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Politique Publié le mercredi 13 janvier 2010 | Notre Voie

Fraude massive sur la liste électorale : Guillaume Soro confirme les magouilles de Beugré Mambé

Le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro Kigbafori, a rencontré hier, de 10h à 12h35, toutes les structures impliquées dans le processus électoral en Côte d’Ivoire ainsi que les représentants de l’ONUCI et du Facilitateur, dans le dialogue inter-ivoirien pour l’adoption d’un nouveau mode opératoire du processus électoral après la fraude massive organisée par Robert Beugré Mambé, le président de la CEI. Au sortir de la rencontre, le Premier ministre a fait la déclaration ci-dessous avant d’échanger avec la presse. «Mesdames et messieurs les journalistes, Ce jour s’est tenu une importante séance de travail, en présence du représentant spécial du Facilitateur, Badini Bouraïma, des représentants des Nations unies en Côte d’Ivoire et les structures nationales concernées par le processus électoral. A commencer par la Commission électorale indépendante (CEI), la Commission nationale de supervision de l’identification (NSI), l’Office national de l’identification (ONI), l’Institut national des statistiques (INS) et la Sagem security. Cette réunion a eu pour objectif de prendre toutes les dispositions pour assurer et garantir la limpidité et la transparence de la liste électorale définitive. Vous savez très bien que l’actualité politique nationale a été, ces temps-ci, marquée par la question qui s’est posée sur les différents croisements. Je voudrais dire aux Ivoiriens ce qu’il en est. Nous avons eu, avec la CEI, à prendre des dispositions qui consistent à appeler les Ivoiriens à venir se faire enrôler. Après, nous avons convenu avec la CEI de procéder à des croisements qui se sont faits à plusieurs étapes. Le premier croisement qui a été réalisé avait donné le chiffre de 2 700 000 de personnes que nous n’avions pas trouvées dans les fichiers historiques et sur la liste électorale de 2000 par rapport aux critères préalablement définis. Après une réunion consensuelle, nous avons demandé à nouveau aux opérateurs techniques (à qui revenait la responsabilité de faire les croisements) de faire de nouveaux croisements. La Sagem et l’INS ont procédé à ces croisements. Ça nous a donné un chiffre de 1 900 000 qui n’étaient toujours pas retrouvés. Nous avons, à la suite d’une autre concertation, à Yamoussoukro, avec le chef de l’Etat, décidé de demander à la Sagem et à l’INS de faire un dernier croisement sur la base de nouveaux critères que nous avions admis. Ces croisements ont donné deux listes. Une première liste, la liste provisoire où ont été validées 5 300 000 Ivoiriens. Et 2 033 000 dont le statut restait à définir. Nous avons donc décidé, avec le chef de l’Etat, que la liste des 1 033 000 devait être affichée pour permettre à tous ceux des Ivoiriens qui se retrouveraient sur cette liste de venir faire des réclamations en apportant les preuves pour être admise sur la liste définitive. Voilà la décision que nous avions avec le chef de l’Etat à Yamoussoukro. Le croisement de Mambé n’intégrait pas la procédure normale Les listes ont donc été affichées et le contentieux a été ouvert. Pour ceux qui se retrouvaient sur la liste de 1 033 000 ont fait des réclamations. Soit pour une correction des noms. Soit pour la radiation de certaines personnes. Nous étions dans cette disposition quand, la CEI, au dire du président Mambé, a aussi fait un autre croisement. Le président de la CEI nous en a tenu informé. A la réunion dernière (le 7 janvier 2010, ndlr), nous avons déclaré que le croisement que la CEI avait fait était nul et de nul effet puisqu’il n’intégrait pas la procédure qui avait été préalablement établi. Je suis ici aujourd’hui pour appeler tous les Ivoiriens au calme et à la sérénité. Le croisement qui a été fait par la CEI pour sa propre gouverne, nous l’avons déclaré irrecevable sur la liste définitive. La réunion a décidé de ne s’en tenir qu’au croisement populaire. Je rassure les Ivoiriens qu’il n’y a pas de confusion possible à faire. La CEI a fait un croisement pour elle-même. Maintenant, pour donner plus de garantie (puisqu’il y a eu beaucoup de discours), nous avons, aujourd’hui, adopté un mode opératoire clair et précis. Toutes les structures ont participé à l’élaboration de ce mode opératoire. Qui est simple. Nous avons institué des Comités de suivi qui vont être installés dans les 70 centres de coordination et qui vont rassembler tous les dossiers de tous les réclamants qui se sont présentés devant les Commissions électorales locales. Ce sont ces Comités de suivi qui vont apprécier les dossiers au cas par cas et arrêter dans les centres de coordination une liste de ceux qui méritent ou qui sont qualifiés pour être sur la liste définitive. Ce sont ces listes, et uniquement ces listes, qui seront transmises à la Sagem et à l’INS aux fins de produire la liste définitive. La transparence de la liste sera garantie Ce que les Ivoiriens attendent de nous, c’est bien de confectionner une liste électorale définitive sans tache, propre. Et en tant que chef du gouvernement, j’ai rappelé à toutes les structures qu’il fallait travailler, parce que l’une des conditions sine qua non pour des élections libres et apaisées est d’avoir une liste définitive propre et sans reproche. Nous sommes d’accord et nous avons demandé à toutes les structures de jouer leurs responsabilités. Toutes les structures seront dans les Comités de suivi : la CEI, Sagem, INS, CNSI, ONI pour apprécier ensemble les dossiers qui leur parviendront. Je peux affirmer que la transparence et la limpidité de la liste électorale définitive seront garanties. De toute façon, après tout ce travail, il faudra que les Nations unies certifient que cette liste a été faite dans les normes et qu’elle est bonne. Mais avant ça, ma méthode a toujours consisté à dire qu’à chaque étape, il faut faire en sorte d’obtenir le consensus de toutes les forces politiques et de tous les partenaires engagés dans le processus électoral. Merci». Après cette déclaration, le Premier ministre a répondu à quelques quetions des journalistes. Notre Voie : Monsieur le Premier ministre, à quelle fin répond véritablement le croisement fait en dehors de la procédure normale par le président de la CEI, M. Robert Beugré Mambé ? Qui a financé ce croisement ? Enfin, la crédibilité de la CEI se joue avec ce scandale. Quel est le sort réservé à Mambé ? Guillaume Soro : Le président de la CEI nous a dit publiquement qu’il a fait un croisement pour sa propre gouverne. Nous avons pris bonne note. Nous disons que les seuls croisements que le gouvernement peut accepter sont ceux de la Sagem et de l’INS. Vous nous demandez qui a financé ? Bon, c’est une question que le président de la CEI pourra regarder. Pour l’heure, ce qui m’importe, c’est de savoir si la Côte d’Ivoire pourra disposer d’une liste électorale définitive propre. Nous sommes engagés dans un processus qui devra donner une liste définitive propre. Maintenant, chacun peut faire ses commentaires sur les croisements que la CEI à faits pour sa propre gouverne.

L’Inter : Est-ce que le travail des Comités de suivi ne remettra pas en cause celui déjà fait ? Guillaume Soro : Non. La CEI a enregistré les dossiers dans les Commissions électorales locales. Elle transmet tous les dossiers aux commissions départementales où se trouvent les Comités de suivi. Qui apprécieront tous les dossiers pour prendre les décisions. Le Patriote : N’est-ce pas un travail supplémentaire que vous demandez aux Comités de suivi ? Et puis ce travail n’aura-t-il pas une répercussion sur la date de l’élection. Guillaume Soro : Ce n’est pas du tout un travail supplémentaire.

Pour la validation dans les centres de coordination, depuis le mois de décembre, ces Comités dits d’arbitrage existaient. Ce qui est nouveau, c’est le mode opératoire que nous venons d’adopter. Qui précise les prérogatives du Comité de suivi. Les procédures d’analyse des dossiers et la procédure de validation des dossiers où siège le Comité de suivi. Quant au délai, je voudrais dire que ce qui m’importe, c’est la transparence de la liste électorale définitive. C’est la transparence des élections. Le CPC s’est réuni à Ouagadougou et a donné des délais. Je pense que nous sommes dans ces délais. Nous avons demandé aux Comités de suivi de travailler avec célérité pour que nous ayons les résultats attendus. Notre Voie : Avez-vous toujours confiance à Beugré Mambé ?

Guillaume Soro : On ne me demande pas d’avoir confiance en lui ou non. C’est un collaborateur et non un ami. Il est président d’une Institution. Ce qui est certain, c’est que nous avons mis en place un dispositif qui ne permet pas aux uns et aux autres de tripatouiller la liste définitive. C’est ce m’importe. Je demande donc aux Ivoiriens et aux partis politiques de calmer le jeu. Nous avons fait un travail important depuis des années.

Nous sommes au bout du tunnel. Je pense qu’il n’est pas nécessaire qu’il y ait à nouveau un regain de tension dans le pays. Personne, je dis bien personne, ne pourra frauder sur la liste définitive.

Propos recueillis par Délon’s Zadé
delonszade@yahoo.fr
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