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Politique Publié le samedi 30 janvier 2010 | Le Patriote

Après la grande marche du 26 janvier/Karamoko Yayoro :“Nous avons atteint notre objectif”

Après la grande marche de protestation contre la caporalisation de la RTI, Karamoko Yayoro, président du RJR et président en exercice du RJDP nous fait ici le bilan de cette manifestation historique.
Le Patriote : Après la marche du 26 janvier dernier, quel bilan faites-vous ?

Karamoko Yayoro : Nous sommes satisfaits. D’abord, parce que cette marche a pu avoir lieu, malgré toutes les pressions. Satisfaits, parce que malgré l’intoxication, la manipulation et la désinformation du FPI, cette marche a pu se faire. Vous avez donc pu voir que le FPI a déployé les grands moyens, en nous envoyant des agents armés pour infiltrer notre groupe. Dieu merci, nous avons pu mettre la main sur cinq d’entre eux. Malgré donc cette atmosphère qui a été créée au début de la marche, elle a pu se tenir dans un esprit pacifique et fraternel. Le deuxième niveau de satisfaction, c’est qu’enfin, depuis mars 2004, les militants peuvent sortir et manifester. Et enfin, nous avons pu à travers cette action, démontrer que l’opposition ivoirienne peut manifester sans qu’il n’y ait de mort. Pour nous, cela est une victoire. Troisièmement, nous sommes satisfaits de la sécurisation, au niveau interne et avec les Forces de l’ordre. Ce sont donc autant d’éléments de satisfaction. Nous avons donc atteint notre objectif. Et prochainement, nous sommes convaincus qu’il y aura beaucoup plus de monde.

LP : Vous avez réussi à mettre la main sur des infiltrés armés. Mais quelle suite donnez-vous à cette affaire ?

KY : Nous allons donner une suite judiciaire à cette affaire. Parce que le Procureur de la République est là. Nous avons fait une demande en bonne et due forme. Elle a été acceptée. Et on se rend compte que des personnes nous ont infiltrés. Pour une fois, il faut qu’on sache la mission qui leur était assignée. Pourquoi sont-elles venues à la marche avec des armes ? Si elles étaient en mission de renseignement, on ne se renseigne pas avec des armes. Mais peut-être avec des dictaphones ou autres choses. Mais si ces personnes ont des armes, alors qu’est-ce qu’elles venaient faire parmi les manifestants ? Il faut qu’on nous le dise. Il faut que la Côte d’Ivoire redevienne un pays normal. Nous allons donc voir des avocats, Me Ahoussou Jeannot et bien autres, pour qu’une suite judiciaire soit donnée. Afin que le Procureur soit saisi et qu’on sache ce qui s’est réellement passé.

LP : Concernant la mobilisation, d’aucuns de 3000, 5000 et d’autres, de 10.000, 15.000 manifestants. Concrètement, à combien estimez-vous les personnes venues à cette marche ?

KY : Nous n’entrerons pas dans la guerre des chiffres. Pour nous, l’essentiel, c’était d’organiser la marche. La marche a-t-elle eu lieu ? Etait-ce une marche organisée par la France, comme l’ont écrit certains ? Ah ! La grande France. Si elle n’avait pas existé, il aurait fallu la créer. Diantre, les problèmes des Français sont les problèmes des Français. Mais les problèmes des Ivoiriens sont les problèmes des Ivoiriens. Il faut que les gens comprennent que nous, en tant qu’Ivoiriens, nous puissions regarder nos problèmes en face et les assumer. Il ne sert à rien d’utiliser le prétexte France pour pouvoir entraîner un soulèvement. Nous ne pouvons pas accepter cela. Ceux qui le font sont des incapables.

LP : Mais des journaux proches du pouvoir qualifie cette marche de «boucan pour rien ». Quel commentaire ?

KY : Mais eux, qu’attendaient-ils ? Je suis sûr qu’ils sont aujourd’hui soulagés. Parce qu’ils ont pensé que c’était leur dernière heure. Mais nous, nous n’avons pas dit que nous faisions une insurrection. Eux, ils avaient annoncé une action d’insurrection. Certainement qu’ils ne savent pas ce que c’est qu’une insurrection. Nous avons annoncé un itinéraire que nous avons respecté.

Nous avons annoncé un état d’esprit que nous avons respecté. Nous avons respecté tout ce que nous avons annoncé. Ils devaient donc lancer un ouf pour signifier leur soulagement. Vous savez, le FPI, c’est l’art de dénaturer. Ils aiment toujours affirmer ce qui n’est pas.

LP : Le Directeur général de la RTI, M. Brou Amessan, à la remise de votre motion de protestation, vous a retourné que ses collaborateurs et lui travaillaient dans «l’équité et le professionnalisme ».

Quel comment ?

KY : Vous étiez dans la salle et vous avez certainement vu la réaction que cela a créée. Quand il a dit cela, tout le monde a ri, sauf moi.

LP : Pourquoi ?
KY : Tout simplement parce qu’il m’a fait pitié. Ce sont certainement des professionnels, mais ils ne travaillent pas avec professionnalisme. Parce que, comment expliquez-vous que quand ils finissent eux-mêmes de monter leurs images, ils rentrent à la maison pour suivre France 24, TV5 et autres chaînes internationales. Quand ils finissent à la radio, ils vont écouter RFI ou ONUCI-FM.

Voilà la réalité en Côte d’Ivoire. Lui, en tant que Directeur général de la RTI, qu’il se remette en cause. Sinon s’il y a l’ouverture de l’espace audiovisuel, elle va disparaître. C’est ce que nous déplorons. C’est donc pour eux-mêmes, leur propre survie, que nous pleurons. Ceux d’entre les agents de la RTI qui sont allés à ONUCI-FM sont considérés aujourd’hui comme de grands journalistes. Mais pourquoi eux qui sont restés sont vus comme des médiocres ? C’est dire qu’il y a un état d’esprit qu’il faut changer.

LP : Mais si les choses ne changent pas à la télévision, qu’allez-vous faire ?

KY : Nous n’allons pas nous arrêter aux marches. Nous rencontrerons ces jours-ci, le CNCA.

Ensuite, le représentant spécial du Facilitateur, le représentant du Secrétaire général de l’ONU et les chefs traditionnels, pour leur dire que le travail doit continuer. Parce qu’organiser une marche ne veut pas dire que les problèmes sont réglés. Mais c’est une interpellation. Maintenant, il faut qu’on s’asseye, qu’on mène les débats et qu’on résolve ce problème. Il faut des professionnels à la RTI. Il ne s’agit pas de dire que nous sommes des professionnels. Il faut des professionnels jusqu’au bout des ongles. Donc, des gens qui travaillent avec professionnalisme. La Télévision ivoirienne ne peut pas être « télé Laurent Gbagbo et famille ». Il faut que nous puissions comprendre cela.

LP : Un autre débat défraie la chronique en ce moment, c’est la gestion du contentieux sur la liste électorale. Quelle lecture faites-vous de cette étape qui devra aboutir à l’organisation des prochaines élections?

KY : Aujourd’hui, encore, c’est avec regret que nous voyons le FPI et le camp présidentiel mener la chasse aux nordistes dans cette période de gestion du contentieux. Oui, je leur pose donc cette question : Etes-vous un parti anti-nordiste ? Si oui, vous tombez sous le coup de la loi contre le tribalisme. Le FPI est-il sûr qu’une fois encore au pouvoir, il pourra nous garantir la cohésion nationale ? Quand on dit étranger, automatiquement ils voient les nordistes. Alors là, je cris mon ras-le-bol. Nous, en tant que RJR, nous allons très bientôt prendre des décisions.

LP : Lesquelles…

KY : S’ils n’arrêtent pas de persécuter une partie du peuple ivoirien, ils auront en face le peuple ivoirien. Je lance donc un appel à tous ceux qui sont persécutés, de se rendre au siège du FPI et de demander qu’ils lancent l’opération de rapatriement. Qu’on leur dise où se trouve leur pays, comme ils ne sont pas de la Côte d’Ivoire. Nous sommes fatigués qu’on continue de persécuter une partie de la population. Nous ne pouvons plus accepter cela. Il faut qu’on garantisse la cohésion nationale. Nous demandons qu’il y ait un débat sur les nationalités et la nationalité ivoirienne. Les nationalités supposant les peuples qui existent en Côte d’Ivoire, c’est-à-dire les ethnies. Sur leur cohabitation et l’air qu’elles doivent occuper. Un autre Ivoirien a-t-il le droit de venir vivre dans une autre région de la Côte d’Ivoire ? Qu’est-ce qu’un étranger ? Il faut donc qu’on ait ce débat. J’invite donc le FPI à un débat national sur les nationalités et la nationalité. En ce moment, nous allons trancher. Ils vont nous dire si leur politique est contre une nationalité ou contre des nationalités, contre un groupe ethnique, contre des peuples de certaines régions. Il faut que ce débat ait lieu maintenant pour que tout le monde soit situé. Parce que nous sommes fatigués.

Réalisée par Diawara Samou
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