Des accusations d`une extrême gravité proférées avec une légèreté déconcertante par les soins du chef de l`Exécutif ivoirien contre le président d`une institution de l`Etat. Robert Beugré Mambé est accusé de manipulation sur le fichier électoral, il lui est reproché d`avoir introduit frauduleusement 400.000 noms de personnes dans le fichier électoral. Amusant tout cela, car il suffit de consulter la liste électorale provisoire pour savoir qu`il n`en est rien. Gbagbo et ses partisans ont été maladroits sur toute la ligne. Et M. Beugré Mambé qui est rentré de mission hier après-midi a tout à fait raison de garder son calme et sa sérénité. Il ne s`est pas empressé de convoquer la presse pour faire une déclaration à sa descente d`avion pour s`expliquer et se dédouaner. Le président de la Cei est rentré tranquillement chez lui, il reprendra le travail ce matin. Selon ses proches, il présidera une importante réunion de la commission centrale de la Cei qui va consacrer largement son ordre du jour à cette question de fraude présumée. Sur ce sujet, il faut indiquer que beaucoup de rumeurs ont couru le week-end. On a parlé de graves décisions que le chef de l`Etat et son Premier ministre devraient annoncer au début de cette semaine. Que la tête de M. Beugré Mambé serait mise à prix. Le président du Fpi qui se trouvait à Guiglo a "demandé, selon son service de communication, la démission de M. Mambé pour rupture de confiance et la mise en œuvre de poursuites judiciaires pour toutes les personnes impliquées dans la manipulation du fichier, un audit du fichier et la réorganisation de la Cei pour en garantir sa neutralité". Dans le même élan, SE Alcide Djédjé et Mme Ouehouri Géraldine, conseillère juridique du président Gbagbo se sont rendus à Ouaga depuis samedi pour s`entretenir avec le facilitateur sur la question. L`opposition n`est pas demeurée en reste. Le Rhdp a décidé d`animer une conférence de presse ce matin pour prendre officiellement position sur le sujet. Nous sommes aux portes d`une crise politique majeure. Pour l`heure, le Premier ministre Guillaume Soro écarte l`hypothèse d`une démission du président de la Cei. Il a déclaré sur Rfi hier que pour lui, il n`est pas question que M. Mambé rende le tablier. Faut-il croire que c`est la décision de la Cei de ne pas aller dans le même sens que Gbagbo qui réclamait une prolongation de la période du contentieux qui a mis le feu aux poudres ? Fort possible. Car dans ce pays, il est interdit de dire non à Gbagbo, le chef suprême.
Akwaba Saint clair