« La date des élections ne dépend ni du chef de l’Etat ni du gouvernement. Ici, ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui organise les élections mais la Commission électorale indépendante ».
Ces propos, Laurent Gbagbo les tient chaque fois qu’il est interpellé sur les tenues des consultations générales en Côte d’Ivoire. Et sur la question, le chef de l’Etat n’a pas tort. La Commission électorale indépendante, Cei, est le maître d’œuvre des élections en Côte d’Ivoire.
C’est une institution de la République. Certainement l’une des plus importantes, surtout en cette période où le pays tente désespérément de sortir de la crise politico-militaire. Régulièrement mise à l’indexe lorsque les élections sont repoussées (la Côte d’Ivoire a enregistré déjà six reports de la présidentielle), la Cei est dans une position bien délicate. A charge des scrutins, elle est liée de tous côtés par le chef de l’Etat qui détient l’essentiel des conditions matérielle, financière et sécuritaire des élections. Au dernier Cadre permanent de concertation (Cpc) à Ouagadougou, dans la capitale du Burkina Faso, le 3 décembre 2009, il a été arrêté que les élections se dérouleront fin février, début mars 2010. Sur le terrain, les obstacles autour principalement du contentieux de la liste électorale se sont démultipliés. Des arrestations arbitraires aux remises en cause des procédures, en passant par la grève quasi suscitée des greffiers, les artifices ont commencé à menacer le respect des délais. Une fois de plus, la Cei était partie pour être dos au mur. Les délais ne sont pas tenus, c’est la faute à la Commission électorale… Ceux qui ont misé une fois de plus sur un tel raccourci n’ont pas compté sur la détermination de la Cei à se doter de moyens de décision. Parmi lesquels un croisement interne aux fins de permettre de récupérer un nombre substantiel d’Ivoiriens du contentieux et gagner en temps. Les adversaires des élections, le chef de l’Etat en tête, ont sauté sur la disquette de cette potentialité de travail réalisée par le président de la Cei pour crier avec force à la fraude. Comme Beugré Mambé n’a pas rejoint un camp, le « bon camp », en l’occurrence celui du prince, il faut le casser. Discréditer la Commission électorale et remettre les élections aux mains de Désiré Tagro, le ministre de l’Intérieur. Tel est l’objectif principal de la cabale orchestrée ces derniers jours contre la Cei. Des ambitions de positionnement personnel à l’intérieur de la Cei ont aussi facilité les choses. Sur les antennes de la télévison nationale, l’on a pu voir le porte-parole du chef de l’Etat accusé en direct le président de la Cei de fraude. Sur les mêmes antennes, le ministre de l’Intérieur est passé annoncer l’ouverture d’une enquête sur la fraude à la Cei. Se substituant au Garde des sceaux, Tagro a saisi à cette fin le procureur de la République. Un empressement bien suspect de la part de ce ministre qui veut faire croire en sa volonté de ne rien négliger pour des élections honnêtes, pour sortir le pays de la crise. Si tel est que le ministre de l’Intérieur était préoccupé par des élections propres dans le pays, il aurait dû sévir devant l’opération « inondation » au cours de laquelle des centaines de milliers de faux extraits de naissance ont été distribués à la pelle. Il aurait dû saisir le procureur de la République pour entendre ces personnes qui, au mépris de la loi, ont établi et distribué des certificats de nativité et des attestations de citoyenneté. Tagro en action, ce n’est pas le ministre de la République, mais un militant de parti qui veut voler au secours des siens. Au fond, Tagro est dans la stricte logique de son patron. Le chef de l’Etat agit, c’est bien connu, selon les intérêts uniquement du candidat Gbagbo. Les moyens de l’Etat, les ressources financières, les forces de défense et de sécurité, les médias d’Etat sont tous orientés et utilisés selon ce paramètre. C’est ainsi que lorsque Zémogo Fofana décide de soutenir un candidat autre que Gbagbo à la présidence, il perd la garde que l’Etat avait mis à sa disposition, il n’a plus droit à la télévision et même le siège de son parti est réquisitionné. La télévision ivoirienne, dont pour réclamer l’accès à tous les courants politiques, les jeunes du Pdci sont bastonnés et gazés, s’ouvre le même jour de cette répression à un énergumène du nom de Guirma Emile. Tout juste pour que l’individu en question puisse prolonger le discours de la « Refondation » sur les fraudes à la nationalité ! Non, la république est en train de foutre le camp ! S’installe, en lieu et place, le pays du Roi Gbagbo.
D. Al Seni
Ces propos, Laurent Gbagbo les tient chaque fois qu’il est interpellé sur les tenues des consultations générales en Côte d’Ivoire. Et sur la question, le chef de l’Etat n’a pas tort. La Commission électorale indépendante, Cei, est le maître d’œuvre des élections en Côte d’Ivoire.
C’est une institution de la République. Certainement l’une des plus importantes, surtout en cette période où le pays tente désespérément de sortir de la crise politico-militaire. Régulièrement mise à l’indexe lorsque les élections sont repoussées (la Côte d’Ivoire a enregistré déjà six reports de la présidentielle), la Cei est dans une position bien délicate. A charge des scrutins, elle est liée de tous côtés par le chef de l’Etat qui détient l’essentiel des conditions matérielle, financière et sécuritaire des élections. Au dernier Cadre permanent de concertation (Cpc) à Ouagadougou, dans la capitale du Burkina Faso, le 3 décembre 2009, il a été arrêté que les élections se dérouleront fin février, début mars 2010. Sur le terrain, les obstacles autour principalement du contentieux de la liste électorale se sont démultipliés. Des arrestations arbitraires aux remises en cause des procédures, en passant par la grève quasi suscitée des greffiers, les artifices ont commencé à menacer le respect des délais. Une fois de plus, la Cei était partie pour être dos au mur. Les délais ne sont pas tenus, c’est la faute à la Commission électorale… Ceux qui ont misé une fois de plus sur un tel raccourci n’ont pas compté sur la détermination de la Cei à se doter de moyens de décision. Parmi lesquels un croisement interne aux fins de permettre de récupérer un nombre substantiel d’Ivoiriens du contentieux et gagner en temps. Les adversaires des élections, le chef de l’Etat en tête, ont sauté sur la disquette de cette potentialité de travail réalisée par le président de la Cei pour crier avec force à la fraude. Comme Beugré Mambé n’a pas rejoint un camp, le « bon camp », en l’occurrence celui du prince, il faut le casser. Discréditer la Commission électorale et remettre les élections aux mains de Désiré Tagro, le ministre de l’Intérieur. Tel est l’objectif principal de la cabale orchestrée ces derniers jours contre la Cei. Des ambitions de positionnement personnel à l’intérieur de la Cei ont aussi facilité les choses. Sur les antennes de la télévison nationale, l’on a pu voir le porte-parole du chef de l’Etat accusé en direct le président de la Cei de fraude. Sur les mêmes antennes, le ministre de l’Intérieur est passé annoncer l’ouverture d’une enquête sur la fraude à la Cei. Se substituant au Garde des sceaux, Tagro a saisi à cette fin le procureur de la République. Un empressement bien suspect de la part de ce ministre qui veut faire croire en sa volonté de ne rien négliger pour des élections honnêtes, pour sortir le pays de la crise. Si tel est que le ministre de l’Intérieur était préoccupé par des élections propres dans le pays, il aurait dû sévir devant l’opération « inondation » au cours de laquelle des centaines de milliers de faux extraits de naissance ont été distribués à la pelle. Il aurait dû saisir le procureur de la République pour entendre ces personnes qui, au mépris de la loi, ont établi et distribué des certificats de nativité et des attestations de citoyenneté. Tagro en action, ce n’est pas le ministre de la République, mais un militant de parti qui veut voler au secours des siens. Au fond, Tagro est dans la stricte logique de son patron. Le chef de l’Etat agit, c’est bien connu, selon les intérêts uniquement du candidat Gbagbo. Les moyens de l’Etat, les ressources financières, les forces de défense et de sécurité, les médias d’Etat sont tous orientés et utilisés selon ce paramètre. C’est ainsi que lorsque Zémogo Fofana décide de soutenir un candidat autre que Gbagbo à la présidence, il perd la garde que l’Etat avait mis à sa disposition, il n’a plus droit à la télévision et même le siège de son parti est réquisitionné. La télévision ivoirienne, dont pour réclamer l’accès à tous les courants politiques, les jeunes du Pdci sont bastonnés et gazés, s’ouvre le même jour de cette répression à un énergumène du nom de Guirma Emile. Tout juste pour que l’individu en question puisse prolonger le discours de la « Refondation » sur les fraudes à la nationalité ! Non, la république est en train de foutre le camp ! S’installe, en lieu et place, le pays du Roi Gbagbo.
D. Al Seni