La ficelle est tellement grosse que passée la stupeur, les Ivoiriens commencent à remuer la tête (de désapprobation) devant cette chanson entonnée par l'omni-président, celui-là même dont l'un des premiers devoirs est de protéger les institutions ivoiriennes contre toute atteinte de quelque nature que ce soit. Mais c'est lui qui, le premier, a accusé une institution ivoirienne d'avoir fait du faux. D'avoir fraudé. Il n'en fallait pas plus pour que les choristes qui, en réalité, attendaient dans les coulisses le premier signe du maître de chœur, reprennent la chanson dans tous les sens. Et tout de suite les grands mots : Dissolution, arrestation, audit de la Cei, poursuites judiciaires contre le baudet appelé Robert Beugré Mambé "qui a fait un travail excellent" comme le disait l'omni-président le jour de la remise du coffret contenant la liste électorale provisoire. Et comme "les vertus se perdent dans les intérêts comme les fleuves dans la mer", exit toutes les bonnes paroles d'hier. Exit la présomption d'innocence. Et la télévision. Et la radio. Et le quotidien gouvernemental. Tout le monde est à la manœuvre. Pour discréditer au maximum une institution de la République. Le vilain petit canard qui refuse de se laisser mener par le bout du bec. Et qui ne peut être qu'un ennemi de la Côte d'Ivoire. Contrôlée par des ennemis de la Côte d'Ivoire. Vous avez dit scandale ? Parjure ? Le quotidien gouvernemental, pour le démontrer, met gracieusement à notre disposition, la composition du bureau de la Cei. Pour que les " patriotes " c'est-à-dire ceux qui aiment vraiment ce pays, et qui sont uniquement dans le camp présidentiel, réalisent combien de fois leur pays est en danger. Mais quand on parcourt la liste des membres de ce bureau, on réalise avec stupeur que l'un des 4 vice-présidents est le représentant de l'omni-président. Dogou Alain, il s'appelle. Et des sources au sein de la Cei précisent que Dogou Alain est en réalité le vrai représentant (l'homme à tout faire, l'opposant à tout) du Fpi au sein de cette institution, celui sur qui compte tout le camp présidentiel , à l'exclusion de Bayoro Dagrou Salomon (Fpi), pour apporter toutes les informations fraîches, mais surtout exagérément grossies, à l'omni-président. Et dans cette affaire-ci, il a fait son travail. Si proprement qu'il aurait embarqué l'omni-président et son parti dans une aventure de laquelle ils ne peuvent sortir que perdants. Car de fraude, il n'y en a point eu. Et d'ailleurs ceux qui l'ont affirmé le samedi dernier parlent maintenant de tentative de fraude, ce qui n'est déjà plus la même chose. Et qui constitue en soi une défaite. Qui donc a fait croire à l'omni-président qu'il y a eu inscription frauduleuse de 429 mille personnes sur la liste électorale provisoire au point d'amener un chef de l'Etat qui est d'ailleurs l'un des acteurs clé du processus de sortie de crise à tomber dans l'émotion et à se comporter comme un petit militant de parti politique ? Dogou Alain serait-il passé par là ? Quoiqu'il en soit, Mambé n'ira pas en prison. C'est impossible. La Cei ne sera pas dissoute. C'est impossible. Le ministère de l'intérieur n'organisera pas les élections dans ce pays. Ce rêve, vieux de 10 ans, ne se réalisera pas. Ainsi va la politique…. Même si le quotidien gouvernemental a cru être de son devoir partisan d'écrire ceci : "Défendant des intérêts égoïstes, le président de la Cei a raté l'occasion unique de devenir, dans la jeune histoire du pays, le Horace des Ivoiriens. Son serment qu'il vient de violer est devenu un serment d'ivrogne, c'est-à-dire un parjure". Quand, même Fraternité Matin s'y met, c'est que la ficelle est trop grosse. Et démontre qu'il y a "du bruit pour rien". Et si on revenait maintenant au débat sur la faillite de la Sir ?
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO