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Politique Publié le vendredi 12 février 2010 | Fraternité Matin

Processus électoral : Les médias sensibilisés au respect de l`intimité des candidats

Le journaliste n’a pas le droit de tout dire et de tout écrire, mais d’écrire et dire tout ce qui est conforme à la loi. Il n’a pas le droit d’entrer par effraction dans l’intimité et la vie privée des candidats aux différentes élections». Telle est la conclusion de Dr. François Komoin, magistrat et docteur en droit, président du Centre international pour le développement du droit (Cidd) et Secrétaire général de la Cour d’arbitrage de Côte d’Ivoire (Caci), à la conférence qu’il a animée, mardi, à Cocody, sur le thème : «Droit à l’information et respect de l’intimité des candidats aux différentes élections».

C’était à l’invitation du Collectif pour la sauvegarde des valeurs morales, dirigé par le Pr. Ekra Eliane, et du Réseau des femmes journalistes de Côte d’Ivoire (Réfjci), présidé par Mme Agnès Kraidy, Rédactrice en Chef centrale de Fraternité Matin. Dr. Komoin a expliqué que même si «la presse se révèle un levier important de la régulation de la vie démocratique, car elle éclaire le choix du peuple, il faut délimiter les frontières entre l’information et l’intimité».

D’où cette problématique formulée par le conférencier : «Le droit à l’information est-il sans limite ou peut-il être limité ?» Le président du Cidd note qu’il ne fait aucune distinction entre «vie privée» et «intimité», et souligne qu’on assiste de plus en plus à «une nouvelle forme de délinquance : la délinquance médiatique». Estimant que la presse entre trop souvent, «par effraction», dans l’intimité des personnalités politiques et publiques, notamment des candidats aux différentes élections, le magistrat prévient que l’atteinte à la vie privée est punie par la loi pénale. Selon lui, les informations portant sur la santé, la vie matrimoniale, sentimentale, les revenus… font partie de la sphère de la vie privée des candidats, et ne doivent pas être révélées par la presse.

Toutefois, le président de la Caci relève quelques nuances. Il précise que si les faits se passent dans un lieu public ou s’ils sont publics par nature (exemple de détournement de fonds, même privé, par un homme politique), ou encore si la personne dévoile elle-même sa vie privée, ces informations peuvent être exploitées. Mais dans le dernier cas, il faut d’abord avoir le consentement de la personne. Il en est de même pour la publication de photos montrant l’intimité ou la nudité de candidats. Plusieurs autres cas de figure ont été soulevés par le conférencier, et discutés avec l’auditoire. Notamment, des révélations sur leur tendance sexuel (homosexualité par exemple), la religion, les numéros de téléphone privés, etc. Le conférencier a indiqué qu’en principe, ces faits ne doivent pas être révélés par la presse, sauf s’ils affectent la bonne exécution de la charge publique.

Les débats ont été très animés, et ont montré la difficulté à établir une nette démarcation entre vie privée et vie publique des personnalités politiques ou exerçant un mandat ou une charge publique. Pour sa part, la journaliste Agnès Kraidy a énoncé cette belle formule pour essayer de contourner cette contrainte : «On peut tout écrire, mais tout s’écrit avec la manière». Quant à Mme Josette Barry, co-présidente de cette conférence (avec Mme Rosine Diodan, empêchée), elle a salué les organisateurs pour la pertinence du thème.

Anassé Anassé
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