x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mardi 2 février 2010 | Le Patriote

D’hier à aujourd’hui, Laurent Gbagbo aux Ivoiriens en mars 1987 :«Quand on exerce le pouvoir plus de dix ans, on devient un monarque»

La rubrique que nous vous proposons, paraitra tous les mardis et vendredis. Dans un débat politique où la mauvaise foi est la chose la mieux partagée dans le camp présidentiel, il s’agit de restaurer le discours d’antan de la classe dirigeante, principalement du président Laurent Gbagbo. Il a dit tellement de choses dans l’opposition, opéré tellement de critiques, qu’on s’étonne de le voir ouvrir le temps du reniement. Dénoncer des tares et se surprendre à les appliquer, assurément le candidat-président n’est pas à une contradiction près. Ce sont ces types d’écarts et de reniements que « D’hier à aujourd’hui » tente de saisir, pour aiguiser chez l’opinion l’indispensable devoir de mémoire. Ecce homo !

Laurent Gbagbo, le camarade socialiste, est candidat à sa propre succession. Aux affaires depuis Octobre 2000, dans quelques mois, il aura dix ans de présence au sommet de l’Etat ivoirien. Il n’entend pas s’arrêter à deux mandats, il entend briguer le suffrage de ses compatriotes, plus grave, il reporte à n’en point finir la tenue du scrutin, pour espérer gagner du temps supplémentaire à gouverner la Côte d’Ivoire. Contrairement au président Alassane Ouattara qui pense qu’on peut poser de grands actes de développement au cours d’un seul mandat, l’ancien opposant historique, prétendument présenté comme « l’enfant du peuple », ne voit pas les choses ainsi. Il veut rester le plus longtemps possible au pouvoir, en empruntant des chemins anti- démocratiques. Le faisant, et cela n’est pas nouveau, il prend le contre- pied de la critique qu’il faisait au « père de la nation ivoirienne », Félix Houphouët Boigny. Sur cette question, voici son avis, tiré, de l’introduction de l’ouvrage « Propositions pour gouverner la Côte d’Ivoire », sorti en 1987. « En dix ans, on peut faire du bon travail, car quand quelqu’un exerce le pouvoir présidentiel plus de dix ans, il se prend pour le propriétaire des lieux et adopte une mentalité de monarque. C’est malsain pour la démocratie », disait-il aux Ivoiriens.

Plus loin dans son développement, il ajoutait sèchement à ses concitoyens : «quand on croit qu’on doit toujours gouverner, on finit par provoquer les conflagrations sociales»

On remarque aisément que depuis un bon moment, Gbagbo manœuvre pour confisquer encore un peu plus, le pouvoir d’Etat. Après avoir passé dix ans à la tête de la République, il a fini par arborer les habits de « monarque ». Il a mis l’armée en coupe réglée. Il a fait une offre publique d’achat sur la RTI où il passe à souhait. On ne compte pas les chars qu’il poste à tous les carrefours, croyant foncièrement que quelqu’un viendrait lui ravir le fauteuil présidentiel. Se croyant désormais «propriétaire des lieux», il fait tout à sa guise. En témoigne, la vision manichéenne qu’il fait de la société ivoirienne. Ses adjuvants et lui sont les « patriotes », les «résistants» et les «nationalistes» quand les adversaires politiques sont dépeints comme «les ennemis de la République», «les candidats de l’Etranger», sans cesse en train «d’ourdir des complots pour l’évincer»

Et pourtant, c’est un lieu commun que s’il avait le sens de la gestion, Laurent Gbagbo aurait pu réaliser beaucoup, conformément à ses proclamations des années d’opposition. Le prétexte de la guerre ne saurait prospérer dans la mesure où c’est lui-même qui nous apprenait qu’il détient «la Côte d’Ivoire utile», restée à l’abri de la guerre et où il pouvait librement mettre en œuvre son programme de gouvernement. Il ne l’a pas fait, sans pour autant empêcher ses proches de vider les caisses de la nation et de parader sous leur titre de «nouveaux riches». Après la fausse élection de 2000, les Ivoiriens attendent depuis cinq ans, la tenue de la présidentielle. Laurent Gbagbo n’est pas pressé à y aller, nonobstant les sondages qu’il a commandés et commandités et qui le donneraient vainqueur. Depuis dix ans, il rythme, selon les humeurs du moment, la vie nationale. S’il ne sa prend pas pour «le propriétaire des lieux», il en fait comme si…

Une rubrique de Bakary Nimaga
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ