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Politique Publié le mardi 19 janvier 2010 | Notre Voie

Fraude du président de la CEI sur la liste électorale: Pourquoi Mambé doit démissionner

Dans une conférence, vendredi dernier, dans les locaux de la Commission électorale indépendante (CEI), Beugré Mambé a dit qu’il ne démissionnera pas de son poste suite à la fraude sur la liste électorale dont il s’est rendu coupable. Et pourtant, pour plusieurs raisons, il doit démissionner. Dans l’affaire portant sur 429000 personnes qu’il a introduites sur la liste électorale, M. Beugré Mambé, président de la Commission électorale indépendante (CEI), doit démissionner pour plusieurs raisons.

La première raison est d’ordre éthique. En effet, quand un homme occupe un poste important qui peut gêner la manifestation de la vérité dans une sale affaire dans laquelle il est impliqué, il doit offrir sa démission pour assurer sa défense en toute liberté, sans engager la responsabilité de la structure qu’il dirige. Sur ce point, l’exemple de Louis-André Dakoury Tabley est édifiant. Alors qu’il était tout puissant membre de la direction du Front populaire ivoirien (FPI) où il occupait les fonctions de secrétaire national chargé de l’organisation, il avait été arrêté à l’ aéroport avec la somme de 20 millions de FCFA. Il se rendait au Niger où il travaillait comme fonctionnaire international. Pour se défendre en tant que citoyen, il avait démissionné de la direction du FPI. Par cette attitude, il avait mis à l’abri de toute éventualité son parti qui, en réalité, était visé par le pouvoir PDCI d’alors dans cette affaire qui n’en était pas une, car il s’agissait de l’espace UEMOA où il y a la libre circulation du FCFA.

Le président de la CEI, a été convaincu de fraude portant sur 429000 personnes qu’il a tenté d’introduire frauduleusement sur la liste électorale. Il a lui-même reconnu les faits en affirmant avoir fait un croisement clandestin sur la base duquel il a recueilli les 429000 personnes en question. Et le ministre de l’intérieur, en sa qualité de ministre de tutelle de la CEI, a diligenté une enquête judiciaire sur cette sale affaire. Dès lors, pour une question d’éthique, M. Beugré Mambé doit démissionner pour se défendre devant la justice en tant que simple citoyen. Sa démission mettra ainsi la CEI loin de toute suspicion.

La deuxième raison tient à la délicatesse du rôle de la CEI dans le processus électoral en cours, et donc dans les processus de paix. En effet, il est de notoriété publique que les élections à venir ne sont pas des élections ordinaires. Ce sont pas des élections de sortie de crise. De l’avis de tous, elles doivent permettre de ramener définitivement la paix en Côte d’Ivoire. Et elles ne peuvent ramener effectivement la paix que si les résultats de ces élections sont acceptés par tous les candidats. C’est -à-dire si elles sont justes et transparentes. Il va sans dire que la CEI, qui a la charge d’organiser ces élections, doit être au-dessus de tout soupçon, à commencer par son président. Les candidats, et, au-delà d’eux, l’ensemble de la population doivent avoir confiance en la CEI et notamment en son président. En se rendant coupable de fraude, le président Mambé a mis en péril la confiance que certains candidats et une bonne partie des populations avaient en lui et en la CEI. De sorte que la CEI, dans sa forme actuelle, ne peut garantir des élections justes et transparentes, et donc la paix d’après-crise. Si tant est que tout le monde veut réellement la paix après les élections, Mambé doit démissionner ou doit être démis de ses fonctions. La troisième et dernière raison découle de l’attitude des partis membres du RHDP dont Mambé est issu. Les leaders de ces partis, notamment le PDCI et le RDR, affirment que Mambé est blanc comme neige et ils le félicitent même pour son travail bien fait. Alors que l’intéressé lui-même reconnaît avoir fait procéder à un croisement clandestin qu’il dit avoir fait faire à des fins personnelles. Mais personne n’est dupe. Car les disquettes contenant les 429000 personnes issues du croisement clandestin de Mambé se sont retrouvées sur le terrain avec des informaticiens recrutés par ses soins et dont la mission était justement d’introduire sur la liste électorale définitive les 429000 personnes de Mambé. Autre préoccupation : où Mambé a tiré les fonds qui ont servi au financement de son croisement et à la rémunération de ses 70 ingénieurs ?

Autant de questions qui devraient interpeller les responsables du RHDP. Mais si, malgré tout, les leaders du RHDP soutiennent Mambé, c’est que c’est à eux que profite la fraude du président de la CEI. C’est donc une raison de plus pour que Mambé démissionne ou soit démis.

Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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