Il se veut un stratège politique. Il a l’art de déplacer les problèmes pour rester en phase avec cet adage qui dit qu’en politique, on ne résout pas les problèmes, mais on les déplace. Laurent Gbagbo vient de déplacer le problème de la CEI, d’ailleurs monté de toutes pièces par son clan, et l’a transformé en une crise gouvernementale qui a abouti à la dissolution du gouvernement. Tout cela, parce que l’homme a derrière la tête quelques petites idées. Il fait des calculs aux fins d’atteindre ses objectifs. En créant une telle crise, il veut gagner du temps qui, il se plait à le dire, est l’autre nom de Dieu. Gagner du temps, d’une part en vue de réaliser l’un de ses rêves fous à savoir l’organisation du cinquantenaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire si ce n’est pour confisquer le pouvoir. Alors, dans un premier temps, il veut pousser les élections jusqu’au mois d’octobre 2010. Et si cela marche, pourquoi ne pas garder indéfiniment le pouvoir pendant qu’il y est. Voici, tout le rêve de Gbagbo. Il faut donc comprendre qu’il fait toutes ces manœuvres parce qu’il ne veut pas aller aux élections, convaincu qu’il sera battu à plate couture si elles sont organisées de façon démocratique et transparente. En effet, tout le monde sait, et l’expérience de ces dernières années nous l’a démontré, que pour mettre seulement en place le bureau de la Commission électorale indépendante, et le rendre fonctionnel, il faut au mois deux à trois mois. C’est un moment où s’ouvrent d’intenses négociations. Les Ivoiriens ont été témoins de ce qui s’est passé à l’occasion de l’élection de Mambé jusqu’ à son installation dans le fauteuil de cette institution en passant par la mise en place de son bureau. Le scénario risque de se répéter et cette fois, dans une atmosphère politique beaucoup plus tendue. Après, il faudra reprendre le processus électoral là où on l’a laissé, c’est-à-dire le contentieux judiciaire. Il est évident que tout ceci n’est pas fait pour qu’il y ait des élections dans trois mois. Gbagbo veut retourner l’opinion en sa faveur. Aujourd’hui, il est conscient que la situation sociopolitique ne lui est pas favorable. Lui sera-t-elle favorable un jour ? En tout cas, il joue avec le temps pour espérer atteindre ses objectifs.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté