Interview / Diomandé Mamdou Noël, président de la Jeunesse du MFA : “Nous allons exiger la date exacte des élections”

Elu président national de la jeunesse du Mouvement des Forces de l’Avenir, le 14 juin 2009, Diomandé Mamdou Noël a fait son baptême du feu, le mardi 26 janvier dernier, lors de la marche du RJDP. Loin de le décourager, le jeune loup du MFA est plus que jamais déterminer à poursuivre le combat pour la «libération de la jeunesse ivoirienne». Entretien.

Le Patriote : Le MFA est membre du RHDP. Et récemment, avec vos pairs des jeunes du PDCI, du RDR et de l’UDPCI vous avez organisé une marche de protestation contre la caporalisation de la RTI par le pouvoir FPI. Alors quel bilan pouvez-vous tirer de cette manifestation?
Diomandé Mamadou Noël: Avant de répondre à votre question, permettez-moi de saluer les présidents Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse et Innocent Anaky Kobena, pour l’onction qu’ils ont bien voulu donner à leurs jeunesses respectives pour participer à cette grande marche. Ceci étant, nous avons voulu cette marche pacifique et responsable. Et les jeunes nous ont fait confiance. Ils sont venus nombreux, participer à cette manifestation. La marche est une forme de protestation en démocratie. C’est ce que les jeunes, épris de paix, ont démontré. Nous avons tellement bien organisé cette manifestation que nous avons pu détecter, avant la marche, les infiltrés de Laurent Gbagbo qui sont venus pour perturber notre manifestation. Par ailleurs, nous sommes satisfait dans l’ensemble. Nous avons vu la mobilisation que nous espérions. Je pense donc que nous avons pu relever le défi de la responsabilité qui nous incombait. Nous avons permis à la grande majorité de la jeunesse ivoirienne, la jeunesse silencieuse, de pouvoir se prononcer sur les dérives de la Télévision nationale.

LP: Que reprochiez-vous concrètement à la RTI, principalement à la Télévision?
DMN: Aujourd’hui, l’actualité à la Télévision se résume au clan FPI et camp présidentiel. Le matin, on ne voit que Laurent Gbagbo. A midi, Blé Goudé qui vient pour insulter les leaders de l’opposition. A 14h, c’est Simone Gbagbo qui fait ceci. Et à 18 h, pendant que nos enfants sont concentrés à regarder la Télévision, c’est Stéphane Kipré qui vient faire son faro. Nous disons que cela est anormal, dans la mesure où nous payons tous la même redevance. Il n’est donc pas question que quelqu’un puisse bénéficier plus que les autres. Surtout, en période électorale, où la Télévision doit être équitable.

LP: Alors, depuis le 26 janvier que vous avez déposé une motion de protestation auprès des responsables de la RTI, y a-t-il eu un changement ces temps-ci?
DMN: Je ne le pense pas. Mais nous attendons toujours, en espérant que très bientôt, les responsables de la RTI comprennent le rôle essentiel qui leur incombe dans ce processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire.

LP: Mais si rien ne change, jusqu’à quand allez-vous attendre?
DMN: Nous leur avons donné deux semaines. Au-delà de deux semaines, si rien ne change, nous allons protester jusqu’à ce qu’il y ait changement.

LP: Comment et avec quels moyens?
DMN: A ce niveau, croyez-moi, nous avons les moyens de faire changer les choses. Et notre premier et grand moyen, c’est la rue. Nous prendrons la rue, mais de façon responsable, jusqu’à ce que Brou Amessan quitte et que son remplaçant puisse venir montrer aux Ivoiriens comment la Télévision doit se comporter en période électorale. Il n’est pas question que Brou Amessan nous dise qu’il ne change pas et qu’il ne part pas. Ça non ! Nous ne l’accepterons pas. S’il nous défie sur ce plan, je vous assure que nous serons à la hauteur du défi.

LP: Vous êtes à la tête de la JMFA depuis seulement juin 2009. Cette marche du RJDP était donc un baptême du feu pour vous.
DMN: Avec humilité, nous reconnaissons que c’était un véritable baptême du feu pour nous. Nous pensons surtout que c’est une chance pour nous de travailler aux côtés des frères Kouadio Konan Bertin dit ‘’KKB’’ (JPDCI), Karamoko Yayoro (RJR) et Kouadio Séraphin (JUDPCI). Ensemble, nous allons donner un nouvel élan au combat de la jeunesse houphouëtiste. C’est vrai qu’à un moment donné, le RJDP avait marqué un temps mort. Mais aujourd’hui, la récréation a pris fin. Nous sommes donc déterminés à poursuivre le combat pour la libération de la jeunesse ivoirienne.

LP: Après la RTI, quel sera le prochain combat du RJDP?
DMN: C’est sûr que nous allons bientôt marcher pour réclamer d’autres choses, car les problèmes en Côte d’Ivoire sont multiples. Quand on suit l’actualité aujourd’hui en Côte d’Ivoire, on comprend aisément qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Depuis un moment, nous n’avons même pas le droit de savoir quand est-ce que nous aurons la publication du listing électoral définitif. C’est pourquoi, très bientôt, nous allons exiger la publication de cette liste et la fixation d’une date exacte pour les élections. Parce que les Ivoiriens ne peuvent pas rester là, sans savoir où ils vont. C’est donc notre devoir de l’exiger et nous allons l’exiger.
LP: Parlons de votre parti. Pouvez-vous nous faire un bilan partiel de vos actions depuis votre arrivée?
DMN: Effectivement, depuis notre arrivée, nous avons décidé d’opter pour le changement. Et ce changement s’est matérialisé par notre volonté de responsabiliser les jeunes dans leurs localités. Vous savez, notre logique se situe dans le cadre même du programme de notre président, Innocent Anaky Kobena, qui est basé sur l’avenir de la jeunesse. Nous sommes donc en train de redynamiser les jeunes du MFA qui, il faut le dire, avaient commencé à baisser les bras. Il fallait donc mettre les jeunes en confiance, afin qu’ils puissent compter sur eux-mêmes dans le combat. C’est ce que nous avons fait et c’est ce que nous continuons de faire. Aujourd’hui, la direction de campagne du candidat Anaky nous faisant confiance, a décidé de nous nommer directeur central de campagne chargé de la Jeunesse. C’est un grand pas, une mission que nous comptons assurer avec fierté.

LP : Au dernier Bureau politique qui a réuni les quatre leaders du RHDP, il a été envisagé la création d’un seul et grand parti. N’est-ce pas l’idée de candidature unique prônée par le ministre Anaky Kobena qui a inspiré ici?
DMN: Comme on le dit, l’avenir finit toujours par donner raison à la vérité. Et le président Anaky a eu très tôt raison, car c’est lui qui était dans la vérité. Quand il a dit qu’il fallait une candidature unique, beaucoup ont pensé qu’il prêchait dans le désert. Mais aujourd’hui, on voit que tous le rejoignent. Il a dit que Laurent Gbagbo ne partira pas par les urnes. Et qu’il fallait le syndrome de Madagascar pour le faire partir. Cela lui a valu une nuit la DST (Direction de surveillance du territoire). Mais à la fin, on verra que sa proposition est la meilleure, car c’est bien lui qui est dans la vérité.

Réalisée par Diawara Samou