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Politique Publié le lundi 1 février 2010 | Nord-Sud

Les imams de Côte d`Ivoire à propos de la crise autour du listing électoral : “Laissez la Cei organiser les élections”

Le Conseil consultatif du Conseil supérieur des imams (Cosim) s'est réuni du 29 au 30 janvier 2010 à la grande mosquée de Williamsville, sous la présidence du guide spirituel de la communauté musulmane, président du Cosim, le Cheick Al Aïma El Hadj Aboubacar Fofana. Nous vous proposons de larges extraits de leur déclaration.

Au plan sociopolitique

Les imams notent avec satisfaction des avancées positives dans l'évolution du processus global de sortie de crise, notamment en ce qui concerne l'organisation prochaine des élections.
Cependant, au-delà des questions électorales, les imams restent constamment préoccupés par la préservation de la paix, la cohésion sociale et surtout par la souffrance des populations.
Aussi en appellent-ils à la sensibilité et à la compassion humaine des acteurs politiques pour mettre fin à cette souffrance en évitant autant que possible toute action susceptible de faire perdurer cette situation difficile.

A ce propos, ils attirent l'attention des gouvernants sur des faits qui sont de nature à ressusciter les vieux démons de la fracture sociale pouvant compromettre le retour à la paix tant recherchée.
En effet, des exactions ont été récemment perpétrées nuitamment contre des citoyens ivoiriens issus de la communauté musulmane pour cause, dit-on, de nationalité douteuse.

Les Imams, conformément aux nobles enseignements du Saint Coran et de la Tradition du Prophète de l'Islam Mohammad (SAW), ne sauraient cautionner aucune forme de fraude sur la nationalité. Toutefois, aucun citoyen ivoirien ne doit être injustement spolié de sa nationalité et des droits qui s'y rattachent.

Aussi, les imams interpellent-ils les forces de défense et de sécurité sur l'observation stricte de leur rôle de gardien des valeurs républicaines en garantissant de façon égalitaire et impartiale la sécurité des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire ivoirien.

Faut-il le rappeler, le traitement du contentieux sur le listing électoral doit se faire suivant le mode opératoire préalablement défini de façon consensuelle.

Par conséquent, les imams condamnent l'ingérence de toute autre autorité dans le déroulement du processus électoral notamment le règlement du contentieux et la validation du listing électoral.
Le débat actuel sur la Commission électorale indépendante (Cei) nous interpelle tous. La sagesse nous commande d'éviter toute action de nature à déstabiliser les instruments mis en place dans le cadre du processus de sortie de crise.

Aussi les imams recommandent-ils que les uns et les autres se surpassent pour préserver les acquis qui garantissent la démocratisation dans notre pays et ce, dans un cadre consensuel.
Par ailleurs, et en rapport avec tout ce qui précède, les imams lancent un appel solennel et pressant pour la moralisation de notre société. Car, aucune société ne peut prospérer dans la corruption.

Enfin, soucieux du rôle primordial que joue la jeunesse, (cette frange sensible de notre société) dans le processus de développement de tout pays, les Imams appellent de tous leurs vœux les responsables à charge du système scolaire et tous les acteurs sociaux intéressés, à faire en sorte de coupler l'éducation à l'instruction, afin d'offrir à notre société des citoyens pétris du sens éthique et de l'esprit civique.

Au plan des relations interconfessionnelles

Les imams réaffirment leur volonté d'entretenir les meilleures relations avec les leaders des autres confessions religieuses en vue d'œuvrer ensemble en tant que guides spirituels, à la consolidation de la paix et de la cohésion nationale.

Les imams rappellent pour mémoire, l'existence heureuse, à un moment donné, d'un cadre de dialogue islamo-chrétien qui a permis des échanges fructueux.

Puis, ce fut l'avènement du Forum des Confessions Religieuses, à l'initiative du Gerdes, avec la contribution active de la communauté musulmane.

Mais le fonctionnement de cette structure ne répond plus aux attentes du Cosim. Aujourd'hui, le Cosim souhaite l'existence d'un cadre véritable d'échange et de concertation avec des objectifs précis et un plan d'action consensuel.

Le positionnement du Cosim dans la nation ivoirienne vise uniquement à affirmer la présence légitime de la communauté musulmane en Côte d'ivoire, en parfait rapport de collaboration et de partenariat avec les autres confessions dans la considération et le respect mutuel.


Au plan de l'organisation du pèlerinage à La Mecque

(…) Selon des informations persistantes, l'épilogue de l'édition 2009 connaitrait quelques problèmes relatifs à des reliquats à payer pour certaines prestations de service en Arabie Saoudite.

Dans le cas de cette éventualité, les imams en appellent à la sollicitude de Monsieur le Président de la République pour sauver l'image de la Côte d'ivoire et de la communauté musulmane par la prise en compte du règlement de cette situation qui s'élèverait à plus d'un milliard de nos francs (...)

Dans le cadre des perspectives d'avenir, le Cosim, dans son souci d'anticiper sur les évènements, a organisé un séminaire de réflexion sur « la Problématique de l'organisation du Hadj et de la Oumra » les 21 et 22 mars 2009 à Abidjan.

Ce séminaire, qui a vu la participation de près de 400 séminaristes issus de 150 associations et Ong, a adopté des résolutions dont les principales sont :

- La prise en main de l'organisation du Hadj par la communauté musulmane à travers le Cosim appuyé par l'Etat, conformément à ses missions régaliennes;

- La prise d'une ordonnance par Monsieur le président de la République créant le cadre juridique de l'organisation des pèlerinages (toutes religions confondues) en Côte d'ivoire;

- La création d'un organisme unique (Un Etablissement privé de type particulier) chargé de piloter l'organisation du Hadj et de la Oumra : Dénomination : Bureau ivoirien du Hadj et de la Oumra

Siège Social : La Maison du Hadj et de la Oumra

Ces résolutions qui constituent des perspectives de solution pour l'organisation des éditions futures du hadj ont été transmises à Monsieur le Président de la République pour obtenir son soutien à ce projet.

Par ailleurs, ce document a fait l'objet d'une large diffusion en direction des autorités compétentes. En raison de la sensibilité et de la délicatesse de la question de l'organisation du hadj, les imams souhaitent un partenariat fort entre l'Etat et la communauté musulmane avec une répartition précise des tâches.(…)

Au plan des chantiers du Cosim

A l'avènement du Cheick Al Aïma El Hadj Aboubacar Fofana à la tête du Cosim, treize (13) chantiers ont été identifiés, définis et adoptés comme la feuille de route de sa mission.
A ce jour nombre de ces chantiers sont réalisés ou en cours de réalisation.

1/ L'Unité et la cohésion de la communauté

Pour mettre en application l'ordre d'Allah, dans la sourate 3 verset 103 « Et cramponner vous tous ensemble à la Corde d'Allah et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par son Bienfait, vous êtes devenus des frères...»

Dès son retour des Etats-Unis d'Amérique, le Cheick a tendu la main à tous les leaders religieux et à toutes les associations islamiques.

Il s'est engagé également dans une campagne de sensibilisation pour la remobilisation de la communauté musulmane pour affronter les défis du futur.

Des missions de bons offices ont été envoyés partout où il y avait des risques de conflit.
Le Cheick s'est engagé également dans un vaste programme de voyage pour visiter toutes les communautés musulmanes dans leurs régions. Ce programme est en voie d'achèvement.
Un des instruments essentiels mis en place par le Conseil supérieur des imams (Cosim) le 09 janvier 1993 pour réaliser l'unité et la cohésion est le Conseil national islamique (Cni).
Dans le souci d'une meilleure organisation le Conseil Supérieur des Imams (Cosim) a assigné au Conseil national islamique (Cni) la mission de structuration, de coordination et de développement de la communauté en tant que son bras séculier à travers les associations nationales et les communautés organisées autour des mosquées.

Pour assurer la crédibilité du Conseil national islamique (Cni) qui n'est pas une structure d'imams, le Conseil supérieur des imams (Cosim) a désigné un des leurs pour le diriger.

Ses premières années d'existence ont fait la fierté de toute la communauté musulmane.
Depuis quelques temps, les imams constatent avec regret une réorientation de ses actions qui ne correspond pas à sa mission initiale et est de nature à mettre à mal l'unité et la cohésion de la communauté musulmane.

Par manque de ressort interne, aucune initiative de la communauté musulmane n'a réussi à surmonter cette contradiction. Ce qui a amené Monsieur le président de la République à proposer ses bons offices et à organiser une cérémonie de réconciliation le 30 avril 2009 dans la salle des pas perdus du palais présidentiel.

Pour cela nous saluons et remercions Monsieur le président de la République.
Les imams réunis en Conseil consultatif les 29 et 30 janvier 2010, dans le souci de préserver l'unité, la cohésion et la bonne image de la communauté, donnent mandat au Cheick Al Aima pour mener toute action conforme aux enseignements de l'islam pour la résolution définitive de cette question.


2/ La réforme de l'Education islamique

Le système d'enseignement islamique en Côte d'ivoire assuré par les écoles coraniques et les
medersas ont en leur sein un effectif d'environ 2 millions d'élèves. Ces élèves n'ont que très peu de perspectives. Seule une infime minorité, réussit à obtenir des bourses d'études dans les pays arabo-musulmans pour un cursus universitaire plus ou moins adapté à l'environnement de la Côte d' Ivoire. Cette situation n'a pas échappé à la perspicacité du Conseil supérieur des imams (Cosim) et du Cheick Al Aïma.

Les imams encouragent le Cheick Al Aima à approfondir toutes les démarches auprès des autorités compétentes et de toutes les institutions spécialisées pour une solution rapide à cette question.

Un autre point important relatif à la question de l'éducation concerne l'obtention de l'autorisation d'ouverture d'une université islamique à Abidjan.

Dans le même cadre, pour assurer le renforcement des capacités des imams et assurer la formation initiale d'une ressource humaine variée et multidisciplinaire, il a été ouvert un institut international de l'Imamat dénommé 3I Afrique qui ambitionne de recevoir des auditeurs venant d'au moins 30 pays d'Afrique.


3/ La redynamisation du Cosim

A sa prise de fonction, le Cheick Al Aïma a imprimé une dynamique nouvelle dans la méthode de travail et dans la structuration technique des différents organes du Conseil supérieur des imams (Cosim).

Au titre des réalisations concrètes il faut noter:

- la mise en circulation d'une carte professionnelle identifiant chaque imam sur l'ensemble du territoire. A ce jour plus de 10.000 imams ont été recensés.

- Les projets de recensement des mosquées, la rédaction de la charte de l'imamat, des statuts et règlement intérieur de référence pour la gestion des mosquées et des communautés et l'élaboration de l'annuaire des imams et des mosquées sont en cours.

D'autres projets importants mérites d'être signalés. Ce sont :

1/ L'extension de Radio Albayane sur l'ensemble du territoire. A ce jour l'antenne de Yamoussoukro est installée et des efforts sont en cours pour atteindre la couverture du territoire nationale

2/ La création d'un site web du Cosim.

3/ La mise en place d'une mutuelle d'assurance maladie en faveur des imams. (…)

Fait à Abidjan, le Samedi 30 Janvier 2010
Le Conseil consultatif du Cosim

Les titre et surtitre sont de la redaction
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