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Politique Publié le lundi 11 janvier 2010 | Notre Voie

Fraude sur la liste électorale : Les non-dits du scandale Mambé-Gomis

Scandale de ce début du 21ème siècle pour la Côte d’Ivoire, l’affaire de la fraude sur la liste électorale dont sont coupables Beugré Mambé et Charles Gomis met au goût du jour, l’une des faces cachées de la guerre imposée à la Côte d’Ivoire. Cette conversation, nous l’avions eue en 2007 avec une source proche du RDR, quelque temps a près la nomination de Guillaume Soro par le Président Laurent Gbagbo comme nouveau Premier ministre, suite à la signature de l’accord de Ouagadougou. «Les dirigeants du parti (RDR, ndlr) ne sont pas contents que Soro ait accepté le poste de Premier ministre proposé par Gbagbo. Mais comme il leur a répondu qu’il ne trahira personne, ils l’attendent au moment de la confection de la liste électorale», a-t-il soutenu. «Pourquoi la liste électorale ?», lui ai-je rétorqué. «Cher ami, tu verras le moment venu.

Tout se passera au tour de la composition de la nouvelle liste électorale. C’est à ce moment-là qu’on verra si Soro est sincère et s’il n’a pas trahi la mission des FN», a conclu notre source. La mission des FN (forces nouvelles, ex-rébellion armée) dont parle notre source se résume à mettre Alassane Dramane Ouattara au pouvoir par tous les moyens. Au RDR, l’on continue de taxer, aujourd’hui, le Premier ministre, Guillaume Soro, d’avoir «trahi la mission» parce qu’il affiche une volonté farouche d’impartialité dans la conduite du processus électoral. Ce n’est visiblement pas une telle attitude que ni le RDR ni le RHDP attendent de lui. Le premier non-dit que présente à l’opinion, cette affaire de fraude sur la liste électorale, c’est que le roseau ne s’est pas brisé du côté de la Primature. Soro est resté ferme sur sa position d’impartialité. Le restera-t-il toujours ? Nous le saurons à compter de ce jour à travers les décisions qu’il prendra face à la grosse faute commise par le président de la commission électorale indépendante (CEI), Beugré Mambé, en complicité avec l’un de ses adjoints, Chares Gomis. La deuxième révélation est que «la mission» assignée aux FN par les commanditaires de la guerre imposée à la Côte d’Ivoire n’était pas seulement portée par les hommes en armes mais également par les civils. Ces derniers étaient conduits par le militant invétéré du PDCI-RDA, Beugré Mambé, élu président d’une CEI dont le bureau est contrôlé à une très large majorité par le RHDP et ses alliés. Bien qu’imprégné de «la mission» (mettre Ouattara ou Bédié au pouvoir par une fraude en amont), M. Mambé a longtemps joué le jeu de «la transparence». Il trompait ainsi la vigilance des uns et des autres, surtout le camp présidentiel et les acteurs impartiaux de la communauté internationale. «Lorsque vous échangez sur le processus électoral avec M. Mambé, il vous donne le sentiment d’un homme honnête, sans reproches, fatigué par les contraintes d’un processus harassant», confie une source anonyme proche de l’ONUCI. Un tel visage trompeur, le général Mathias Doué l’a affiché face aux Ivoiriens. La suite, on la connaît. Epuisé de porter le masque et sans doute pressé par le RHDP d’abattre les cartes, à quelques mois, de la tenue du premier tour de la présidentielle, Beugré Mambé se dévoile. Il bénéficie de la complicité de son vice-président, Charles Gomis, membre des instances du RDR, parti dirigé par Alassane Ouattara. Le troisième non-dit de cette opération visant à mettre frauduleusement 459 mille personnes sur la liste électorale, c’est qu’il expose pourquoi le RHDP, la France et autres pressaient tout le monde à aller aux élections, alors que visiblement, toutes les conditions n’étaient pas réunies. Dans une colère mal contenue, le porte-parole adjoint de la CEI, Bamba Yacouba, qui ne semblait pas approuver le report pour trois jours du contentieux électoral initialement achevé, le 6 janvier 2010, a soutenu qu’après le 9 janvier, la CEI n’était plus responsable du non-respect du calendrier de l’élection présidentielle.

Alassane Ouattara, de son côté, s’élevait contre tout nouveau report du scrutin. Il a même indiqué le 7 mars 2010 comme la date de la tenue de la présidentielle avant de demander à la CEI de rester ferme. Comme dans un chorus, Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, qui avait pourtant sollicité et obtenu auprès de la Présidence ivoirienne, une visite de «courtoisie» à Abidjan, se rétracte et avance un curieux préalable : que la Présidence de Côte d’Ivoire lui fixe la date de la tenue effective de l’élection présidentielle. Vague d’indignation sur les bords de la lagune Ebrié et réponse appropriée de l’Ambassadeur Alcide Djédjé, Conseiller diplomatique du Président Gbagbo, aux écarts du ministre français. Bernard Kouchner n’est plus le bienvenu à Abidjan. A l’analyse, toutes ces pressions relatives à la tenue de l’élection présidentielle participaient d’une stratégie visant à faire baisser la vigilance des partisans de la démocratie et de transparence sur le contentieux électoral. Afin que la liste électorale provisoire ne subisse pas de contrôle avant de devenir la liste définitive. Cette stratégie fut la même utilisée par les mêmes acteurs avant le lancement de l’opération de croisement des données. Puis avant la publication de la liste électorale provisoire. La dernière révélation, c’est la CEI qui dans sa version actuelle n’a jamais été neutre ni crédible. Pis, elle renferme de nombreux ennemis de la démocratie et de la transparence. Plus que jamais, il faut la dissoudre et bâtir une nouvelle Commission électorale véritablement indépendante. Qui pourrait être dirigée par un religieux ou un acteur intègre de la société civile. On pourrait peut-être se passer des partis politiques, pourquoi pas ?

Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr
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