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Politique Publié le mercredi 3 février 2010 | Le Nouveau Réveil

Intrusion du ministre de l`Intérieur, Désiré Tagro, dans le processus électoral : “Tagro doit démissionner pour qu’il soit libre de militer dans son parti”

Paul Koffi (Le Nouveau Réveil)

Vous demandez la démission du ministre Désiré Tagro contre qui vous demandez aussi que des poursuites judiciaires soient engagées. Est-ce que cela ne va pas prolonger le processus électoral quand on sait qu`à la suite de l`affaire des 429.000 personnes qui auraient été inscrites de façon fraudeuleuse sur la liste électorale provisoire, eux aussi demandent la démission du président de la Cei ?

Il ne s`agit pas de créer une crise dans la crise par la position qu`affirme le directoire du Rhdp en demandant la démission du ministre Tagro. Quand vous enlevez sur le parcours d`un processus ce qui constitue un obstacle, vous réglez le problème. A l`évidence, le ministre Tagro, principal négociateur de l`accord de l`accord en application (Ndlr : Accord politique de Ouagadougou) se révèle comme un obstacle à l`avancée du processus. Ses interventions intempestives dans aucun cadre, parce que s`il intervient en tant que ministre de l`Intérieur pour traduire les membres de la Cei en justice, il n`en a aucun droit. Car du peu que nous savons, le gouvernement auquel il appartient a un chef qui est le Premier ministre. Il est fait appel au ministre de la justice d`engager la procédure qui serait éventuellement nécessaire. Mais, on ne se lève pas en tant que membre d`un gouvernement, quand le chef de ce gouvernement vient d`indiquer une direction d`apaisement, on ne se lève pas à titre individuel pour faire ce qu`il a fait. En agissant ainsi, il s`est désolidarisé de l`action gouvernementale. Par cette action, il dit bien lui-même qu`il n`est plus membre du gouvernement puisqu`il agit en dehors de ce gouvernement. On lui demande tout simplement de tirer les conclusions de son propre comportement.

En sus, quand il demande aux préfets et sous-préfets (et il n`y a pas d`erreurs d`interprétation possible) de dessaisir les membres de la Cei du dossier au profit de l`administration territoriale afin de recevoir les réclamations, il demande ainsi clairement à ses services de jouer le rôle des membres de la Cei. Et cela vient en opposition flagrante aux dispositions de notre Constitution et de toutes les lois afférentes et de tous les accords internationaux. Comment appeler cela, sinon le comportement d`un partisan, d`un militant de son parti, ce qui est son droit. Mais, il ne faudrait pas qu`il le fasse sous le couvert du ministère de l`Intérieur qui appartient à tous les Ivoiriens. Et pour qu`il soit libre de militer au nom de son parti, le Fpi, on lui demande tout simplement de rendre son tablier. Ainsi, il sera dégagé de toutes obligations gouvernementales. Je pense qu`il ne s`agit pas d`une simple vue d`esprit. Ce volumineux document (Ndlr : il brandit ledit document) que vous pourrez consulter si vous le voulez a été établi à la suite de l`instruction du ministère de l`Intérieur.

Dans ce document, il a demandé à des chefs de villages, de cantons, de tribus, de communautés, de venir contester sans aucune preuve à l`appui en dehors du mode opératoire du contentieux de la liste électorale, d`aligner des noms et de venir les déposer auprès des sous-préfets et préfets pour dire, un tel mérite d`être sur la liste, un tel ne mérite pas d`être sur la liste…
Le mode opératoire demande tout simplement que celui qui met en cause la nationalité de quelqu`un apporte la preuve de cette mise en cause. Ce n`est pas à l`accusé de la fraude de le faire, mais cela incombe à celui qui accuse. Les juristes ne vous diront pas le contraire.

Tous ceux qui ne sont pas Ivoiriens et pour lesquels on peut démontrer qu`ils ne sont pas Ivoiriens, le Rhdp ne soutient pas qu`ils soient sur une liste électorale. Mais on ne peut pas accepter de parti pris, sans la moindre preuve. Après le mode opératoire qu`on a instauré et les croisements qui ont eu lieu, dire que tel ou tel n`est pas ivoirien... ! Quand on enlève un mal d`un processus, on guérit le processus, on ne le gène pas. Nous ne sommes pas en train de chercher à bloquer un processus. On demande à un militant avéré d`une tendance de se mettre dans les conditions d`assumer ses fonctions de militants et de déposer le tablier de serviteur de tous les Ivoiriens.

Marcel Bénié (Demain)

Au cœur du processus de sortie de crise se trouve l`accord de Ouaga dont le Facilitateur est le président Blaise Compaoré. Vous demandez à l`Onu de prendre des sanctions contre Tagro et vous oubliez Blaise Compoaré. Quel rôle celui-ci peut-il donc jouer dans cette crise ?

Ce que nous avons dit n`est pas fait pour exclure certains acteurs du processus. Si nous n`avons pas expressément lancé un appel au président Blaise Compaoré, facilitateur de la mise en œuvre de l`accord politique de Ouagadougou, c`est parce que nous savons que la presse ivoirienne a de la mémoire. Nous sommes aujourd`hui 02 février à cette conférence de presse. Je crois que si mes souvenirs sont exacts, le même directoire a déjà rencontré le représentant spécial du Facilitateur et nous lui avons donné un message pour le Facilitateur. Nous avons jugé inutile de répéter ce message ici, nous n`avons pas exclu le Facilitateur.

Rodolphe Flaha (Le Mandat)

Vous demandez des poursuites judiciaires contre le ministre Tagro. Vous faites certainement ici allusion à la justice de Côte d`Ivoire. Hier, c`est le même ministre Tagro qui a fait une requête auprès de la justice ivoirienne contre Mambé alors que les dispositions en la matière ne le lui permettaient pas, ce que vous avez d`ailleurs évoqué et soutenu. Avez-vous encore confiance en notre justice en demandant la poursuite de Tagro devant elle ?

Ensuite, est-ce que vous n`avez pas d`impression de prêcher dans le désert en demandant à l`Onu d`appliquer des sanctions appropriées à Tagro quand vous-même vous savez que le camp présidentiel en a cure des sanctions de l`organisation mondiale ?

Nous avons confiance en la justice ivoirienne. C`est notre justice. Et on espère qu`elle s`évertue d`être juste. Donc on a confiance. Elle avisera.

Prêcher dans le désert en demandant aux Nations Unies d`appliquer leurs propres résolutions, écoutez, la communauté internationale intervenant dans la gestion du processus, il y a eu beaucoup de citations, et je mets celle-ci dans leur propre bouche, c`est ce qu`ils ont décidé de faire. Et que tous ceux qui se mettent au travers de la mise ne œuvre de l`accord seront sanctionnés. Nous leur présentons des gens qui se mettent au travers du processus. Vous avez promis des sanctions contre eux, prenez-les. Maintenant, si les Nations Unies sont une institution à prendre les textes qu`elles ne mettent pas en application, nous constaterons comme vous.

Mais, il ne faudrait pas qu`on leur prête le flanc de nous dire, "nous, nous n`étions pas là-bas, est-ce que vous avez attiré notre attention" ? On attire leur attention et on espère comme ils l`ont demandé "que les parties ivoiriennes vont enfin respecter leurs engagements". On espère que, eux aussi, ils vont respecter leurs engagements. C`est notre rôle. Nous jouons notre partition et on espère qu`ils joueront la leur, on leur fait confiance.

Traoré Mamadou (Aip)

Vous demandez la démission de Tagro. J`ai peur que ce ne soient des paroles en l`air. S`il ne démissionne pas, avez-vous des moyens pour l`y contraindre ?

Le ministre va démissionner. Pourquoi ne va-t-il pas démissionner ? Le ministre a dit et son camp avec lui que quand il y a des dysfonctionnements dans un service, on démissionne. Pour lui, ce n`est pas un dysfonctionnement, mais un mal fonctionnement. Il a clairement écrit et les preuves sont là qu`il a écrit, qu`il a violé la loi. Vainement, il a voulu nier son premier télégramme. Il y a eu dysfonctionnement dans ses services. Le message du 19 janvier 2010 est parti de son cabinet auquel il a apporté le rectificatif en date du 25 janvier prouve, si on veut être généreux, qu`il y a eu dysfonctionnement. Et le ministre est le mieux placé pour savoir que quand il y a dysfonctionnement et que cela est prouvé comme l`attestent les papiers, par honneur on démissionne. Et comme je sais que c`est un homme d`honneur dont les services n`ont pas fonctionné, il va démissionner. Donc, nous ne nous posons pas la question de savoir ce qu`on va faire s`il ne démissionne pas. Parce qu`on sait qu`il va démissionner pour dysfonctionnement de ses services. Pour revenir à ses exigences de démission du président de la Cei, dans leur communiqué, le terme dysfonctionnement est sorti, comme certains responsables de partis politiques dont on sait l`obédience continuent de répéter en chœur. La Cei est chargée d`établir une liste propre. Le jour où on va démontrer que cette liste n`est plus propre parce qu`on a frauduleusement introduit des noms qui ne devraient pas y être, le Rhdp sera au front pour dire la vérité. Mais de ce que nous savons, aucun nom n`a été introduit frauduleusement sur la liste électorale censée être valable qui concerne les 5 392000 Ivoiriens. Le cas Tagro c`est une forfaiture. C`est prouver qu`il y a violation de la loi dans tous les domaines, violation des accords internationaux dans tous les domaines, violation des résolutions des Nation Unies dans tous les domaines. L`honneur dont sont si conscients le Fpi et ses militants va faire qu`on va enregistrer la démission du ministre parce que les faits sont patents et indiscutables avec les preuves à l`appui. S`il ne démissionne pas, on verra après mais pour le moment, il va démissionner.

Rodolphe Flaha (Le Mandat)

M le président, quelle est aujourd`hui votre priorité ? Est-ce le règlement du problème Tagro ou la date des élections ? Avez-vous des moyens pour faire en sorte que les élections se tiennent fin février début mars comme l`a recommandé le dernier Cpc ?

Dans l`exposé liminaire, nous avons réaffirmé notre position de voir enfin le premier tour de la présidentielle se tenir dans le laps de temps prescrit par le dernier Cpc. Nous avons réaffirmé en ajoutant notre volonté à celle de la communauté internationale qui dans sa dernière résolution, 1911 du 28 janvier 2010 et par la déclaration du Secrétaire général des Nations Unies Ban-Ki Moon au sommet de l`Union africaine le 31 janvier 2010. Nous avons encore insisté sur la nécessité de voir les élections se tenir fin février courant mars 2010. Bien sûr, vous nous posez la question en tant qu`acteur politique de ce qu`on fera pour qu`il en soit ainsi. Pour l`heure, nous faisons là ce que nous croyons devoir faire en affirmant notre position pour interpeller ceux qui ont en charge la gestion quotidienne du processus à faire en sorte que cette période soit respectée. Nous interpellons par cette conférence de presse, le chef de l`Etat qui a la responsabilité de signer le décret fixant la date. Bien sûr, pour que le chef de l`Etat signe un décret, il faut que la Cei fasse comme le veut la loi, une proposition de date. De même donc, nous interpellons la Commission électorale indépendante pour faire sa proposition de date. Nous invitons toutes ces personnes qui agissent au plan de la loi dans la mise en œuvre des actes à poser pour que nous allions aux élections et que la Côte d`Ivoire sorte de la crise. Nous les interpellons à temps et à contre temps pour qu`ils comprennent que nous en avons besoin et que les tergiversations ont trop duré. Tous ces obstacles que nous remarquons dénotent d`une volonté de ne pas aller aux élections. Et ce n`est pas une bonne chose, il faut qu`on aille aux élections. Celui qui sera élu ne sera pas un marsien, mais un ivoirien qui aura à travailler pour tout le monde. Mais au moins, on aura une autorité légale et légitime qui aura les coudées franches pour remettre notre pays au travail. Nous devons conjuguer tous nos efforts, c`est l`affaire de tous. Nous sommes tous interpellés. Si ces élections n`ont pas lieu au mois de mars, que ferons-nous ? Je ne fuirai pas la question. On vous dira. Vous étiez dans cette même salle et avez su avec quelle force les quatre chefs du Rhdp se succédant au micro ont appelé de tous leurs vœux la tenue des élections dans le laps de temps indiqué par le dernier Cpc. Si ce n`est pas respecté, on dit au village qu`il ne faut pas boire avant d`avoir soif. C`est quand on a soif qu`on boit. Pour le moment, on pense qu`en lançant des appels, ce serait possible. Il serait de mauvais aloi que je vous dise maintenant ce qu`on va faire si ça n`a pas lieu. Mais comme ça va avoir lieu, on ne fera rien.

Propos recueillis par Paul Koffi et Liah Ignace
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