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Politique Publié le mardi 9 février 2010 | Le Nouveau Réveil

Ange Dassaud Dagaret écrit au chef de l`Etat : “Un jour, le peuple décidera de briser la chaîne qui le soumet aux diktats de celui qui lui refuse d`aller au vote”

Monsieur le Président,

La jeunesse du RHDP vient d'organiser une marche pacifique dans les règles démocratiques d'un Etat démocratique et républicain tel que vous le vouliez lorsque vous étiez dans l'opposition. Et le ciel n'est pas tombé sur la Côte d'Ivoire. Je vous emprunte cette expression que vous avez utilisée le jour où vous prêtiez serment en votre auguste qualité de 3ème président de la République de Côte d'Ivoire. Vous disiez: "On peut organiser des élections et les perdre et le ciel ne tombera pas sur la Côte d'Ivoire" Voici que la jeunesse de l'opposition s'est manifestée démocratiquement et rien ne s'est produit négativement sur la terre d'Ebumie pour votre propre bonheur et pour celui du peuple ivoirien. Bravo à cette dynamique, respectueuse et responsable jeunesse du RHDP !!! Monsieur le Président, ne voyez-vous pas que l'histoire très récente de notre pays est en train de vous rattraper par rapport à vos professions de foi et vos écrits sur la manifestation de la démocratie dans votre pays? Vous qui, durant vos trente années de lutte politique, aviez promis de conduire la Côte d'Ivoire et les Ivoiriens aux portes de la démocratie. Pendant vos meetings enflammés dans l'opposition, votre seule ambition était de faire de la Côte d'Ivoire, un pays démocratique où les richesses seraient équitablement distribuées. Souvenez-vous de ce qu'un jour dans un meeting, vous avez même dit comme Moïse conduisant le peuple Israélite à la terre promise, vous alliez conduire le peuple de Côte d'Ivoire à la démocratie. Une démocratie où chacun aura la liberté de critiquer, de proposer sans être inquiété. Aujourd'hui plus qu'hier, les Ivoiriens attendent que vous les y conduisiez afin que cette parole professée et vos écrits deviennent des engagements respectés. Un homme, au début de sa démarche, peut faire douter ses observateurs et à la fin les rassurer comme l'a si bien fait un homme d'Etat que je respecte personnellement et très respecté dans son pays natal, le Ghana; devenu démocratique sans heurts ni contraintes. Le putschiste récidiviste Jerry John RWALLINGS (deux fois, auteur d'un coup d'Etat) est devenu une icône de la démocratie dans son pays. Il a permis à son pays de connaître des alternances démocratiques sans que le Ghana ne retombe dans les bêtises incroyables et inhumaines liées aux guerres des élections dans les pays africains. Il est cité en exemple à travers le monde. Grâce à lui, la marche de son pays dans la démocratie et vers la démocratie des grandes nations démocratiques est une réalité à crever les yeux des dictateurs africains. Pourquoi monsieur le Président, sous votre régime et sous votre décade gouvernance, la démocratie piétine et se nanise. Alors que là n'était pas votre objectif lorsque vous décidiez d'entrer en politique. Sur tout ce qui se passe sous votre présidence, votre gestion de la Côte d'Ivoire, je ne cesse de me poser des questions: pourquoi, sous Laurent GBAGBO, tout semble se faire comme si on était dans un monolithisme, dans un système de pensée unique ? Où n'ont pignon sur rue que ceux qui vous sont acquis et qui ont la licence de faire n'importe quoi. Pourquoi, sous votre mandat "d'un en deux" selon vous, les élections sont-elles devenues un travail de Sisyphe? Six fois à l'ouvrage, six fois l'ouvrage non terminé et six fois remis! Et si l'on n'y prend garde, on s'achemine encore vers un autre report? Ces différents reports ne sont pas à votre honneur et ne seront pas à votre avantage. Il est temps d'être vous-même ou de redevenir vous-même, monsieur le Président. En 2000, vous avez dit que les vraies élections en Côte d'Ivoire auront lieu en 2005. 2005 est passé sans aucune élection jusqu'en 2010. Cinq ans après ce que vous avez dit sous la transition militaire. Pourquoi un démocrate peut-il être au pouvoir sans élection et y demeurer fier et heureux d'être un blocus à l'organisation d'une élection dans son pays? Qu'est-ce qui a provoqué ce changement de comportement politique à 180 degrés de votre part? Pourquoi êtes-vous devenu allergique à toute organisation d'élection en Côte d'Ivoire? Est-ce le tapis rouge des empereurs qui a corrompu votre engagement de demeurer le précurseur de la démocratie dans notre pays? Quelquefois, monsieur le Président, j'essaie de vous comprendre mais cela ne saurait combler ma soif de vous voir donner une chance à la démocratie dans notre pays. J'ai regardé autour de vous et j'ai constaté qu'au lieu des personnalités avec qui vous avez combattu pour une alternance démocratique en Côte d'Ivoire et pour l'avènement du multipartisme et de la démocratie dans notre pays, je ne vois que des courtisans et des gens venus à la soupe républicaine pour vous embrouiller. Et ils ont réussi car ils sont nombreux ceux qui vous ont rejoints alors que leur volonté n'a jamais été de voir les pouvoirs publics s'ouvrir à la manifestation de la démocratie en Côte d'Ivoire. Ils sont là, à vos côtés, après s'être rassasiés au PDCI RDA au pouvoir d'Etat, ils sont en train de prendre leur dessert à la refondation en se réclamant du camp présidentiel. Et c'est avec ces derniers que vous pensiez, monsieur le Président, bâtir une démocratie en Côte d'Ivoire? Je comprends vos hésitations successives à impulser une véritable dynamique à l'organisation effective de l'élection présidentielle sous votre régime. Retarder cette élection présidentielle en cette année 2010, c'est retarder la Côte d'Ivoire dans sa quête effrénée d'une sortie de crise dans la paix et par la démocratie. Au lendemain de votre accession à la magistrature suprême de notre pays que vous avez qualifiée vous-même de calamiteuse, vous avez voulu réconcilier la Côte d'Ivoire avec elle-même en initiant un forum pour la réconciliation nationale en 2001. Cette tentative a échoué parce que vous-même, vous n'y avez pas cru et avez pensé que ça ne vous arrangerait pas. Aujourd'hui, sous votre long mandat de dix années, vous devriez organiser l'élection présidentielle, l'organisation de cette élection dure en mois et en années. Soit cinq ans c'est-à­dire 1825 jours pour y parvenir. Alors que ce n'est pas un travail d'Hercule s'il est devenu celui de Sisyphe à cause de volte face et autres remises en cause. Non, monsieur le Président, là n'était pas votre vision d'une Côte d'Ivoire démocratique si vous parvenez au pouvoir comme ce fut le cas ce 26 octobre 2000. Vous le savez mieux que moi qu'un pays sans élection devient une monarchie. Or maintenant à travers le monde, il existe des monarchies parlementaires. Donc, des monarchies où les rois et les reines règnent sans gouverner, où il y a des élections législatives. Vous le savez aussi mieux que moi qu'un pays où il n'y a d'organisation d'élection démocratique n'est plus une République démocratique. Il devient un pays totalitaire, dictatorial où la peur pousse le peuple à mettre sa queue entre les jambes. Alors que votre combat n'avait pas pour objectif de tétaniser le peuple et de l'embastiller. C'est dans ce sens que vous avez initié la fête de la liberté que votre parti a décidé de relancer cette année à l'occasion des 20 ans du retour de notre pays au multipartisme. Monsieur le Président, pourquoi dans votre démarche actuelle, vous ne donnez pas l'assurance que la liberté c'est aussi pour le peuple d'aller exprimer sa voix dans les urnes par le vote. Et cette liberté qu'a le peuple d'exercer son droit de vote c'est tous les cinq ans selon la constitution ivoirienne. Pourquoi cinq ans après la fin constitutionnelle de votre mandat, vous donnez l'impression de ne pas offrir cette liberté au peuple de s'exprimer ? Une liberté confisquée ne saurait se laisser étouffer indéfinitivement. Un jour, le peuple décidera de briser la chaîne qui le soumet aux dicktats de celui qui refuse de lui permettre d'exprimer sa liberté d'aller au vote. La Côte d'Ivoire a assez souffert. Elle a raté la première décade de son entrée très promise dans ce nouveau millénaire; il ne faut pas qu'elle rate la seconde décade qui devrait lui permettre de se stabiliser et d'organiser l'avenir des millions de ses fils et filles prêts à le conduire vers un modèle de développement. Alors, monsieur le Président, souvenez-vous de ce que vous avez professé des paroles fortes pour la démocratisation de notre pays, les Ivoiriens vous attendent que vous traduisiez toutes ces promesses en actes démocratiques. Sinon notre pays perd du temps et recule. Or 10 ans de recul, ce n'est pas le "devandougou"dont vous parlez souvent. Monsieur le Président, les Ivoiriens veulent aller devant pour donner à ce pays, l'image des Etats démocratiques. La Côte d'Ivoire n'est pas condamnée et ne doit pas être condamnée sous votre présidence. Sinon, vous aurez échoué, si ce n'est pas déjà le cas. Un homme sérieux ne s'engage pas pour se renier ou pour se dédire. Vous avez voulu un pays démocratique; offrez donc la démocratie aux Ivoiriens en organisant cette élection présidentielle à la date convenue au Cpc. Vous gagnerez plus à l'organiser à cette date pour votre honneur et pour le retour définitif de la paix en Côte d'Ivoire. Le futur de la Côte d'Ivoire en dépend pour sa stabilité politique et son progrès économique..

Ange DAGARET DASSAUD

angedagaret@yahoo.fr



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