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Politique Publié le jeudi 14 janvier 2010 | Le Patriote

Gbagbo, le bourreau des libertés

“Les marches, ça marche » ! Tel était le slogan préféré du candidat-président, Laurent Gbagbo pendant ses heures de gloire de l’opposition. Pour un oui ou pour un non, il mobilisait ses partisans pour crier leur colère contre Houphouët Boigny, Bédié et le PDCI. De 1990, date de la restauration du Multipartisme à Octobre 2000, où il a accédé au pouvoir, dans des « conditions calamiteuses », que de marches faites par le « seplou » et ses partisans. Ils ont pratiquement couvert toute la Côte d’Ivoire, faisant marches et meetings, insultant et vitupérant sans être inquiétés. Comme lui c’est le « woudy », « le combattant intrépide », « l’homme qui se lève avant le jour et se couche après la nuit », selon les propos élogieux de ses inconditionnels, même quand les autorités disent que la manifestation est interdite, Gbagbo n’en avait cure. Il faisait sortir ses partisans et battaient le pavé et le macadam. Il en a été ainsi en février 92, lors de la fameuse marche des « démocrates » ou des « casseurs » c’est selon. Ou encore le « boycott actif » où malgré son refus d’aller aux élections, le Front Républicain, avec Gbagbo aux avants postes n’a pas boudé son plaisir à empêcher la tenue du scrutin. Pour tout dire, en Côte d’Ivoire, personne n’a autant marché et parlé que Laurent Gbagbo. A juste titre, Laurent Dona Fologo disait de Gbagbo qu’il « gère le ministère de la parole » et qu’il pouvait marcher autant de fois qu’il le souhaite à « user leurs sandales pour le bonheur des cordonniers ». En tout cas, c’est peu de dire que Laurent Gbagbo a marché et manifesté en toute liberté, quand il était en lutte avec le PDCI. C’est fort de cela, qu’il s’offusquait en septembre 95, devant des tentatives d’embrigadement des manifestations de démocrates ivoiriens. « Et aujourd’hui parce que illégitimes et parce que ayant peur de tout, ils tirent sur tout. Des femmes font un sit-in à la télévision, ils tirent sur elles. Des journalistes étrangers viennent couvrir l’événement, ils tirent sur eux. Des jeunes gens font un sit-in quelque part, ils tirent sur eux. Je condamne la barbarie de l’Etat de mon pays. Mais en même temps, je prends l’engagement solennel de continuer le combat dans les termes où les femmes et les jeunes l’ont mené », avait martelé le camarade socialiste.

Des professions de foi, véritablement inopérantes, depuis qu’il est aux affaires en Côte d’Ivoire. Le gazage hier, des jeunes de l’opposition par l’armée de Laurent Gbagbo indique clairement que l’homme est devenu un bourreau des libertés. Tout le long de son règne, le grand marcheur et contestataire d’hier n’a jamais accepté que son opposition manifeste. S’il ne prend pas des décrets pour interdire les marches et meetings, il use de son armée pour pourchasser, mater et faire tuer les opposants. On se rappelle difficilement les marches faites par l’opposition depuis la décennie de pouvoir de Gbagbo. De 2000 à ce jour, c’est pratiquement la portion congrue en termes de manifestations pour les adversaires du régime. Les seules marches qui ont vu le jour ont été réprimées dans le sang. En octobre et décembre 2000, de nombreux militants du RDR ont été assassinés par la soldatesque de la refondation. En mars 2004, officiellement 150 personnes sont passés de vie à trépas, pour avoir marché pour l’application des accords de Linas Marcoussis. Depuis, c’est le calme plat au niveau des avancées démocratiques. Le règne de la terreur menace toujours les opposants. On l’a constaté hier, celui qui se voulait « démocrate », qui se vantait de nous avoir « ôté le bâillon qui nous empêchait de parler », l’homme qui se présentait, selon le mot de Césaire comme « la voix des sans voix » et le héraut de la liberté d’expression, a vite fait de devenir le bourreau de la démocratie, le victimaire attitré des revendications. C’est un enseignement de l’histoire. Quand un gouvernant refuse la contradiction, rejette l’autocritique et la critique s’ouvre la voie des ténèbres de la dictature et de l’autocratie. C’est ce schéma qui se précise à notre pays. Cette boutade de Gbagbo à l’ex- parti au pouvoir, s’applique désormais à lui-même : « quand on gouverne sans légitimité, on a peur de tout ».

Bakary Nimaga
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