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Faits Divers Publié le lundi 8 mars 2010 | Nord-Sud

Maison d`arrêt et de correction d`Abidjan - Quand le business fait vivre les détenus

Vendredi 19 février. Il est 9 heures. A la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) à Yopougon, il faut avoir traversé le garage et la cuisine pour accéder au bâtiment des femmes détenues. C'est là que se tient un garde pénitentiaire qui distribue des vivre aux prisonniers affamés et assoiffés des cellules blindées du bâtiment C. Idriss Konaté, un bagnard, aux paumes noires comme du charbon et à la peau couverte d'œdèmes, nous jette au visage: «Vieux père, il faut nous apporter du sel, on va mettre dans le riz pénal. Quand on mange ce riz, on tombe malade et on meurt très vite ». Et, un autre détenu édenté de poursuivre. « Quand on va à l'infirmerie, on nous donne seulement des comprimés de paracétamol ; quand tu as mal au ventre, paracétamol ; quand tu as mal à l'oreille, paracétamol ; quand tu as hémorroïde, paracétamol ; quand tu es blessé, paracétamol ; quand tu as diarrhée, paracétamol ». En effet, l'alimentation est l'une des épines dorsales du pénitencier de Yopougon. Mme Ambéomou Jacqueline est incarcérée pour escroquerie. Elle purge une peine de six mois de prison. Jacqueline a déjà épongé deux mois. La prison, pour elle, est une nouvelle expérience. Elle fait partie de la dizaine de détenues membres d'une coopérative regroupant les femmes prisonnières et les gardes pénitentiaires au sein de la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca). « Depuis mon arrivée ici (prison, ndlr), je me suis fondue dans le groupe. C'est une véritable solidarité. Nous sommes organisées pour faire de la restauration. La nourriture que nous recevons de la direction ne nous sied pas. Donc, nous avons mis en place un fonds où toutes les détenues cotisent. Et, tout se passe bien », affirme la pensionnaire de la Maca. L'espace servant de restaurant se trouve juste devant le bâtiment des femmes détenues. Du lundi au samedi, explique notre interlocutrice, le plat servi coûte en moyenne 250 Fcfa.

Un moyen de lutte contre la pauvreté et…

« Le restaurant s'ouvre à midi. Les prisonniers peuvent s'alimenter sous l'œil vigilant des gardes pénitentiaires. Nous sommes scindées en quatre groupes. Moi, en compagnie de neuf autres femmes, on s'occupe de la vente de la nourriture. Un menu est confectionné pour les six jours de la semaine. Le restaurant est fermé dimanche car c'est le jour saint », ajoute Jacqueline qui dit ne pas s'ennuyer en prison. Séparé par un grillage haut de 2,5 m, le restaurant tenu par ces détenues grouille de monde à l'heure du repas. « En règle générale, les prisonniers reçoivent de la nourriture déjà préparée. Mais, il n'est pas évident que cela soit appétissant. Mais, ils préfèrent la nourriture du restaurant. Et ça marche à merveille », rassure Coulibaly Mariam, chargée de faire la cuisine. Elle est aidée dans cette tâche par cinq co-détenues.
La coopérative qui ne porte pas, pour l'heure une dénomination, est une initiative de Mme Angéline Kili, ex-présidente du conseil d'administration du fonds de régulation et de contrôle café-cacao (Frc). Selon un membre de la direction de la Maca qui a requis l'anonymat, ce regroupement associatif vit sur fonds propres. « Nous cotisons. Et nos sœurs gardes pénitentiaires, membres de l'union vont faire le marché à l'extérieur de la prison. Nous établissons ensemble la liste des condiments à payer. Nous faisons le marché pour la semaine. Nous nous approvisionnons sur le marché local car il existe des détenus qui font du jardinage. Les légumes sont cultivés et donc on s'approvisionne ici même», indique notre interlocutrice.

...la débauche sexuelle

Pour l'une des promotrices de la coopérative, il s'agit de lutte contre l'ennui et la pauvreté. Les bénéfices issus de la vente de la nourriture assure-t-elle, sont repartis entre les adhérentes. « Le fonds de roulement reste en place. Une partie du bénéfice est versée dans la caisse. Il faut bien que la coopérative vive et que le restaurant continue de fonctionner », ajoute Mlle Kouamé Pélagie. Elle, qui s'est rendue coupable du vol de numéraire chez sa patronne. Pélagie est à la fin de sa peine. Sa sortie de prison est prévue pour fin mars. Pour elle, cette activité génératrice de revenu permet à la gente féminine incarcérée de se mettre à l'abri de l'oisiveté et aussi de certains vices tels que la prostitution. «Nous nous occupons grâce au restaurant. Les détenus hommes viennent payer la nourriture tout en restant à l'extérieur de la zone où nous nous trouvons. Nous ne sommes pas mêlées aux hommes. La sécurité est assurée par les femmes gardes pénitentiaires », nous apprend-elle. Sauf le dimanche, où les va-et-vient incessants au marché donnent une ambiance festive. Ils commencent à 9 h pour prendre fin à la fermeture du restaurant, à 14h.

Bahi K.
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