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Politique Publié le vendredi 5 février 2010 | Le Nouveau Réveil

Accusations de 10 commissaires Fpi contre Mambé et Soro : Les limites d`une déclaration politique qui se voulait indépendante

A première vue, la déclaration de 10 membres de la commission centrale de la Cei sur la reprise des réclamations résultant du communiqué conjoint du Premier ministre et du président de la Cei, lue au journal de 20h de la Rti 1ère chaine le mercredi 3 février et reprise par l'ensemble de la presse ivoirienne hier jeudi, a permis à certaines personnes de conclure que le sort du président de la Cei était définitivement scellé. C'était d'ailleurs le but de cette déclaration et rien d'autre. Car, passée la stupeur et à y voir de près, cette déclaration qui se voulait indépendante n'en est vraiment pas une. Alors là pas du tout. Il s'agit ni plus ni moins d'une déclaration politique faite non pas dans l'intérêt du peuple de Côte d'Ivoire, mais plutôt dans celui de ceux qui, le 8 janvier dernier, ont porté l'histoire des 429 mille personnes à la connaissance de toute la nation. En voici les preuves :
Un : Les signataires de la déclaration accusent leur président d'avoir ordonné unilatéralement l'utilisation des fichiers comportant les 429 mille personnes. Ce qui laisse supposer qu'il y a eu une insertion de ces personnes. Cette affirmation n'honore pas ses auteurs. Car le 20 janvier, les mêmes, à travers une déclaration lue par leur président, ont affirmé qu' " aucune inscription supplémentaire sur la liste électorale n'a été faite à ce jour ". Et cette déclaration a été faite avec l'accord des 31 membres de la Commission centrale, y compris les 10. Alors, soit ils insultent l'intelligence des Ivoiriens, soit ils font preuve d'une éclatante mauvaise foi. C'est sûrement cela.
Deux : les 10 signataires de la déclaration dénoncent l'immixtion du Premier ministre dans les prérogatives de la Cei. La première faiblesse de cette accusation est qu'elle ne fait aucun cas de l'intrusion avérée du ministre de l'Intérieur dans les mêmes prérogatives de la Cei. Donc cette dénonciation est une dénonciation de mauvaise foi. La deuxième faiblesse tient dans ce qu'il convient d'appeler " l'ignorance " des signataires de la déclaration qui oublient que l'identification de la population dont l'objectif est de délivrer des cartes d'identité et de séjour à ceux qui y ont droit, est une opération qui relève exclusivement de la responsabilité du gouvernement. Or, cette opération, par la volonté des signataires de l'accord de Ouagadougou, a été couplée avec celle du recensement électoral qui ne concerne que les élections relevant de la responsabilité de la Cei. Ce qui donne la dénomination " Opération d'identification de la population et de recensement électoral ". Ce qui fait que le Premier ministre, pour ce qui concerne toute action visant la prolongation de cette opération, a forcément son mot à dire, agissant au nom de l'ensemble du gouvernement. Cela ne constitue guère une immixtion dans les prérogatives de la Cei.
Trois : les 10 signataires exigent la prise d'un texte à caractère législatif pour la prorogation du contentieux. Cette exigence pue le ridicule. Le contentieux électoral a déjà, à la demande du Fpi, fait l'objet de deux prorogations. Et le Fpi, à la fin de la deuxième prorogation, a exigé une troisième. Les deux premières prorogations ont été faites sans que les 10 signataires ne demandent la prise d'un texte à caractère législatif. Pourquoi font-ils maintenant cette demande ? Tout simplement pour retarder le processus.
Quatre : les 10 signataires accusent leur président d'avoir violé le mode opératoire du contentieux électoral. On les aurait pris au sérieux sur ce point, si l'objet de leur déclaration portait sur cette violation et s'ils n'avaient pas donné leur accord pour la déclaration lue le 20 janvier.
Cinq : les 10 signataires accusent leur président d'avoir fait appel à des avocats du Pdci et du Rdr pour donner leur avis sur la question de l'immunité des membres de la Cei : Cette accusation est franchement ridicule. Y a-t-il dans ce pays des avocats du Fpi, du Pdci, du Rdr, de l'Udpci ? Les avocats sont-ils regroupés en partis politiques au sein du Barreau ivoirien ? Discutent-ils du droit qui est une matière purement scientifique et technique en fonction de leur appartenance politique ? Maître Assi, l'ancien bâtonnier, dans une contribution parue dans plusieurs journaux, a démontré que les membres de la Cei jouissent d'une immunité absolue. Est-ce parce qu'il est un militant du Pdci qu'il a donné un point de vue contraire à celui du procureur Tchimou ? Le professeur Ouraga Obou, qui est un militant du Fpi, a donné le même point de vue que maître Assi sur la question de l'immunité. A-t-il tenu compte de son statut de militant du Fpi ? La preuve de la vacuité de cette accusation est ainsi établie. Au final, la déclaration lue par ces 10 signataires, qui se voulait indépendante, n'est rien d'autre qu'une déclaration politique faite dans l'unique objectif d'aggraver la situation et bloquer ainsi le processus en donnant du grain à moudre au Fpi. Ce parti demande la prorogation du processus. Les 10 signataires s'y opposent. Et cette opposition est censée nous convaincre qu'ils sont indépendants. Eh bien qu'il n'y ait plus de prorogation ! Arrêtons le contentieux et allons aux élections avec la liste validée par tous et qui comprend 5,3 millions de personnes. Monsieur Mambé Beugré a dit et répété qu'il ne démissionnera pas. Raison d'éthique, de dignité ou pas. Et cette initiative de ces 10 commissaires n'a eu pour effet que de dévoiler un peu plus le visage des comploteurs tapis à la Cei.
ASSALE TIEMOKO


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