A l'initiative des leaders du Rjdp, une marche s'est déroulée mardi dernier à Cocody. Dans l'entretien qui suit, le président de la Jdpci Kouadio Konan Bertin dresse le bilan de cette marche et indique les prochaines actions, les grands défis qui restent à relever.
M. le président de la Jpdci, vous avez organisé comme vous l'avez prévu votre marche le 26 janvier dernier. Quel bilan tirez-vous de cette manifestation ?
Permettez-moi d'abord de remercier les quatre leaders des partis politiques qui composent le Rhdp. En donnant leur onction pour la marche, ils ont libéré les jeunes de leurs partis respectifs pour occuper la rue. Depuis que Gbagbo est président, de mémoire de jeune Ivoirien, c'est la première fois que je vois une opposition qui marche. Gbagbo a un seul mérite dans ce pays, c'est d'avoir introduit la marche dans le débat politique en Côte d'Ivoire. Je ne peux pas accepter aussi longtemps qu'il sera président, qu'on ne puisse pas marcher. C'est lui qui dit que la guerre a pris fin. Si donc la guerre a pris fin, alors nous entrons maintenant de plain pied dans la République. Et les règles du jeu dans une démocratie comme se veut la Côte d'Ivoire, ce sont les marches, les sit-in. La marche de mardi dernier, nous l'avons voulu pacifique.
Quel bilan dressez-vous de cette marche ?
Elle a été pacifique à tous points de vue. Nos jeunes ont été admirables, responsables jusqu'à aller extirper de nos rangs, tous ceux qui ont été infiltrés par le régime Gbagbo. N'oubliez pas que l'un des commandos qui a été pris est de la garde de Gbagbo.
Que comptez-vous faire à la suite de l'interpellation de ces infiltrés ?
Nous allons porter plainte puisque nous avons leurs pièces. En autorisant la marche, la police nous a mis en garde en disant que s'il y a un seul coup de feu, nous étions responsables. Si on avait pris un seul marcheur avec une arme, cela voulait dire que notre marche n'était plus pacifique mais plutôt armée. Pourquoi officiellement la police peut-elle nous dire ça, nous tenant pour responsables tout ce qui allait arriver ? Et puis la garde de Gbagbo infiltre notre marche, puisque la police elle-même dit que les infiltrés ne sont pas de ce corps. Si c'était les forces de l'ordre qui avaient saisi ces individus, on aurait dit que ce sont nos militants qui se sont armés.
Quelle était donc leur intention ? Etaient-ils venus pour tirer sur nous comme ils l'ont fait en mars 2004 ? Il faut que la lumière soit faite sur leur présence en notre sein. C'est pour cela que nous allons porter plainte contre eux. Sinon nos jeunes ont été exceptionnels, la sécurité a fonctionné correctement. La marche s'est déroulée dans la paix, dans le civisme. Nous n'avons brisé aucun véhicule, ni à usage public, encore moins, le véhicule d'un particulier. Aucun policier n'a eu d'injure d'un marcheur encore moins un caillou sur le visage. Nous avons promis une marche pacifique, nous avons tenu parole. C'est la première fois et le directeur de la police l'a dit, ça fait trente ans qu'il est en activité, c'est la toute première fois que des marcheurs viennent féliciter la police après leur manifestation. C'est ça notre culture de jeunes houphouétistes. Nous sommes allés féliciter les gendarmes et les policiers.
Pourquoi avez-vous choisi un jour ouvrable pour organiser la marche ?
Nous avons choisi un jour ouvrable, un mardi quand on sait que la plus grande frange de la jeunesse est sur les bancs d'étude. Les élèves de la 6e à la terminale n'ont pas pris part à notre marche. Ils étaient en classe. Aucun lycée n'a été perturbé, aucun élève n'a été délogé pour prendre part de force ou de gré à notre marche. Les enseignements se sont déroulés tranquillement. Le lycée classique, le lycée Sainte Marie auraient pu, comme savent le faire les patriotes et la Fesci, être perturbés pour mettre les élèves dans la rue pour les compter comme des marcheurs.
Qu'est-ce que cela veut dire en clair ?
En clair, cela veut dire que si nous avions choisi de marcher un samedi, il n'y aurait pas eu de place pour nous accueillir. Elle a réussi. N'oubliez pas que depuis 2004 qu'on a tué beaucoup d'Ivoiriens tout simplement parce qu'ils voulaient marcher, c'est la première fois qu'une marche se déroule. Beaucoup de nos militants téléphonaient pour savoir si rien ne nous était arrivé. Donc nous avons vaincu la peur. C'est ce mythe que nous avons brisé. On nous dit honte à nous parce que nous avons marché. Mais si marcher devrait procurer la honte, aussi bien Gbagbo que tous ceux qui sont autour de lui devraient être les premiers à avoir honte parce qu'ils n'ont fait que ça toute leur vie. Notre marche a atteint tous ses objectifs. Je souhaite que désormais quiconque voudrait marcher en Côte d'Ivoire, en fasse la demande, en ait l'autorisation. Si désormais des jeunes occupent de façon anarchique la rue, nous irons les déloger. La Sotra a garé tous ses bus le jour de notre marche. Je souhaite que pour toute autre marche, la Sotra gare également ses bus. Il faut qu'elle continue de garer ses bus pour toutes les autres fois que des gens voudront marcher. Nos jeunes n'ont pas réquisitionné des bus pour venir à la marche comme les autres le font. Nous sommes venus de nous-mêmes pour réussir notre pari. Je félicite tout simplement les jeunes Houphouétistes et les forces de l'ordre.
Vous avez déposé une motion de protestation à la Direction générale de la Rti. Des jours après, quelle appréciation faites-vous ?
Nous observons la Rti, nous avons un délai de deux semaines d'observation. Le chien n'abandonne jamais sa façon de s'asseoir. Le soir de la marche, si la Direction de la Rti était guidée par un esprit professionnel comme Brou Amessan le proclame, ce sont les organisateurs de la marche qu'on aurait dû inviter sur le plateau du journal télévisé pour faire le bilan. La police est allée faire son bilan, c'est bien. Mais il était tout à fait indiqué, à mon sens, qu'un professionnel invite les organisateurs eux-mêmes à venir faire le bilan de la marche en face de la nation. Nous les observons. Je leur ai dit que nous continuerons de marcher jusqu'à ce que les choses changent. Il n'y a pas que la Rti. Ce n'était qu'un test pour nous ce qui s'est passé mardi dernier. L'ouragan va s'annoncer et il est en route.
Lorsque vous parlez des médias d'Etat, incluez vous la Radio, Fraternité Matin ?
Le jour de la marche, il y a eu une scène inédite à la Télévision. Des journalistes ont trouvé l'occasion pour se libérer étouffés qu'ils étaient. Ils ont eu une belle occasion pour s'engueler, se traiter de nullards mutuellement. C'est pour dire que tout le monde en a marre y compris les agents eux-mêmes. Quand ils finissent de travailler et qu'ils rentrent chez-eux à la maison, ils préfèrent regarder les chaînes étrangères. Pourquoi ? Tous les Ivoiriens ont donné dos à la Radio nationale. Onuci-Fm qui vient d'émettre est plus écoutée aujourd'hui. Mais cette radio emploie 80% des Ivoiriens. Pourquoi cette chaîne attire-t-elle du monde ? Pourquoi ce n'est pas le cas pour la Radio nationale ? Notre radio, notre télévision font honte à notre pays. Les Ivoiriens doivent comprendre pour qu'ensemble, nous donnions un autre visage à notre télévision et à notre radio.
C'est possible. La Côte d'Ivoire les a formés à grands frais. Il n'y a pas de raisons que sur le terrain, ils aient des attitudes qui soient contraires à celles des journalistes du monde. Donc nous réservons le même traitement aussi bien à la télévision qu'à la Radio nationale.
Le président du Cnca estime que vous ne l'avez jamais saisi pour lui faire part des manquements observés dans le traitement de l'information par ces médias. Qu'en est-il ?
Franck Anderson ne peut pas nous distraire. Le ministre Salif N'diaye l'a interpellé dans les colonnes de votre journal. Le Rdr l'a interpellé. Quand le Rdr lui a écrit, quand l'Udpci lui a écrit, qui lui a écrit ? Nous sommes les jeunesses de ces partis. Quand Salif N'diaye et le Rdr lui ont écrit, qu'a-t-il apporté de nouveau ? C'est notre courrier qu'il attend ? Il sera saisi dans peu de temps. Mais qu'il comprenne que quand le Rdr l'a saisi, c'est nous qui l'avons saisi.
Blé Goudé estime qu'il n'y a pas d'opposition parce que quatre partis réunis n'ont pu mobiliser que 4000 personnes dans la rue. Et donc qu'il demeure le maître de la rue. Que lui répondez-vous ?
Je ne sais pas dans quel monde il se trouve, mais son patron au nom de qui il parle était très inquiet. Ce ne sont pas les hommes autour de lui qui manquent pour nous informer. Il était le plus inquiet de la Côte d'Ivoire ce jour-là. Ce sont de fausses apparences qu'ils affichent, ils n'ont pas de contenu. Et ils tomberont très bientôt. Ils ont deux choix, partir par les urnes ou partir de leur propre choix. Et nous allons les y accompagner. Mais ce que je peux dire, mes parents ne m'ont pas mis à l'école pour que je devienne "ministre de la rue". Donc je ne tire aucun honneur, aucun plaisir à me faire baptiser "ministre de la rue". Là n'est pas mon ambition. Je dis aux jeunes du Pdci-Rda, sans leur demander de se renier, de résoudre l'équation de la rue. Nous devons rester nous-mêmes, des gens qui ont le sens de la responsabilité, qui n'aiment pas la rue, mais malgré nous, nous devons être dans la rue pour chasser tous ceux qui occupent la rue. Ce n'est pas eux qui ont conçu la rue, ils ne peuvent s'en saisir comme élément de chantage sur les Institutions. Pour exemple, le cas Mambé. Je mets quiconque au défi, les jours à venir, de me prouver qu'il est majoritaire. Je dis qu'à partir de maintenant, ils ne seront plus dans la rue. Il est chassé de la rue pour toujours. Les prochaines fois qu'ils vont se hasarder à être dans la rue pour exercer des chantages sur des Institutions, à commencer par la Cei, ils verront bien qu'ils ne sont rien. Blé Goudé peut continue de rêver. Mambé ne bougera pas.
Quels sont les prochains défis pour vous ?
Le défi majeur qu'il faut relever maintenant, c'est l'obtention de la publication de la liste électorale définitive. Tant qu'elle n'aura pas été publiée, nous allons exercer la plus grande pression possible. C'est pourquoi je dis aux jeunes, ce qui s'est passé mardi dernier n'est qu'un test. C'est pour les mettre en jambe. Il faut qu'ils se préparent à répondre à ceux qui pensent que nous ne sommes pas nombreux. En tout cas, s'il n'y a pas d'élection, ils nous verront à l'œuvre. On nous a dit que les élections vont se tenir fin févier début mars. S'il n'y a pas d'élection à cette période, les Ivoiriens démontreront leur majorité dans la rue.
Prévoyez-vous des actions à l'intérieur du pays ?
A l'intérieur, ils sont plus chauds que nous. Il suffit que le mot d'ordre soit donné pour que tout soit paralysé. Il n'y a qu'Abidjan qui ne bougeait pas jusque-là. C'est ce que nous avons réussi. Les prochaines marches à Abidjan seront plus grandes. En ce moment là, nous allons impliquer l'intérieur. Pour que Gbagbo s'en aille s'il ne veut pas aller aux élections, c'est sur l'ensemble du territoire national qu'il va falloir demander aux Ivoiriens de se réveiller, de se lever pour s'assumer. Au mois de mars, les Ivoiriens s'assumeront. Sans élection, le peuple souverain prendra ses responsabilités au mois de mars.
Y a-t-il des dispositions particulières que vous envisagez en rapport avec les défis majeurs qui vous attendent et que vous comptez relever ?
Le Rjdp ne sera fort que quand les quatre composantes seront très fortes. Nous allons renforcer notre cohésion, notre unité. De plus en plus, il est question que nous allions à un seul parti, à une fédération. Nous devons donc renforcer notre unité. Nous devons aussi envisager des actions intégrées pour que nos jeunes parlent le même langage. D'ici là, nous allons renforcer nos capacités en interne pour que par la suite, nous nous retrouvions au sommet dans une unité d'action pour être plus forts.
Pour vous, la crise intervenue à la Cei est-elle passée ?
C'est terminé. C'est une parenthèse qui, pour nous, est terminée. S'il y a des Ivoiriens qui s'agitent autour de cette affaire qui n'en est pas une, d'autres vont s'agiter en face d'eux. Ce sont des manèges pour ne pas tenir le temps. C'est un débat clos. Je demande aux Ivoiriens de rester sereins. Je demande à nos militants maintenant qu'on a vaincu la peur, qu'ils comprennent définitivement que seuls eux peuvent indiquer le chemin à la Côte d'Ivoire. Il faut que les Ivoiriens se réveillent, il faut qu'ils se tiennent débout pour arracher les élections des mains de Laurent Gbagbo. Tant que le peuple souverain ne se sera pas déterminé, nous n'aurons rien. J'ai dit que 2010 est une année d'engagement politique, l'année de la résurrection de la Côte d'Ivoire parce que les Ivoiriens se seront battus pour arracher la date des élections pour se donner les leaders qu'ils veulent.
Vous êtes invités à Ouagadougou les prochains jours, comptez-vous rencontrer le facilitateur Blaise Compaoré ?
Nous sommes invités à prendre part au 5e forum de la jeunesse à Ouagadougou. C'est le facilitateur qui nous invite. S'il lui est loisible de nous accorder quelque temps pour parler de la situation de la Côte d'Ivoire, nous serons toujours disponibles.
Interview réalisée par Patrice Yao
M. le président de la Jpdci, vous avez organisé comme vous l'avez prévu votre marche le 26 janvier dernier. Quel bilan tirez-vous de cette manifestation ?
Permettez-moi d'abord de remercier les quatre leaders des partis politiques qui composent le Rhdp. En donnant leur onction pour la marche, ils ont libéré les jeunes de leurs partis respectifs pour occuper la rue. Depuis que Gbagbo est président, de mémoire de jeune Ivoirien, c'est la première fois que je vois une opposition qui marche. Gbagbo a un seul mérite dans ce pays, c'est d'avoir introduit la marche dans le débat politique en Côte d'Ivoire. Je ne peux pas accepter aussi longtemps qu'il sera président, qu'on ne puisse pas marcher. C'est lui qui dit que la guerre a pris fin. Si donc la guerre a pris fin, alors nous entrons maintenant de plain pied dans la République. Et les règles du jeu dans une démocratie comme se veut la Côte d'Ivoire, ce sont les marches, les sit-in. La marche de mardi dernier, nous l'avons voulu pacifique.
Quel bilan dressez-vous de cette marche ?
Elle a été pacifique à tous points de vue. Nos jeunes ont été admirables, responsables jusqu'à aller extirper de nos rangs, tous ceux qui ont été infiltrés par le régime Gbagbo. N'oubliez pas que l'un des commandos qui a été pris est de la garde de Gbagbo.
Que comptez-vous faire à la suite de l'interpellation de ces infiltrés ?
Nous allons porter plainte puisque nous avons leurs pièces. En autorisant la marche, la police nous a mis en garde en disant que s'il y a un seul coup de feu, nous étions responsables. Si on avait pris un seul marcheur avec une arme, cela voulait dire que notre marche n'était plus pacifique mais plutôt armée. Pourquoi officiellement la police peut-elle nous dire ça, nous tenant pour responsables tout ce qui allait arriver ? Et puis la garde de Gbagbo infiltre notre marche, puisque la police elle-même dit que les infiltrés ne sont pas de ce corps. Si c'était les forces de l'ordre qui avaient saisi ces individus, on aurait dit que ce sont nos militants qui se sont armés.
Quelle était donc leur intention ? Etaient-ils venus pour tirer sur nous comme ils l'ont fait en mars 2004 ? Il faut que la lumière soit faite sur leur présence en notre sein. C'est pour cela que nous allons porter plainte contre eux. Sinon nos jeunes ont été exceptionnels, la sécurité a fonctionné correctement. La marche s'est déroulée dans la paix, dans le civisme. Nous n'avons brisé aucun véhicule, ni à usage public, encore moins, le véhicule d'un particulier. Aucun policier n'a eu d'injure d'un marcheur encore moins un caillou sur le visage. Nous avons promis une marche pacifique, nous avons tenu parole. C'est la première fois et le directeur de la police l'a dit, ça fait trente ans qu'il est en activité, c'est la toute première fois que des marcheurs viennent féliciter la police après leur manifestation. C'est ça notre culture de jeunes houphouétistes. Nous sommes allés féliciter les gendarmes et les policiers.
Pourquoi avez-vous choisi un jour ouvrable pour organiser la marche ?
Nous avons choisi un jour ouvrable, un mardi quand on sait que la plus grande frange de la jeunesse est sur les bancs d'étude. Les élèves de la 6e à la terminale n'ont pas pris part à notre marche. Ils étaient en classe. Aucun lycée n'a été perturbé, aucun élève n'a été délogé pour prendre part de force ou de gré à notre marche. Les enseignements se sont déroulés tranquillement. Le lycée classique, le lycée Sainte Marie auraient pu, comme savent le faire les patriotes et la Fesci, être perturbés pour mettre les élèves dans la rue pour les compter comme des marcheurs.
Qu'est-ce que cela veut dire en clair ?
En clair, cela veut dire que si nous avions choisi de marcher un samedi, il n'y aurait pas eu de place pour nous accueillir. Elle a réussi. N'oubliez pas que depuis 2004 qu'on a tué beaucoup d'Ivoiriens tout simplement parce qu'ils voulaient marcher, c'est la première fois qu'une marche se déroule. Beaucoup de nos militants téléphonaient pour savoir si rien ne nous était arrivé. Donc nous avons vaincu la peur. C'est ce mythe que nous avons brisé. On nous dit honte à nous parce que nous avons marché. Mais si marcher devrait procurer la honte, aussi bien Gbagbo que tous ceux qui sont autour de lui devraient être les premiers à avoir honte parce qu'ils n'ont fait que ça toute leur vie. Notre marche a atteint tous ses objectifs. Je souhaite que désormais quiconque voudrait marcher en Côte d'Ivoire, en fasse la demande, en ait l'autorisation. Si désormais des jeunes occupent de façon anarchique la rue, nous irons les déloger. La Sotra a garé tous ses bus le jour de notre marche. Je souhaite que pour toute autre marche, la Sotra gare également ses bus. Il faut qu'elle continue de garer ses bus pour toutes les autres fois que des gens voudront marcher. Nos jeunes n'ont pas réquisitionné des bus pour venir à la marche comme les autres le font. Nous sommes venus de nous-mêmes pour réussir notre pari. Je félicite tout simplement les jeunes Houphouétistes et les forces de l'ordre.
Vous avez déposé une motion de protestation à la Direction générale de la Rti. Des jours après, quelle appréciation faites-vous ?
Nous observons la Rti, nous avons un délai de deux semaines d'observation. Le chien n'abandonne jamais sa façon de s'asseoir. Le soir de la marche, si la Direction de la Rti était guidée par un esprit professionnel comme Brou Amessan le proclame, ce sont les organisateurs de la marche qu'on aurait dû inviter sur le plateau du journal télévisé pour faire le bilan. La police est allée faire son bilan, c'est bien. Mais il était tout à fait indiqué, à mon sens, qu'un professionnel invite les organisateurs eux-mêmes à venir faire le bilan de la marche en face de la nation. Nous les observons. Je leur ai dit que nous continuerons de marcher jusqu'à ce que les choses changent. Il n'y a pas que la Rti. Ce n'était qu'un test pour nous ce qui s'est passé mardi dernier. L'ouragan va s'annoncer et il est en route.
Lorsque vous parlez des médias d'Etat, incluez vous la Radio, Fraternité Matin ?
Le jour de la marche, il y a eu une scène inédite à la Télévision. Des journalistes ont trouvé l'occasion pour se libérer étouffés qu'ils étaient. Ils ont eu une belle occasion pour s'engueler, se traiter de nullards mutuellement. C'est pour dire que tout le monde en a marre y compris les agents eux-mêmes. Quand ils finissent de travailler et qu'ils rentrent chez-eux à la maison, ils préfèrent regarder les chaînes étrangères. Pourquoi ? Tous les Ivoiriens ont donné dos à la Radio nationale. Onuci-Fm qui vient d'émettre est plus écoutée aujourd'hui. Mais cette radio emploie 80% des Ivoiriens. Pourquoi cette chaîne attire-t-elle du monde ? Pourquoi ce n'est pas le cas pour la Radio nationale ? Notre radio, notre télévision font honte à notre pays. Les Ivoiriens doivent comprendre pour qu'ensemble, nous donnions un autre visage à notre télévision et à notre radio.
C'est possible. La Côte d'Ivoire les a formés à grands frais. Il n'y a pas de raisons que sur le terrain, ils aient des attitudes qui soient contraires à celles des journalistes du monde. Donc nous réservons le même traitement aussi bien à la télévision qu'à la Radio nationale.
Le président du Cnca estime que vous ne l'avez jamais saisi pour lui faire part des manquements observés dans le traitement de l'information par ces médias. Qu'en est-il ?
Franck Anderson ne peut pas nous distraire. Le ministre Salif N'diaye l'a interpellé dans les colonnes de votre journal. Le Rdr l'a interpellé. Quand le Rdr lui a écrit, quand l'Udpci lui a écrit, qui lui a écrit ? Nous sommes les jeunesses de ces partis. Quand Salif N'diaye et le Rdr lui ont écrit, qu'a-t-il apporté de nouveau ? C'est notre courrier qu'il attend ? Il sera saisi dans peu de temps. Mais qu'il comprenne que quand le Rdr l'a saisi, c'est nous qui l'avons saisi.
Blé Goudé estime qu'il n'y a pas d'opposition parce que quatre partis réunis n'ont pu mobiliser que 4000 personnes dans la rue. Et donc qu'il demeure le maître de la rue. Que lui répondez-vous ?
Je ne sais pas dans quel monde il se trouve, mais son patron au nom de qui il parle était très inquiet. Ce ne sont pas les hommes autour de lui qui manquent pour nous informer. Il était le plus inquiet de la Côte d'Ivoire ce jour-là. Ce sont de fausses apparences qu'ils affichent, ils n'ont pas de contenu. Et ils tomberont très bientôt. Ils ont deux choix, partir par les urnes ou partir de leur propre choix. Et nous allons les y accompagner. Mais ce que je peux dire, mes parents ne m'ont pas mis à l'école pour que je devienne "ministre de la rue". Donc je ne tire aucun honneur, aucun plaisir à me faire baptiser "ministre de la rue". Là n'est pas mon ambition. Je dis aux jeunes du Pdci-Rda, sans leur demander de se renier, de résoudre l'équation de la rue. Nous devons rester nous-mêmes, des gens qui ont le sens de la responsabilité, qui n'aiment pas la rue, mais malgré nous, nous devons être dans la rue pour chasser tous ceux qui occupent la rue. Ce n'est pas eux qui ont conçu la rue, ils ne peuvent s'en saisir comme élément de chantage sur les Institutions. Pour exemple, le cas Mambé. Je mets quiconque au défi, les jours à venir, de me prouver qu'il est majoritaire. Je dis qu'à partir de maintenant, ils ne seront plus dans la rue. Il est chassé de la rue pour toujours. Les prochaines fois qu'ils vont se hasarder à être dans la rue pour exercer des chantages sur des Institutions, à commencer par la Cei, ils verront bien qu'ils ne sont rien. Blé Goudé peut continue de rêver. Mambé ne bougera pas.
Quels sont les prochains défis pour vous ?
Le défi majeur qu'il faut relever maintenant, c'est l'obtention de la publication de la liste électorale définitive. Tant qu'elle n'aura pas été publiée, nous allons exercer la plus grande pression possible. C'est pourquoi je dis aux jeunes, ce qui s'est passé mardi dernier n'est qu'un test. C'est pour les mettre en jambe. Il faut qu'ils se préparent à répondre à ceux qui pensent que nous ne sommes pas nombreux. En tout cas, s'il n'y a pas d'élection, ils nous verront à l'œuvre. On nous a dit que les élections vont se tenir fin févier début mars. S'il n'y a pas d'élection à cette période, les Ivoiriens démontreront leur majorité dans la rue.
Prévoyez-vous des actions à l'intérieur du pays ?
A l'intérieur, ils sont plus chauds que nous. Il suffit que le mot d'ordre soit donné pour que tout soit paralysé. Il n'y a qu'Abidjan qui ne bougeait pas jusque-là. C'est ce que nous avons réussi. Les prochaines marches à Abidjan seront plus grandes. En ce moment là, nous allons impliquer l'intérieur. Pour que Gbagbo s'en aille s'il ne veut pas aller aux élections, c'est sur l'ensemble du territoire national qu'il va falloir demander aux Ivoiriens de se réveiller, de se lever pour s'assumer. Au mois de mars, les Ivoiriens s'assumeront. Sans élection, le peuple souverain prendra ses responsabilités au mois de mars.
Y a-t-il des dispositions particulières que vous envisagez en rapport avec les défis majeurs qui vous attendent et que vous comptez relever ?
Le Rjdp ne sera fort que quand les quatre composantes seront très fortes. Nous allons renforcer notre cohésion, notre unité. De plus en plus, il est question que nous allions à un seul parti, à une fédération. Nous devons donc renforcer notre unité. Nous devons aussi envisager des actions intégrées pour que nos jeunes parlent le même langage. D'ici là, nous allons renforcer nos capacités en interne pour que par la suite, nous nous retrouvions au sommet dans une unité d'action pour être plus forts.
Pour vous, la crise intervenue à la Cei est-elle passée ?
C'est terminé. C'est une parenthèse qui, pour nous, est terminée. S'il y a des Ivoiriens qui s'agitent autour de cette affaire qui n'en est pas une, d'autres vont s'agiter en face d'eux. Ce sont des manèges pour ne pas tenir le temps. C'est un débat clos. Je demande aux Ivoiriens de rester sereins. Je demande à nos militants maintenant qu'on a vaincu la peur, qu'ils comprennent définitivement que seuls eux peuvent indiquer le chemin à la Côte d'Ivoire. Il faut que les Ivoiriens se réveillent, il faut qu'ils se tiennent débout pour arracher les élections des mains de Laurent Gbagbo. Tant que le peuple souverain ne se sera pas déterminé, nous n'aurons rien. J'ai dit que 2010 est une année d'engagement politique, l'année de la résurrection de la Côte d'Ivoire parce que les Ivoiriens se seront battus pour arracher la date des élections pour se donner les leaders qu'ils veulent.
Vous êtes invités à Ouagadougou les prochains jours, comptez-vous rencontrer le facilitateur Blaise Compaoré ?
Nous sommes invités à prendre part au 5e forum de la jeunesse à Ouagadougou. C'est le facilitateur qui nous invite. S'il lui est loisible de nous accorder quelque temps pour parler de la situation de la Côte d'Ivoire, nous serons toujours disponibles.
Interview réalisée par Patrice Yao