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Politique Publié le mardi 12 janvier 2010 | Le Patriote

Conférence de presse de clôture / Alassane Ouattara à Laurent Gbagbo: “Allons aux élections avec les 5,3 millions d’électeurs validés”

Le candidat à l’élection présidentielle Alassane Dramane Ouattara a sillonné, du 6 au 10 janvier dernier, les villes d’Alépé, Adzopé, Akoupé, Agboville et Jacqueville. A l’issue de cette visite qui s’est déroulée dans une ambiance conviviale et fraternelle, ADO a animé sa traditionnelle conférence de presse de clôture. Occasion pour le président du RDR de se prononcer sur l’actualité sociopolitique du pays.

Introduction

Je voudrais commencer par vous souhaiter une très bonne année de paix et de prospérité. Que 2010 soit véritablement l’année des élections ! Et que nous puissions enfin sortir de cette crise par les urnes. En tout cas, mon souhait, c’est évident, est que nous puissions très rapidement nous mettre au travail pour mettre fin aux souffrances de nos compatriotes. Evidemment, la tournée s’est bien passée. Nous sommes allés à Alépé, Adzopé,Akoupé et Agboville. Nous avons sillonné les villes et sous-préfectures. Je pense donc que c’est une tournée qui s’est bien passée avec beaucoup d’enthousiasme et une bonne mobilisation. Elle a été d’ailleurs meilleure que ce que j’avais personnellement prévu. C’est pourquoi, j’ai félicité le Directeur régional de campagne Adama Bictogo et ses collaborateurs. Aujourd’hui (dimanche dernier, ndlr), nous avons fait Jacqueville qui fait partie des Lagunes. Et concernant cette région, nous avons déjà fait Sikensi, Grand-Lahou et Dabou. Sur cette base, nous avons visité 16 régions sur les 19 que compte notre pays. Il nous reste le Sud-Comoé, c`est-à-dire Aboisso et ses environs, le Worodougou et les Savanes. Il y a aussi deux départements dans la région du Bandaman que nous n’avons pas encore visité. Il s’agit de Katiola et Dabakala. Autrement, nous avons fait l’ensemble des régions et des départements du pays. Les choses se sont donc bien passées. Sur ce, je suis prêt à répondre à vos questions.

Questions-Réponses.

Question : Monsieur le Président, par rapport à la date de l’élection présidentielle, nous allons inéluctablement vers un autre report. Pourtant, quand vous faites vos meetings, vous continuez de rassurer vos militants sur la période de février-Mars. N’allez-vous vous pas vous décrédibiliser auprès de vos militants et sympathisants ?

Alassane Damane Ouattara : Effectivement, nous avons bien analysé la situation. C’est pourquoi, chaque fois qu’il y avait un dérapage, nous prolongions nos tournées. Nous avons ainsi fait 16 régions en sept mois. C’est dire que nous sommes dans les délais que nous nous sommes fixés nous-mêmes. C`est-à-dire, faire l’ensemble du pays avant les 15 jours de la campagne. Et nous sommes confiant que ces élections auront lieu en mars. Je pense que la Commission électorale a fait son chronogramme. Nous, nous prions pour que ce chronogramme soit respecté. Nous n’allons pas demander à la CEI de faire les élections à telle date. Mais, à Ouaga, elle nous a proposé un chronogramme. Elle nous a indiqué que ce chronogramme était confidentiel, mais, qu’elle avait un avis provisoire et qu’elle devait retourner dans ses bureaux pour fixer la date définitive. Nous, nous sommes tout à fait à l’aise. Pour nous, il n’y a plus de raison de retarder ces élections. D’ailleurs, nous avons tous rédigé le communiqué du CPC. Il est indiqué que décembre était pour régler le contentieux. Et qu’en janvier, on sortait la liste définitive et on fabriquait les cartes d’identité et les cartes d’électeurs. C’est dans ce calendrier que nous sommes. Le contentieux a pris fin le samedi 9 janvier. Ceci étant, le contentieux judiciaire commence. Il va se terminer huit jours après, c`est-à-dire entre le 17 et 21 janvier, si on enlève bien sûr les jours fériés. Et après les contentieux judiciaires, il faudra deux ou quatre jours à la Sagem pour sortir la liste électorale et produire les cartes. C’est ce qui est prévu par le CPC. La liste définitive va sortir avant la fin du mois de janvier. Les cartes d’identité et les cartes d’électeurs sont en fabrication. Et normalement, c’est en février que doit se faire la distribution des différentes cartes pour nous permettre d’aller aux élections, soit en fin février, soit en début mars. Evidemment, vous avez raison de constater qu’il y a une volonté de retarder les choses.

Récemment, nous avons vu le porte-parole du chef de l’Etat Gervais Coulibaly, qui a accusé la CEI sans bases réelles. Cela est lamentable. Ce sont les mêmes qui accusent toujours les autres sans preuves. La CEI n’a jamais donné de cassette, en tout cas, nous, nous n’avons jamais reçu de cassette. Deuxièmement, la gestion des contentieux n’est pas encore terminée. Le contentieux judiciaire est en cours. Et on se lève pour dire que Mambé a ajouté 429.000 personnes sur la liste. Mais, c’est faux ! Il faut qu’ils arrêtent de mentir. Rien n’a été ajouté à la liste validée des 5,3 millions. La CEI a fait un travail remarquable. Ceux qui seront retenus à la suite du contentieux seront ajoutés aux 5,3 millions pour pouvoir avoir la liste définitive. Qu’on arrête donc de mentir aux Ivoiriens. Moi, je souhaite que la télévision nationale tende aussi son micro aux responsables de la CEI afin qu’ils s’expriment, et disent aux Ivoiriens ce qu’il y a exactement. Ce n’est pas normal qu’on accuse la CEI d’avoir fait ceci ou cela, alors qu’elle n’a rien fait. Et d’ailleurs, moi, j’irai plus loin en disant que comme la liste des 5,3 millions a été validée par le CPC, alors, qu’on aille aux élections avec cette liste. Que tout le monde se réfère à cette liste de 5,3 millions. S’ils commencent des palabres sur les 1,3 millions concernés par le contentieux, alors qu’on les laisse et on va aux élections avec les 5,3 millions. En ce moment-là, les cartes d’identités et les cartes d’électeurs pourront être fabriquées dans les deux semaines. Et on va aux élections vers le 20 février. Il faut comprendre que nous ne pouvons pas traîner .indéfinitivement cette affaire. Dans tous les pays du monde, il y a une période d’inscription sur la liste électorale. On ne peut pas continuer dans cette situation. La liste des 5,3 millions a eu l’aval des Nations Unies, parce qu’elles estiment que c’est une liste équilibrée qui ne privilégie personne, ni le Nord ni le Sud. Elle ne privilégie aucun parti politique. Prenons donc cette liste et allons-y aux élections ! Comme, je le disais au meeting, ils ont tout simplement peur des élections. Et pourtant, il faut qu’on aille à ces élections pour que les Ivoiriens se prononcent et qu’on n’en finisse une bonne fois.

Q : Concernant le bilan de la gestion du gouvernement, le FPI et le camp présidentiel vous accusent d’être aussi comptable de cette situation. Puisque, selon eux, vous travaillez tous au sein de ce même gouvernement. Quel commentaire?

ADO : Je dirai que c’est totalement faux de dire que nous sommes comptable de la gestion du régime actuel. En tout cas, les ministres RDR et même ceux des autres partis de l’opposition, ont toujours eu des complications avec ce pouvoir. Si je prends le ministère de l’Agriculture par exemple, le ministre n’avait aucune compétence sur les différents fonds, FRC, FDPCC, etc.

Pendant la campagne, nous serons prêts à le dire. Mme Diabaté était ministre de la Justice. Elle a envoyé des décrets de nomination de procureurs et de présidents de Tribunaux que le Président Gbagbo n’a jamais voulu signer. Hamed Bakayoko, ministre des NTIC, n’a jamais pu réussir à faire nommer les responsables exerçant pourtant sous son autorité. Je veux donc dire que c’est tout simplement faux ce qu’ils disent. Je suis obligé de parler aussi brutalement. Nos ministres n’ont pas eu la compétence totale sur leurs départements. Le ministre Amon Tanoh, au niveau du ministère de la Construction, n’a jamais réussi à nommer un directeur depuis quatre ans qu’il est arrivé. Sur ce point, nous sommes tout à fait à l’aise. Ce n’est pas une cogestion. C’est la gestion du pouvoir FPI. Nous avons un régime présidentiel. Et le président n’a jamais voulu de cette transition. Chaque fois que les accords ont fait partir un ministre FPI du gouvernement, il l’a repris à la présidence. Pour les directeurs généraux et centraux, il a tout fait pour les maintenir. Nous, nous ne sommes donc pas comptable. C’est lui le chef de l’Etat. C’est lui le responsable.

Q : Quelle réaction après l’annulation de la visite de M. Bernard Kouchner en Côte d’Ivoire ? Egalement quel commentaire quand il dit que le président Gbagbo devrait être élu à l’élection présidentielle ?

ADO : S’il a annulé son voyage, c’est son droit. Nous, nous avions été informé par l’Ambassadeur de France de cette visite. On me dit maintenant que la visite a été annulée. Nous prenons acte.

Quant aux déclarations de M. Kouchner, elles n’engagent que lui. Je n’ai pas de commentaire à faire. Mais, nous connaissons nos réalités en Côte d’Ivoire. Si le camp présidentiel, fait toutes ces manœuvres pour reporter les élections, c’est sans doute parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas les gagner.

Q : La SIR (Société ivoirienne de raffinage) est aujourd’hui menacée de fermeture. Et la date avancée, c’est le 26 janvier prochain. Alors quel commentaire ?

ADO : Je ne souhaite pas que ce soit le cas. Mais, s’il l’était, je crois que ce serait la confirmation de la mauvaise gestion de cette équipe au pouvoir. Nous avons toujours dit que le pays n’était pas géré et que la Côte d’Ivoire avait besoin d’une nouvelle équipe, d’un nouveau gouvernement.

C’est pour tout cela que nous demandons des élections. Quand j’étais Premier ministre, tout le monde voyait que la SIR était bien gérée, avec Daouda Thiam comme Directeur général. Cette structure faisait même des versements au budget de l’Etat pour nous permettre de ne pas diminuer les salaires des fonctionnaires. Surtout que tous les pays de la sous-région avaient diminué les salaires de leurs fonctionnaires. La Côte d’Ivoire ne l’avait pas faite, grâce à cette gestion rigoureuse. Je n’ai pas suffisamment d’éléments sur cette situation. Mais si c’est le cas, cela veut dire qu’il faut qu’on aille vite aux élections. Parce qu’une entreprise comme la SIR, avec le pétrole à 75 dollars le baril, on se demande comment elle pourrait être en faillite. Ce serait scandaleux.

Q : Au cours de cette tournée dans l’Agnéby, vous avez été un peu plus incisif. Est-ce parce que le chef de l’Etat vous a traité récemment de quelqu’un qui n’est rien et n’a rien ? Est-ce cela qui vous a choqué?

ADO : Pour moi, il faut toujours faire la part des choses. J’ai toujours dit que cette campagne devait être civilisée. Mais, j’ai noté que dès le dépôt de sa candidature, il a réuni son équipe de campagne et il leur a demandé d’être plus agressifs. Et ils ont commencé à m’insulter. Mais, je n’ai pas réagi. Jusqu’à ce que lui-même s’en mêle. Il est candidat comme moi. Alors s’il dit des choses, je suis dans l’obligation de lui répondre. S’il met balle à terre, alors je ne dirai rien.

Q : Les populations de Jacqueville ont dénoncé tout à l’heure le fait qu’elles ne bénéficient pas des revenus du pétrole extrait dans la région. Vous, que prévoyez-vous dans ce sens ?

ADO : Je reviens à la question de la mauvaise gestion. En Côte d’Ivoire aujourd’hui, l’Etat n’est pas géré. Le chef de l’Etat a concentré tous les pouvoir au niveau de la Présidence, avec des conseillers. Là, c’est beaucoup plus scandaleux quand on sait que le ministère des Mines et de l’Energie relève du FPI. Moi, je me suis occupé du Nigeria. J’avais même l’Irak et l’Iran sous mon autorité au Fonds monétaire international (FMI). Partout dans ces pays où il y a du pétrole, il y a une partie des revenus qui est consacré au développement de la région productrice. Et la grande partie va au budget national. C’est tellement si facile de le faire. C’est de prévoir des infrastructures conséquentes pour développer toute la région. Autrement comment voulez-vous que les populations comprennent ? Elles voient les puits de pétrole. Elles voient les fumées sortir des cuivres. Pendant ce temps, elles n’ont pas d’école, pas de centres de santé, pas de route, absolument rien. Ce n’est pas bien. Et je crois que c’est une question de bon sens. Cela s’applique à toutes les ressources naturelles exceptionnelles. Que ce soit l’or, le diamant ou bien d’autres ressources. Nous, nous avons prévu tout cela. C’est une question de gestion. Et il faut que la Côte d’Ivoire soit gérée et qu’on sorte de cette situation d’amateurisme, de mauvaise gestion et de la corruption. Je condamne la gestion actuelle. C’est pour cela que je demande qu’on aille aux élections et que les Ivoiriens se prononcent, parce qu’ils ont tous vu comment des difficultés ont été créées durant ces dix dernières années. Et, je suis sûr que le changement sera radical. Nous, nous voulons aller aux élections. Et nous acceptons les résultats de ces élections pourvu qu’elles soient démocratiques.

Q : Alassane Ouattara dans l’Agnéby a appelé aussi au respect du bon ton. Est-ce une manière de rappeler à tous les acteurs politiques le code de bonne conduite pour cette période électorale ?

ADO : C’est vrai que nous avons signé un code de bonne conduite. Et il faut que chacun fasse un effort pour être conforme à sa signature. Vous savez, nous sommes en politique. Nous aussi avons nos militants qui nous écrivent ou nous téléphonent. Ils ne comprennent pas que je me laisse insulter. Et si vous avez remarqué, je n’ai pas réagi sur le champ. En tout cas, nous continuons d’appeler les uns et les autres au respect du bon ton. Il s’agit d’une campagne de programmes et de bilans. Et non d’aller faire des mensonges, de l’intoxication ou de la fabrication.

Cela, nous ne l’accepterons pas. Parce que ce n’est pas de cette façon que nous allons aider les Ivoiriens à sortir de la crise. Moi, je veux qu’on parle de mon bilan quand j’étais Premier ministre.

Le président Bédié a un bilan. Gbagbo a un bilan. Si je prends les trois principaux candidats qui ont déjà eu à gérer la Côte d’Ivoire, chacun à un bilan et un programme. Moi, j’ai mon programme.

Si j`ai fait ces tournées, dans les régions, c’est bien pour recueillir les observations des populations. C’est aussi pour m’imprégner des réalités pour pouvoir finaliser ce programme. Par les chiffres que je donne, vous avez vu qu’il s’agit d’un programme déjà élaboré et qui est consistant. Tous les aspects ici sont, que ce soit l’aspect institutionnel, le problème de la justice, la question de sécurité, la gestion économique et sociale, la coopération régionale et internationale, le rôle de la Côte d’Ivoire dans le monde. Le programme est donc là et il reste à le finaliser. Quand je vais dans une région, je vois aussi ce que la population espère. Nous, nous avons envoyé une équipe d’expertise sur le terrain pour voir les problèmes et qu’est-ce que nous devons faire. Mais entre-temps, les choses ont peut-être évolué. Je vois par exemple qu’à Jacqueville, le pont demeure une priorité. Nous allons donc actualiser le coût du pont. Et nous allons voir dans quel délai nous le ferons. C’est ainsi que je pourrai dire durant la campagne, parce que j’aurai suffisamment d’éléments par rapport aux desiderata des populations. J’en appelle donc à ce qu’on fasse preuve de responsabilité. Cette paix est si fragile. Je pense que nous devons tout faire pour que ces élections se fassent dans des conditions apaisées. Que les uns et les autres s’expriment de manière responsable. Que chacun dise aux Ivoiriens « voici ce que je compte faire, comment je le ferai, avec quel moyen et dans quels domaines ? ». C’est de cela qu’il s’agit.

Recueillis par Diawara Samou.
Photos : A. Messmer
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