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Politique Publié le jeudi 7 janvier 2010 | Notre Voie

Gbagbo à propos des élections : “Il faut aller vite, mais il faut aller bien”

En réaction à l’adresse du corps diplomatique, hier, au cours de la présentation des vœux, le président de la République a fait des précisions sur les mouvements intempestifs de grève. Il s’est prononcé sur le processus électoral. Ci-dessous la première partie de son intervention. Je voudrais souhaiter la bonne année à tous les diplomates ici présents. Je voudrais que la paix du Seigneur soit sur eux et sur leurs familles. Qu’ils transmettent aux Souverains qui les ont mandatés les vœux très sincères de la Côte d’Ivoire ; vœux de paix, vœux de bonheur et que les relations qui nous unissent soient des relations sereines, empreintes de sincérité, de cordialité. Depuis quelques temps, sur le front international, il y a tantôt un bon vent, tantôt un mauvais vent. Or, les relations internationales nous concernent tous. L’Apartheid est derrière nous. La colonisation est derrière nous. Mais, on a encore quelques problèmes qui tendent à prendre fin. Le Président Obama avait annoncé de bonnes choses sur l’Irak. Nous attendons. Nous l’encourageons. Nous attendons. Il a annoncé de bonnes choses sur les camps de Guantanamo ; il a répété cela encore il y a quelques jours. Nous souhaitons cela. Tout ce dont je parle, c’est pour apaiser le climat mondial, le climat international. Parce que quand le climat est tendu dans le monde, les grands pays se battent entre eux mais nous les petits pays, nous sommes écrasés. Or, nous ne voulons pas être écrasés. Donc, nous préférons que les grands s’entendent pour que nous ne soyons pas écrasés en bas. Pour que nous puissions respirer. Il faut que le Nord aille vers la détente ; une détente réelle, une détente véritable. Monseigneur, vous avez dans votre adresse à la Côte d’Ivoire, à ses autorités et à son peuple, soulevé beaucoup de points. Je voudrais, en réponse soulever- je parlerai tout à l’heure des élections dont vous avez parlé abondamment- un problème qui est important pour la Côte d’Ivoire ; non seulement pour la sortie de crise mais aussi pour la vie même de la Côte d’Ivoire. Ce sont les grèves à répétition. Cela fait bientôt dix ans que je suis Président. Nous avons eu 83 grèves et dix-huit mois non ouvrés, C’est-à-dire que si on comptabilise les jours de grève, cela fait dix-huit mois. Les gens se mettent en grève. Alors, quand je prends des décisions, les grévistes sont un peu surpris. Mais, je voudrais expliquer que la démocratie, c’est la liberté. Mais, il n’y a pas de liberté sans limite. La démocratie autorise les grèves. Mais la démocratie autorise aussi les patrons à bloquer les salaires de ceux qui décident d’aller en grève. Ce qui fait que quand on va en grève, on sait qu’on va avoir le salaire coupé. Et on s’en va en grève. La démocratie fait cela parce que s’il n’y a pas d’instruments de rétorsion, il n’y aura pas de travail. Parce que chaque être humain aimerait bien rester tranquille à la maison, sans travailler et être payé. J’ai rencontré un ami européen qui me disait qu’il n’y a qu’en Afrique que les gens font la grève. Ils ne travaillent pas et on les paie. Il a raison. Alors que dans notre loi, celui qui fait la grève, on doit couper dans son salaire. Mais, ici, quand on coupe le salaire de celui qui se met en grève, c’est comme si on est contre lui. Moi, qui vous parle, j’ai fait au moins dix grèves quand je travaillais ; mais à chaque fois on m’a coupé le salaire. Et je n’ai jamais fait de délégation pour demander à ce qu’on rétablisse les salaires. Jamais. Parce que c’est en connaissance de cause qu’on rentre dans la grève. Donc, il faut que les Ivoiriens comprennent que le droit de grève est assorti du droit à ne pas avoir de salaire. Le salaire est la contrepartie du travail qu’on donne ; du travail qu’on fait. Si on ne travaille pas, on n’est pas payé. Il faut que cela soit compris par tout le monde et je choisis cette séance solennelle pour le dire. Mais, en plus de cela, j’ai soulevé le problème de grève pour quoi ? Parce qu’il y en a qui viennent : «Il faut qu’on augmente les salaires». Je n’augmenterai rien. Et je voudrais le dire très solennellement, ici. Je n’augmenterai rien. Pourquoi ? Parce que j’ai trouvé un endettement excessif ; 6400 milliards de dettes pour la Côte d’Ivoire, c’est trop. Nous étions amenés à payer la dette à hauteur de 700 milliards par an. Nous travaillons aujourd’hui avec le Gouvernement pour que cette dette soit réduite. Nous avons fini la première partie qui a consisté à serrer la ceinture, pour payer un peu à la Banque Mondiale et un peu à la BAD ; 108 milliards à la Banque Mondiale, 100 milliards à la BAD. Nous avons fait des efforts. Ils ont été très durs. Mais, nous avons passé le cap. Nous avons discuté. Nous avons atteint le point de décision mais cela ne veut pas dire qu’on a annulé la dette. Cela veut dire que maintenant, nous avons des efforts à faire pour qu’on annule les dettes. Et qu’on nous regarde ; qu’on nous surveille. Notre masse salariale a doublé depuis que je suis au pouvoir. Tout les Corps des administrations ont vu leur pouvoir d’achat augmenter. Il n’y en a pas un seul qui n’ait pas vu son pouvoir d’achat augmenté. J’ai été juste. J’ai été généreux. Mais, j’ai été généreux parce que j’avais de quoi être généreux. Maintenant, pour que je sois encore plus généreux, il faut qu’on me réduise totalement la dette. C’est-à-dire qu’il faut qu’on attende le point d’achèvement. Je suis donc en partenariat avec le FMI, la Banque Mondiale, la BAD, l’Union Européenne, les Etats-Unis, tout le monde. Pour que nous leur montrions notre volonté à maitriser notre masse salariale pour que le point d’achèvement arrive. Avant que le point d’achèvement n’arrive, je n’augmenterai pas un sou sur les salaires de quiconque. Donc, les gens peuvent se mettre en grève. S’ils se mettent en grève, les résultats qu’ils vont récolter, c’est seulement qu’ils n’auront pas leurs salaires. C’est tout ce qu’ils vont récolter. Sinon, ils ne vont pas récolter une augmentation de salaire. Mais, je suis si ferme et si clair parce qu’il s’agit de bien général. Le Nonce Apostolique a parlé tout à l’heure de la pauvreté grandissante. J’en dirai peut-être un mot tout à l’heure. Mais, il s’agit du bien général. Le point d’achèvement, c’est pour toute la Côte d’Ivoire. L’augmentation du salaire de tel bord, c’est pour seulement ces quelques Fonctionnaires. Entre un Corps de Fonctionnaires et l’ensemble de la Côte d’Ivoire, je choisis et je choisirai toujours l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Donc, de maintenant jusqu’au point d’achèvement, je n’augmenterai rien du tout comme salaire et il faut que cela soit clairement entendu des pays, parce que nous avons commencé à discuter déjà avec le Club de Paris. Certains pays devancent déjà. Ils remettent tout ou une partie de leurs dettes. Je les en remercie. Certaines institutions anticipent en nous aidant, mais, c’est pour des tâches bien précises. C’est pour des travaux bien précis. Vous avez lu comment Abidjan était une poubelle. Nous sommes peut être pauvres mais si nous sommes en bonne santé, c’est bon. Mais vivre à Abidjan, c’était vivre dans la maladie. Avec l’aide de la Banque Mondiale, nous avons réussi déjà à enlever plus de 4000 tonnes de déchets. Ce n’est pas encore fini. On va continuer. S’il y a encore des saletés ici et là, c’est parce que le problème n’est pas résolu définitivement. Il nous faut trouver comment caser les saletés ou bien comment les détruire. En même temps, ne pas toucher aux nappes phréatiques qui desservent Abidjan. Abidjan a maintenant des problèmes d’eau. La plus grande nappe phréatique que nous avons aujourd’hui se trouve vers Bonoua. Donc, il nous faire ces deux choses en même temps. Je remercie la Banque Mondiale. Je remercie tous ceux ici présents, les Etats-Unis, la Japon, la France, l’Espagne, la Chine… Tous ceux qui nous ont aidés en nous donnant une partie ; en nous remettant une partie de nos dettes. Je les remercie. Je remercie l’Arabie Saoudite et les pays arabes qui nous prêtent à des taux très fraternels pour faire les grands travaux que nous avons à faire. Mais, l’heure n’est pas à l’amusement aujourd’hui. Et j’ai toujours dit que tout cela faisait partie de la sortie de crise. On ne peut pas dire seulement que la sortie de crise, c’est de chercher à faire des élections. Chercher à faire en sorte que le Gouvernement qui sera mis en place ait les moyens de travailler vite pour construire les écoles ; pour mettre les filles à l’école. Les filles ne sont pas à l’école. En tout pas, elles le sont insuffisamment. J’ai parlé hier avec la Banque Mondiale de mon projet de 10 lycées de jeunes filles en Côte d’Ivoire. Au début, j’en voulais 3, maintenant, j’en veux 10. Et je crois qu’en parlant, cela va se faire. Mais il faut qu’on rattrape. Il faut que les filles aillent à l’école. Il faut que les jeunes aillent à l’école aussi. Donc voilà sur ce point là, la clarification que je voulais faire. Maintenant sur les élections. Le Président Beugré Mambé est assis là. J’ai dit et je répète qu’il faut que nous l’aidions. Il faut que nous l’aidions lui-même mais toute la CEI (ndlr : Commission Electorale Indépendante) à aller vite. Aujourd’hui, j’ajoute qu’il faut aller vite mais qu’il faut aller bien. Il faut aller vite mais il faut aller bien. Monseigneur, dans la Constitution, le mandat présidentiel est de 5 ans. Moi, j’ai été élu une fois, mais cela fait 10 ans que je suis Président. C’est qu’il y a quelque chose. C’est qu’il y a un problème. Si on ne tient pas compte de ce problème, et qu’on dit : «Ah cela fait 10 ans que Gbagbo est là !», on ne dit rien. On ne bouge pas. Dans la Constitution, un mandat normal est de 5 ans. Moi, pour une élection, j’ai deux parts. Il y a un problème ! Evidemment, ces deux parts, elles sont constitutionnelles. Donc, je ne les ai pas volées. Mais, même si je ne les ai pas volées, il nous faut retomber sur la normalité. Il faut aller sur la normalité. Il faut aller sur la normalité. Mais pourquoi y a-t-il eu problème ? Le problème, c’est que des Ivoiriens ont estimé qu’ils étaient laissés pour compte ; qu’ils n’avaient pas de cartes d’Identité, qu’on ne s’occupait pas d’eux et qu’on ne les considérait pas comme des Ivoiriens. Et moi-même en tant que Député et Secrétaire Général à l’époque du Front Populaire Ivoirien (FPI), je suis allé faire ma tournée dans le Nord, plus précisément à Minignan. Quelqu’un m’a dit dans son discours : «M. Gbagbo, si vous pouvez nous aider, aidez-nous. Nous, nous ne sommes pas des guinéens, mais, la Côte d’Ivoire nous a oubliés». Je n’oublierai jamais cette phase que j’ai répétée partout.
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