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Politique Publié le lundi 8 mars 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Côte d’Ivoire : Que reste t-il de Félix Houphouët-Boigny ?

Les journalistes, les bons, sont toujours la mémoire historique de leur pays. Et, moi, journaliste depuis 1968, je suis omni témoin de tous les grands événements de la Côte d’Ivoire. De 1959, Premier ministre de la Côte d’Ivoire, j’ai vu Félix Houphouët-Boigny, courageusement lutter contre le désordre politique. Houphouët-Boigny avait une façon de regarder l’avenir de la Côte d’Ivoire… économiquement forte et politiquement enviée. Mais dans une attitude de politesse très raffinée. Son arme fatale pour s’imposer, était le « dialogue ». C’est bien avec cette philosophie que Félix Houphouët-Boigny désarmait tout adversaire, réglait les incompréhensions politiques. C’est bien avec philosophie, que Félix Houphouët-Boigny avait frappé dans l’œil de tous les spécialistes des relations humaines. Une vérité qui a sauté à tout moment à nos yeux. Et c’est bien avec la philosophie du dialogue, que Félix Houphouët-Boigny et la Côte d’Ivoire avaient trouvé la réponse à toutes les questions du développement économique et social des Ivoiriens. Ce qui avait placé immédiatement la Côte d’Ivoire comme un ‘’centre des négociations’’ diplomatiques. Avec cette réputation, les atouts institutionnels économiques comme la Banque Africaine de développement, Air Afrique, la Banque Mondiale se sont s’installés à Abidjan. De ce fait, on ne pouvait qu’observer en Côte d’Ivoire, les visites d’éminentes personnalités politiques africaines : le sénégalais Sedar Senghor, le Malien Modibo Keïta, le Tunisien Habib Bourguiba et le voltaïque Maurice Yameogo. Quand Félix Houphouët-Boigny était aussi sollicité par la Sierra-Léone, l’Angola, la Guinée-Bissau pour des conseils dans le règlement de leurs conflits. Félix Houphouët-Boigny préconisait le même dialogue avec l’Afrique du Sud en 1975, mission délicate, mais bien accomplie par Laurent Dona Fologo à l’époque, ministre ivoirien de l’information. Mais aujourd’hui, 17 ans après sa mort, que reste-t-il de la philosophie du dialogue, symbole de la politique de Félix Houphouët-Boigny ? La réponse. Rien. Aujourd’hui, Félix Houphouët-Boigny a été oublié, au point que ses ‘’héritiers politiques’’ sont devenus des prédateurs, transformant la Côte d’Ivoire, en un gros village hanté : On se bat, on casse tout, on brûle et on incendie. Les ‘’héritiers’’ politiques ont rendu la Côte d’Ivoire en carcasse. Ils incitent à la désobéissance civile, à la désobéissance administrative. Ils incitent à l’insurrection. Félix Houphouët-Boigny n’avait jamais enseigné aux Ivoiriens la violence. Les combats de rue. Félix Houphouët-Boigny n’était pas un carnassier. Au sens propre du terme, il n’avait jamais enseigné aux Ivoiriens de tuer un autre ivoirien pour se rendre justice. Et, il ne faut pas oublier, que c’est pour le respect de la valeur de la moralité humaine, que Félix Houphouët-Boigny, après plusieurs années d’inspiration va construire la fondation de la recherche pour la paix, qui porte son nom. Mais, que reste t-il de cette immense maison, symbole de la paix ? Aujourd’hui, la Fondation Félix Houphouët-Boigny de la recherche pour la paix est une malade à dormir debout, par la responsabilité des Ivoiriens, surtout de la classe politique ivoirienne contaminée par la violence jusqu’à l’os. La Fondation Félix Houphouët-Boigny de la recherche pour la paix n’a plus le moral. Parce que la paix, en vérité est aujourd’hui une simple image dans l’esprit des Ivoiriens. La Fondation Félix Houphouët-Boigny de la recherche pour la paix a le moral bas. Parce que tout simplement, sa valeur est en baisse, par la responsabilité des Ivoiriens tous sous haute tension politique… inutile. Soyons honnête, la Fondation Félix Houphouët-Boigny de la recherche pour la paix, jointe à sa dimension de philosophie de dialogue n’a pas été bien utilisée. Aujourd’hui, elle serait un ‘’site’’ incontournable de la ‘’paix politique’’ en Afrique et particulièrement pour les Ivoiriens. Reproduit aussi à l’échelle du monde, la Fondation aurait pu accueillir d’éminentes personnalités lauréates du prix Nobel de la paix, pour réveiller les consciences ou éloigner les Ivoiriens de l’usage de la violence et l’usage des armes, 17 années après la mort de Félix Houphouët-Boigny. Personne n’a la bonne grâce de respecter la mémoire de celui qui a œuvré d’un sentiment profond d’amour pour les autres et enrichi la dignité sociale des Ivoiriens. Mon constat est juste même si Félix Houphouët-Boigny n’était pas lui-même parfait. L’homme de la tribu Akan était rancunier. Mais à tout moment Félix Houphouët-Boigny restera le personnage central de l’histoire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui que reste-t-il encore de Félix Houphouët-Boigny ? Rien. Sa domestication du dialogue, ses fondements de la paix se sont volatisés. Aujourd’hui, ce qui reste de Félix Houphouët-Boigny est avant tout un paradoxe : plus de réflexes unitaires, on brûle, on casse tout. On se lance à l’assaut des institutions républicaines par des rebellions pour dépecer l’Etat. Et, l’animosité est totale. Aux placards, la tolérance le dialogue et la paix.

Ben Ismaël
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