Crier au voleur pour faire diversion. C’est la stratégie mise en place en ce moment par le Front populaire ivoirien. Pendant que Laurent Gbagbo et ses camarades accusent le président de la Commission électorale indépendante d’avoir tenté de faire inscrire de façon frauduleuse, 429 mille personnes sur la liste provisoire électorale, leurs adjuvants sur le terrain, organisent une fraude à grande échelle sur la liste électorale. La stratégie consiste à aller dans les bureaux de vote où sont affichés les noms des personnes figurant sur la liste provisoire électorale pour relever les noms de ceux qu’on considère comme des « étrangers ». Ensuite, on remplit des fiches de contestation pour demander la radiation de ces personnes de la liste électorale. Sans en apporter la moindre preuve ou le moindre document qui atteste leur statut d’ « étrangers ». Parallèlement à cette démarche fort curieuse, des fiches de témoignage sont confectionnées et remplies pour demander l’inscription de certaines personnes sur la liste électorale. Sur simple témoignage de cinq personnes. Le plus grave dans cette affaire, c’est que ce sont les pontes et cadres du parti au pouvoir qui sont à la tête cette fraude organisée.
Les cadres du FPI à la pointe de la fraude
A Attécoubé, par exemple, c’est la députée Marie Odette Lorougnon, présidente de l’Organisation des femmes du FPI, qui est à la base de ce complot contre la liste électorale. Mme Lorougnon dans un courrier qui date du 5 janvier dernier, a demandé à la commission locale de la CEI de radier et rejeter ceux qu’elle considère comme des « étrangers » et d’accepter la liste de ceux qu’elle estime être des Ivoiriens. A cet effet, la députée d’Attécoubé soutenue dans cette démarche par son pair, Joseph Monin Zallo, député également d’Attécoubé, a produit et remplit des fiches de témoignages et de contestations pour les faire valider par la commission locale de la CEI. A Bongouanou, des cas avaient été retenus par la commission locale. Mais au dernier moment, ils ont été rejetés sous la pression des cadres locaux du FPI. Surtout par la faute du représentant de l’ONI qui pourtant avait auparavant accepté leur validation. A Adjamé, ce sont plus 462 personnes régulièrement inscrites sur la liste dont la nationalité ivoirienne est contestée sans preuve. Selon nos sources, c’est le gouverneur du district d’Abidjan, M. Pierre Djédji Amondji qui est derrière toute cette cabale. On se le rappelle, 18 d’entre ces personés avaient été enlevées dans le mois de décembre dernier par le CeCOS pour fraude sur la nationalité. Mais après vérification de leur identité et de leurs documents, il n’en était rien. Les autorités ont dû les relâcher pour délit non constitué. Mais la télévision ivoirienne avait vite fait de filmer et présenter ces personnes comme des étrangers qui ont fraudé sur la nationalité ivoirienne. Après leur relaxation, la RTI n’a pas jugé utile de faire un démenti dans ses éditions postérieures. A Koun Fao, certains cadres du FPI ont manipulé des chefs traditionnels et des notables pour réclamer la radiation de 93 personnes de liste provisoire. Le cas le plus dramatique est celui du village de Kokomian où le chef Koffi Adingra a exigé sans preuve manifeste, la radiation de certains de ses administrés qu’il considère comme des « étrangers » parce qu’ils seraient de l’ethnie « Dogôssè » qui pour lui ne figure pas dans le panthéon des ethnies autochtones de la Côte d’Ivoire. Mais il n’a pas été suivi dans son hérésie par la justice qui lui demandait d’apporter la preuve de ses dires. Pour se venger, ce curieux chef a décidé de bannir les personnes concernées sous prétexte que ces braves citoyens ont décidé de contester son autorité. Aux dernières nouvelles, il a mis à exécution sa menace en faisant incendier la maison du secrétaire de section du RDR Lazare Ouattara.
Quand les autorités se prêtent à ce jeu
Le plus dangereux dans cette situation, c’est lorsque des autorités de la République décident de se faire complices des tenants de la refondation. A Ahénouan, le commandant de brigade, Basile Grah, a déposé lundi dernier une liste de 250 personnes auprès de l’imam Abou Traoré à qui il a demandé de les convoquer. Selon le chef Grah, c’est pour les entendre sur leurs origines. Car il soupçonne ces personnes d’avoir fraudé sur la nationalité ivoirienne. Le mardi dernier, une réunion devait se tenir dans ce sens. Mais elle n’a pas pu avoir lieu. Parce que ni l’imam ni le conseil des personnes convoquées n’a pas voulu se prêter au jeu dangereux du zélé gendarme. A Tabou, le juge d’instruction Célestin Beugré signe de faux certificats de nationalité pour les distribuer à des Libériens. Le juge véreux qui n’a pourtant pas le droit de signer des certificats de nationalité, paie tous les imprimés disponibles de la ville et se cache à domicile pour produire de faux certificats et les distribuer. Pour mieux mener cette sordide mission, un véhicule de type 4x4 a été mis à sa disposition par les pontes locaux du FPI. Le juge Beugré a déjà pour les besoins de la cause produit plusieurs centaines de certificats de nationalité. A Bouaflé, a-t-on appris, un avocat a été envoyé par la première dame pour avoir plaidé la radiation de plusieurs centaines de personnes dans la période judiciaire du contentieux. Cette liste n’est pas exhaustive. Car c’est dans presque toutes les localités du pays que la consigne de faire radier et de faire inscrire des personnes a été donnée.
Deux obstacles majeurs
Cependant, cette stratégie connaît des fortunes diverses selon les localités et se heurte à deux grands obstacles. Le premier est que certains chefs du village et notables contactés par les cadres du FPI n’ont pas voulu se faire complices de la fraude. C’est le cas d’Attécoubé où les chefs et notables des cinq villages Atchan ont refusé de renter dans le jeu de la députée Odette Lorougnon qui leur demandait de l’ « aider » à enlever tous les « étrangers » de la liste électorale. Sinon, selon elle, « l’homme du RDR va gagner les élections ». Refus poli et ferme des chefs Atchan à Odette Lorougnon et sa bande : « Nous refusons d’être utilisés contre d’autres Ivoiriens ». Le second obstacle est le délai assez court du contentieux. En dépit de plusieurs reports, le contentieux a pris officiellement fin le 17 janvier dernier. Le FPI actuellement négocie un autre report d’une semaine pour la phase judiciaire du contentieux. Mais les choses à ce niveau semblent coincer. Car la Commission électorale indépendante et son président entendent faire respecter le calendrier qui a été arrêté à la dernière réunion du Cadre permanent de concertation qui a eu lieu le 3 décembre dernier à Ouagadougou. Ce qui n’est pas fait pour plaire au camp présidentiel qui a misé sur une longue période pour peaufiner sa stratégie de fraude.
Jean-Claude Coulibaly
Les dessous de la cabale du FPI contre Mambé
La grosse colère de Laurent Gbagbo et ses camarades tire toute son origine dans le plan mis en place par le camp présidentiel pour remodeler la liste électorale en sa faveur. Le FPI qui a constaté que la liste provisoire actuelle n’est pas du tout en sa faveur a actuellement une seule obsession. Comment manœuvrer pour redessiner à son avantage, cette liste ? La stratégie mise en place est d’utiliser tous les moyens, y compris les plus malhonnêtes comme les dénonciations calomnieuses, pour réduire l’électorat de l’opposition. Parallèlement à cela, les cadres du FPI, aidés par certaines autorités villageoises doivent tout entreprendre pour remettre dans le circuit tous ceux que les audiences foraines et l’enrôlement n’ont pu prendre en compte et qui sont proches du parti au pouvoir. La trouvaille pour faire avancer rapidement cette stratégie est le croissement physique ou populaire qui consiste à faire intervenir les chefs de village ou de communauté pour disqualifier et radier de la liste tous ceux qu’on juge comme des « étrangers ». D’où la confection des « certificats d’attestation de citoyenneté » ou des fiches de témoignage. Mais pour réussir cette stratégie huilée, le FPI de Laurent Gbagbo comptait sur une période assez longue du contentieux électoral. Au cours du dernier séminaire du CNRD sur le processus électoral dirigé par Simone Gbagbo, le camp de la minorité présidentielle avait décrété que le contentieux durerait six mois. Malheureusement ou heureusement, c’est selon, le contentieux a pris moins de deux mois pour être bouclé. Laurent Gbagbo sentant le danger avait lancé à la salle des pas perdus devant le corps diplomatique le jour de la présentation des vœux du nouvel an, ceci : « Il faut que tous les Ivoiriens qui se sont fait identifier soient sur la liste électorale et que tous les étrangers qui y figurent soient retirés ». Le chef de l’Etat par cette déclaration le jour même de la fin du contentieux administratif, négociait sans le dire ouvertement un prolongement de la période du contentieux. D’où la grosse colère de Laurent Gbagbo lorsqu’il n’a pas été suivi par le président de la Commission électorale indépendante qui a décidé de s’en tenir au chronogramme du dernier CPC. L’affaire des « 429 mille cas litigieux » n’est qu’un moyen de pression pour faire plier le président Robert Beugré Mambé sur la question. En vue de se donner du temps pour mener à son terme la stratégie de fraude.
JCC
Les cadres du FPI à la pointe de la fraude
A Attécoubé, par exemple, c’est la députée Marie Odette Lorougnon, présidente de l’Organisation des femmes du FPI, qui est à la base de ce complot contre la liste électorale. Mme Lorougnon dans un courrier qui date du 5 janvier dernier, a demandé à la commission locale de la CEI de radier et rejeter ceux qu’elle considère comme des « étrangers » et d’accepter la liste de ceux qu’elle estime être des Ivoiriens. A cet effet, la députée d’Attécoubé soutenue dans cette démarche par son pair, Joseph Monin Zallo, député également d’Attécoubé, a produit et remplit des fiches de témoignages et de contestations pour les faire valider par la commission locale de la CEI. A Bongouanou, des cas avaient été retenus par la commission locale. Mais au dernier moment, ils ont été rejetés sous la pression des cadres locaux du FPI. Surtout par la faute du représentant de l’ONI qui pourtant avait auparavant accepté leur validation. A Adjamé, ce sont plus 462 personnes régulièrement inscrites sur la liste dont la nationalité ivoirienne est contestée sans preuve. Selon nos sources, c’est le gouverneur du district d’Abidjan, M. Pierre Djédji Amondji qui est derrière toute cette cabale. On se le rappelle, 18 d’entre ces personés avaient été enlevées dans le mois de décembre dernier par le CeCOS pour fraude sur la nationalité. Mais après vérification de leur identité et de leurs documents, il n’en était rien. Les autorités ont dû les relâcher pour délit non constitué. Mais la télévision ivoirienne avait vite fait de filmer et présenter ces personnes comme des étrangers qui ont fraudé sur la nationalité ivoirienne. Après leur relaxation, la RTI n’a pas jugé utile de faire un démenti dans ses éditions postérieures. A Koun Fao, certains cadres du FPI ont manipulé des chefs traditionnels et des notables pour réclamer la radiation de 93 personnes de liste provisoire. Le cas le plus dramatique est celui du village de Kokomian où le chef Koffi Adingra a exigé sans preuve manifeste, la radiation de certains de ses administrés qu’il considère comme des « étrangers » parce qu’ils seraient de l’ethnie « Dogôssè » qui pour lui ne figure pas dans le panthéon des ethnies autochtones de la Côte d’Ivoire. Mais il n’a pas été suivi dans son hérésie par la justice qui lui demandait d’apporter la preuve de ses dires. Pour se venger, ce curieux chef a décidé de bannir les personnes concernées sous prétexte que ces braves citoyens ont décidé de contester son autorité. Aux dernières nouvelles, il a mis à exécution sa menace en faisant incendier la maison du secrétaire de section du RDR Lazare Ouattara.
Quand les autorités se prêtent à ce jeu
Le plus dangereux dans cette situation, c’est lorsque des autorités de la République décident de se faire complices des tenants de la refondation. A Ahénouan, le commandant de brigade, Basile Grah, a déposé lundi dernier une liste de 250 personnes auprès de l’imam Abou Traoré à qui il a demandé de les convoquer. Selon le chef Grah, c’est pour les entendre sur leurs origines. Car il soupçonne ces personnes d’avoir fraudé sur la nationalité ivoirienne. Le mardi dernier, une réunion devait se tenir dans ce sens. Mais elle n’a pas pu avoir lieu. Parce que ni l’imam ni le conseil des personnes convoquées n’a pas voulu se prêter au jeu dangereux du zélé gendarme. A Tabou, le juge d’instruction Célestin Beugré signe de faux certificats de nationalité pour les distribuer à des Libériens. Le juge véreux qui n’a pourtant pas le droit de signer des certificats de nationalité, paie tous les imprimés disponibles de la ville et se cache à domicile pour produire de faux certificats et les distribuer. Pour mieux mener cette sordide mission, un véhicule de type 4x4 a été mis à sa disposition par les pontes locaux du FPI. Le juge Beugré a déjà pour les besoins de la cause produit plusieurs centaines de certificats de nationalité. A Bouaflé, a-t-on appris, un avocat a été envoyé par la première dame pour avoir plaidé la radiation de plusieurs centaines de personnes dans la période judiciaire du contentieux. Cette liste n’est pas exhaustive. Car c’est dans presque toutes les localités du pays que la consigne de faire radier et de faire inscrire des personnes a été donnée.
Deux obstacles majeurs
Cependant, cette stratégie connaît des fortunes diverses selon les localités et se heurte à deux grands obstacles. Le premier est que certains chefs du village et notables contactés par les cadres du FPI n’ont pas voulu se faire complices de la fraude. C’est le cas d’Attécoubé où les chefs et notables des cinq villages Atchan ont refusé de renter dans le jeu de la députée Odette Lorougnon qui leur demandait de l’ « aider » à enlever tous les « étrangers » de la liste électorale. Sinon, selon elle, « l’homme du RDR va gagner les élections ». Refus poli et ferme des chefs Atchan à Odette Lorougnon et sa bande : « Nous refusons d’être utilisés contre d’autres Ivoiriens ». Le second obstacle est le délai assez court du contentieux. En dépit de plusieurs reports, le contentieux a pris officiellement fin le 17 janvier dernier. Le FPI actuellement négocie un autre report d’une semaine pour la phase judiciaire du contentieux. Mais les choses à ce niveau semblent coincer. Car la Commission électorale indépendante et son président entendent faire respecter le calendrier qui a été arrêté à la dernière réunion du Cadre permanent de concertation qui a eu lieu le 3 décembre dernier à Ouagadougou. Ce qui n’est pas fait pour plaire au camp présidentiel qui a misé sur une longue période pour peaufiner sa stratégie de fraude.
Jean-Claude Coulibaly
Les dessous de la cabale du FPI contre Mambé
La grosse colère de Laurent Gbagbo et ses camarades tire toute son origine dans le plan mis en place par le camp présidentiel pour remodeler la liste électorale en sa faveur. Le FPI qui a constaté que la liste provisoire actuelle n’est pas du tout en sa faveur a actuellement une seule obsession. Comment manœuvrer pour redessiner à son avantage, cette liste ? La stratégie mise en place est d’utiliser tous les moyens, y compris les plus malhonnêtes comme les dénonciations calomnieuses, pour réduire l’électorat de l’opposition. Parallèlement à cela, les cadres du FPI, aidés par certaines autorités villageoises doivent tout entreprendre pour remettre dans le circuit tous ceux que les audiences foraines et l’enrôlement n’ont pu prendre en compte et qui sont proches du parti au pouvoir. La trouvaille pour faire avancer rapidement cette stratégie est le croissement physique ou populaire qui consiste à faire intervenir les chefs de village ou de communauté pour disqualifier et radier de la liste tous ceux qu’on juge comme des « étrangers ». D’où la confection des « certificats d’attestation de citoyenneté » ou des fiches de témoignage. Mais pour réussir cette stratégie huilée, le FPI de Laurent Gbagbo comptait sur une période assez longue du contentieux électoral. Au cours du dernier séminaire du CNRD sur le processus électoral dirigé par Simone Gbagbo, le camp de la minorité présidentielle avait décrété que le contentieux durerait six mois. Malheureusement ou heureusement, c’est selon, le contentieux a pris moins de deux mois pour être bouclé. Laurent Gbagbo sentant le danger avait lancé à la salle des pas perdus devant le corps diplomatique le jour de la présentation des vœux du nouvel an, ceci : « Il faut que tous les Ivoiriens qui se sont fait identifier soient sur la liste électorale et que tous les étrangers qui y figurent soient retirés ». Le chef de l’Etat par cette déclaration le jour même de la fin du contentieux administratif, négociait sans le dire ouvertement un prolongement de la période du contentieux. D’où la grosse colère de Laurent Gbagbo lorsqu’il n’a pas été suivi par le président de la Commission électorale indépendante qui a décidé de s’en tenir au chronogramme du dernier CPC. L’affaire des « 429 mille cas litigieux » n’est qu’un moyen de pression pour faire plier le président Robert Beugré Mambé sur la question. En vue de se donner du temps pour mener à son terme la stratégie de fraude.
JCC