier 2010 | Notre Voie

Gbagbo, Bédié, Ouattara - Pourquoi une charte de la paix ne s’impose pas

Une charte de la paix entre Gbagbo, Bédié et Ouattara en vue d’une période électorale et post-électorale apaisée. C’est la trouvaille du RDR. Une idée qu’on aurait qualifiée de louable si les expériences du passé ne rendaient pas cette option inopérante et inutile. Le RDR, parti politique dirigé par Ouattara, veut qu’une charte dite de la paix soit signée entre le Président de la République, Laurent Gbagbo ; l’ex-Président, Henri Konan Bédié et l’ex-Premier ministre, Alassane Ouattara ; tous trois, principaux candidats à l’élection présidentielle. Adama Bictogo, directeur régional de campagne de Ouattara dans l’Agnéby, a été chargé de rendre publique, cette idée. Cela le 31 décembre 2009, à Abidjan au cours d’une conférence de presse. «Qu’au terme des élections de 2010, la Côte d’Ivoire sorte vainqueur et que ces élections se déroulent dans un climat apaisé. Pour cela, mon souhait le plus ardent, c’est d’appeler les grandes forces politiques, en particulier, les trois grands leaders qui ont cristallisé les débats pendant quinze ans, qui ont focalisé tous les regards des Ivoiriens sur leurs faits et gestes, c’est-à-dire, Laurent Gbagbo, Président de la République ; l’ancien Premier ministre, le docteur Alassane Dramane Ouattara, président du rassemblement des républicains (RDR) et l’ex-Président Henri Konan Bédié du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à la signature d’une charte. Que le facilitateur, dans un dernier élan, les y engage. Laquelle charte sera pour nous, la charte de la paix, la charte de l’engagement devant le peuple de Côte d’Ivoire, la charte du gage d’une paix durable, mais surtout une charte qui devra permettre à chacun d’entre eux de reconnaître le vainqueur quel que soit l’élu, à la suite des élections organisées de façon transparente. Le plus important est que le peuple ivoirien soit apaisé, à la suite de l’engagement qu’ils auront tous pris devant le facilitateur». Ces propos d’Adama Bictogo rapportés par le quotidien gouvernemental Fraternité Matin, dans son édition N°13544 du samedi 2 janvier 2010, livrent dans un sous-entendu les vraies raisons de cette idée de charte de la paix. «Une charte qui devra permettre à chacun d’entre eux de reconnaître le vainqueur quel que soit l’élu, à la suite des élections organisées de façon transparente. Le plus important est que le peuple ivoirien soit apaisé à la suite de l’engagement qu’ils auront tous pris devant le facilitateur». Que faut-il réellement comprendre par cette déclaration ? Quand on sait la place prépondérante qu’occupe de M. Bictogo dans l’équipe Ouattara, on peut aisément affirmer que ces propos sonnent comme une mise en garde contre toute défaite du candidat du RDR à l’élection présidentielle. Si Ouattara perd la présidentielle, le RDR criera à la fraude, à des élections non transparentes. Et la suite, l’on devra l’imaginer aisément. C’est la violence, la chienlit de nouveau pour le pays. Adama Bictogo estime que seule «la charte de la paix» du RDR pourra «sauver» le peuple ivoirien. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une tentative subtile de chantage du RDR envers les populations de Côte d’Ivoire. D’autant qu’à travers l’Accord de Ouagadougou que tous les acteurs politiques ont accepté, les conditions d’élections présidentielles transparentes et crédibles ont été établies. Ni Ouattara ni le RDR n’ont jamais publiquement dit qu’ils sont opposés au mode opératoire appliqué par la Commission électorale indépendante (CEI) et les opérateurs techniques dans l’organisation de la présidentielle. Respecter les valeurs démocratiques Après quinze années d’une guerre des héritiers d’Houphouët qui a mis face-à-face Bédié, Ouattara et Guéï, causant de nombreux torts à la Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle de 2010 offre l’occasion de départager démocratiquement Bédié et Ouattara, ainsi que l’opposant historique d’Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo. Ce que les Ivoiriens et les observateurs attendent, c’est que les valeurs démocratiques triomphent. Que les uns et les autres les acceptent. Que les vaincus acceptent, au nom de la démocratie, la victoire du vainqueur. Que la voie des armes et des coups d’Etat soit totalement abandonnée. C’est le sens profond de l’Accord de Ouagadougou adoubé par l’ONU et l’UA. Gbagbo, Bédié et Ouattara sont tous membres du cadre permanent de concertation (CPC), une structure de contrôle de l’Accord de Ouaga présidé par le facilitateur Blaise Compaoré. Qu’apporte de nouveau une charte de la paix ? Surtout quand on sait que les différents partis et mouvements politiques ont signé le 24 avril 2008 à Abidjan, en présence du SG de l’ONU, Ban Ki-Moon, un code de bonne conduite qu’ils n’ont jamais respecté. Avant la présidentielle d’octobre 2000, Guéï, Gbagbo, Ouattara et Fologo (pour le PDCI) avaient signé un document à Yamoussoukro sous l’égide de feu Gnassingbé Eyadema, pour des élections apaisées et un gouvernement d’ouverture. Lorsque Gbagbo a remporté la présidentielle, Ouattara a demandé à Fologo de se joindre à lui pour créer la chienlit. Face au refus de Fologo, Ouattara a préféré y aller seul. La violence instaurée par le président du RDR en octobre 2000 a causé des centaines de morts. Robert Guéï, de son côté, n’a pas accepté sa défaite dans les urnes. Il a brandi le glaive avant d’abdiquer face au mouvement populaire. Forum de la réconciliation nationale et gouvernement d’ouverture, Laurent Gbagbo a tout donné dans le respect de l’engagement pris face à Eyadema. Cela n’a pas empêché Ouattara de lever une rébellion armée contre le nouveau Pouvoir en septembre 2002. Le jeudi 24 avril 2008, un code de bonne conduite comportant 20 articles fut signé entre les partis et mouvements politiques sous le parrainage du SG de l’ONU, Ban-Ki Moon. Dans l’article 1 de ce code de bonne conduite, les différents signataires dont le PDCI, le FPI et le RDR, se sont engagés à «soutenir la tenue d’élections démocratiques, libres, ouvertes et transparentes organisées par la Commission électorale indépendante (CEI). Ils s’engagent à respecter le verdict des urnes. Ils s’engagent également à n’utiliser que la procédure judiciaire prévue par les lois pour contester éventuellement les résultats des élections». Comme on le voit, une nouvelle charte de la paix ne s’impose plus entre Gbagbo, Bédié et Ouattara. Il suffit seulement de respecter celui qui existe déjà. A savoir le code de bonne conduite. Cette élection présidentielle qui est celle de la confrontation des programmes de gouvernement et de société des différents candidats permettra à l’élu de mettre en application le sien. Il lui faudra pour cela gouverner avec son équipe. Aucun gouvernement d’ouverture ou d’union nationale n’apparaît plus nécessaire à nos yeux. A preuve, celui imposé au Président Gbagbo depuis l’Accord de Linas-Marcoussis est plus un patchwork fait de «crabes, grenouilles, serpents, etc.» qu’une équipe véritable orientée dans la même vision du développement et de la démocratie que le chef de l’Etat.
Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
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