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Politique Publié le mardi 5 janvier 2010 | Le Nouveau Réveil

Pourquoi Gbagbo n`ira pas aux élections en mars : Ce que le chef de l`Etat prépare pour atteindre octobre 2010

Selon la dernière réunion du Cadre permanent de concertation (Cpc), le premier tour de la présidentielle ivoirienne devrait se tenir entre la fin février et le début mars 2010. Mais, tout porte à croire aujourd'hui que le Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, n'est pas prêt à aller aux élections dans cette période. Et s'il n'est pas prêt, il pourrait tout mettre en œuvre pour que l'échéance soit repoussée. Voici pourquoi il n'ira pas aux élections en mars. Dans le communiqué final qui le sanctionne, la sixième réunion du CPC tenue à Ouagadougou le jeudi 02 décembre 2009, dit en son point 9 : " En conséquence, les Membres du CPC ont entériné les étapes ci-après proposées par le Président de la CEI : o Décembre 2009 : gestion du contentieux de la liste électorale provisoire ; o Janvier 2010 : production et publication de la liste électorale définitive, des listes d'émargement par bureau de vote ainsi que des cartes d'électeurs et des cartes nationales d'identité ; o Février 2010 : distribution des cartes d'électeurs et des cartes nationales d'identité et campagne électorale ; o Fin Février- début Mars 2010 : premier tour de l'élection présidentielle. ". Au retour de cette réunion, la question la plus partagée était de savoir si cette fois-ci, les différentes parties sont sincères et prêtes à y aller. Seulement 24 heures après cette importante réunion, le Chef de l'Etat qui revenait de Ouagadougou a dit, dès sa descente d'avion, qu'il opterait pour début mars. Soit la date la plus reculée de l'intervalle fixé par le Cpc. Mais, ce que les observateurs ont remarqué est qu'avant même de se rendre pour la réunion de Ouagadougou, le Chef de l'Etat avait établi un plan d'organisation du cinquantième anniversaire de l'Indépendance de la Côte d'Ivoire prévue pour le 07 août 2010 auquel il accorde une attention particulière au point de nommer déjà un de ses nouveaux chantres Pierre Kipré, Ambassadeur de la Côte d'Ivoire à Paris. Pour la cause, ce dernier a déserté ses bureaux parisiens. Selon des indiscrétions dans les couloirs du Palais, cette débauche d'énergie avant la lettre signifie clairement que Laurent Gbagbo veut célébrer le cinquantenaire en étant Chef de l'Etat. Or, en cas d'élection propre avant août 2010, ce n'est pas sûr que son rêve se réalise. Il lui faudrait alors absolument faire repousser la date de l'élection présidentielle au-delà d'août 2010. Et c'est là, selon nos sources, qu'entre en jeu le second plan qui consiste en ceci : détourner l'attention des Ivoiriens des choses politiques d'ici la fin août au moins.
Le mirage sportif pour tromper la vigilance
Dans quelques jours seulement, la Coupe d'Afrique des nations de football s'ouvrira en Angola, le pays de José Edouardo Dos Santos, le socialiste, l'ami de M. Gbagbo. La Côte d'Ivoire qui fait partie des plus grandes équipes de football du continent ne part donc pas en territoire inconnu. Elle peut même compter sur les supporters amis de l'Angola en cas de besoin. L'ambition légitime du Chef de l'Etat ivoirien est donc que son pays remporte le trophée continental. Mais derrière cette ambition sportive, pend une récupération politicienne éhontée. Des indiscrétions font état de ce que le Chef de l'Etat serait prêt à tout pour que les Eléphants remportent le trophée. Et quand on dit prêt à tout, on parle des moyens colossaux à donner à la Fédération ivoirienne de football (Fif) pour que tous les obstacles à la victoire finale soient levés. Que ce soit sur le rectangle vert, dans les vestiaires, dans les QG, dans le sous-sol de la compétition, dans la haute sphère de décision ou dans la communication sportive. Le Président veut sa coupe, et il doit l'avoir. Si ce n'était que pour le plaisir du peuple ivoirien, on l'aurait applaudi des deux mains. Quand la coupe sera gagnée, on sera en février. De retour au pays, on prendra des semaines et des semaines pour faire tourner dame coupe dans toutes les contrées du pays, pour organiser dans chaque commune qui le veut des fêtes de reconnaissance au Chef de l'Etat qui a permis aux Eléphants de gagner, pour recevoir les héros de Luanda. Le début mars, prévu pour le premier tour de la présidentielle sera ainsi noyé dans la ferveur de la coupe d'Afrique et il ne viendra à l'esprit de personne de s'en prendre à Gbagbo, l'artisan de la victoire qui relance l'image de la Côte d'Ivoire. Et pourquoi pas organiser le premier dimanche du mois de mars une grande journée d'hommage aux Eléphants ! Cela éloignerait beaucoup l'élection !
La recherche du bilan à présenter
Après la Can, les préparatifs du Mondial de juin 2010 en Allemagne. Dans la dynamique de la victoire, là aussi des moyens seront dégagés et mis à disposition. A deux petits détails près. D'abord, l'objectif ne sera pas forcément de remporter le Mondial, mais d'emballer tous les Ivoiriens dans cette aventure avec l'espoir de voir les Eléphants réussir un exploit. La fièvre du Mondial qui durera jusqu'en juillet 2010 occupera tant et si bien les Ivoiriens que nul ne songera sérieusement aux élections.
Dès le mois de juillet, le phénomène du Mondial sera remplacé par la fièvre du cinquantenaire. Une batterie publicitaire sera déployée au point de noyer toutes les autres activités jusqu'à mi-août. La célébration de ce cinquantenaire sera l'occasion rêvée du Chef de l'Etat d'exposer en face de la Nation "patriotique" sa vision de la "Nouvelle Côte d'Ivoire et de l'Ivoirien Nouveau" dont Affi N'guessan, président du Fpi s'est déjà fait le chantre depuis le 25 décembre dernier. Si l'Amu a échoué, si la libéralisation de la filière café-cacao a échoué, si l'école gratuite et la libéralisation de la tenue scolaire ont échoué… le Chef de l'Etat pourrait alors brandir les trophées gagnés à la Can, la bonne prestation au Mondial et dans la ferveur annoncer le changement du nom de la Côte d'Ivoire et le nouvel Hymne national destinés à "effacer l'ère Houphouët-Boigny" comme il l'a dit lui-même. C'est seulement s'il obtient satisfaction de toutes ces étapes et s'il est sûr de maîtriser totalement la machine électorale qu'il pourrait proposer la date qui l'arrange le mieux pour la présidentielle. On sera alors en octobre 2010. Il aura réussi à tirer tout le monde par le bout du nez et à le tenir en laisse jour après jour. Il serait vraiment en roue libre de se proclamer vainqueur avant la fin du dépouillement, puisque dans l'esprit de tous, il aurait réussi à se faire passer pour le rédempteur. Comprenne qui pourra.
Eddy PEHE
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