Le 24 décembre 1999, la Côte-d’Ivoire connaissait son premier coup d’Etat. Une junte militaire conduite par le général Guéi renversait le président Bédié, régulièrement élu. Il s’en suivra dix longs mois de règne d’un régime militaire. Le pays phare de l’Afrique occidentale, tant convoité et jalousé par des voisins hypocrites et ingrats amorça une chute libre dans le creux des vagues. Dix mois auront suffi aux militaires pour mettre l’économie ivoirienne à genoux. Les élections qui ont eu lieu en Octobre 2000 ont porté Gbagbo Laurent et les refondateurs au pouvoir. Le monde entier va découvrir avec stupeur le vrai visage des nouveaux dirigeants de la Côte-d’Ivoire. Pratiquant une politique d’exclusion, ils font tout le contraire de leurs promesses électorales. Ils « se servirent », chacun à son niveau. En quelques mois, les simples enseignants deviennent des personnages cossus, de véritables hommes d’affaires. La politique devient un fonds de commerce assez juteux. Ils s’entourent de personnes n’ayant aucun mérite, faisant ainsi le culte de la médiocrité. La cupidité et l’insolence s’assimilent à leur lot quotidien. Leur train de vie très élevé les transforma en des roitelets sans vergogne. Le sexe est libéré. Les bureaux devinrent des lieux de plaisir. Les reines de beauté sont leur cible pour aller aux noces. En un mot, l’éthique a foutu le camp pour faire place à un certain « jemenfoutisme ». Au sommet de l’Etat, chacun prend son pied dans tous les sens du mot. Mégalomanie, enrichissement illicite, fortune démesurée, exclusion créant une crise identitaire, constituèrent le parfait décor qu’une tentative de putsch contribua à ralentir le 19 Septembre 2002. Le coup d’Etat avorté se mue en une rébellion armée ayant fait des milliers de morts. Les rebelles occupèrent la partie septentrionale du pays, et l’Eburnie est ainsi divisée en deux camps. La belligérance fait le lit d’une crise qui perdure jusqu’à ce jour. Les rebelles dans leur zone ne se font pas prier pour piller l’économie déjà en déliquescence par le fait des refondateurs, qui, par un calcul égoïste et rusé, avait décidé de traiter avec leurs assaillants. Ainsi, chacun de son côté, « se sert » à sa guise au grand préjudice des populations ivoiriennes. Cette allégorie triste de la scène politique ivoirienne n’échappe guère aux intellectuels de ce pays qui ont préféré se taire et pratiquer la politique du ventre. Des noms célèbres comme Séry Bailly, Ouraga Obou, Dédy Séri et quelques cerveaux des rangs du Pdci et du Rdr ont opté pour le silence. Cela est regrettable, car le rôle premier de l’intellectuel est de dénoncer les tares de la société, d’éclairer les masses, de réveiller la conscience des populations. Même, l’émérite juriste Francis Wodié a fait une sortie qui n’honore pas son prestige, en demandant la démission pure et simple du président de la Cei, pour que son épouse Victorine Wodié prenne la place. Les intelllectuels de la Côte-d’Ivoire, l’on peut l’affirmer, ont démissionné. Au lieu d’être un phare pour le peuple, ils se sont rangés du côté du politique pour « manger ». C’est tout simplement lâche et honteux.
Dos
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